Texte intégral
F. Laborde.- Bonjour à tous. Avec B. Accoyer, président de l'Assemblée nationale, vous l'avez dit, nous allons en effet revenir sur la visite du président libyen en France, puisque vous recevez aujourd'hui à l'Assemblée nationale M. Kadhafi. Cette nouvelle réception, si je puis dire, se fait sous fond, encore une fois, de polémique. L'opposition boycotte cette rencontre et même une partie d'ailleurs des députés de l'UMP disent qu'ils ne vont pas se rendre à ce rendez-vous fixé ce matin.
R.- C'est une visite officielle d'un chef d'Etat, et dans toute visite officielle d'un chef d'Etat, il y a une visite à la présidence de l'Assemblée nationale, c'est ce qui se passera tout à l'heure.
Q.- C'est une visite à la présidence de l'Assemblée nationale, ça veut dire que géographiquement - et les symboles sont importants en la matière - le président Kadhafi rend visite à la présidence mais ne se rend pas dans l'hémicycle, c'est bien ça ?
R.- Non, il n'ira pas dans l'hémicycle. Je le recevrai d'abord, j'aurai un entretien, et puis il rencontrera un certain nombre de députés, sur les questions qui seront abordées, qui n'ont pas été particulièrement préparées.
Q.- Vous avez un entretien de 20 minutes prévu avec lui, vous savez à peu près sur quoi cela va porter ?
R.- Oui, 20 minutes environ, une demi-heure. Nous aborderons probablement - on verra comment la discussion s'organise- les questions de développement, mais surtout la question essentielle qui est ce cheminement vers...
Q.-...La démocratie, puisque l'Assemblée nationale, c'est quand même le symbole de la démocratie.
R.- Voilà, tout à fait, d'un pays qui, à un moment, et ne l'oublions pas, a tourné le dos à la démocratie et qui maintenant est tourné totalement dans cette direction, même si tout n'est pas encore parfait...
Q.- Il y a du chemin.
R.- C'est cette orientation, ce mouvement, qui sont à privilégier. Si on ne parle pas à des Etats, à des chefs d'Etat qui ont fait ce choix, alors pourquoi le garderaient-ils et comment les autres, ceux qui ne sont pas encore sur cette voie, pourraient-ils l'emprunter ?
Q.- Ça c'est le discours officiel, on l'a bien compris. Toute dernière question, quand même, qui n'est pas secondaire, encore une fois : est-ce que c'est vrai ou pas qu'il a demandé, M. Kadhafi, à faire un discours dans l'hémicycle et qu'on lui a refusé cette demande ?
R.- Ecoutez, ça c'est une rumeur qui ne m'est jamais parvenue.
Q.- Bon, très bien. Deuxième question : en dehors du discours officiel, il y a les propos tenus par R. Yade, secrétaire d'Etat chargée des Droits de l'homme, qui a fait part, assez vigoureusement, avec des termes durs - « on n'est pas un paillasson..., le baiser de la mort, etc. etc. ». Hier, C. Guéant, à France 2 même - C. Guéant qui est très proche de N. Sarkozy - dit que : « R. Yade exprime sa sensibilité, qu'elle n'est pas la voix de la France ». Mais alors, depuis quand les ministres ou membres du Gouvernement s'expriment en leur nom personnel et ne sont pas tenus à la solidarité gouvernementale ? C'est nouveau, ça vient de sortir ?
R.- C. Guéant a dit la réalité. R. Yade n'est ni la voix du Gouvernement - F. Fillon, le Premier ministre, l'a exprimé, très clairement - ni la voix de la France. N. Sarkozy l'a exprimé et l'exprime également très clairement. C'est un Gouvernement où il y a, où il peut y avoir, compte tenu de cette diversité qui est un élément nouveau, une composition nouvelle, au Gouvernement il peut y avoir de temps en temps des déclarations...
Q.- Donc les ministres peuvent s'exprimer en leur nom ?
R.-...qui surprennent. Mais vous avez observé que, hier, il y a eu effectivement une sorte de rassemblement qui a été rappelé et tout est dans l'ordre.
Q.- Donc, il n'y aura plus de, j'allais dire, d'expression trop personnelle, façon R. Yade.
