Déclaration de M. Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes, lors du point de presse conjoint avec M. Vuc Jeremic, ministre serbe des affaires étrangères, sur l'avenir du Kosovo et l'avancement des pourparlers entre les délégations kosovares et serbes, et les conditions d'adhésion de la Serbie à l'UE, Paris le 18 octobre 2007.

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Circonstance : Visite en France de Vuc Jeremic, ministre serbe des affaires étrangères, le 18 octobre 2007 à Paris

Texte intégral

Mesdames et Messieurs, j'ai eu le plaisir de recevoir mon ami Vuk Jeremic. Je suis à chaque fois très heureux de recevoir nos amis serbes. J'espère que nous aurons l'occasion de nous revoir le plus souvent possible. Vous vous doutez que nous avons parlé à la fois de l'Union européenne, très longuement, et des possibilités qui sont offertes par l'Accord de stabilisation et d'association. Nous avons aussi parlé du problème du Kosovo et de la façon dont se déroulaient les pourparlers entre les deux délégations.
Q - Vous recevrez la délégation albanaise dimanche prochain. Quel est le but de cette rencontre non officielle que vous allez avoir avec les représentants albanais, et pensez-vous leur dire de s'abstenir d'une déclaration unilatérale d'indépendance ? Pensez-vous d'autre part que les négociations pourront se poursuivre après le 10 septembre au cas ou celles-ci échoueraient ?
R - Je recevrai en effet l'équipe de négociation albanaise et je recevrai la délégation serbe le 4 novembre de la même manière. Nous espérons par le dialogue arriver à une solution satisfaisante. Je crois qu'il est nécessaire que, sans participer nous-mêmes aux négociations qui se font sous l'égide de la Troïka, nous recevions nos amis et nous parlions avec eux des perspectives qu'offrira, je l'espère, le document qui sera remis, je l'espère également, le 10 décembre à M. Ban Ki-moon. Je réponds à votre question : ce n'est pas à la France de décider, c'est d'abord à la Troïka de rapporter au Groupe de contact. Le Groupe de contact fera rapport à M. Ban Ki-moon et aux Nations unies. S'il est nécessaire de poursuivre, nous devrons le décider ensemble. Je ne pense pas que nous y soyons favorables s'il n'y a pas d'avancées, s'il n'y a pas de progrès, s'il n'y a pas de solution commune pour que les Serbes et les Albanais parlent d'un futur de paix, d'apaisement donc, de paix et de développement. Le reste appartiendra aux délégations, à leur désir d'arriver à un compromis, mot qui doit être pris sous son acception la plus positive, la plus dynamique : le futur, le bonheur. Ce n'est pas un mot péjoratif dans ma bouche.
Q - En complément à ma question précédente, est-ce que vous pensez leur dire de s'abstenir de déclarer de façon unilatérale l'indépendance ?
R - Madame, vous connaissez la position de la France. Nous avons demandé six mois pour que des négociations puissent apporter des perspectives plus positives. Nous nous sommes entendus, avec tous les membres du Groupe de contact et avec les Nations unies parce que tout cela était aussi très directement lié à la résolution 1244, sur une période de quatre mois. Attendons la fin de ces quatre mois... Je connais bien les Balkans, j'y ai passé des années, je connais bien le Kosovo, j'y ai passé deux ans. Je souhaite infiniment que des deux côtés on arrive à quelque chose qui sera une forte indication pour l'ensemble des peuples de la région et en particulier ceux qui sont directement intéressés. Il faut que l'on s'entende. Vous savez, toutes les guerres se sont finies par la paix. Alors, allons-y. Mais ce n'est pas à moi de me prononcer maintenant, certainement pas. Attendons le résultat des négociations menées par la Troïka.
Q - Monsieur le Ministre, vous avez toujours dit que la question du Kosovo est une question européenne. Est-ce que vous conditionnez l'adhésion de la Serbie à l'Union européenne au règlement de ce dossier ?
Et une dernière question : est-ce que vos positions se sont rapprochées aujourd'hui, considérant que l'un est en faveur de l'indépendance du Kosovo et l'autre non ?
R - Les deux phénomènes, les deux mouvements, ne sont pas liés intimement. La Serbie demande par l'intermédiaire de l'Accord de stabilisation et d'association de rentrer dans l'Union européenne. C'est son droit et comme l'a dit mon collègue, la France a là-dessus une attitude très positive. Ce qu'a dit Vuk Jeremic à ce propos est tout à fait juste. Maintenant, le problème du Kosovo doit être réglé par les voies diplomatiques et de conciliation. Les deux questions ne sont pas liées directement, mais ce serait mentir de dire qu'il serait plus facile de rentrer dans l'Union européenne si le problème du Kosovo n'était pas réglé.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 19 octobre 2007