Texte intégral
R. Sicard.- Bonjour à tous, bonjour L. Parisot.
R.- Bonjour.
Q.- Vous étiez en Algérie avec N. Sarkozy, il y est encore, vous, vous êtes rentrée. Il y a eu 5 milliards de contrats signés, il y en avait eu 20 en Chine. Est-ce que les entreprises françaises ont besoin d'un soutien politique pour vendre à l'étranger ?
R.- La plupart des contrats qui ont été signés, étaient évidemment très avancés dans les négociations et on savait qu'ils avaient de fortes chances d'être signés. Mais le président de la République permet l'accélération des choses. Moi, je trouve vraiment excellent que le Président fasse équipe avec les entreprises françaises. Il faut travailler ensemble, et notamment quand on est à l'étranger.
Q.- La presse de ce matin dit que le climat était plutôt froid pour ce voyage, même glacial. Est-ce que c'est votre sentiment ?
R.- Non, pas du tout. Nous avions organisé une rencontre entre chefs d'entreprises algériens et chefs d'entreprises français. Le président de la République est venu clôturer nos travaux, il a fait un discours important, un discours fort. Il a été applaudi debout par les entrepreneurs algériens et les ministres algériens présents au cours de cette réunion.
Q.- Donc, pas de climat glacial.
R.- Glacial, certainement pas. Il y a, bien sûr, des choses qu'il faut encore améliorer dans les relations entre nos deux pays, mais je crois au contraire qu'il y avait l'espoir d'un véritable renouveau qui était très perceptible.
Q.- Alors, sur le pouvoir d'achat, le Gouvernement veut aller vite, c'est-à-dire qu'une partie des réformes s'applique dès le 1er janvier, c'est-à-dire dans moins d'un mois. Ça vous paraît un bon calendrier ?
R.- Eh bien écoutez, tout le monde est d'accord pour dire qu'il y a urgence. La situation économique de la France est fragile, nous avons un taux de croissance qui est faible et tout ce qui peut nous permettre d'accélérer le rythme est excellent. Ce qu'il faut bien voir, c'est que si ces mesures, et surtout ces dispositifs sont en place dès le 1er janvier, c'est de toute façon, quand même, à moyen terme, que l'on peut espérer voir des résultats concrets. C'est une mécanique nouvelle qu'il faut lancer, c'est un esprit nouveau, également. Je crois que les 35 heures nous ont abîmés dans notre raisonnement, dans notre façon de concevoir le travail. Tout ceci est en train de changer...
Q.- Est-ce que vous diriez, comme ça se dit à l'UMP, que les 35 heures, c'est un boulet ?
R.- Oui, je dirais que c'est une aberration économique et qui a pesé énormément depuis...
Q.- Mais les Français les apprécient.
R.- Ecoutez, les Français apprécient aussi, beaucoup, que la France soit performante, que les entreprises gagnent de l'argent et ils apprécient également beaucoup que leurs salaires puissent augmenter régulièrement et à un rythme soutenu. Or, nous étions, avec ce carcan des 35 heures, empêchés de développer tout notre potentiel. Il faut que les choses puissent offrir beaucoup plus de liberté aux entreprises et c'est ce qui me semble que nous allons pouvoir faire avec cette mesure.
Q.- Mais est-ce que vous, vous pensez qu'il faudrait purement et simplement supprimer les 35 heures ? Ce n'est pas le cas aujourd'hui.
R.- Il faut regarder les choses avec pragmatisme. Ce que nous avons toujours demandé et nous en sommes très près aujourd'hui, c'est que la durée du travail puisse être définie, entreprise par entreprise, et surtout pas une bonne fois pour toutes, quel que soit le secteur, quelle que soit la taille de l'entreprise, par le législateur. Laissons les partenaires sociaux au niveau de l'entreprise, se mettre d'accord sur le bon optimum de temps de travail.
Q.- Ça, c'est la proposition de N. Sarkozy. Mais qui va négocier avec qui ? Ça va se passer comment, concrètement ?
