Texte intégral
J.-M. Aphatie.- Bonjour, B. Kouchner.
R.- Bonjour, Monsieur.
Q.- Avant de parler d'Annapolis et du sommet israélo-palestinien, un mot sur la Russie où à huit jours des élections législatives, V. Poutine a fait emprisonner plusieurs de ses opposants, notamment G. Kasparov. Quel est votre commentaire en tant que chef de la diplomatie française, B. Kouchner, sur la situation en Russie ?
R.- Je m'étonne de ces violences. Que je sache, le champion du monde d'échecs ne menaçait pas la sécurité de la Russie ! Je sais également que l'avenir de M. Poutine, l'avenir électoral dans les jours qui viennent, paraît radieux ! Donc, tout ça mérite une explication. Ca paraît très inutile et ne donne pas une belle image, une image suffisante au moment de l'élection de la Russie.
Q.- Il faut peser ses mots dans ces situations. B. Kouchner, la Russie devient-elle une dictature ?
R.- Je les ai pesés.
Q.- Et la réponse à la question que je vous pose ?
R.- Pardon ! Quelle est votre question ?
Q.- La Russie est-elle en train de devenir une dictature ?
R.- Non. Non, non, non. L'élection se fait. Il y a des partis d'opposition, malmenés, c'est vrai. Mais n'oublions pas d'où vient la Russie ! La Russie, il y a 20 ans, était dans une situation de dictature vraie, avec une économie en bas, avec des gens extrêmement malheureux et on ne change pas en moins d'une génération tout un régime et des habitudes. Ca a été très vite, c'était certainement difficile de faire autrement. Mais maintenant, il faut se ressaisir. La Russie veut occuper sa place, une grande place dans l'histoire actuelle, dans l'histoire contemporaine ; et il faut pour cela qu'elle évolue et qu'elle ne semble pas menaçante.
Q.- Et comment qualifier, aujourd'hui, ce régime politique en Russie, B. Kouchner ?
R.- Mais non, c'est un régime d'élections avec des listes différentes, malheureusement malmenées encore une fois. C'est un régime solide, c'est un régime où la parole compte beaucoup et où le responsable, Monsieur Poutine, a beaucoup, beaucoup de pouvoir.
Q.- Vous serez présent, demain, à Annapolis aux Etats Unis, B. Kouchner, où se retrouveront Ehud Olmert et Mahmoud Abbas pour essayer de retrouver les voies de la paix. Peu de gens semblent optimistes sur ce sommet d'Annapolis. Quel est votre sentiment, B. Kouchner ?
R.- Vous savez, plus on est pessimiste et mieux on risque les bonnes surprises !
Q.- Mais vous êtes pessimiste, ce matin ?
R.- Non. Je le suis modérément. Je pense que ce fut l'aventure très exceptionnelle de deux hommes qui avaient besoin l'un de l'autre. Le Premier ministre israélien Ehud Olmert et M. Mahmoud Abbas, le Président de l'Autorité palestinienne. Ils étaient chez eux menacés. Ils se sont rencontrés. Ils se sont compris. Ils se sont parlés. Et de ces deux hommes, de cette alchimie particulière est né un espoir. J'espère qu'il ne sera pas déçu. Bien sûr, il y a beaucoup de problèmes mais il ne faut pas considérer Annapolis où il n'y a pas que ces deux hommes. Invités par les Etats Unis, il y a tous les pays arabes sauf l'Iran. Il y a beaucoup de pays européens dont la France, l'Espagne, etc ... Evidemment, on connaît ces grand'messes et en général, il n'en sort pas grand chose. C'était Oslo. C'était Madrid. C'était l'initiative de Genève. Mais il en reste des documents qui prouvent que presque tous les problèmes sur le papier pourraient être réglés. Et là, ce qui va se passer, c'est la suite d'Annapolis qui sera importante. Et là la France travaille à la conférence de Paris qui suivra en, je ne sais pas exactement, ça fera un peu moins de 3 semaines, après la conférence d'Annapolis, à Paris une conférence des donateurs, mais pas des donateurs simplement pour avoir de l'argent et le gâcher en le donnant à des gens corrompus comme on le faisait auparavant. Un plan a été établi par le Premier ministre de l'Autorité palestinienne, Monsieur Fayad, et il est très sérieux. Il parle de la sécurité, du développement, de l'économie mais il parle aussi de l'éducation et de la vie quotidienne. Et si nous pouvons ... Si vous voulez, ça peut être la partie plus politique, plus immédiatement politique et pleine d'espoir qui se déroulera à Paris avant - c'est le 17 décembre exactement - alors là, on verra ce qu'on peut faire et quel contenu on peut donner à cette importante réunion. Tout le monde s'attend à l'échec. Moi je ne m'y attends pas.
