Texte intégral
1ère question posée par Pascal Thoreau : « madame la Ministre comment réagissez vous aux différentes interventions et témoignages de la matinée ? »
Avant toute chose, je voudrais remercier le président Constans qui est à l'origine de ces journées. Le succès qu'elles remportent aujourd'hui suffit à dire leur utilité.
Merci à vous de cette initiative. Merci aux entreprises qui sont ici : sachez que la Secrétaire d'Etat en charge de la question du handicap que je suis a parfaitement reçu votre message . Et nous sommes bien sûr la même longueur d'ondes.
Oui, et vous en témoignez ici chacun à votre façon, la différence enrichit. Mais elle le fait le jour où les portes s'ouvrent et où les préjugés, les craintes et les réticences s'estompent. Or nous le savons bien : les portes de l'entreprise sont encore parfois trop timidement ouvertes. Les responsables d'entreprises qui n'ont pas essayé de « transformer l'essai » restent encore trop souvent dans les lignes arrières et les personnes handicapés peinent à oser se jeter « dans la mêlée ».
Ceci explique que les résultats obtenus en matière d'emploi des personnes handicapées restent inférieurs au taux de 6% requis par la loi. Pour les entreprises, il est de 4,1%.Le taux de chômage des personnes handicapées (19%) reste le double de celui des personnes valides et ces demandeurs d'emploi cumulent les difficultés d'accès à l'emploi : ils sont très peu qualifiés et pour près de la moitié d'entre eux au chômage depuis plus d'un an.
Pourtant, ici, ce matin vos témoignages s'ajoutent pour donner à chaque entreprise qui s'engagerait, comme vous, les moyens d'une politique de gestion des ressources humaines ambitieuses en direction des personnes handicapées.
Ce que je retiens de vos différentes interventions est très riche. Au fond, vous posez les 5 piliers de la réussite dans cette voie :
* Avant toute chose, il faut d'abord que les employeurs et les demandeurs d'emploi handicapés se rencontrent : c'est le sens de l'action de l'Adapt, mais je comprends de ce que vous dites qu'il faut aller plus loin.
* Ensuite, il faut accepter de recruter en faisant le pari de la qualification : ce sont les exemples réussis de la Poste et de Sodexho qui nous enseignent que ce pari là se gagne.
* Mais Areva et la Caisse d'Epargne nous disent que l'emploi des personnes handicapées, ca marche bien mieux si c'est bien le projet de l'entreprise toute entière qui mobilise alors tous les personnels dans cette direction.
* Enfin, Monster Europe et Adia démontrent qu'il est possible -au-delà de sa propre entreprise de convaincre les clients qu'ils peuvent aller beaucoup plus loin dans le recrutement de personnes handicapées et qu'il y a tout à gagner à cet engagement là.
Dans le fonds nous partageons la même conviction : il est possible d'aller beaucoup plus loin. L'Etat que je représente ici à son rôle à jouer mais ne peut rien sans vous, les entreprises. Merci de ces témoignages et de ces leçons.
2 ème question posée par monsieur Thoreau : « madame la Ministre, puisqu'il vous revient de conclure et de clore ces travaux, voulez vous nous dire quels sont vos projets sur les questions qui nous ont occupées aujourd'hui. Que comptez vous faire ?»
I -Malgré l'ampleur de la tâche, l'heure n'est pas au pessimisme, bien au contraire.
D'abord parce que la loi du 11 février 2005 a donné une nouvelle impulsion à l'insertion des personnes handicapées dans tous les domaines de la vie quotidienne. L'avancée fondamentale de cette loi a été de remettre la personne et son projet de vie au centre de toute la démarche en matière de handicap. Une personne handicapée c'est une personne avec un handicap, mais c'est d'abord et avant tout une personne qui a le droit, comme tout autre citoyen, à accéder à l'éducation, à la culture, au logement, à l'emploi... Le jour où chacun aura appris à se côtoyer à l'école, au bureau, à l'usine, au cinéma et dans la rue dans le respect des différences, nous aurons changé le regard que porte notre société sur le handicap. Et c'est tout notre combat.
