Déclaration de Mme Christine Boutin, ministre du logement et de la ville, sur son engagement auprès des plus démunis, non seulement sur la question du logement mais aussi sur l'aide alimentaire et le rôle d'assocations telle que les "Restaurants du coeur", Paris le 3 décembre 2007.

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Circonstance : Lancement de la campagne d'hiver des "Restaurants du coeur" à Paris le 3 décembre 2007

Texte intégral

Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
Merci de m'accueillir le jour de l'ouverture de votre 23ème campagne.
Depuis plus de 20 ans, la France s'est enfoncée dans ce paradoxe scandaleux d'un pays qui s'appauvrit et voit croître l'exclusion en dépit de ses nombreux atouts.
Avec la crise, puis la mondialisation, notre pays a tardé à chercher une version française du nouvel état du monde. Les bouleversements contemporains obligeaient quoi qu'on en pense, quoi qu'on veuille et bien davantage qu'avant, à changer. Subir ou vouloir, telle était la question. Jamais les pays d'Europe n'eurent de choix à faire plus important.
Faute d'oser se réformer et de répartir l'effort à fournir de manière équitable, la société française a fait trop souvent payer le prix de son immobilisme aux plus faibles.
Avec plus de 7 millions de Français vivant avec moins 817 euros par mois, une partie de nos concitoyens se sent bannie à jamais des terres où la vie est facile, l'avenir assuré et où les besoins, au lieu d'être une source de souffrance, sont une occasion de plaisir.
L'inégalité du bien être et de la fortune, celle qui fait les riches et les pauvres, cette différence entre les hommes pèse sur tous les moments, sur tous les actes de la vie : on la retrouve dans les logements, dans les habits, dans la nature et dans la quantité des aliments, dans les devoirs et dans les nécessités de chaque jour.
Pour trop de nos compatriotes, notamment, l'alimentation est un problème récurrent depuis des années. Les familles les plus modestes peinent à acheter des produits nutritionnellement indispensables comme les fruits, les légumes et le poisson. Elles dépendent des secours qui leur sont apportés par certaines associations et particulièrement par chacun d'entre vous au sein des Restos du Coeur.
Les Restos du coeur, ce sont en effet:
51 000 bénévoles
480 000 donateurs
la distribution en 2006-2007 de 81,7 millions de repas et d'un milliard de repas en cumulant les 22 campagnes d'hiver précédentes, qui chacune durèrent de 16-18 semaines.
Mais les Restos, c'est aussi une association qui l'an passé, a hébergé 10 000 personnes sans abri et accompagné près de 45 000 familles logées dans un habitat de fortune, une chambre d'hôtel, une caravane, une structure d'hébergement.
Je considère que le logement est une réponse fondamentale aux besoins de sécurité, d'intimité et de protection familiale que chacun est en droit d'attendre pour lui-même et les siens.
C'est pourquoi, l'an dernier, comme vous le savez, je me suis personnellement investie en faveur du logement des plus pauvres en rapportant à l'Assemblée nationale, la loi consacrant dans notre République le droit au logement opposable.
Vous avez été des alliés de poids dans cette bataille lorsqu'il y a un an, à l'occasion du lancement de votre 22ème campagne, vous aviez clairement appelé les responsables politiques à s'engager en faveur de cet immense progrès. Et je vous en remercie.
Aujourd'hui, Ministre du logement, de la ville et de la lutte contre l'exclusion, je fais tout pour rendre ce droit effectif
Mesdames, Messieurs,
Je combats le froid, je combats l'habitat indigne, je combats les marchands de sommeil. Mais je ne veux pas à avoir à combattre la faim parce que ce combat là : il n'a pas lieu d'être !
Il est parfaitement insupportable d'envisager que des gens aient faim en France. Ce n'est pas possible.
Et si j'ai voulu être des vôtres aujourd'hui, si je tenais à être là, c'est pour manifester mon combat à vos côtés.
La flambée du prix de certaines matières premières touche très directement les associations comme les Restos du Coeur et par ricochet, les centaines de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants qui dépendent de vous pour se nourrir chaque jour à peu près convenablement.
Ceux à qui manquent la nourriture, ne sont pas seulement en dehors des conditions du progrès et des avantages qu'offre la société actuelle mais ils sont encore, en dehors du strict nécessaire. Ils sont pour ainsi dire, jetés hors de la vie.
L'aide alimentaire, c'est le « minimum minimorum ». C'est ce qui ne peut souffrir le moindre rationnement, la moindre contre-partie, le plus petit débat ...
Pour répondre aux besoins alimentaires des plus démunis, je m'appuie sur le Programme européen d'aide alimentaire (PEAD) créé en 1986, qui permet de mobiliser des produits de première nécessité (lait, blé, riz, beurre) à partir des surplus agricoles, ainsi que sur des programmes nationaux créés en 2003-2004.
En tant que Ministre en charge de la lutte contre l'exclusion, je me sens directement investie de la réussite de ces programmes. Je veille quotidiennement à leur mise en oeuvre en étroite coopération avec mon collègue chargé de l'agriculture, M. Michel Barnier.
Cette année, j'ai uni toutes les forces pour parer à l'éventualité d'une rupture des livraisons de produits de première nécessité. Je veux témoigner ici de mon engagement total, de celui de M. Michel Barnier et du Premier Ministre M. François Fillon pour résoudre les difficultés liées à la hausse des produits agricoles.
Il en sera de même pour 2008. Et je me porte garante de la continuité des livraisons au bon niveau pour les quatre grandes associations bénéficiaires des programmes d'aide alimentaire, dont vous êtes. Je ferai ce qu'il convient de faire pour que rien ne manque. Soyez assurés de ma détermination.
Tout comme, je me porte garante des quantités de ces produits pour l'avenir. Et je saurai en trouver les moyens !!
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
Je n'accepterai pas que les problèmes qu'ils soient liés à la demande mondiale, à la concurrence ou aux affres de la production, raréfient les produits de première nécessité, au point d'affecter les familles, qui vivent de l'aide alimentaire. Et j'en profite pour insister sur l'attention toute particulière qui doit être portée aux familles en difficulté, car ce sont bien elles, qui sont le dernier rempart contre l'exclusion et l'isolement total.
A vous tous, qui veillez quotidiennement à ce que ces familles aient un peu plus que le strict nécessaire: un logement plus sain, un vêtement plus chaud, une nourriture plus équilibrée; à vous tous qui permettez à tant de personnes en France qui en sont éloignées, d'approcher le seuil du bien être, sachez que mon appui, sur cette question, ne vous sera jamais discuté.
Je vous remercie.
Source http://www.logement.gouv.fr, le 3 décembre 2007