Texte intégral
Monsieur le Préfet, monsieur le Président de la Commission nationale consultative
des droits de l'Homme, cher Joël Thoraval,
Monsieur le Directeur général de l'enseignement scolaire, cher Jean-Louis Nembrini,
Mesdames et Messieurs,
Chers lauréats,
Le 26 août 1789, après plusieurs semaines de discussions, l'Assemblée nationale constituante, née de la réunion de députés du clergé et de la noblesse avec le tiers état, adoptait le texte de la déclaration des droits de l'Homme et du citoyen. Elle devait être rendue publique quelques jours plus tard.
Si cette déclaration était largement inspirée de textes antérieurs et notamment de la déclaration des droits de la Virginie de 1777, elle s'en distinguait par son ambition universelle. D'emblée, les Constituants avaient en effet choisi de s'adresser à l'humanité tout entière. Leur propos n'était pas de créer des droits nouveaux destinés à abattre un Ancien Régime finissant, mais bien plutôt de constater et de traduire en mots les droits inhérents à la nature humaine.
Par là-même, ils donnaient une publicité universelle à l'essence même de l'Homme.
Leur geste, inédit et révolutionnaire, fit de la France la patrie des droits de l'Homme. Il en fit à jamais une terre d'espoir et de liberté vers laquelle se tournent les regards de ceux qui souffrent. Il en fit pour toujours la patrie idéale de tous les opprimés.
Plus d'un siècle et demi plus tard, en 1948, au lendemain d'une guerre qui avait meurtri l'humanité tout entière, l'Assemblée générale des Nations Unies tint à réaffirmer solennellement la dignité inaliénable de la personne humaine et adopta la déclaration universelle des droits de l'Homme. Universelle, elle le fut réellement par le nombre des pays qui concoururent à sa rédaction et à son adoption. Universelle, elle le fut également par sa portée et par l'écho qu'elle rencontra.
L'un des principaux rédacteurs de cette déclaration universelle était un éminent juriste français, militant historique de la cause des droits de l'Homme dont l'oeuvre fut couronnée en 1968 par le Prix Nobel de la paix.
René Cassin, cet homme incomparable, fut le véritable père de la déclaration universelle des droits de l'Homme et il était tout naturel que son nom soit attaché au concours qui, chaque année, invite les élèves de notre pays à penser la signification contemporaine des droits de l'Homme et à s'interroger sur les obstacles qui entravent encore leur diffusion dans le monde.
Créé en 1988 à l'occasion du quarantième anniversaire de la déclaration universelle des droits de l'Homme, le concours René Cassin a pris un élan nouveau en 2004-2005 lorsqu'il est devenu le Prix des droits de l'Homme-René Cassin
Aujourd'hui, au moment où nous nous apprêtons à récompenser les lauréats des éditions 2006 et 2007, il n'est pas inutile de rappeler que ce prix, organisé en partenariat par la Direction générale de l'enseignement scolaire et la commission nationale consultative des droits de l'Homme, s'adresse aux élèves des collèges, des lycées généraux, technologiques et professionnels et qu'il comporte deux volets.
Il récompense d'une part des travaux collectifs inspirés d'un thème précis soumis chaque année à la sagacité de nos jeunes esprits. J'ai d'ailleurs plaisir à rappeler qu'en 2006, le thème du concours était « Internet, chance ou danger pour les droits de l'Homme ? » et qu'en 2007, le sujet proposé était « Egalité des chances ».
D'autre part, un prix spécial distingue des projets libres réalisés par une classe ou un établissement visant à la promotion des droits de l'Homme.
Je tiens dès à présent à souligner que les projets, les travaux primés dans l'une et l'autre de ces catégories sont tout-à-fait remarquables. Jean-Louis Nembrini va avoir l'occasion de nous les présenter dans un instant et je veux féliciter chaleureusement tous ceux qui les ont réalisés.
Je suis surtout frappé par la diversité des supports utilisés : des recueils et des mémoires ont bien entendu été composés mais les classes ont également su se saisir des opportunités offertes par les nouvelles technologies pour concevoir et réaliser des DVD ou des sites internet propres à donner un écho plus large à leur travail.
Les travaux et les projets récompensés se caractérisent également par l'originalité et la qualité du travail de recherche ainsi que par la profondeur de la réflexion collective. Ils témoignent de la très grande sensibilité de nos élèves à la question des droits de l'Homme.
Cette sensibilité est partagée par l'ensemble de l'Education nationale. En effet, si le prix René Cassin est le fleuron de l'éducation aux droits de l'Homme, je tiens à rappeler que les écoles et les établissements mènent tout au long de l'année scolaire un travail attentif pour faire comprendre à nos enfants la signification profonde du concept de droits de l'Homme, si profondément ancré dans notre histoire et dans celle de l'humanité tout entière.
Des opérations spécifiques sont organisées dans les écoles, les collèges et les lycées et la question des droits de l'Homme est bien sûr abordée dans le cadre des leçons et des cours d'éducation civique, d'histoire, ou encore d'éducation civique, juridique et sociale. Ainsi, pour ne prendre qu'un exemple significatif, vous savez comme moi que les déclarations des droits de l'Homme de 1789 et de 1948 constituent deux documents de référence obligatoires dans le cadre de l'enseignement d'éducation civique dispensé aux collégiens.
Former les jeunes générations, c'est leur donner les moyens de devenir des adultes responsables. C'est aussi les inviter et les aider à devenir des citoyens éclairés. L'éducation aux droits de l'Homme participe donc pleinement du projet humaniste de l'école de la République. Pour préparer nos élèves à leur vie d'adultes, il est en effet de notre responsabilité de leur faire comprendre très tôt la dignité, mais aussi la responsabilité qui s'attache à leur condition d'hommes libres.
L'année 2008 sera marquée par le soixantième anniversaire de la déclaration universelle des droits de l'Homme. L'Education nationale et la commission nationale consultative des droits de l'Homme entendent célébrer dignement cet anniversaire et c'est la raison pour laquelle nous avons choisi de proposer comme thème de l'édition 2008 : « 1948-2008 : la déclaration universelle des droits de l'Homme aujourd'hui ». J'invite donc les collégiens et les lycéens français à concourir, à faire preuve d'audace et d'imagination pour travailler. Je souhaite que leur réflexion soit aussi fructueuse que celle des lauréats des éditions 2006 et 2007 dont les réalisations vont maintenant être présentées.
Je vous remerciesource http://www.education.gouv.fr, le 20 décembre 2007