R.- Ecoutez, moi, je suis président de l'Assemblée nationale, le Gouvernement a ses caractéristiques. Tout ce que l'on peut dire, c'est qu'il travaille, il fait du bon travail et c'est là l'essentiel.
Q.- Est-ce qu'il n'y a pas eu, aussi, disons, une répartition des rôles, c'est-à-dire à R. Yade l'indignation et puis à l'Elysée la négociation et la signature des contrats ?
R.- C'est avoir l'esprit un peu tortueux...
Q.- Les journalistes sont là pour ça.
R.-... d'imaginer cela. Certainement pas.
Q.- Bon. Vous avez reçu quelques soutiens, quand même, du côté de la gauche, assez inattendus, par exemple R. Dumas.
R.- Vous savez, il y a la gauche en posture politique, qui proteste, encore que je comprends parfaitement, et puis il y a la gauche qui a été en responsabilité. J'ai effectivement entendu R. Dumas, j'ai entendu H. Védrine, qui ont été, pour le premier, ministre des Affaires étrangères de F. Mitterrand pendant 8 ans, ce n'est pas rien. Pour le second, ministre des Affaires étrangères de L. Jospin, tous les deux ont exprimé, sur le principe de cette visite, leur soutien, en disant qu'il faut attendre de voir ce qu'il en ressortira, mais qu'il convient avant tout de donner priorité à un pays et à un chef d'Etat qui sont dans cette dynamique de retour vers le droit.
Q.- Mais, à vrai dire, la polémique ne porte pas tant sur la venue de Kadhafi que sur le fait qu'il y a deux repas officiels, ça dure 5 jours, il est reçu, on lui a installé sa tente bédouine dans les Jardins de Marigny, avec une tonne de tapis, pour... qu'il a amenés lui-même, je précise quand même, pour meubler sa tente. C'est plutôt cette espèce de déploiement, comme ça, de fastes. Il va être reçu par d'autres chefs de Gouvernement et d'Etat européens. Est-ce qu'ils vont le recevoir avec le même faste ?
R.- Ecoutez, d'abord, tous les pays occidentaux, la plupart, à commencer par les Etats-Unis, mais la Grande Bretagne, l'Allemagne, l'Espagne, l'Italie, ont normalisé leurs relations avec la Libye, depuis qu'en 2003 ce pays a décidé de tourner le dos au terrorisme et de collaborer dans la lutte contre le terrorisme.
Q.- Donc on n'en fait pas trop ?
R.- Donc, si vous voulez, il faudrait quand même savoir que, après Paris, le président Kadhafi part...
Q.- Avec 15 Rafale...
R.- Il va voir le chef du Gouvernement socialiste espagnol, que...
Q.- Oui, Zapatero.
R.- Que la semaine ou dans les jours qui viennent, ce sera un contact avec le chef du Gouvernement de gauche italien.
Q.- Prodi.
R.-...Donc, si vous voulez, il y a là des relations internationales normales, même si la personnalité est une personnalité très atypique, mais il ne faut jamais perdre dans l'action internationale l'essentiel, c'est-à-dire un objectif qui est un objectif de paix.
Q.- Combien il met sur la table ? Il a déjà acheté 15 Rafale. A l'arrivée, il y aura combien sur la table ? Est-ce que ce n'est pas ça la vraie question ?
R.- Pour les contrats, j'observerai une chose, c'est que la France elle les a signés après la libération des infirmières bulgares, beaucoup d'autres pays les ont signés avant.
Q.- Une toute dernière question, qui n'a rien à voir avec ça, mais qui intéresse beaucoup de Français : la récupération sur succession. Cette nuit, les sénateurs ont voté un amendement qui permet, quand une personne a été aidée par toutes sortes d'allocations publiques, de récupérer après son décès, s'il y a un patrimoine - une maison de plus de 100.000 euros - de récupérer l'argent versé par l'Etat sur la succession. Est-ce que c'est une mesure légitime, normale et à laquelle les Français doivent s'habituer ?
R.- J'ai entendu cela. Il faudrait voir exactement de qui a été voté. C'est un texte en cours de navette. Sur le principe, de quoi s'agit-il ? Lorsque quelqu'un ne peut pas assumer ses frais de séjour...
Q.- Grand-père, grand-mère...
