Texte intégral
R. Duchemin.- Bonjour L. Wauquiez... Porte-parole du Gouvernement, merci d'être avec nous dans les studios de France Info. Vous n'avez pas eu trop de mal pour arriver jusqu'à nous ? Vous avez fait comment ? Vous vous êtes levé tôt ?
R.- Je me suis levé tôt et j'ai pris un scooter.
Q.- Un scooter, donc ça fonctionnait bien, ça roulait bien ce matin dans Paris ?
R.- Ce matin, dans Paris ça roulait bien, mais en même temps, je pense aussi à la situation pour tous les autres usagers, notamment par exemple une ligne de TER que moi, je connais très bien entre Firminy et Lyon où je sais qu'il n'y a quasiment aucun train. Je voulais juste bien préciser, parce que je pense que c'est un point qui est important pour tous nos concitoyens, que le service minimum pour l'instant n'est pas encore en vigueur. Il entrera en vigueur à partir du 1er janvier. C'est vrai que sur un jour comme celui-là, on aurait bien aimé qu'il soit là. Mais pour l'instant, il n'est pas encore appliqué, pour une raison simple : c'est qu'on est obligé de faire région par région, département par département, agglomération par agglomération, le point de toutes les lignes importantes pour aller travailler chez soi.
Q.- Alors on savait qu'il y aurait un jeudi noir, on l'a annoncé, c'est déjà un petit peu la pagaille sur les routes, il y a de grosses perturbations côtés rails : 46 TGV sur 700, ça parle tout seul. Paralysie partielle aussi dans le métro, dans les bus. Est-ce que vous êtes prêts au Gouvernement, à affronter la colère des syndicats et celle des usagers aussi, qui pâtissent ce matin du conflit qui commence ?
R.- Je voudrais être très clair là-dessus. Quand il y a une grève en France, on est toujours dans ce scénario où on dit : « voilà, il y a la grève en face et est-ce que le Gouvernement est prêt à affronter ? ». Et je pense que ce n'est pas notre état d'esprit. Notre état d'esprit c'est de dire : on est là pour écouter derrière la grève, les craintes et les inquiétudes qui s'expriment et essayer d'y répondre.
Q.- C'est quand même à vous qu'ils s'adressent aujourd'hui ?
R.- Bien sûr ! Et c'est pour ça que c'est important d'y répondre, mais en même temps, on est très déterminé sur le fait que passer de 37 ans et demi à 40 ans de durée de cotisations, ce qu'ont fait comme effort les gens du public et du privé, les retraites du régime public et du régime général, c'est quelque chose sur lequel on ne peut pas céder. On ne peut pas céder, je voudrais juste rappeler un point qui est clair, c'est qu'on a aujourd'hui dans les régimes spéciaux 500.000 cotisants, pour à peu près plus de 1.000.000 de retraités. Ça veut dire que si on ne fait pas un effort, c'est même le financement de leur propre retraite qui à dix ans, va devenir très difficile à financer. Par contre, ce qui est important, c'est d'entendre les inquiétudes qui sont derrière. Et je le comprends moi, quand vous êtes dans un régime spécial de retraite, que vous dites : « voilà, j'approche de l'âge de la retraite, qu'est-ce qui va m'arriver ? ». C'est important que ça on puisse y répondre.
Q.- Il y a beaucoup de gouvernements avant le vôtre qui ont reculé sur cette réforme des régimes spéciaux. Là, pour le coup, c'est une promesse de campagne de N. Sarkozy. Cela mettrait à mal le quinquennat, s'il y avait recul ?
R.- Vous avez raison de dire : il y a beaucoup de gouvernements avant, est-ce que vous allez être dans le même scénario ? Je crois que la différence par rapport aux autres gouvernements, c'est qu'on a toujours été très clair dessus. On a pris tous les risques puisque par exemple le Président l'a annoncé avant la campagne, il en a parlé, il a dit « j'en ferais un de mes sujets ». On a pris tous les risques aussi, parce qu'on a pris le temps de prendre cet espace de négociation. Le texte là aujourd'hui qui est mis sur la table pour les syndicats, c'est le fruit de 80 heures de négociations. Donc, on n'est pas sur quelque chose qui aurait été imposé aux forceps, et la vraie différence par rapport aux autres réformes, c'est que X. Bertrand est dans un état d'esprit consistant à dire « ma porte est toujours ouverte. » On n'est pas là pour stigmatiser, on n'est pas là pour dire que vous êtes des nantis, on essaie juste de dire « essayons ensemble d'assurer la pérennité du financement de nos retraites ».