Q.- Annapolis - pour y revenir - vous serez là-bas, quoi : comme témoin ? Qu'est-ce que vous allez faire là-bas ?
R.- Mais non je ne suis pas témoin, je suis ministre des Affaires Etrangères de la France qui a une part très importante... Quel rôle allez-vous jouer demain ? Eh bien d'abord, je vous signale que c'est surtout, je vous le dis, la conférence de Paris -donc, c'est là où nous jouons un grand rôle- qui sera évoqué parce que les plans sans argent, ça n'est rien ; et puis, surtout, il n' y a pas beaucoup de plans maintenant ... La transformation nécessaire de la vie quotidienne des Palestiniens qui vivent très mal, non seulement dans la West Band mais aussi à Gaza, je pense que ça sera ça la partie importante de cette fin d'année. Mais alors à Annapolis, il y a évidemment des discours à faire et puis, se mettre d'accord pour qu'enfin ... Que serait l'événement d'Annapolis : Ce serait la reconnaissance enfin, tellement souhaitée, d'un Etat palestinien ? Bien sûr, plein de problèmes : les réfugiés, Jérusalem, les frontières, etc ... seront abordés. Il faut voir Annapolis comme le début d'un long chemin qui devrait s'achever aux environs de novembre 2008, comme par hasard au moment où l'élection américaine se produira.
Q.- Et donc, ce que l'on espère, c'est que la partie israélienne reconnaisse officiellement...
R.- Je l'espère...
Q.-... le souhait d'un Etat palestien.
R.- J'espère qu'à un moment donné, M. Olmert se lèvera et saluera ou peutêtre même enlacera, embrassera Mahmoud Abbas et lui dira : "Je salue la naissance d'un Etat palestinien". Et puis aussi, il y aura d'autres choses. Il y aura tous ces groupes de travail qui vont se mettre en oeuvre. Ca a déjà été fait mais ça a échoué. J'espère que là, ça n'échouera pas. C'est quand même un très grand moment. Il faut une chose, disons-le à nos amis israéliens très clairement : ils ont accepté juste avant la conférence que les colonisations soient gelées, qu'il n'y ait plus d'implantations de colons en Cisjordanie. J'espère que sera tenu et surveillé, ça c'est tout à fait essentiel, et qu'ainsi, la vie des Palestiniens, vie impossible je le répète, sera transformée.
Q.- Donc, ce sera Annapolis, demain, et le monde entier suivra cela avec attention. N. Sarkozy est en Chine, B. Kouchner, à quoi sert-il d'avoir un secrétaire d'Etat aux Droits de l'Homme dans le gouvernement français ...
R.- Je croyais ... A quoi servait N. Sarkozy !
Q.-... si lors de cette visite officielle des autorités françaises, il n'est pas présent dans ce pays où les Droits de l'Homme ne sont pas respectés ?