Ensuite parce que la politique de l'emploi en faveur des personnes handicapées handicap est aujourd'hui conçue comme une politique transversale et il est fondamental qu'il en soit ainsi pour 3 raisons :
1) parce qu'il est vain de parler de politique en faveur de l'emploi des personnes handicapées en oubliant que tout commence par l'accès à l'école, et à l'enseignement supérieur. C'est la raison pour laquelle nous avons cosigné récemment avec Valérie Pécresse une charte handicap université. C'est aussi pour cette raison que la rentrée 2007 a concrétisé le droit opposable à la scolarisation des enfants handicapés. La scolarisation des enfants handicapés a fait et continue de faire l'objet d'un travail partenarial avec l'éducation nationale en lien étroit avec mon collègue Xavier Darcos.
2) parce que l'emploi des personnes handicapées pose aussi la question - et vous l'avez fort bien dit - de l'accessibilité des locaux et du poste de travail.
3) parce qu'il faut mettre plus efficacement en présence les entreprises et les demandeurs d'emploi handicapés. De ce point de vue, et la matinée l'a montré grâce aux témoignages des participants au handicafé, il reste du chemin à faire.
C'est bien sur ce constat partagé avec vous que s'appuie mon action.
II Je voudrais citer ici brièvement quatre pistes de travail que j'ai retenues pour améliorer l'emploi des personnes handicapées en entreprise. Cette politique en faveur de l'emploi des personnes handicapées sera bien entendu menée en lien avec ma collègue, Christine Lagarde, en charge de toutes les questions d'emploi.
1) La première piste porte sur l'amélioration de l'accessibilité des locaux professionnels, car elle conditionne très largement l'accès au monde du travail. Pour la faciliter, je travaille à obtenir l'élargissement des missions de l'AGEFIPH à cette problématique, afin que l'AGEFIPH puisse non seulement financer l'adaptation du poste de travail mais aussi l'accessibilité du bâtiment qui serait susceptible de l'abriter. C'est un point important car l'accessibilité, vous le savez bien, est vraiment au coeur de l'accès de tout à tous.
2 Deuxième piste, il nous faut aider au recrutement dans les PME. Ces entreprises constituent un vivier d'emploi important pour les personnes handicapées comme pour les autres salariés, même si elles ne sont pas visées par l'obligation d'emploi de la loi du 11 février 2005. Mais elles ignorent souvent la marche à suivre car elles ne disposent souvent pas de DRH pour les aider dans une démarche de recrutement de travailleurs handicapés. Il s'agit donc d'encourager l'AGEFIPH, à l'occasion la renégociation de sa convention d'objectifs et de gestion qui doit aboutir d'ici la fin de l'année 2007, à développer ses actions de conseil en recrutement pour ces entreprises.
3 Troisième piste, nous devons améliorer le niveau de qualification des personnes handicapées. J'ai mentionné précédemment nos efforts en matière de formation initiale. Mais au-delà de ces actions, je veux améliorer l'accès à la formation professionnelle. J'ai prévu d'engager un travail avec les régions, l'AFPA, l'AGEFIPH, le FIPHFP, le CNFPT, les Cap Emploi et les organismes collecteurs. L'objectif est de mettre en place, région par région, des plans d'accès à la formation pour les travailleurs handicapés.
4 Quatrième piste, nous souhaitons mettre en place un accompagnement adapté des personnes handicapées dans leur recherche d'emploi : il s'agit de proposer aux demandeurs d'emploi handicapés des bilans d'employabilité et un soutien renforcé à la recherche d'emploi, en s'appuyant sur les MDPH et les Cap Emploi.
Le chantier est vaste, mais des moyens sont là pour le mener à bien. Et surtout au-delà des moyens, il faut une vraie volonté d'accepter d'ouvrir les entreprises à la différence. Puisque j'ai la chance d'avoir un portefeuille ministériel qui traite à la fois de la question des personnes âgées et donc de la place des seniors, de l'égalité entre les hommes et les femmes et du handicap, je voudrais vous dire, au travers de tous les échanges que je peux avoir jour après jour, à quel point la diversité et la différence sont une richesse et une ouverture pour qui sait s'en saisir.Source http://www.travail-solidarite.gouv.fr, le 15 novembre 2007
Avant toute chose, je voudrais remercier le président Constans qui est à l'origine de ces journées. Le succès qu'elles remportent aujourd'hui suffit à dire leur utilité.
