Déclaration de Mme Rama Yade, secrétaire d'Etat aux affaires étrangères, sur les relations entre l'Europe et les pays de l'ASEAN et sur la situation en Birmanie, à Singapour le 22 novembre 2007.

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Circonstance : Déplacement à Singapour pour le sommet UE/ASEAN, le 22 novembre 2007

Texte intégral

Je remercie la Présidence singapourienne de l'ASEAN pour l'organisation parfaite de ce sommet. Je suis heureuse d'être à Singapour pour marquer tout l'intérêt que nous accordons aux relations, anciennes et privilégiées, entre l'Union européenne et l'Asie du sud-est. Permettez-moi de rappeler que la France est le premier pays européen à adhérer au traité d'amitié et de coopération avec l'ASEAN. Nous espérons que l'adhésion de l'Union au traité sera réalisée le plus rapidement possible.
Le sommet de Singapour doit marquer un tournant dans l'histoire de l'ASEAN. En 40 ans d'existence, l'association a remporté de nombreux succès. Elle vient d'adopter sa Charte, document important qui fait référence à des valeurs communes, en particulier aux principes des Droits de l'Homme.
Mais nous voici à un moment de l'histoire de l'ASEAN où il faut porter son regard vers l'avenir, vers les défis qui se présentent à elle, vers la Birmanie notamment. Car, au milieu de ce processus de construction régionale si fructueux, il est regrettable de constater que des pays marquent toujours le pas. Il est grand temps en effet qu'un réel processus de réconciliation nationale et de réforme s'engage en Birmanie, par la voie du dialogue entre les autorités birmanes et une opposition libre de ses mouvements et de sa parole.
A cette fin, nous soutenons tous la mission de bons offices de l'Envoyé spécial du Secrétaire général des Nations unies, M. Gambari, qui effectue un travail remarquable. La déclaration de Mme Aung San Suu Kyi transmise à l'Envoyé spécial, puis les images de la Prix Nobel de la Paix rencontrant les responsables de son parti constituent les premiers pas de ce processus. La balle est désormais dans le camp des autorités birmanes qui doivent répondre à cette main tendue en levant sans délai les restrictions qui pèsent sur Mme Aung San Suu Kyi.
La France s'est mobilisée en faveur du renforcement des sanctions européennes. L'Union a veillé à ce que ces mesures envoient un message de fermeté aux dirigeants birmans sans porter atteinte à la population. Elle a par ailleurs marqué sa disponibilité à réviser, voire à lever son dispositif de sanctions en cas de progrès réels. D'autres pistes pourraient être envisagées, telles par exemple que la création d'un fonds fiduciaire pour la réalisation de projets de développement.
Nous comprenons les craintes légitimes de certains pays de l'ASEAN, notamment celle d'une possible déstabilisation de la Birmanie si ce pays se démocratisait. Personne ne souhaite un tel scénario. Mais j'aimerais leur dire que c'est la situation actuelle qui est en elle-même une cause d'instabilité.
Après les heures tragiques de la répression du mouvement démocratique, un fragile espoir est apparu pour le peuple birman. C'est naturellement au peuple birman de l'entretenir et la développer en fixant des perspectives d'avenir. A l'heure où l'Union européenne et l'ASEAN célèbrent ensemble 30 ans de liens d'amitié, je suis néanmoins convaincue que nous pouvons travailler ensemble en vue du changement en Birmanie ; je suis certaine, en tout cas, que nous le devons, dans l'intérêt du peuple birman.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 23 novembre 2007