R.-...Lorsque sa famille ne peut pas ou ne veut pas les assumer, il peut y avoir ou il pourrait y avoir, dans certains cas, récupération ultérieure sur des successions supérieures à un certain niveau.
Q.- Merci beaucoup, B. Accoyer, d'être venu nous voir.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 11 décembre 2007
R.- C'est une visite officielle d'un chef d'Etat, et dans toute visite officielle d'un chef d'Etat, il y a une visite à la présidence de l'Assemblée nationale, c'est ce qui se passera tout à l'heure.
Q.- C'est une visite à la présidence de l'Assemblée nationale, ça veut dire que géographiquement - et les symboles sont importants en la matière - le président Kadhafi rend visite à la présidence mais ne se rend pas dans l'hémicycle, c'est bien ça ?
R.- Non, il n'ira pas dans l'hémicycle. Je le recevrai d'abord, j'aurai un entretien, et puis il rencontrera un certain nombre de députés, sur les questions qui seront abordées, qui n'ont pas été particulièrement préparées.
Q.- Vous avez un entretien de 20 minutes prévu avec lui, vous savez à peu près sur quoi cela va porter ?
R.- Oui, 20 minutes environ, une demi-heure. Nous aborderons probablement - on verra comment la discussion s'organise- les questions de développement, mais surtout la question essentielle qui est ce cheminement vers...
Q.-...La démocratie, puisque l'Assemblée nationale, c'est quand même le symbole de la démocratie.
R.- Voilà, tout à fait, d'un pays qui, à un moment, et ne l'oublions pas, a tourné le dos à la démocratie et qui maintenant est tourné totalement dans cette direction, même si tout n'est pas encore parfait...
Q.- Il y a du chemin.
R.- C'est cette orientation, ce mouvement, qui sont à privilégier. Si on ne parle pas à des Etats, à des chefs d'Etat qui ont fait ce choix, alors pourquoi le garderaient-ils et comment les autres, ceux qui ne sont pas encore sur cette voie, pourraient-ils l'emprunter ?
Q.- Ça c'est le discours officiel, on l'a bien compris. Toute dernière question, quand même, qui n'est pas secondaire, encore une fois : est-ce que c'est vrai ou pas qu'il a demandé, M. Kadhafi, à faire un discours dans l'hémicycle et qu'on lui a refusé cette demande ?
R.- Ecoutez, ça c'est une rumeur qui ne m'est jamais parvenue.
Q.- Bon, très bien. Deuxième question : en dehors du discours officiel, il y a les propos tenus par R. Yade, secrétaire d'Etat chargée des Droits de l'homme, qui a fait part, assez vigoureusement, avec des termes durs - « on n'est pas un paillasson..., le baiser de la mort, etc. etc. ». Hier, C. Guéant, à France 2 même - C. Guéant qui est très proche de N. Sarkozy - dit que : « R. Yade exprime sa sensibilité, qu'elle n'est pas la voix de la France ». Mais alors, depuis quand les ministres ou membres du Gouvernement s'expriment en leur nom personnel et ne sont pas tenus à la solidarité gouvernementale ? C'est nouveau, ça vient de sortir ?
R.- C. Guéant a dit la réalité. R. Yade n'est ni la voix du Gouvernement - F. Fillon, le Premier ministre, l'a exprimé, très clairement - ni la voix de la France. N. Sarkozy l'a exprimé et l'exprime également très clairement. C'est un Gouvernement où il y a, où il peut y avoir, compte tenu de cette diversité qui est un élément nouveau, une composition nouvelle, au Gouvernement il peut y avoir de temps en temps des déclarations...
Q.- Donc les ministres peuvent s'exprimer en leur nom ?
R.-...qui surprennent. Mais vous avez observé que, hier, il y a eu effectivement une sorte de rassemblement qui a été rappelé et tout est dans l'ordre.
Q.- Donc, il n'y aura plus de, j'allais dire, d'expression trop personnelle, façon R. Yade.
R.- Ecoutez, moi, je suis président de l'Assemblée nationale, le Gouvernement a ses caractéristiques. Tout ce que l'on peut dire, c'est qu'il travaille, il fait du bon travail et c'est là l'essentiel.
