Texte intégral
Mesdames et Messieurs,
A vous tous, associations, représentants des malades, acteurs institutionnels, professionnels de santé, qui êtes ici réunis à l'occasion de ces journées, je voudrai dire, pour commencer, que vous constituez pour moi l'exemple même de cette communauté solidaire qui doit unir toutes les compétences et fédérer toutes les bonnes volontés pour pouvoir agir efficacement au quotidien.
A cet égard, le travail accompli par France dépression force l'admiration.
Soutenus par la vigueur de vos convictions, vous avez su depuis 15 ans maintenant, clairement identifier les besoins, ceux des patients et de leurs familles souvent désemparées, et promouvoir, dans un esprit d'ouverture, le cercle vertueux de fructueuses coopérations.
Cependant, je ne saurai m'exprimer ici sans profiter de l'occasion qui m'est offerte pour m'adresser aussi aux thérapeutes et aux soignants qui, en l'espèce, méritent toute notre reconnaissance. Leurs compétences spécifiques, leur professionnalisme, constituent pour tous la précieuse garantie de la perpétuation et du renforcement des bonnes pratiques.
Je suis heureuse, en effet, de pouvoir ouvrir en votre compagnie cette journée de travail, organisée ici-même, pour la première fois au sein du ministère.
Vous qui dans vos fonctions avez l'habitude de déceler et d'interpréter des signes, vous qui devez toujours conjuguer rigueur scientifique et esprit de finesse, je ne doute pas que vous saurez deviner le sens de cette hospitalité symbolique.
Longtemps la dépression, comme d'autres troubles psychiques, a échappé à l'investigation médicale. Objet d'étonnement, de réprobation, condamnées avant d'être soignées, craintes et parfois tournées en dérision, ces pathologies assimilées au vice plutôt qu'à la maladie, ont été jugées bien avant que d'être comprises.
Ces temps sont révolus. Nous pouvons l'espérer. Mais il reste encore beaucoup à faire si nous voulons nous assurer que l'histoire jamais ne se répète. Certes, le regard social a changé. Les traitements se sont perfectionnés. Les derniers développements des sciences humaines, les contributions croisées de la philosophie, de la psychanalyse et des sciences ont favorisé l'émergence de nouvelles problématiques. Les méthodes de la psychiatrie se sont affinées. La prise en charge des malades souffrant de pathologies psychiques a clairement bénéficié des avancées de la médecine.
Cependant, les perspectives de progrès sont encore immenses. Soyez donc assurés que je mettrai tout en oeuvre pour contribuer à l'amélioration conjointe de l'information divulguée, de la formation dispensée aux professionnels de santé et de la qualité des soins prodigués.
La dépression, nous le savons tous, n'est pas tout à fait une maladie comme les autres. On y entre souvent de manière graduée, sans savoir nommer clairement le mal dont on souffre. Contrairement à la douleur physique, la souffrance induite, plus englobante et diffuse, n'est jamais distinctement localisée. L'état dépressif n'est pas toujours reconnu comme il devrait l'être et identifié comme le symptôme d'une maladie.
Ainsi, un grand nombre de préjugés doit être battu en brèche si l'on veut bien se donner les moyens de mieux prévenir et de mieux guérir une maladie qui frappe au cours de sa vie près d'un Français sur cinq.
Disons-le sans ambages : la stigmatisation dont peuvent faire l'objet les dépressifs est la conséquence dramatique d'une ignorance qui s'ignore. A cet égard, il convient encore et toujours d'améliorer la qualité de l'information divulguée concernant cette maladie. Certes, il n'existe pas un profil type du dépressif. En ce sens, chacun d'entre nous doit se sentir concerné. La dépression, ça n'arrive pas qu'aux autres. S'en sortir, ce n'est pas qu'une affaire de volonté.
La dépression est l'affaire de tous parce qu'elle peut aussi frapper chacun d'entre nous, parfois d'ailleurs sans crier gare, au moment où l'on pourrait le moins s'y attendre. Si cette maladie est, dans certains cas, aussi complexe à dépister, c'est qu'elle défie souvent le pronostic, surprend les familles et plongent ceux qui en subissent l'effet dans un abattement d'autant plus grand qu'ils n'en comprennent pas eux-mêmes les raisons.
Cependant, les données épidémiologiques nous apportent dans le même temps, quelques éclairages bien utiles. Il existe des âges plus sensibles : en particulier les plus jeunes, de 18 à 25 ans, et les plus âgés, les octogénaires. Les femmes sont deux fois plus touchées que les hommes. Certaines situations, objectivement liées aux événements dramatiques qui peuvent ponctuer la vie professionnelle et familiale de chacun d'entre nous, font, comme on s'en doute, assez facilement le lit de la dépression.
A l'appui de ce double constat, il nous faudra poursuivre et renforcer nos campagnes d'information de manière à ce qu'elles puissent toucher chacun d'entre nous, par les canaux les plus appropriés à chaque occurrence spécifique.
L'amélioration des pratiques, la bonne diffusion des recommandations utiles, constituent à mes yeux, bien entendu, une véritable priorité de santé publique.
Les progrès de la prise en charge de la dépression constituent, d'ores et déjà, un objectif clairement désigné du plan psychiatrie et santé mentale. Cependant, il conviendra de renforcer le « programme dépression », notamment pour améliorer l'information et les conditions d'un dépistage plus efficace auprès des plus jeunes. A cet effet, je me tournerai vers Xavier Darcos et Valérie Pécresse pour que nous puissions découvrir ensemble les moyens d'améliorer, en milieu scolaire et à l'Université, la détection de cette maladie qui touche aujourd'hui un trop grand nombre d'adolescents et de jeunes adultes.
La prévention, en particulier auprès des personnes les plus fragiles, auprès des plus isolés de nos concitoyens, quelles que soient les raisons de leur retranchement, constituera une des arches fondamentales de ma politique. Il faudra, sur ce front, être offensif et innovant.
Dans cet esprit, je suivrai avec la plus grande attention les résultats de vos travaux. Soyez donc assurés de trouver ici même, au sein de mon cabinet, les conditions d'une écoute attentive et la plus grande disponibilité, dès lors qu'il s'agira de bâtir ensemble, et pour les générations futures, un véritable ministère de la vie, soucieux de donner à chacun les moyens de prendre en main sa santé dans un projet au long cours.
Je vous souhaite une bonne journée.
Je vous remercie.Source http://www.sante-jeunesse-sports.gouv.fr, le 19 octobre 2007