R.- D'abord, c'est lui qui a parlé des Droits de l'Homme, fortement. Nous avons eu une réunion avec Rama Yade d'ailleurs, juste avant, samedi, où nous avons surtout parlé de la Birmanie. L'essentiel c'est la Birmanie en fait de droits de l'homme. La Chine joue un rôle considérable...
Q.- Ah ! l'essentiel, c'est la Birmanie ?
R.- L'essentiel c'est la Birmanie. L'urgence c'est la Birmanie.
Q.- Les opposants chinois, ça n'est pas important, B. Kouchner ?
R.- Les opposants chinois, c'est important ; mais permettez-moi de vous dire que vous avez déjà oublié la Birmanie. Il y a eu ...
Q.- Non, non.
R.- Alors, si vous ne l'avez pas oubliée, vous savez quelle importance on doit attacher à ce pays qui est très dépendant de la Chine, qui est juste à côté et pour lequel il ne se passe plus rien ou pas assez. N. Sarkozy a beaucoup parlé de cela. Il a demandé un certain nombre de choses. Vous verrez ce qui se passera. Je n'en sais rien ; mais le poids de la Chine, le poids de l'Inde et le poids des pays de l'ASEAN... Je me trouvais là-bas, il y a trois semaines non seulement pour parler de la Birmanie et à essayer de mettre sur pied une stratégie à long terme pour libérer ce pays mais pour préparer le voyage de Nicolas Sarkozy. Rama Yade n'est pas là, s'il vous plaît, d'accord ! Il y a 7 ministres.
Q.- Je reprends ma question : ça sert à quoi de nommer un secrétaire d'Etat aux Droits de l'Homme s'il ne va pas, lors d'une visite officielle, dans un pays où les Droits de l'Homme ne sont pas respectés ? Ca sert à quoi, B. Kouchner ?
R.- Eh bien, ça sert à lui faire accomplir d'autres travaux ailleurs car il n'y a pas que cet endroit où les Droits de l'Homme ne sont pas respectés. Et c'est la décision du président de la République. On ne peut pas emmener tout le Gouvernement.
Q.- On peut aller dans des pays, quand on est secrétaire d'Etat aux Droits de l'Homme, où il y a moins de contrats commerciaux en jeu. Et quand il y a des contrats commerciaux ...
R.- Qu'est-ce que vous voulez me faire dire ?
Q.-... que peut-être la présence de Rama Yade aurait été utile en Chine ?
R.- Que ce n'était pas bien de signer des contrats d'Airbus, que ce n'était pas bien de signer les réacteurs...
Q.- Si, si, sans doute ! ...
R.- Que c'était pas bien... Tout le monde courtise la Chine ; et nous, on serait venu simplement pour leur faire des critiques. Ca n'était pas le but de Rama Yade. Le Président a choisi un certain nombre des ministres pour les dossiers très importants qui vont faire du bien à la France qui a besoin de travail et qui a besoin de rentrées de capitaux. Il a voulu parler des parités des monnaies, ça c'est très important : le dollar - le yuan - et l'euro, sont dans une échelle qui pénalise notre pays. Ca, c'est tout à fait essentiel. Rama Yade ira la prochaine fois, je n'en sais rien ! Mais c'est un peu le petit bout de la lorgnette. Ca m'étonne de vous, non !
Q.- Vous croyez que c'est le petit bout de la lorgnette ?
R.- Je le crois, je le dis, je le trouve.
Q.- Moi je pensais que nommer un secrétaire d'Etat aux Droits de l'Homme, ça avait un sens ?
R.- Eh bien, ça a un sens. Et elle s'en occupe très bien. Et vous avez entendu parler d'elle il n'y a pas longtemps dans d'autres affaires. Elle travaille tous les jours, c'est très bien. Elle continuera et nous en sommes très satisfaits. D'ailleurs, je vous signale que c'est ma secrétaire d'Etat, donc je la défends. C'est normal.
Q.- B. Kouchner, ministre des Affaires étrangères qui sera à Annapolis ce soir, était l'invité d'RTL. Bonne journée.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 26 novembre 2007
R.- Bonjour, Monsieur.