Q.- Est-ce qu'il n'y a pas eu, aussi, disons, une répartition des rôles, c'est-à-dire à R. Yade l'indignation et puis à l'Elysée la négociation et la signature des contrats ?
R.- C'est avoir l'esprit un peu tortueux...
Q.- Les journalistes sont là pour ça.
R.-... d'imaginer cela. Certainement pas.
Q.- Bon. Vous avez reçu quelques soutiens, quand même, du côté de la gauche, assez inattendus, par exemple R. Dumas.
R.- Vous savez, il y a la gauche en posture politique, qui proteste, encore que je comprends parfaitement, et puis il y a la gauche qui a été en responsabilité. J'ai effectivement entendu R. Dumas, j'ai entendu H. Védrine, qui ont été, pour le premier, ministre des Affaires étrangères de F. Mitterrand pendant 8 ans, ce n'est pas rien. Pour le second, ministre des Affaires étrangères de L. Jospin, tous les deux ont exprimé, sur le principe de cette visite, leur soutien, en disant qu'il faut attendre de voir ce qu'il en ressortira, mais qu'il convient avant tout de donner priorité à un pays et à un chef d'Etat qui sont dans cette dynamique de retour vers le droit.
Q.- Mais, à vrai dire, la polémique ne porte pas tant sur la venue de Kadhafi que sur le fait qu'il y a deux repas officiels, ça dure 5 jours, il est reçu, on lui a installé sa tente bédouine dans les Jardins de Marigny, avec une tonne de tapis, pour... qu'il a amenés lui-même, je précise quand même, pour meubler sa tente. C'est plutôt cette espèce de déploiement, comme ça, de fastes. Il va être reçu par d'autres chefs de Gouvernement et d'Etat européens. Est-ce qu'ils vont le recevoir avec le même faste ?
R.- Ecoutez, d'abord, tous les pays occidentaux, la plupart, à commencer par les Etats-Unis, mais la Grande Bretagne, l'Allemagne, l'Espagne, l'Italie, ont normalisé leurs relations avec la Libye, depuis qu'en 2003 ce pays a décidé de tourner le dos au terrorisme et de collaborer dans la lutte contre le terrorisme.
Q.- Donc on n'en fait pas trop ?
R.- Donc, si vous voulez, il faudrait quand même savoir que, après Paris, le président Kadhafi part...
Q.- Avec 15 Rafale...
R.- Il va voir le chef du Gouvernement socialiste espagnol, que...
Q.- Oui, Zapatero.
R.- Que la semaine ou dans les jours qui viennent, ce sera un contact avec le chef du Gouvernement de gauche italien.
Q.- Prodi.
R.-...Donc, si vous voulez, il y a là des relations internationales normales, même si la personnalité est une personnalité très atypique, mais il ne faut jamais perdre dans l'action internationale l'essentiel, c'est-à-dire un objectif qui est un objectif de paix.
Q.- Combien il met sur la table ? Il a déjà acheté 15 Rafale. A l'arrivée, il y aura combien sur la table ? Est-ce que ce n'est pas ça la vraie question ?
R.- Pour les contrats, j'observerai une chose, c'est que la France elle les a signés après la libération des infirmières bulgares, beaucoup d'autres pays les ont signés avant.
Q.- Une toute dernière question, qui n'a rien à voir avec ça, mais qui intéresse beaucoup de Français : la récupération sur succession. Cette nuit, les sénateurs ont voté un amendement qui permet, quand une personne a été aidée par toutes sortes d'allocations publiques, de récupérer après son décès, s'il y a un patrimoine - une maison de plus de 100.000 euros - de récupérer l'argent versé par l'Etat sur la succession. Est-ce que c'est une mesure légitime, normale et à laquelle les Français doivent s'habituer ?
R.- J'ai entendu cela. Il faudrait voir exactement de qui a été voté. C'est un texte en cours de navette. Sur le principe, de quoi s'agit-il ? Lorsque quelqu'un ne peut pas assumer ses frais de séjour...
Q.- Grand-père, grand-mère...
R.-...Lorsque sa famille ne peut pas ou ne veut pas les assumer, il peut y avoir ou il pourrait y avoir, dans certains cas, récupération ultérieure sur des successions supérieures à un certain niveau.
Q.- Merci beaucoup, B. Accoyer, d'être venu nous voir.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 11 décembre 2007