Déclaration de Mme Christine Albanel, ministre de la culture et de la communication, sur la place du cinéma dans les programmes de télévision et l'aide à l'industrie cinématographique, Paris le 20 décembre 2007.

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Circonstance : Signature de l'accord France Télévision Organisations professionnelles du cinéma à Paris le 20 décembre 2007

Texte intégral

Madame la Présidente,
Messieurs les Présidents,
Mesdames, Messieurs,
Chers Amis,

Je suis très heureuse de vous accueillir aujourd'hui pour la signature de l'accord entre France Télévisions, le Bureau de Liaison des Industries Cinématographiques, le Bureau de Liaison des Organisations du Cinéma et la Société Civile des Auteurs-Réalisateurs-Producteurs, qu'on nommera plus simplement « les professionnels du cinéma ».
Cette signature est un évènement pour le cinéma, puisqu'il s'agit de lui redonner la place qu'il mérite dans les programmes des chaînes de France-télévisions, en première comme en seconde partie de soirée.
Il y a sans doute beaucoup d'explications à l'affaiblissement, ces dernières années, de la place du septième art sur les écrans de la télévision généraliste, dont certains, à juste titre, se sont inquiétés. A une époque il fallait contenir le nombre de films diffusés sur les chaînes généralistes, jugé excessif ! Aujourd'hui la perspective est différente : il faut encourager ces chaînes à bien exposer le cinéma sur leurs antennes.
Certes, l'offre de films s'est décuplée sur les chaînes du cable du satelllite et de l'ADSL, et aujourd'hui de la TNT. Mais pour un public encore restreint. Et chacun le sait, le cinéma, fait d'oeuvres singulières, est sans doute une programmation plus risquée que d'autres. Mais quand elle est intelligemment construite quels beaux résultats ! 6,5 millions de téléspectateurs pour « Mon petit doigt m'a dit » de Pascal Thomas, il y a quelques semaines sur France 2 ; plus de quatre millions pour l'excellent « Borsalino » du regretté Jacques Deray sur France 3 il y a quelques jours ; et presqu'autant pour « Vipère au poing », dernière oeuvre de Philippe de Broca : qui peut penser que le cinéma dans toute sa diversité n' a pas sa place dans les soirées des chaînes !
Or, nous savons tous le rôle précieux que jouent depuis leur création les chaînes gratuites dans l'accès de tous nos concitoyens au cinéma et à la culture.
Je suis sûre que nous tous, présents aujourd'hui, aussi attachés sommes-nous au plaisir du cinéma en salles, nous ressentons une dette envers la télévision, qui a aiguisé et nourri notre amour du cinéma.
Un bon film à la télévision, c'est toujours un moment privilégié. Ce n'est pas une soirée zapping, ni un programme que l'on écoute d'une oreille distraite en faisant autre chose. C'est quelque chose que l'on regarde d'un bout à l'autre, en famille, avec des amis, avec toujours certains rituels qui sont propres à chacun. Ce sont aussi ces grands rendez-vous autour du cinéma qui font de la télévision un média si familier, fédérateur et populaire.
Exposer plus de films et les exposer mieux, en les éditorialisant, en expliquant leur genèse et leur héritage, bref, transmettre le goût du cinéma, c'est une vraie ambition pour une chaîne. C'est le choix que fait aujourd'hui France Télévisions en signant cet accord, et je m'en félicite. Parce que le service public de l'audiovisuel doit être exemplaire en la matière.
Cet accord c'est aussi - et c'est fondamental- un engagement financier fort de la part de ce groupe en faveur de la création cinématographique.
L' engagement en question est d'autant plus important que les deux filiales cinéma de France Télévisions renforcent également par ce contrat leur politique de coproduction, pour favoriser l'audace et la diversité, avec des premiers films, et des oeuvres de genre et de style très différents. Avec une augmentation de 10 millions d'euros sur trois ans, ces investissements sont une belle illustration de la solidarité qui doit demeurer entre producteurs et diffuseurs. C'est le gage de leur succès commun.
C'est donc une avancée importante, riche en promesses pour tout le cinéma français, pour les mois et les années à venir.
Je veux vous remercier du travail que vous avez mené collectivement pour parvenir à cet accord.
C'est un travail de cette qualité que j'appelle de mes voeux pour la prochaine rénovation du cahier des missions et des charges des chaînes de France télévision qui va être lancée début 2008, sous l'égide de la direction du développement des médias.
Et à travers cet accord, je voudrais saluer une méthode qui a fait largement ses preuves, et que nous devrons suivre pour tous les grands chantiers à venir : la négociation interprofessionnelle. Les gens de cinéma la pratiquent naturellement avec les diffuseurs depuis près de trente ans, avec succès. On se met tous autour de la table, on se parle, on se fâche, on se quitte, on revient, on signe- au besoin en émettant des opinions dissidentes, et donc on avance ! Et c'est toujours très constructif, cet accord en est la meilleure preuve.
Il revient aux pouvoirs publics de poser le cadre de ces discussions, de les encourager et de les accompagner, si besoin est. Puis ensuite, d'en recueillir les fruits en transposant les principales dispositions dans les textes réglementaires, lorsque cela paraît indispensable.
Si ces négociations et les accords qui en résultent sont toujours des avancées, c'est aussi parce que nous partageons tous le même but : replacer la culture et la découverte au coeur du petit écran, et proposer une télévision intelligente, de qualité, une télévision pour tous, une télévision qui donne envie d'aller au cinéma !

Source http://www.culture.gouv.fr, le 21 décembre 2007