Q.- Avant de parler d'Annapolis et du sommet israélo-palestinien, un mot sur la Russie où à huit jours des élections législatives, V. Poutine a fait emprisonner plusieurs de ses opposants, notamment G. Kasparov. Quel est votre commentaire en tant que chef de la diplomatie française, B. Kouchner, sur la situation en Russie ?
R.- Je m'étonne de ces violences. Que je sache, le champion du monde d'échecs ne menaçait pas la sécurité de la Russie ! Je sais également que l'avenir de M. Poutine, l'avenir électoral dans les jours qui viennent, paraît radieux ! Donc, tout ça mérite une explication. Ca paraît très inutile et ne donne pas une belle image, une image suffisante au moment de l'élection de la Russie.
Q.- Il faut peser ses mots dans ces situations. B. Kouchner, la Russie devient-elle une dictature ?
R.- Je les ai pesés.
Q.- Et la réponse à la question que je vous pose ?
R.- Pardon ! Quelle est votre question ?
Q.- La Russie est-elle en train de devenir une dictature ?
R.- Non. Non, non, non. L'élection se fait. Il y a des partis d'opposition, malmenés, c'est vrai. Mais n'oublions pas d'où vient la Russie ! La Russie, il y a 20 ans, était dans une situation de dictature vraie, avec une économie en bas, avec des gens extrêmement malheureux et on ne change pas en moins d'une génération tout un régime et des habitudes. Ca a été très vite, c'était certainement difficile de faire autrement. Mais maintenant, il faut se ressaisir. La Russie veut occuper sa place, une grande place dans l'histoire actuelle, dans l'histoire contemporaine ; et il faut pour cela qu'elle évolue et qu'elle ne semble pas menaçante.
Q.- Et comment qualifier, aujourd'hui, ce régime politique en Russie, B. Kouchner ?
R.- Mais non, c'est un régime d'élections avec des listes différentes, malheureusement malmenées encore une fois. C'est un régime solide, c'est un régime où la parole compte beaucoup et où le responsable, Monsieur Poutine, a beaucoup, beaucoup de pouvoir.
Q.- Vous serez présent, demain, à Annapolis aux Etats Unis, B. Kouchner, où se retrouveront Ehud Olmert et Mahmoud Abbas pour essayer de retrouver les voies de la paix. Peu de gens semblent optimistes sur ce sommet d'Annapolis. Quel est votre sentiment, B. Kouchner ?
R.- Vous savez, plus on est pessimiste et mieux on risque les bonnes surprises !
Q.- Mais vous êtes pessimiste, ce matin ?
R.- Non. Je le suis modérément. Je pense que ce fut l'aventure très exceptionnelle de deux hommes qui avaient besoin l'un de l'autre. Le Premier ministre israélien Ehud Olmert et M. Mahmoud Abbas, le Président de l'Autorité palestinienne. Ils étaient chez eux menacés. Ils se sont rencontrés. Ils se sont compris. Ils se sont parlés. Et de ces deux hommes, de cette alchimie particulière est né un espoir. J'espère qu'il ne sera pas déçu. Bien sûr, il y a beaucoup de problèmes mais il ne faut pas considérer Annapolis où il n'y a pas que ces deux hommes. Invités par les Etats Unis, il y a tous les pays arabes sauf l'Iran. Il y a beaucoup de pays européens dont la France, l'Espagne, etc ... Evidemment, on connaît ces grand'messes et en général, il n'en sort pas grand chose. C'était Oslo. C'était Madrid. C'était l'initiative de Genève. Mais il en reste des documents qui prouvent que presque tous les problèmes sur le papier pourraient être réglés. Et là, ce qui va se passer, c'est la suite d'Annapolis qui sera importante. Et là la France travaille à la conférence de Paris qui suivra en, je ne sais pas exactement, ça fera un peu moins de 3 semaines, après la conférence d'Annapolis, à Paris une conférence des donateurs, mais pas des donateurs simplement pour avoir de l'argent et le gâcher en le donnant à des gens corrompus comme on le faisait auparavant. Un plan a été établi par le Premier ministre de l'Autorité palestinienne, Monsieur Fayad, et il est très sérieux. Il parle de la sécurité, du développement, de l'économie mais il parle aussi de l'éducation et de la vie quotidienne. Et si nous pouvons ... Si vous voulez, ça peut être la partie plus politique, plus immédiatement politique et pleine d'espoir qui se déroulera à Paris avant - c'est le 17 décembre exactement - alors là, on verra ce qu'on peut faire et quel contenu on peut donner à cette importante réunion. Tout le monde s'attend à l'échec. Moi je ne m'y attends pas.
