Texte intégral
Mesdames et Messieurs,
De l'intervention de votre Présidente, Laurence Parisot et de l'intitulé que vous avez voulu donner à cette journée consacrée au handicap et à l'entreprise, je retiendrai bien sûr tout d'abord le mot clé de cette manifestation : c'est le mot différence.
Votre présidente rappelle à juste titre que la différence enrichit. Votre journée, sous le signe de la référence sportive - le lieu s'y prête à l'évidence - affirme jouer le jeu des différences.
Sachez que la Secrétaire d'Etat en charge de la question du handicap que je suis a reçu votre message 5 sur 5. Et nous sommes bien entendu sur la même longueur d'ondes.
Oui, la différence enrichit. Mais elle le fait le jour où les portes s'ouvrent et où les préjugés, les craintes et les réticences s'estompent. Or nous le savons bien : les portes de l'entreprise sont encore parfois trop timidement ouvertes. Les responsables d'entreprises qui n'ont pas essayé de « transformer l'essai » restent encore trop souvent dans les lignes arrières et les personnes handicapés peinent à oser se jeter « dans la mêlée ».
Ceci explique que les résultats obtenus en matière d'emploi des personnes handicapées restent inférieurs au taux de 6 % requis par la loi. Pour les entreprises, il est de 4,1 %. Le taux de chômage des personnes handicapées (19 %) reste le double de celui des personnes valides et ces demandeurs d'emploi cumulent les difficultés d'accès à l'emploi : ils sont en majorité peu qualifiés et pour près de la moitié d'entre eux au chômage depuis plus d'un an.
Mais ce constat n'appelle de ma part aucun pessimisme, bien au contraire. La loi du 11 février 2005 a donné une nouvelle impulsion à l'insertion des personnes handicapées dans tous les domaines de la vie quotidienne. L'avancée fondamentale de cette loi a été de remettre la personne et son projet de vie au centre de toute la démarche en matière de handicap. Une personne handicapée, c'est d'abord et avant tout une personne qui a le droit, comme tout autre citoyen, à accéder à l'éducation, à la culture, au logement, à l'emploi... Le jour où chacun aura appris à se côtoyer à l'école, au bureau, à l'usine, au cinéma et dans la rue dans le respect des différences, nous aurons changé le regard que porte notre société sur le handicap. Et c'est tout notre combat.
Pour ce faire, la politique du handicap est par définition une politique transversale. Cela se voit bien aujourd'hui où nous avons cosigné récemment avec Valérie Pécresse une charte handicap université, où la scolarisation des enfants handicapés a fait et continue de faire l'objet d'un travail partenarial avec l'éducation nationale en lien étroit avec mon collègue Xavier Darcos.
Pour reprendre la métaphore sportive, je dirai que la partie est bien engagée mais qu'il nous reste à la gagner. Et la victoire, comme votre Présidente l'a rappelé, c'est un travail d'équipe.
En matière d'emploi, la loi du 11 février 2005 a déjà permis de réaliser des progrès importants en augmentant le nombre de travailleurs handicapés en emploi de 4 % et en faisant baisser le nombre de demandeurs d'emploi handicapés de 8 %.
Elle a aussi eu pour effet, à ce jour, d'augmenter les ressources susceptibles d'être affectées à la politique en faveur de l'emploi des personnes handicapées. Les contributions collectées par l'AGEFIPH en 2007 sont supérieures de 150 millions d'euros aux prévisions initiales. Au total, on atteint 590 millions d'euros. Pour les chefs d'entreprises que vous êtes, je sais que cette somme semble considérable. Sachez que, dans mon esprit, elle n'a pas vocation à augmenter continument. Bien au contraire, nous mesurerons, à sa décrue, et à l'augmentation en parallèle du nombre de travailleurs handicapés recrutés dans les entreprises, le succès des efforts entrepris. Et j'ai bien noté l'engagement pris votre Présidente de mesurer les résultats obtenus par des indicateurs de performance et sa volonté de rechercher l'efficacité avant tout.
Tel est bien aussi mon objectif. Pour y arriver, nous devons améliorer les outils existants et aussi innover dans les leviers d'action à notre disposition.
Je voudrais citer ici brièvement quatre pistes de travail que j'ai retenues pour améliorer l'emploi des personnes handicapées en entreprise. Cette politique en faveur de l'emploi des personnes handicapées sera bien entendu menée en lien avec ma collègue, Christine Lagarde, en charge de toutes les questions d'emploi.
La première piste porte sur l'amélioration de l'accessibilité des locaux professionnels, car elle conditionne très largement l'accès au monde du travail. Pour la faciliter, je souhaite que l'on réfléchisse à l'élargissement des missions de l'AGEFIPH à cette problématique, afin que l'AGEFIPH puisse non seulement financer l'adaptation du poste de travail mais aussi l'accessibilité des locaux professionnels dès lors que celle-ci est indispensable pour l'accueil des employés handicapés. Cette aide serait alors conditionnée à un plan de recrutement de travailleurs handicapés. C'est un point important car l'accessibilité, vous le savez bien, est vraiment au coeur de l'accès de tout à tous.