R.- Eh bien écoutez, dans la plupart des entreprises françaises, il y a des représentants du personnel, il y a des délégués syndicaux, c'est à eux de négocier, à l'occasion notamment des négociations salariales annuelles, peut-être à d'autres moments spécifiques, de négocier avec les employeurs, sur la base de propositions qui peuvent être mises sur la table, quel est - là, dans telle entreprise, c'est peut-être 35 heures à nouveau, là c'est peut-être 36, 37. Cela ne veut pas dire d'ailleurs que ça sera toujours la même durée tout au long, enfin, en tout cas, d'une année sur l'autre. Il faut mettre de la souplesse, du pragmatisme et responsabiliser les partenaires sociaux.
Q.- Mais les heures, au-delà de 35 heures, elles seront payées comment ? Parce que s'il y a plus de 35 heures, ça ne sera pas des heures supplémentaires, les salariés vont y perdre.
R.- D'abord, beaucoup, beaucoup de salariés n'ont même pas l'occasion de se voir proposer des heures supplémentaires. C'est une première chose. Ensuite, c'est justement de nouveaux équilibres à définir, encore une fois entreprise par entreprise. Je crois que si on a du mal à comprendre l'intérêt du mécanisme, c'est parce que l'on a tellement l'habitude en France que les choses soient décidées par le sommet, une bonne fois pour toute et d'une manière identique pour tout le monde, que l'on a du mal à voir l'intérêt, l'avantage à ce que les choses soient définies en bas, au niveau local, au cas par cas et d'une manière proche de la réalité de terrain.
Q.- Mais, est-ce que vous pouvez dire ce matin qu'avec ce nouveau dispositif, les salariés vont y gagner ou pas ?
R.- Ah, j'en suis persuadée. J'en suis persuadée. Alors, certains vont peut-être y gagner très vite, courant de l'année 2008, d'autres peut-être seulement après la fin de l'année 2008. Mais c'est globalement une libération de l'économie française qui ne pourra être que très bénéfique pour tout le monde.
Q.- Sur le paiement des RTT, le paiement des CET, est-ce que les entreprises françaises ont les moyens de payer ça ?
R.- Ecoutez, beaucoup, j'en suis certaine, vont se précipiter sur cette mesure, parce qu'il y a parfois des carnets de commandes qui tout d'un coup se remplissent d'une manière telle que l'on est en peine, parce qu'on a trop de RTT à épuiser, comme on dit. Il y a d'autres entreprises...
Q.- Donc là, vous pensez que ça va aller dans le porte-monnaie des Français très rapidement ? Il y aura de l'argent ?
R.- A chaque fois qu'il y aura, dans l'entreprise, des circonstances qui vont faire en sorte qu'il y a un intérêt à travailler là où d'habitude on prenait des RTT, ça va être un bénéfice immédiat. Alors, là aussi il faut apprendre à ce que ce soit le réel de l'économie qui régule les choses et non pas l'Etat qui le décrète. Donc ça va dépendre là encore de la situation économique de l'entreprise, mais ça va certainement lui permettre de donner un souffle de plus à l'entreprise.
Q.- Il y a un projet de loi sur la réforme du Code du travail, qui doit être simplifié. Les syndicats sont hostiles, ils pensent que ça va affaiblir le droit des salariés. Quel est votre sentiment là-dessus ?
R.- D'abord, il faut expliquer aux téléspectateurs, que cette réforme du Code du travail se fait à droit constant, c'est-à-dire qu'on ne change rien sur le fond, sur les principes. Je ne suis pas sûre que cette réforme soit réussie. Il y avait jusqu'alors, 1.900 et quelques articles dans le droit du travail. Avec la réforme, il va y avoir 3.600 articles. C'est-à-dire qu'en gros, le Code du travail, qui est un labyrinthe de 1.900 km, ça devient un labyrinthe de 3.600 km.
Q.- Mauvaise réforme ?
R.- Est-ce que nous y gagnons ? Non. Je crois qu'il faut que l'on apprenne à faire simple, à faire efficace en France. Il faut travailler le comment. Et, de ce point de vue-là, je crois que la réunion proposée par le chef de l'Etat, d'une réunion qui détermine un agenda social 2008, c'est un nouveau concept et c'est un excellent concept qui permet de bien penser le comment des choses.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 5 décembre 2007
R.- Bonjour.