Q.- Annapolis - pour y revenir - vous serez là-bas, quoi : comme témoin ? Qu'est-ce que vous allez faire là-bas ?
R.- Mais non je ne suis pas témoin, je suis ministre des Affaires Etrangères de la France qui a une part très importante... Quel rôle allez-vous jouer demain ? Eh bien d'abord, je vous signale que c'est surtout, je vous le dis, la conférence de Paris -donc, c'est là où nous jouons un grand rôle- qui sera évoqué parce que les plans sans argent, ça n'est rien ; et puis, surtout, il n' y a pas beaucoup de plans maintenant ... La transformation nécessaire de la vie quotidienne des Palestiniens qui vivent très mal, non seulement dans la West Band mais aussi à Gaza, je pense que ça sera ça la partie importante de cette fin d'année. Mais alors à Annapolis, il y a évidemment des discours à faire et puis, se mettre d'accord pour qu'enfin ... Que serait l'événement d'Annapolis : Ce serait la reconnaissance enfin, tellement souhaitée, d'un Etat palestinien ? Bien sûr, plein de problèmes : les réfugiés, Jérusalem, les frontières, etc ... seront abordés. Il faut voir Annapolis comme le début d'un long chemin qui devrait s'achever aux environs de novembre 2008, comme par hasard au moment où l'élection américaine se produira.
Q.- Et donc, ce que l'on espère, c'est que la partie israélienne reconnaisse officiellement...
R.- Je l'espère...
Q.-... le souhait d'un Etat palestien.
R.- J'espère qu'à un moment donné, M. Olmert se lèvera et saluera ou peutêtre même enlacera, embrassera Mahmoud Abbas et lui dira : "Je salue la naissance d'un Etat palestinien". Et puis aussi, il y aura d'autres choses. Il y aura tous ces groupes de travail qui vont se mettre en oeuvre. Ca a déjà été fait mais ça a échoué. J'espère que là, ça n'échouera pas. C'est quand même un très grand moment. Il faut une chose, disons-le à nos amis israéliens très clairement : ils ont accepté juste avant la conférence que les colonisations soient gelées, qu'il n'y ait plus d'implantations de colons en Cisjordanie. J'espère que sera tenu et surveillé, ça c'est tout à fait essentiel, et qu'ainsi, la vie des Palestiniens, vie impossible je le répète, sera transformée.
Q.- Donc, ce sera Annapolis, demain, et le monde entier suivra cela avec attention. N. Sarkozy est en Chine, B. Kouchner, à quoi sert-il d'avoir un secrétaire d'Etat aux Droits de l'Homme dans le gouvernement français ...
R.- Je croyais ... A quoi servait N. Sarkozy !
Q.-... si lors de cette visite officielle des autorités françaises, il n'est pas présent dans ce pays où les Droits de l'Homme ne sont pas respectés ?
R.- D'abord, c'est lui qui a parlé des Droits de l'Homme, fortement. Nous avons eu une réunion avec Rama Yade d'ailleurs, juste avant, samedi, où nous avons surtout parlé de la Birmanie. L'essentiel c'est la Birmanie en fait de droits de l'homme. La Chine joue un rôle considérable...