Merci à vous de cette initiative. Merci aux entreprises qui sont ici : sachez que la Secrétaire d'Etat en charge de la question du handicap que je suis a parfaitement reçu votre message . Et nous sommes bien sûr la même longueur d'ondes.
Oui, et vous en témoignez ici chacun à votre façon, la différence enrichit. Mais elle le fait le jour où les portes s'ouvrent et où les préjugés, les craintes et les réticences s'estompent. Or nous le savons bien : les portes de l'entreprise sont encore parfois trop timidement ouvertes. Les responsables d'entreprises qui n'ont pas essayé de « transformer l'essai » restent encore trop souvent dans les lignes arrières et les personnes handicapés peinent à oser se jeter « dans la mêlée ».
Ceci explique que les résultats obtenus en matière d'emploi des personnes handicapées restent inférieurs au taux de 6% requis par la loi. Pour les entreprises, il est de 4,1%.Le taux de chômage des personnes handicapées (19%) reste le double de celui des personnes valides et ces demandeurs d'emploi cumulent les difficultés d'accès à l'emploi : ils sont très peu qualifiés et pour près de la moitié d'entre eux au chômage depuis plus d'un an.
Pourtant, ici, ce matin vos témoignages s'ajoutent pour donner à chaque entreprise qui s'engagerait, comme vous, les moyens d'une politique de gestion des ressources humaines ambitieuses en direction des personnes handicapées.
Ce que je retiens de vos différentes interventions est très riche. Au fond, vous posez les 5 piliers de la réussite dans cette voie :
* Avant toute chose, il faut d'abord que les employeurs et les demandeurs d'emploi handicapés se rencontrent : c'est le sens de l'action de l'Adapt, mais je comprends de ce que vous dites qu'il faut aller plus loin.
* Ensuite, il faut accepter de recruter en faisant le pari de la qualification : ce sont les exemples réussis de la Poste et de Sodexho qui nous enseignent que ce pari là se gagne.
* Mais Areva et la Caisse d'Epargne nous disent que l'emploi des personnes handicapées, ca marche bien mieux si c'est bien le projet de l'entreprise toute entière qui mobilise alors tous les personnels dans cette direction.
* Enfin, Monster Europe et Adia démontrent qu'il est possible -au-delà de sa propre entreprise de convaincre les clients qu'ils peuvent aller beaucoup plus loin dans le recrutement de personnes handicapées et qu'il y a tout à gagner à cet engagement là.
Dans le fonds nous partageons la même conviction : il est possible d'aller beaucoup plus loin. L'Etat que je représente ici à son rôle à jouer mais ne peut rien sans vous, les entreprises. Merci de ces témoignages et de ces leçons.
2 ème question posée par monsieur Thoreau : « madame la Ministre, puisqu'il vous revient de conclure et de clore ces travaux, voulez vous nous dire quels sont vos projets sur les questions qui nous ont occupées aujourd'hui. Que comptez vous faire ?»
I -Malgré l'ampleur de la tâche, l'heure n'est pas au pessimisme, bien au contraire.
D'abord parce que la loi du 11 février 2005 a donné une nouvelle impulsion à l'insertion des personnes handicapées dans tous les domaines de la vie quotidienne. L'avancée fondamentale de cette loi a été de remettre la personne et son projet de vie au centre de toute la démarche en matière de handicap. Une personne handicapée c'est une personne avec un handicap, mais c'est d'abord et avant tout une personne qui a le droit, comme tout autre citoyen, à accéder à l'éducation, à la culture, au logement, à l'emploi... Le jour où chacun aura appris à se côtoyer à l'école, au bureau, à l'usine, au cinéma et dans la rue dans le respect des différences, nous aurons changé le regard que porte notre société sur le handicap. Et c'est tout notre combat.