Q.- Vous étiez en Algérie avec N. Sarkozy, il y est encore, vous, vous êtes rentrée. Il y a eu 5 milliards de contrats signés, il y en avait eu 20 en Chine. Est-ce que les entreprises françaises ont besoin d'un soutien politique pour vendre à l'étranger ?
R.- La plupart des contrats qui ont été signés, étaient évidemment très avancés dans les négociations et on savait qu'ils avaient de fortes chances d'être signés. Mais le président de la République permet l'accélération des choses. Moi, je trouve vraiment excellent que le Président fasse équipe avec les entreprises françaises. Il faut travailler ensemble, et notamment quand on est à l'étranger.
Q.- La presse de ce matin dit que le climat était plutôt froid pour ce voyage, même glacial. Est-ce que c'est votre sentiment ?
R.- Non, pas du tout. Nous avions organisé une rencontre entre chefs d'entreprises algériens et chefs d'entreprises français. Le président de la République est venu clôturer nos travaux, il a fait un discours important, un discours fort. Il a été applaudi debout par les entrepreneurs algériens et les ministres algériens présents au cours de cette réunion.
Q.- Donc, pas de climat glacial.
R.- Glacial, certainement pas. Il y a, bien sûr, des choses qu'il faut encore améliorer dans les relations entre nos deux pays, mais je crois au contraire qu'il y avait l'espoir d'un véritable renouveau qui était très perceptible.
Q.- Alors, sur le pouvoir d'achat, le Gouvernement veut aller vite, c'est-à-dire qu'une partie des réformes s'applique dès le 1er janvier, c'est-à-dire dans moins d'un mois. Ça vous paraît un bon calendrier ?
R.- Eh bien écoutez, tout le monde est d'accord pour dire qu'il y a urgence. La situation économique de la France est fragile, nous avons un taux de croissance qui est faible et tout ce qui peut nous permettre d'accélérer le rythme est excellent. Ce qu'il faut bien voir, c'est que si ces mesures, et surtout ces dispositifs sont en place dès le 1er janvier, c'est de toute façon, quand même, à moyen terme, que l'on peut espérer voir des résultats concrets. C'est une mécanique nouvelle qu'il faut lancer, c'est un esprit nouveau, également. Je crois que les 35 heures nous ont abîmés dans notre raisonnement, dans notre façon de concevoir le travail. Tout ceci est en train de changer...
Q.- Est-ce que vous diriez, comme ça se dit à l'UMP, que les 35 heures, c'est un boulet ?
R.- Oui, je dirais que c'est une aberration économique et qui a pesé énormément depuis...
Q.- Mais les Français les apprécient.
R.- Ecoutez, les Français apprécient aussi, beaucoup, que la France soit performante, que les entreprises gagnent de l'argent et ils apprécient également beaucoup que leurs salaires puissent augmenter régulièrement et à un rythme soutenu. Or, nous étions, avec ce carcan des 35 heures, empêchés de développer tout notre potentiel. Il faut que les choses puissent offrir beaucoup plus de liberté aux entreprises et c'est ce qui me semble que nous allons pouvoir faire avec cette mesure.
Q.- Mais est-ce que vous, vous pensez qu'il faudrait purement et simplement supprimer les 35 heures ? Ce n'est pas le cas aujourd'hui.
R.- Il faut regarder les choses avec pragmatisme. Ce que nous avons toujours demandé et nous en sommes très près aujourd'hui, c'est que la durée du travail puisse être définie, entreprise par entreprise, et surtout pas une bonne fois pour toutes, quel que soit le secteur, quelle que soit la taille de l'entreprise, par le législateur. Laissons les partenaires sociaux au niveau de l'entreprise, se mettre d'accord sur le bon optimum de temps de travail.
Q.- Ça, c'est la proposition de N. Sarkozy. Mais qui va négocier avec qui ? Ça va se passer comment, concrètement ?
