Déclaration de M. Alain Marleix, secrétaire d'Etat aux anciens combattants, sur la commission chargée de réfléchir à l'avenir des commémorations publiques, à Paris le 13 décembre 2007.

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Circonstance : Installation de la commission Kaspi, à Paris le 13 décembre 2007

Texte intégral


Monsieur le Professeur,
Monsieur le Directeur,
Mesdames et Messieurs,
C'est avec un très grand plaisir que je procède aujourd'hui à l'installation de la commission chargée de réfléchir à l'avenir des commémorations publiques, dont le professeur André KASPI a accepté la présidence, ce dont je lui suis très reconnaissant : ses éminentes qualités assureront, j'en suis sûr, la réussite de ces travaux.
Je vous remercie aussi tous très sincèrement, mesdames et messieurs, d'avoir répondu favorablement à l'appel du professeur KASPI de participer aux travaux de cette commission en dépit de vos obligations et de vos charges qui sont nombreuses, je le sais.
Nous avons besoin, l'Etat a besoin de la réflexion d'experts indépendants, spécialistes de disciplines variées et occupant des postes de responsabilité, pour mener à bien cette étude que j'ai souhaité sur la modernisation des commémorations nationales.
Le constat est simple : les commémorations souffrent de désaffection.
Or nous avons besoin de rites collectifs.
Ils sont nécessaires à l'expression de notre identité républicaine.
Nos commémorations déjà nombreuses, et dont les dates officielles se sont multipliées, ont entraîné une forme de saturation perceptible par l'ensemble du public.
D'autre part, ces commémorations qui ont un sens évident pour les témoins et acteurs des évènements sont certainement plus difficiles à comprendre pour les générations suivantes.
Ces témoins ont pendant longtemps assuré un rôle de transmission irremplaçable, mais leur disparition progressive laisse une place vide et amène à réfléchir à d'autres formes de transmission répondant davantage aux attentes des jeunes générations par exemple.
Cependant, l'ampleur nouveau que le Président de la République a conféré au dernier 11 novembre ainsi que l'hommage rendu au jeune Guy MOQUET et aux martyrs de la Résistance démontrent qu'il est possible de se renouveler, et de susciter le regain d'intérêt chez toutes les classes d'âge de nos compatriotes.
Monsieur le Président,
Je vous l'ai dit lors de notre entretien, vous avez toute latitude concernant la réflexion que vous mènerez et je souhaite que vous puissiez la mener en toute indépendance mais je m'autorise toutefois à vous donner quelques pistes.
Réfléchissons à la multiplication des dates de commémorations :
Celle-ci induit certainement une lassitude, mais surtout une forme de brouillage dans le message des pouvoirs publics : la question qui est posée là est celle de l'unité ou de l'éclatement de la mémoire nationale.
Peut-on par exemple imaginer de rassembler certaines commémorations ?
Réfléchissons à l'impact de ces commémorations sur les citoyens :
Elles obéissent en effet le plus souvent à un rituel ancien auquel les jeunes générations sont souvent peu sensibles, ou dont elles ne comprennent pas le sens.
La gratitude de la Nation à l'égard de ceux qui ont combattu pour elle, le souvenir des morts et le respect du drapeau appellent visiblement aujourd'hui une éducation préalable.
Réfléchissons au sens de ces commémorations :
Qu'est-ce qui rassemble ?
Comment mieux rassembler ?
Je suis particulièrement soucieux des jeunes générations, dans la diversité de leur origine, qui constituent l'avenir et vers qui doivent porter tous les efforts en matière d'éducation civique, mais la réflexion doit s'appliquer aussi à l'ensemble de la communauté nationale.
Ce qui nous rassemble, ce sont les valeurs de notre République, ces valeurs qui constituent le creuset de notre identité nationale.
C'est un enjeu fort que d'identifier les évènements et les valeurs partagées par tous, dans un contexte nouveau d'intégration européenne, d'immigration, de mondialisation et de mémoires plurielles.
Il me reste à vous souhaiter des débats riches et passionnés, sans restrictions ni tabous.
Je demanderai la publication de vos travaux à la Documentation Française afin que vos recommandations ouvrent un grand débat public.
J'attends beaucoup de votre commission dans ce beau chantier de renouvellement du rituel républicain, et je vous remercie à nouveau pour votre engagement, que je salue.

source http://www.defense.gouv.fr, le 18 décembre 2007