Déclaration de M. Michel Duffour, secrétaire d'Etat au patrimoine et à la décentralisation culturelle, sur le cinéma, notamment le court métrage et l'aide à la production et la diffusion du cinéma, Clermont-Ferrand le 31 janvier 2001.

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Circonstance : Inauguration du 23ème festival du court métrage de Clermont-Ferrand le 31 janvier 2001

Texte intégral

Monsieur le Sénateur Maire,
Monsieur le Président du Conseil Général,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs,
C'est bien sûr un plaisir de participer à la plus importante manifestation cinématographique mondiale consacrée au film de court métrage, à un festival qui, en termes de fréquentation et de présence professionnelle, est le deuxième festival de cinéma en France après Cannes - plus de 125 000 spectateurs et 2000 professionnels -, à la sélection d'un comité qui a visionné plus de 2600 films et je pourrais ainsi citer d'autres chiffres qui montrent tous l'importance de cette manifestation.
Mais je voudrais aussi, au delà du prestige de l'événement, rendre hommage aux hommes et aux femmes de l'association Sauve qui peut le court métrage car ce qui est tout aussi remarquable que le bilan chiffré dans cette aventure, c'est l'engagement de vingt ans d'un collectif de passionnés du cinéma qui a su rester fidèle à une certaine idée du cinéma, garder son enthousiasme des débuts et une organisation collégiale tellement atypique et rare pour une manifestation de cette envergure.
Sauve qui peut le court métrage a eu raison avant tout le monde. Et pourtant à la fin des années 70, le court métrage était en grand péril et l'initiative militante de jeunes étudiants passionnés était courageuse. Le festival, soutenu dès le début par le CNC, n'a cessé de se développer et l'association a su suivre cet essor, diversifiant ses activités, organisant depuis dix ans un marché du court - où j'ai pu voir télévisions et producteurs du monde entier achetant et vendant leurs films - et travaillant toute l'année à Clermont et dans la région pour multiplier les actions en direction des écoles, collèges, lycées, des populations éloignées géographiquement ou socialement des salles de cinéma, des exploitants des salles de cinéma eux-mêmes qu'il fallait convaincre. Ce travail pugnace d'éducation à l'image permet d'avoir aujourd'hui un public conquis, curieux et passionné.
Je souhaitais souligner cet engagement associatif car dans le domaine culturel, nous devons, Etat et collectivités territoriales, y être réellement attentifs. L'action culturelle ne se décrète pas, ne se " parachute " pas, elle se nourrit et germe dans la rencontre, le débat, la passion, l'engagement et nous en avons ici un fabuleux exemple.
L'année 2000 a été, je crois, une année importante dans l'histoire de Sauve qui peut le court métrage. Vous êtes maintenant enfin installés dans des locaux à la mesure de vos besoins et de votre travail. La Jetée abritera non seulement un centre de documentation sur le court métrage et le bureau régional du film en Auvergne mais sera, j'en suis sûr, une nouvelle base pour de nouveaux projets et nous pouvons faire confiance à votre créativité.
C'est aussi en 2000 que le Centre National de la Cinématographie a labellisé l'association : " Pôle régional d'éducation à l'image et de formation au cinéma, à l'audiovisuel et au multimédia " et je sais que là aussi vous allez développer des projets pilotes.
Enfin, la signature officielle hier du premier avenant à la convention de développement cinématographique entre la région Auvergne, le CNC et la DRAC vous permettra de continuer à soutenir l'accueil de tournages, abondera le fonds d'aide au court métrage avec une orientation nouvelle pour l'aide aux premiers et seconds longs métrages.
Je voudrais d'ailleurs signaler que la convention signée ici en 1997 marquait la première implication du CNC dans la politique des fonds régionaux d'aide à la production.
Décidément, vous êtes pionniers et pilotes sur tous les plans ! Depuis, cette politique s'est développée et donne des résultats très satisfaisants dans de nombreuses régions. J'ai pu le constater lors de mes déplacements en Aquitaine ou dans la région Centre par exemple. C'est une des nombreuses réussites de la décentralisation.
Aujourd'hui, le festival et le travail à l'année de Sauve qui peut le court métrage sont un remarquable exemple de partenariat entre l'Etat et les collectivités territoriales : la Ville de Clermont Ferrand, le Conseil Général du Puy de Dôme et la Région Auvergne accompagnent ce projet culturel fort, singulier mêlant enjeux artistiques, économiques et culturels.
Catherine Trautmann avait annoncé lors de sa venue l'année dernière le lancement d'une réforme des mécanismes gérés par le CNC d'aide à la production et à la diffusion des films courts. C'est l'occasion aujourd'hui de faire un premier bilan de cette réforme après un an d'application.
Les aides sélectives au film court se présentent maintenant selon un système à quatre entrées :
- une aide avant réalisation, sur critère artistique projet par projet, dont l'objectif est de rester ouverte aux jeunes talents ;
- une aide aux programmes d'entreprise, dont l'objectif est d'accompagner la croissance des entreprises les plus expérimentées et dynamiques du secteur ;
- une aide après réalisation, dont l'objectif est de " rattraper " les films de qualité n'ayant pas bénéficié d'aide à l'état de projet et de récompenser la prise de risque du producteur ;
- une aide du Compte de soutien à l'industrie des programmes audiovisuels, pour les films bénéficiant d'un financement de la part d'une chaîne de télévision.
Dans le cadre de l'ensemble de ces dispositifs, le montant global des aides à la production de films de court métrage a considérablement augmenté en 2000 puisqu'il s'est élevé à 34 millions de francs, soit 54% de plus qu'en 1999. 191 films, de 184 réalisateurs et 106 producteurs différents, ont ainsi bénéficié d'une aide, sur une production totale de 402 films ayant obtenu un visa d'exploitation.
La réflexion doit maintenant être engagée sur les moyens d'améliorer les conditions de diffusion du court métrage en salle, à la télévision et, dans un proche avenir sur Internet. Bien entendu, il existe déjà des aides incitatives à la diffusion soit dans le cadre de programmes complets - un long métrage précédé d'un court métrage - soit dans le cadre de programmes d'oeuvres de courte durée. C'est ainsi que 70 films de court métrage ont pu bénéficier d'un soutien à la diffusion en 2000.
Mais ce n'est pas suffisant. Il nous faut relayer le combat de Sauve qui peut le court métrage et de l'Agence du court métrage pour que les films, après deux ans de vie dans le circuit des festivals ne sombrent pas dans l'oubli. Ce chantier : le CNC le conduira en 2001.
Le court métrage n'est en effet pas seulement un formidable laboratoire de recherche et de développement du cinéma et de l'audiovisuel, et ce n'est pas ici qu'il est nécessaire de le rappeler, mais il constitue bien une écriture cinématographique spécifique et exigeante, avec son propre rythme, sa propre sensibilité et une grande liberté créative.
C'est pour toutes ces raisons qu'il est nécessaire de le soutenir activement, pour maintenir la vitalité et la diversité de notre cinéma.
(source http://www.culture.gouv.fr, le 1er février 2001)