Q.- Alors il y a une première journée de grève, il y en aura peut-être d'autres, puisque certains syndicats ont appelé à reconduire le mouvement. C'est le premier gros mouvement pour ce Gouvernement, ce n'est probablement pas le dernier, l'année s'annonce quand même assez difficile, notamment aussi parce qu'il n'y a pas de croissance. Est-ce que vous êtes prêts d'ici les municipales à affronter tout ce qui vous attend ?
R.- Vous savez, si finalement on prend un peu de recul, on avait deux choix ? Le premier choix c'était de dire « on va faire de l'état de grâce, pas trop bouger, espérer que pendant 100 jours, 200 jours, 300 jours, on sera au sommet dans les sondages et ne pas faire de grandes réformes ». Et puis la deuxième chose, c'était de dire, non, on est là pour agir, on est là pour essayer de faire avancer, dans la concertation, mais avancer quand même. La réforme des universités, la réforme sur le pouvoir d'achat, le travail pour les heures supplémentaires, et tous ces choix-là, c'est effectivement celui qu'on a fait. C'est-à-dire de dire on n'attend pas. On n'est pas comme trop souvent ça s'est passé dans les années antérieures, les dossiers sous le tapis, en attendant telles échéances électorales.
Q.- On vous a vu vous, beaucoup, X. Bertrand également, depuis quelques jours aller dire qu'effectivement ce mouvement allait être d'ampleur, que vous vous attendiez à un jeudi noir. C'est quoi ? C'est une stratégie de communication, c'est une tentative d'allumer un contre-feu médiatique ?
R.- Non, surtout et on n'est pas là pour jouer au mistigri. Il y a un mouvement, c'est un mouvement qui est important, et le devoir pour nous, ce n'est pas de regarder le nombre de grévistes dans la rue et de se dire « aïe, aïe », c'est d'essayer de comprendre ce que traduit ce mouvement en terme d'inquiétude. Et d'essayer de comprendre ces inquiétudes et d'y répondre. Je vais vous donner un exemple simple : quand les personnes, par exemple SNCF, RATP, si elles font une carrière complète, elles se demandent : est-ce que j'aurais à l'arrivée une retraite du même niveau, ou est-ce qu'on va m'amputer de mon pouvoir d'achat ? C'est un point très important, sur lequel X. Bertrand a dit : c'est vrai on demande un effort sur la durée de cotisations. Mais si jamais vous avez une carrière complète, on vous garantit une retraite qui soit exactement au même niveau. C'est ce genre d'inquiétude. De la même manière, X. Bertrand a mis en place un outil de simulation sur Internet où tout le monde peut aller le voir dans les régimes spéciaux qui sont concernés, pour voir : voilà qu'est-ce que ça va faire pour mon cas personnel ? L'écoute et la détermination.
Q.- Et la communication, alors ce matin, l'autre actualité, L. Wauquiez, c'est celle qui fait à peu près la Une de tous les journaux, c'est évidemment le visage de C. Sarkozy. "Divorce", "séparation" ? Certains journalistes du Nouvel Obs, de Libération, affirment qu'elle s'est rendue à Nanterre, lundi au Tribunal, que le divorce passera par un consentement mutuel. Vous, votre ligne, c'était jusqu'ici : « pas de commentaire, rien n'est à priori confirmé. » En tout cas, c'est ce que dit l'Elysée. Hier, pourtant, X. Darcos disait : c'est triste quand une histoire d'amour se termine, c'est un signe ?
R.- Je pense que X. Darcos faisait de la poésie en général. Mais...
Q.- Et en particulier ?
R.- Et pas en particulier. Je vais vous décevoir, mais enfin vous vous en doutez, mon seul commentaire sera « pas de commentaire. »
Q.- Et pourtant quand on est un personnage public, à un moment donné, il faut bien communiquer, c'est le cas pour le chef de l'Etat et son épouse ?
R.- Vraiment sur ce sujet-là, je comprends très bien que ce soit un sujet d'actualité, que vous soyez amenés à poser des questions dessus, que les gens s'interrogent. Mais c'est, comme vous vous en doutez, pas à moi de commenter ce genre de choses. Je suis désolé donc de m'enfermer dans ces simples trois mots « pas de commentaire. »
Q.- Merci en tout cas, L. Wauquiez, porte-parole du Gouvernement d'avoir été en direct, ce matin, avec nous sur France Info.
Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 18 octobre 2007