Deuxième piste, il nous faut aider au recrutement dans les PME . Ces entreprises constituent un vivier d'emploi important pour les personnes handicapées comme pour les autres salariés, même si elles ne sont pas visées par l'obligation d'emploi de la loi du 11 février 2005. Mais elles ignorent souvent la marche à suivre car elles ne disposent souvent pas de DRH pour les aider dans une démarche de recrutement de travailleurs handicapés. Il s'agit donc d'encourager l'AGEFIPH, à l'occasion la renégociation de sa convention d'objectifs et de gestion qui doit aboutir d'ici la fin de l'année 2007, à développer ses actions de conseil en recrutement pour ces entreprises.
Troisième piste, nous devons améliorer le niveau de qualification des personnes handicapées. J'ai mentionné précédemment nos efforts en matière de formation initiale. Mais au-delà de ces actions, je veux améliorer l'accès à la formation professionnelle. J'ai prévu d'engager un travail avec les régions, l'AFPA, l'AGEFIPH, le FIPHFP, le CNFPT, les Cap Emploi et les organismes collecteurs. L'objectif est de mettre en place, région par région, des plans d'accès à la formation pour les travailleurs handicapés.
Quatrième piste, nous souhaitons mettre en place un accompagnement adapté des personnes handicapées dans leur recherche d'emploi : il s'agit de proposer aux demandeurs d'emploi handicapés des bilans d'employabilité et un soutien renforcé à la recherche d'emploi, en s'appuyant sur les Maisons Départementales des Personnes Handicapées ( MDPH) et les Cap Emploi.
Le chantier est vaste, mais des moyens sont là pour le mener à bien. Et surtout au-delà des moyens, il faut une vraie volonté d'accepter d'ouvrir les entreprises à la différence. Puisque j'ai la chance d'avoir un portefeuille ministériel qui traite à la fois de la question des personnes âgées et donc de la place des seniors, de l'égalité entre les hommes et les femmes et du handicap, je voudrais vous dire, au travers de tous les échanges que je peux avoir jour après jour, à quel point la diversité et la différence sont une richesse et une ouverture pour qui sait s'en saisir.
En conclusion, je ne vous proposerai qu'une chose : essayer, laisser vous séduire par la différence et changer de regard sur le handicap : votre entreprise ne s'en portera que mieux.Source http://www.travail-solidarite.gouv.fr, le 8 novembre 2007
De l'intervention de votre Présidente, Laurence Parisot et de l'intitulé que vous avez voulu donner à cette journée consacrée au handicap et à l'entreprise, je retiendrai bien sûr tout d'abord le mot clé de cette manifestation : c'est le mot différence.
Votre présidente rappelle à juste titre que la différence enrichit. Votre journée, sous le signe de la référence sportive - le lieu s'y prête à l'évidence - affirme jouer le jeu des différences.
Sachez que la Secrétaire d'Etat en charge de la question du handicap que je suis a reçu votre message 5 sur 5. Et nous sommes bien entendu sur la même longueur d'ondes.
Oui, la différence enrichit. Mais elle le fait le jour où les portes s'ouvrent et où les préjugés, les craintes et les réticences s'estompent. Or nous le savons bien : les portes de l'entreprise sont encore parfois trop timidement ouvertes. Les responsables d'entreprises qui n'ont pas essayé de « transformer l'essai » restent encore trop souvent dans les lignes arrières et les personnes handicapés peinent à oser se jeter « dans la mêlée ».
Ceci explique que les résultats obtenus en matière d'emploi des personnes handicapées restent inférieurs au taux de 6 % requis par la loi. Pour les entreprises, il est de 4,1 %. Le taux de chômage des personnes handicapées (19 %) reste le double de celui des personnes valides et ces demandeurs d'emploi cumulent les difficultés d'accès à l'emploi : ils sont en majorité peu qualifiés et pour près de la moitié d'entre eux au chômage depuis plus d'un an.
Mais ce constat n'appelle de ma part aucun pessimisme, bien au contraire. La loi du 11 février 2005 a donné une nouvelle impulsion à l'insertion des personnes handicapées dans tous les domaines de la vie quotidienne. L'avancée fondamentale de cette loi a été de remettre la personne et son projet de vie au centre de toute la démarche en matière de handicap. Une personne handicapée, c'est d'abord et avant tout une personne qui a le droit, comme tout autre citoyen, à accéder à l'éducation, à la culture, au logement, à l'emploi... Le jour où chacun aura appris à se côtoyer à l'école, au bureau, à l'usine, au cinéma et dans la rue dans le respect des différences, nous aurons changé le regard que porte notre société sur le handicap. Et c'est tout notre combat.
Pour ce faire, la politique du handicap est par définition une politique transversale. Cela se voit bien aujourd'hui où nous avons cosigné récemment avec Valérie Pécresse une charte handicap université, où la scolarisation des enfants handicapés a fait et continue de faire l'objet d'un travail partenarial avec l'éducation nationale en lien étroit avec mon collègue Xavier Darcos.
