Déclaration de Mme Roselyne Bachelot, ministre de la santé, de la jeunesse et des sports, sur la prévention de la santé chez les sportifs, Bordeaux le 9 novembre 2007.

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Circonstance : Déplacement au centre d'accompagnement et de prévention pour les sportifs (CAPS) à Bordeaux le 9 novembre 2007

Texte intégral

Monsieur le Préfet,
Monsieur le Président,
Messieurs le Directeurs,
Chers amis,
Les liens qui unissent sport et santé sont bien équivoques. « La santé », comme l'écrivait le philosophe Pascal, « c'est le silence des organes ». Or, le corps du sportif est bel et bien plutôt « un corps éloquent ». Il n'est rien moins qu'un corps à l'état de nature, comme en atteste l'image sublime de ces athlètes qui épuisent leurs forces pour atteindre l'exploit. Les signes de fatigue qu'il émet parfois, les tensions qui s'y expriment, nous révèlent assez clairement l'humanité de cette discipline qui exige toute la puissance de la volonté.
Nos sportifs ne sont pas ces gymnastes des temps antiques, immortalisés par Praxytèle, dont les formes parfaites évoquent une divinité imputrescible. La pratique du sport, aujourd'hui, nous révèle, plutôt, que nous sommes « humains, trop humains ». Et c'est bien là, paradoxalement, que réside toute sa valeur. Le sport n'est une pratique exemplaire, notamment auprès des jeunes, que s'il nous enseigne les vertus de l'effort et nous rappelle l'humilité de notre condition.
Il ne s'agit pas, cependant, de sacrifier sa santé sur l'autel de vaines gloires, ni, encore moins, pour obtenir quelques lauriers factices et éphémères. Quelques compétiteurs, mal entraînés, l'ont, ces derniers temps, malheureusement appris à leurs dépends.
D'un point de vue éthique autant qu'esthétique, la beauté du sport consiste à nous laisser voir ce que chacun « peut » dans les limites de son propre corps. Le but du jeu n'est pas de transgresser les frontières du possible au risque de se détruire.
Sans doute, l'exercice éclairé d'une activité sportive nous donne-t-elle, au contraire, une véritable leçon de vie. La belle santé de ceux qui pratiquent le sport avec intelligence et mesure nous fait clairement comprendre que le corps peut toujours plus qu'on ne le croit, par la puissance du désir de persévérer dans son être.
Pierre de Coubertin aimait à dire que si « la partie la plus cérébrale du jeu - de beaucoup la plus importante - demeure invisible ; c'est donc que le muscle y sert d'écran à l'intelligence ». Serge SIMON et son équipe du Centre d'Accompagnement et de Prévention pour les Sportifs (CAPS) ont su voir derrière cet écran. Ils ont compris que, si le sport - et notamment le sport de haut niveau - avait de nombreux effets bénéfiques sur la santé, il pouvait aussi créer de nombreuses difficultés d'ordre psychopathologique.
La présentation du docteur SIMON a ainsi mis en évidence un certain nombre de ces difficultés : mauvaise gestion du stress, préoccupations liées à l'image corporelle et/ou à la performance, anxiété, troubles du comportement alimentaire, etc... Les différentes modalités d'intervention de son service auprès des sportifs nous ont été précisément exposées : les bilans psychologiques, les projets thérapeutiques personnalités, le suivi des sportifs de haut niveau, etc....
Par l'inventivité de ses méthodes et son dynamisme, le CAPS est désormais un acteur incontournable du monde du sport en région Aquitaine, mais aussi en France. Citons, à titre d'exemple, cette convention tripartite - Conseil Régional, Etat et CAPS - qui vient d'être signée sur le suivi psychologique des sportifs de haut niveau en Aquitaine. De même, l'instauration d'une antenne médicale de lutte contre le dopage dont le CAPS est le principal opérateur pour le compte de l'Etat, constitue une initiative exemplaire. Je tiens aussi à saluer le rôle que le CAPS va jouer dans la mise en oeuvre du « programme de lutte contre le harcèlement et les abus sexuels dans le sport » en tant que centre d'expertise technique.
Je tenais, par ma présence ici-même, à vous exprimer toute ma reconnaissance pour le travail accompli dans ce service du CHU de Bordeaux. Si la France veut développer le sport pour tous, si la France veut conserver son statut de grande Nation du sport sur la scène internationale, elle doit aussi donner l'exemple, en montrant qu'elle prend soin de ses sportifs. Si je veux être la Ministre « de la qualité des soins », je veux aussi être la Ministre « de la qualité de vie ». Dans cette logique, il n'est pas concevable que le CAPS reste le seul interlocuteur français lorsque l'on traite de suivi psychologique des sportifs. J'envisage donc d'étendre des services de type « Accompagnement et Prévention pour les Sportifs » sur le territoire français. Ma première mesure sera de faire un appel à candidature dans les CHU des régions à forte densité de sportifs de haut niveau pour accueillir une structure de ce type. J'espère que son installation pourra se faire dès 2008.
L'enjeu, d'ores et déjà, est de préparer les Jeux Olympiques de Londres en 2012. La prochaine Olympiade 2009-2012 devrait annoncer d'une nouvelle ère où les bonnes pratiques se répandent, où le comportement sportif cesse enfin de refléter nos moeurs chimiqués, d'en être la désolante copie, pour devenir le modèle qu'on voudrait imiter. C'est l'une des conditions sine qua non qui nous permettra d'obtenir d'honnêtes résultats...et de belles victoires.
Je vous remerciesource http://www.jeunesse-sports.gouv.fr, le 12 novembre 2007