Q.- Ah ! l'essentiel, c'est la Birmanie ?
R.- L'essentiel c'est la Birmanie. L'urgence c'est la Birmanie.
Q.- Les opposants chinois, ça n'est pas important, B. Kouchner ?
R.- Les opposants chinois, c'est important ; mais permettez-moi de vous dire que vous avez déjà oublié la Birmanie. Il y a eu ...
Q.- Non, non.
R.- Alors, si vous ne l'avez pas oubliée, vous savez quelle importance on doit attacher à ce pays qui est très dépendant de la Chine, qui est juste à côté et pour lequel il ne se passe plus rien ou pas assez. N. Sarkozy a beaucoup parlé de cela. Il a demandé un certain nombre de choses. Vous verrez ce qui se passera. Je n'en sais rien ; mais le poids de la Chine, le poids de l'Inde et le poids des pays de l'ASEAN... Je me trouvais là-bas, il y a trois semaines non seulement pour parler de la Birmanie et à essayer de mettre sur pied une stratégie à long terme pour libérer ce pays mais pour préparer le voyage de Nicolas Sarkozy. Rama Yade n'est pas là, s'il vous plaît, d'accord ! Il y a 7 ministres.
Q.- Je reprends ma question : ça sert à quoi de nommer un secrétaire d'Etat aux Droits de l'Homme s'il ne va pas, lors d'une visite officielle, dans un pays où les Droits de l'Homme ne sont pas respectés ? Ca sert à quoi, B. Kouchner ?
R.- Eh bien, ça sert à lui faire accomplir d'autres travaux ailleurs car il n'y a pas que cet endroit où les Droits de l'Homme ne sont pas respectés. Et c'est la décision du président de la République. On ne peut pas emmener tout le Gouvernement.
Q.- On peut aller dans des pays, quand on est secrétaire d'Etat aux Droits de l'Homme, où il y a moins de contrats commerciaux en jeu. Et quand il y a des contrats commerciaux ...
R.- Qu'est-ce que vous voulez me faire dire ?
Q.-... que peut-être la présence de Rama Yade aurait été utile en Chine ?
R.- Que ce n'était pas bien de signer des contrats d'Airbus, que ce n'était pas bien de signer les réacteurs...
Q.- Si, si, sans doute ! ...
R.- Que c'était pas bien... Tout le monde courtise la Chine ; et nous, on serait venu simplement pour leur faire des critiques. Ca n'était pas le but de Rama Yade. Le Président a choisi un certain nombre des ministres pour les dossiers très importants qui vont faire du bien à la France qui a besoin de travail et qui a besoin de rentrées de capitaux. Il a voulu parler des parités des monnaies, ça c'est très important : le dollar - le yuan - et l'euro, sont dans une échelle qui pénalise notre pays. Ca, c'est tout à fait essentiel. Rama Yade ira la prochaine fois, je n'en sais rien ! Mais c'est un peu le petit bout de la lorgnette. Ca m'étonne de vous, non !
Q.- Vous croyez que c'est le petit bout de la lorgnette ?
R.- Je le crois, je le dis, je le trouve.
Q.- Moi je pensais que nommer un secrétaire d'Etat aux Droits de l'Homme, ça avait un sens ?
R.- Eh bien, ça a un sens. Et elle s'en occupe très bien. Et vous avez entendu parler d'elle il n'y a pas longtemps dans d'autres affaires. Elle travaille tous les jours, c'est très bien. Elle continuera et nous en sommes très satisfaits. D'ailleurs, je vous signale que c'est ma secrétaire d'Etat, donc je la défends. C'est normal.
Q.- B. Kouchner, ministre des Affaires étrangères qui sera à Annapolis ce soir, était l'invité d'RTL. Bonne journée.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 26 novembre 2007