Texte intégral
Monsieur le président du Sénat,
Madame la secrétaire d'État,
Mesdames et Messieurs,
Voilà 6 ans déjà que le concours "Talents des cités" récompense les jeunes créateurs d'entreprises, et tous ceux qui prennent des initiatives.
Ceux-ci sont majoritairement issus des quartiers et ils sont souvent les enfants de l'immigration !
"Quartiers", "immigration" : deux mots qui charrient trop fréquemment des préjugés.
Deux mots qui trop généralement sont synonymes d'échecs. Deux mots qui surgissent dans le débat lorsque cela va mal dans la cité et beaucoup moins lorsque la réussite et le civisme sont au rendez-vous. Dix voitures qui brûlent : 50 caméras. Dix jeunes de la Cité qui réussissent : 0 caméra.
Il ne s'agit pas d'être angélique, mais d'être juste dans notre regard.
Pas d'angélisme, car dans ces quartiers que l'on sait difficiles, la violence, la délinquance, l'exclusion, l'échec scolaire, le chômage, les discriminations, sont des réalités qui bousculent la République au plus profond d'elle-même.
Ces sombres réalités, il serait coupable de les taire, car ce sont précisément elles qui donnent encore plus de valeur au mérite éclatant de ceux qui franchissent tous les obstacles de la réussite.
Mais il faut être juste et chasser certains clichés.
A côté de ces réalités difficiles, il y a aussi et surtout dans les quartiers une immense majorité de nos concitoyens qui travaillent dur, éduquent leurs enfants, montent des projets, rêvent tout simplement d'une vie meilleure où les valeurs du respect et de l'effort sont considérées et récompensées.
Il y a dans les cités des gens comme vous, qui croient à leurs idées, qui bataillent avec la vie, et qui l'emportent ! Et leur victoire n'est pas seulement une victoire sur eux-mêmes ou pour eux-mêmes, c'est aussi une victoire qui a valeur d'exemple pour tous ceux qui les entourent, pour tous ceux qui, à tort, pensent que la fatalité est plus forte que la volonté.
Il existe dans les quartiers une énergie positive et une soif de réussite qui ne demandent qu'à trouver les chemins de la reconnaissance, et c'est le rôle de la République que de l'y aider en brisant le mur des préjugés et des conservatismes.
Cette énergie est une chance pour la France audacieuse et ouverte que nous voulons.
Cette France où il doit être possible de partir en bas de l'échelle pour se hisser au sommet.
Cette France où il doit être possible de travailler plus pour gagner plus afin d'aller plus haut et plus loin. Cette France où il doit être possible de connaître l'échec mais aussi de rebondir car nul ne doit être condamné à dépendre des autres.
Cette France où quelque soit son prénom il doit être possible d'être jugé sur ses seuls mérites.
Qu'importe le lieu de naissance, le milieu social, la couleur de peau, ce qui compte c'est la part de courage et de talent qui est en chacun. L'essentiel, c'est ce qu'il y a au fond du coeur de chacun !
J'ai voulu, Monsieur le Président, être au rendez-vous des "Talents des cités" parce que je crois à tout cela.
Vous l'avez dit, l'une des plus belles singularités de cette opération est d'associer des partenaires privés. J'y vois le symbole d'une large mobilisation au coeur de laquelle les enjeux économiques ne sont pas dissociés des enjeux sociaux et citoyens.
Aux 400 participants du concours 2007, je dis : "ce que vous avez voulu, vous l'avez fait !". Malgré les obstacles, malgré les doutes, malgré les pesanteurs d'un système qui dissuade encore trop souvent ceux qui entreprennent, vous êtes allés au bout de vous-mêmes, au bout d'une espérance que vous avez rendu possible.
Et je ne m'adresse pas seulement aux lauréats des prix régionaux et nationaux, dont la pugnacité et la créativité ont été particulièrement reconnues : je m'adresse à tous.
Il n'y a parmi vous que des battants. Il n'y a donc, à mes yeux, que des gagnants !
Vous montrez l'exemple. L'Etat et le Gouvernement se doivent, pour leur part, de se montrer exemplaires en matière d'égalité des chances.
Nous sommes tous égaux en droits, mais nous ne le sommes pas tous dans les faits. Sur la ligne de départ, certains partent de plus loin, certains n'ont pas de relations, certains cumulent toutes les difficultés sociales... C'est le rôle de la République de faire plus pour ceux qui ont moins.
Depuis plusieurs mois, sous l'autorité de Christine Boutin, Fadela Amara s'attelle, avec détermination, à l'élaboration d'un plan en faveur des banlieues. Ce plan devra ouvrir aux jeunes qui ont, comme vous, l'envie de réussir, des perspectives nouvelles.
Il sera concentré sur l'éducation. Il amplifiera les instruments de la formation professionnelle et de l'emploi des jeunes. Il soutiendra la création d'entreprises.
