Texte intégral
Bonjour Mesdames et Messieurs,
Nous sommes venus vous parler du lancement de la Fondation pour le monde méditerranéen, c'est cet événement qui nous réunit. Mais avant de parler de ce projet exaltant, je voudrais dire quelques mots à propos de ce qui s'est passé en Algérie ce matin et qui n'a rien d'exaltant.
Aux alentours de neuf heures ce matin, deux bombes ont explosé dans des quartiers différents. L'une a frappé un bus dans le quartier de Ben Aknound et une seconde dans le quartier d'Hydra.
L'un des deux engins a frappé le bâtiment des Nations unies, ce qui nous a rappelé d'autres souvenirs atroces.
Le président de la République française a immédiatement appelé le président de la République algérienne. Le bilan n'est pas encore établi, on parle de dizaines de morts.
Quel que soit ce bilan, je voudrais condamner cette barbarie avec autant d'horreur que de fermeté, avec autant d'esprit de lutte que de compassion.
Il y a quelques jours, nous étions en Algérie. Le combat commun des Algériens et des Français, du gouvernement algérien et du gouvernement français contre le terrorisme a été rappelé à plusieurs reprises et nous en avons discuté avec le président Bouteflika. Les services algériens et français coopèrent. Vous le voyez, c'est nécessaire et ce sera encore nécessaire. Si certains pensaient, - j'étais de ceux-là -, que le gouvernement algérien avait marqué de grands progrès - je le pense toujours, il a fait de grands progrès dans cette lutte -, la bête immonde n'a pas encore rendu l'âme.
Nous parlions de la Méditerranée, nous étions là, réunis et tous heureux devant tant de projets. Il nous faut nous souvenir pour combattre le terrorisme. Il faut combattre cet obstacle en recourrant à la rencontre des civilisations, à des écoutes réciproques auprès de cultures communes sans perdre aucun des éléments dans nos cultures propres. Ce combat demeure essentiel. Comptez sur le gouvernement français. J'ai appelé mon homologue, mais je n'ai pas encore pu m'entretenir avec lui.
Voilà ce que je voulais vous dire avec tristesse et détermination. Pardonnez-moi ce télescopage.
J'ai pris connaissance, avec beaucoup d'intérêt, des projets de mes amis ici réunis. Je connais chacun d'entre vous depuis tellement longtemps que je n'imaginais pas autant de ferveur, de jeunesse et d'invention. J'avais tort !
Je ne vous en dirai pas plus, l'Union méditerranéenne trouve sa meilleure expression - quels que soient les problèmes et nous en rencontrerons - dans les projets qui ont été présentés. Ce sont des projets communs, qui impliquent les populations, d'une rive à l'autre de la Méditerranée - alors que je viens tout juste d'évoquer l'horreur - et font en sorte que les ponts humains soient au moins aussi importants que les ponts politiques - ce qui n'exclut pas de travailler dans le domaine politique. C'est autour de ces projets que la Fondation fera oeuvre, non seulement originale mais compréhensible ; oeuvre qui sera comprise par tous, chez les plus riches comme chez les plus pauvres, chez ceux qui n'ont pas assez d'eau comme chez ceux qui n'en ont pas trop, car personne n'a trop d'eau maintenant.
Des projets seront présentés dans le domaine de la santé comme dans celui de l'énergie, dans le domaine de la lutte contre les incendies comme dans celui de la prise en charge des ressources hydrauliques.
Tout cela fait vraiment mon admiration et avec le ministère des Affaires étrangères et européennes, les responsables de la fondation ont trouvé un allié, un complice, un hôte et je me réjouis de travailler avec eux.
Notre ami, Alain Leroy, est ici associé à un groupe qui travaille sur l'Union méditerranéenne. Il y aura bien des développements, bien des surprises, peut-être quelques éches, comme d'habitude, mais plein de succès, à les entendre.
En référence aux horribles attentats en Algérie, j'ai oublié de dire combien il était important de parler aussi des Nations unies. J'ai indiqué qu'une des bombes avait explosé devant un bâtiment des Nations unies. Il y a des victimes parmi les fonctionnaires internationaux et les personnels des Nations unies. Nous avons aussitôt, bien évidemment, adressé des messages de soutien et d'amitié à M. Ban Ki-moon et à tous nos amis à New York.
Q - La France a présenté un projet de déclaration présidentielle concernant le Liban. Cela veut-il dire qu'il n'existe pas de solution rapide à l'impasse de l'élection d'un président au Liban ?
R - Je crois que la France a vraiment fait ce qu'elle a pu, depuis très longtemps. Ce matin, il devait y avoir une élection, il n'y en aura pas, une fois de plus.
A un moment donné, chacun doit prendre ses responsabilités.
La France a tout simplement contribué par sa "facilitation" à la déclaration d'ordre politique en ayant une position neutre et équilibrée.
La France ne préfère aucune des communautés par rapport à une autre.
La déclaration politique avait été acceptée par les deux parties. Apparemment, cela n'était pas suffisant. Il y a maintenant des obstacles que l'on nomme constitutionnels. Je pense surtout qu'il s'agit d'obstacles politiques et que l'on ne veut pas, en tout cas jusqu'à preuve du contraire - et je souhaite me tromper -, que cette élection ait lieu.
Q - Et que pouvez-vous nous dire concernant la déclaration du Conseil de sécurité ?
R - C'est tout à fait autre chose, cette déclaration a été faite pour indiquer que nous souhaitons très fortement que les élections aient lieu. Je ne peux que l'approuver, évidemment, la France l'a approuvée.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 13 décembre 2007