Pour reprendre la métaphore sportive, je dirai que la partie est bien engagée mais qu'il nous reste à la gagner. Et la victoire, comme votre Présidente l'a rappelé, c'est un travail d'équipe.
En matière d'emploi, la loi du 11 février 2005 a déjà permis de réaliser des progrès importants en augmentant le nombre de travailleurs handicapés en emploi de 4 % et en faisant baisser le nombre de demandeurs d'emploi handicapés de 8 %.
Elle a aussi eu pour effet, à ce jour, d'augmenter les ressources susceptibles d'être affectées à la politique en faveur de l'emploi des personnes handicapées. Les contributions collectées par l'AGEFIPH en 2007 sont supérieures de 150 millions d'euros aux prévisions initiales. Au total, on atteint 590 millions d'euros. Pour les chefs d'entreprises que vous êtes, je sais que cette somme semble considérable. Sachez que, dans mon esprit, elle n'a pas vocation à augmenter continument. Bien au contraire, nous mesurerons, à sa décrue, et à l'augmentation en parallèle du nombre de travailleurs handicapés recrutés dans les entreprises, le succès des efforts entrepris. Et j'ai bien noté l'engagement pris votre Présidente de mesurer les résultats obtenus par des indicateurs de performance et sa volonté de rechercher l'efficacité avant tout.
Tel est bien aussi mon objectif. Pour y arriver, nous devons améliorer les outils existants et aussi innover dans les leviers d'action à notre disposition.
Je voudrais citer ici brièvement quatre pistes de travail que j'ai retenues pour améliorer l'emploi des personnes handicapées en entreprise. Cette politique en faveur de l'emploi des personnes handicapées sera bien entendu menée en lien avec ma collègue, Christine Lagarde, en charge de toutes les questions d'emploi.
La première piste porte sur l'amélioration de l'accessibilité des locaux professionnels, car elle conditionne très largement l'accès au monde du travail. Pour la faciliter, je souhaite que l'on réfléchisse à l'élargissement des missions de l'AGEFIPH à cette problématique, afin que l'AGEFIPH puisse non seulement financer l'adaptation du poste de travail mais aussi l'accessibilité des locaux professionnels dès lors que celle-ci est indispensable pour l'accueil des employés handicapés. Cette aide serait alors conditionnée à un plan de recrutement de travailleurs handicapés. C'est un point important car l'accessibilité, vous le savez bien, est vraiment au coeur de l'accès de tout à tous.
Deuxième piste, il nous faut aider au recrutement dans les PME . Ces entreprises constituent un vivier d'emploi important pour les personnes handicapées comme pour les autres salariés, même si elles ne sont pas visées par l'obligation d'emploi de la loi du 11 février 2005. Mais elles ignorent souvent la marche à suivre car elles ne disposent souvent pas de DRH pour les aider dans une démarche de recrutement de travailleurs handicapés. Il s'agit donc d'encourager l'AGEFIPH, à l'occasion la renégociation de sa convention d'objectifs et de gestion qui doit aboutir d'ici la fin de l'année 2007, à développer ses actions de conseil en recrutement pour ces entreprises.
Troisième piste, nous devons améliorer le niveau de qualification des personnes handicapées. J'ai mentionné précédemment nos efforts en matière de formation initiale. Mais au-delà de ces actions, je veux améliorer l'accès à la formation professionnelle. J'ai prévu d'engager un travail avec les régions, l'AFPA, l'AGEFIPH, le FIPHFP, le CNFPT, les Cap Emploi et les organismes collecteurs. L'objectif est de mettre en place, région par région, des plans d'accès à la formation pour les travailleurs handicapés.
Quatrième piste, nous souhaitons mettre en place un accompagnement adapté des personnes handicapées dans leur recherche d'emploi : il s'agit de proposer aux demandeurs d'emploi handicapés des bilans d'employabilité et un soutien renforcé à la recherche d'emploi, en s'appuyant sur les Maisons Départementales des Personnes Handicapées ( MDPH) et les Cap Emploi.
Le chantier est vaste, mais des moyens sont là pour le mener à bien. Et surtout au-delà des moyens, il faut une vraie volonté d'accepter d'ouvrir les entreprises à la différence. Puisque j'ai la chance d'avoir un portefeuille ministériel qui traite à la fois de la question des personnes âgées et donc de la place des seniors, de l'égalité entre les hommes et les femmes et du handicap, je voudrais vous dire, au travers de tous les échanges que je peux avoir jour après jour, à quel point la diversité et la différence sont une richesse et une ouverture pour qui sait s'en saisir.
En conclusion, je ne vous proposerai qu'une chose : essayer, laisser vous séduire par la différence et changer de regard sur le handicap : votre entreprise ne s'en portera que mieux.Source http://www.travail-solidarite.gouv.fr, le 8 novembre 2007