Ensuite parce que la politique de l'emploi en faveur des personnes handicapées handicap est aujourd'hui conçue comme une politique transversale et il est fondamental qu'il en soit ainsi pour 3 raisons :
1) parce qu'il est vain de parler de politique en faveur de l'emploi des personnes handicapées en oubliant que tout commence par l'accès à l'école, et à l'enseignement supérieur. C'est la raison pour laquelle nous avons cosigné récemment avec Valérie Pécresse une charte handicap université. C'est aussi pour cette raison que la rentrée 2007 a concrétisé le droit opposable à la scolarisation des enfants handicapés. La scolarisation des enfants handicapés a fait et continue de faire l'objet d'un travail partenarial avec l'éducation nationale en lien étroit avec mon collègue Xavier Darcos.
2) parce que l'emploi des personnes handicapées pose aussi la question - et vous l'avez fort bien dit - de l'accessibilité des locaux et du poste de travail.
3) parce qu'il faut mettre plus efficacement en présence les entreprises et les demandeurs d'emploi handicapés. De ce point de vue, et la matinée l'a montré grâce aux témoignages des participants au handicafé, il reste du chemin à faire.
C'est bien sur ce constat partagé avec vous que s'appuie mon action.
II Je voudrais citer ici brièvement quatre pistes de travail que j'ai retenues pour améliorer l'emploi des personnes handicapées en entreprise. Cette politique en faveur de l'emploi des personnes handicapées sera bien entendu menée en lien avec ma collègue, Christine Lagarde, en charge de toutes les questions d'emploi.
1) La première piste porte sur l'amélioration de l'accessibilité des locaux professionnels, car elle conditionne très largement l'accès au monde du travail. Pour la faciliter, je travaille à obtenir l'élargissement des missions de l'AGEFIPH à cette problématique, afin que l'AGEFIPH puisse non seulement financer l'adaptation du poste de travail mais aussi l'accessibilité du bâtiment qui serait susceptible de l'abriter. C'est un point important car l'accessibilité, vous le savez bien, est vraiment au coeur de l'accès de tout à tous.
2 Deuxième piste, il nous faut aider au recrutement dans les PME. Ces entreprises constituent un vivier d'emploi important pour les personnes handicapées comme pour les autres salariés, même si elles ne sont pas visées par l'obligation d'emploi de la loi du 11 février 2005. Mais elles ignorent souvent la marche à suivre car elles ne disposent souvent pas de DRH pour les aider dans une démarche de recrutement de travailleurs handicapés. Il s'agit donc d'encourager l'AGEFIPH, à l'occasion la renégociation de sa convention d'objectifs et de gestion qui doit aboutir d'ici la fin de l'année 2007, à développer ses actions de conseil en recrutement pour ces entreprises.
3 Troisième piste, nous devons améliorer le niveau de qualification des personnes handicapées. J'ai mentionné précédemment nos efforts en matière de formation initiale. Mais au-delà de ces actions, je veux améliorer l'accès à la formation professionnelle. J'ai prévu d'engager un travail avec les régions, l'AFPA, l'AGEFIPH, le FIPHFP, le CNFPT, les Cap Emploi et les organismes collecteurs. L'objectif est de mettre en place, région par région, des plans d'accès à la formation pour les travailleurs handicapés.
4 Quatrième piste, nous souhaitons mettre en place un accompagnement adapté des personnes handicapées dans leur recherche d'emploi : il s'agit de proposer aux demandeurs d'emploi handicapés des bilans d'employabilité et un soutien renforcé à la recherche d'emploi, en s'appuyant sur les MDPH et les Cap Emploi.
Le chantier est vaste, mais des moyens sont là pour le mener à bien. Et surtout au-delà des moyens, il faut une vraie volonté d'accepter d'ouvrir les entreprises à la différence. Puisque j'ai la chance d'avoir un portefeuille ministériel qui traite à la fois de la question des personnes âgées et donc de la place des seniors, de l'égalité entre les hommes et les femmes et du handicap, je voudrais vous dire, au travers de tous les échanges que je peux avoir jour après jour, à quel point la diversité et la différence sont une richesse et une ouverture pour qui sait s'en saisir.Source http://www.travail-solidarite.gouv.fr, le 15 novembre 2007