Dès cette année, les mesures d'accompagnement éducatif après le temps scolaire ouvrent aux élèves de 1 000 établissements situés en ZEP des heures d'étude encadrée.
Dès qu'un élève décroche, il faut l'épauler, le responsabiliser, le motiver.
Dès qu'un élève réussit et se transcende, il faut l'accompagner et viser le meilleur pour lui.
Les plus grandes Ecoles de la République ne doivent pas être confinées aux seules élites. Leurs portes doivent s'ouvrir à tous ceux qui ont démontré leur potentiel et leurs capacités à se dépasser.
A ce jour encore et malgré les efforts qui ont été fait, 50 % des lycées n'envoient aucun élève dans les classes préparatoires, qui sont pourtant une voie très recherchée de qualification.
Il faut rompre avec cet état de fait ! Le Président de la République a pris un engagement ferme : dans chaque établissement, 5 % des meilleurs bacheliers auront accès aux classes préparatoires et aux grands établissements d'enseignement supérieur.
Plusieurs collèges "ambition réussite" ont déjà noué des partenariats avec des établissements scientifiques et avec des institutions culturelles importantes, musées, salles de concert : ils doivent être étendus dans les meilleurs délais à la totalité des 250 collèges concernés.
L'opération "100 000 pour 100 000" continuera d'inviter nos étudiants à donner de leur temps pour des opérations de tutorat.
Des partenariats comparables existent avec l'Ecole Nationale de la Magistrature, qui a ouvert une classe préparatoire intégrée aux enfants des banlieues ; et dans la fonction publique, où des "parrains" accompagnent les candidats aux concours.
Dans tous les cas, la logique est la même : à celui qui se donne à fond, la République doit tout donner. Les jeunes des cités n'attendent pas de la complaisance ou du misérabilisme qui sont une forme de lâcheté... Ils attendent du respect, et le respect cela se gagne et cela se récompense !
Mesdames et Messieurs,
En vous voyant vous battre et réussir, en voyant de grandes entreprises se mobiliser, je vois la France en mouvement.
Cédric, Hatim, Aurélie, Adil, Emmanuelle, Mariama : vous êtes la France en mouvement, la France qui se retrousse les manches, la France, qui, au-delà des milieux sociaux, des origines, des religions, sait qu'en chaque individu il y a une part de courage et de rêve qui peut changer tous les destins.
Au nom de la République, je vous dis merci.Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 22 octobre 2007
Madame la secrétaire d'État,
Mesdames et Messieurs,
Voilà 6 ans déjà que le concours "Talents des cités" récompense les jeunes créateurs d'entreprises, et tous ceux qui prennent des initiatives.
Ceux-ci sont majoritairement issus des quartiers et ils sont souvent les enfants de l'immigration !
"Quartiers", "immigration" : deux mots qui charrient trop fréquemment des préjugés.
Deux mots qui trop généralement sont synonymes d'échecs. Deux mots qui surgissent dans le débat lorsque cela va mal dans la cité et beaucoup moins lorsque la réussite et le civisme sont au rendez-vous. Dix voitures qui brûlent : 50 caméras. Dix jeunes de la Cité qui réussissent : 0 caméra.
Il ne s'agit pas d'être angélique, mais d'être juste dans notre regard.
Pas d'angélisme, car dans ces quartiers que l'on sait difficiles, la violence, la délinquance, l'exclusion, l'échec scolaire, le chômage, les discriminations, sont des réalités qui bousculent la République au plus profond d'elle-même.
Ces sombres réalités, il serait coupable de les taire, car ce sont précisément elles qui donnent encore plus de valeur au mérite éclatant de ceux qui franchissent tous les obstacles de la réussite.
Mais il faut être juste et chasser certains clichés.
A côté de ces réalités difficiles, il y a aussi et surtout dans les quartiers une immense majorité de nos concitoyens qui travaillent dur, éduquent leurs enfants, montent des projets, rêvent tout simplement d'une vie meilleure où les valeurs du respect et de l'effort sont considérées et récompensées.
Il y a dans les cités des gens comme vous, qui croient à leurs idées, qui bataillent avec la vie, et qui l'emportent ! Et leur victoire n'est pas seulement une victoire sur eux-mêmes ou pour eux-mêmes, c'est aussi une victoire qui a valeur d'exemple pour tous ceux qui les entourent, pour tous ceux qui, à tort, pensent que la fatalité est plus forte que la volonté.
Il existe dans les quartiers une énergie positive et une soif de réussite qui ne demandent qu'à trouver les chemins de la reconnaissance, et c'est le rôle de la République que de l'y aider en brisant le mur des préjugés et des conservatismes.
Cette énergie est une chance pour la France audacieuse et ouverte que nous voulons.
Cette France où il doit être possible de partir en bas de l'échelle pour se hisser au sommet.
Cette France où il doit être possible de travailler plus pour gagner plus afin d'aller plus haut et plus loin. Cette France où il doit être possible de connaître l'échec mais aussi de rebondir car nul ne doit être condamné à dépendre des autres.
Cette France où quelque soit son prénom il doit être possible d'être jugé sur ses seuls mérites.
Qu'importe le lieu de naissance, le milieu social, la couleur de peau, ce qui compte c'est la part de courage et de talent qui est en chacun. L'essentiel, c'est ce qu'il y a au fond du coeur de chacun !
J'ai voulu, Monsieur le Président, être au rendez-vous des "Talents des cités" parce que je crois à tout cela.
Vous l'avez dit, l'une des plus belles singularités de cette opération est d'associer des partenaires privés. J'y vois le symbole d'une large mobilisation au coeur de laquelle les enjeux économiques ne sont pas dissociés des enjeux sociaux et citoyens.
Aux 400 participants du concours 2007, je dis : "ce que vous avez voulu, vous l'avez fait !". Malgré les obstacles, malgré les doutes, malgré les pesanteurs d'un système qui dissuade encore trop souvent ceux qui entreprennent, vous êtes allés au bout de vous-mêmes, au bout d'une espérance que vous avez rendu possible.
Et je ne m'adresse pas seulement aux lauréats des prix régionaux et nationaux, dont la pugnacité et la créativité ont été particulièrement reconnues : je m'adresse à tous.
Il n'y a parmi vous que des battants. Il n'y a donc, à mes yeux, que des gagnants !
Vous montrez l'exemple. L'Etat et le Gouvernement se doivent, pour leur part, de se montrer exemplaires en matière d'égalité des chances.
Nous sommes tous égaux en droits, mais nous ne le sommes pas tous dans les faits. Sur la ligne de départ, certains partent de plus loin, certains n'ont pas de relations, certains cumulent toutes les difficultés sociales... C'est le rôle de la République de faire plus pour ceux qui ont moins.
Depuis plusieurs mois, sous l'autorité de Christine Boutin, Fadela Amara s'attelle, avec détermination, à l'élaboration d'un plan en faveur des banlieues. Ce plan devra ouvrir aux jeunes qui ont, comme vous, l'envie de réussir, des perspectives nouvelles.
Il sera concentré sur l'éducation. Il amplifiera les instruments de la formation professionnelle et de l'emploi des jeunes. Il soutiendra la création d'entreprises.
Dès cette année, les mesures d'accompagnement éducatif après le temps scolaire ouvrent aux élèves de 1 000 établissements situés en ZEP des heures d'étude encadrée.
Dès qu'un élève décroche, il faut l'épauler, le responsabiliser, le motiver.
Dès qu'un élève réussit et se transcende, il faut l'accompagner et viser le meilleur pour lui.
Les plus grandes Ecoles de la République ne doivent pas être confinées aux seules élites. Leurs portes doivent s'ouvrir à tous ceux qui ont démontré leur potentiel et leurs capacités à se dépasser.
A ce jour encore et malgré les efforts qui ont été fait, 50 % des lycées n'envoient aucun élève dans les classes préparatoires, qui sont pourtant une voie très recherchée de qualification.
Il faut rompre avec cet état de fait ! Le Président de la République a pris un engagement ferme : dans chaque établissement, 5 % des meilleurs bacheliers auront accès aux classes préparatoires et aux grands établissements d'enseignement supérieur.
Plusieurs collèges "ambition réussite" ont déjà noué des partenariats avec des établissements scientifiques et avec des institutions culturelles importantes, musées, salles de concert : ils doivent être étendus dans les meilleurs délais à la totalité des 250 collèges concernés.
L'opération "100 000 pour 100 000" continuera d'inviter nos étudiants à donner de leur temps pour des opérations de tutorat.
Des partenariats comparables existent avec l'Ecole Nationale de la Magistrature, qui a ouvert une classe préparatoire intégrée aux enfants des banlieues ; et dans la fonction publique, où des "parrains" accompagnent les candidats aux concours.
Dans tous les cas, la logique est la même : à celui qui se donne à fond, la République doit tout donner. Les jeunes des cités n'attendent pas de la complaisance ou du misérabilisme qui sont une forme de lâcheté... Ils attendent du respect, et le respect cela se gagne et cela se récompense !
Mesdames et Messieurs,
En vous voyant vous battre et réussir, en voyant de grandes entreprises se mobiliser, je vois la France en mouvement.
Cédric, Hatim, Aurélie, Adil, Emmanuelle, Mariama : vous êtes la France en mouvement, la France qui se retrousse les manches, la France, qui, au-delà des milieux sociaux, des origines, des religions, sait qu'en chaque individu il y a une part de courage et de rêve qui peut changer tous les destins.
Au nom de la République, je vous dis merci.Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 22 octobre 2007