R.- Eh bien écoutez, dans la plupart des entreprises françaises, il y a des représentants du personnel, il y a des délégués syndicaux, c'est à eux de négocier, à l'occasion notamment des négociations salariales annuelles, peut-être à d'autres moments spécifiques, de négocier avec les employeurs, sur la base de propositions qui peuvent être mises sur la table, quel est - là, dans telle entreprise, c'est peut-être 35 heures à nouveau, là c'est peut-être 36, 37. Cela ne veut pas dire d'ailleurs que ça sera toujours la même durée tout au long, enfin, en tout cas, d'une année sur l'autre. Il faut mettre de la souplesse, du pragmatisme et responsabiliser les partenaires sociaux.
Q.- Mais les heures, au-delà de 35 heures, elles seront payées comment ? Parce que s'il y a plus de 35 heures, ça ne sera pas des heures supplémentaires, les salariés vont y perdre.
R.- D'abord, beaucoup, beaucoup de salariés n'ont même pas l'occasion de se voir proposer des heures supplémentaires. C'est une première chose. Ensuite, c'est justement de nouveaux équilibres à définir, encore une fois entreprise par entreprise. Je crois que si on a du mal à comprendre l'intérêt du mécanisme, c'est parce que l'on a tellement l'habitude en France que les choses soient décidées par le sommet, une bonne fois pour toute et d'une manière identique pour tout le monde, que l'on a du mal à voir l'intérêt, l'avantage à ce que les choses soient définies en bas, au niveau local, au cas par cas et d'une manière proche de la réalité de terrain.
Q.- Mais, est-ce que vous pouvez dire ce matin qu'avec ce nouveau dispositif, les salariés vont y gagner ou pas ?
R.- Ah, j'en suis persuadée. J'en suis persuadée. Alors, certains vont peut-être y gagner très vite, courant de l'année 2008, d'autres peut-être seulement après la fin de l'année 2008. Mais c'est globalement une libération de l'économie française qui ne pourra être que très bénéfique pour tout le monde.
Q.- Sur le paiement des RTT, le paiement des CET, est-ce que les entreprises françaises ont les moyens de payer ça ?
R.- Ecoutez, beaucoup, j'en suis certaine, vont se précipiter sur cette mesure, parce qu'il y a parfois des carnets de commandes qui tout d'un coup se remplissent d'une manière telle que l'on est en peine, parce qu'on a trop de RTT à épuiser, comme on dit. Il y a d'autres entreprises...
Q.- Donc là, vous pensez que ça va aller dans le porte-monnaie des Français très rapidement ? Il y aura de l'argent ?
R.- A chaque fois qu'il y aura, dans l'entreprise, des circonstances qui vont faire en sorte qu'il y a un intérêt à travailler là où d'habitude on prenait des RTT, ça va être un bénéfice immédiat. Alors, là aussi il faut apprendre à ce que ce soit le réel de l'économie qui régule les choses et non pas l'Etat qui le décrète. Donc ça va dépendre là encore de la situation économique de l'entreprise, mais ça va certainement lui permettre de donner un souffle de plus à l'entreprise.
Q.- Il y a un projet de loi sur la réforme du Code du travail, qui doit être simplifié. Les syndicats sont hostiles, ils pensent que ça va affaiblir le droit des salariés. Quel est votre sentiment là-dessus ?
R.- D'abord, il faut expliquer aux téléspectateurs, que cette réforme du Code du travail se fait à droit constant, c'est-à-dire qu'on ne change rien sur le fond, sur les principes. Je ne suis pas sûre que cette réforme soit réussie. Il y avait jusqu'alors, 1.900 et quelques articles dans le droit du travail. Avec la réforme, il va y avoir 3.600 articles. C'est-à-dire qu'en gros, le Code du travail, qui est un labyrinthe de 1.900 km, ça devient un labyrinthe de 3.600 km.
Q.- Mauvaise réforme ?
R.- Est-ce que nous y gagnons ? Non. Je crois qu'il faut que l'on apprenne à faire simple, à faire efficace en France. Il faut travailler le comment. Et, de ce point de vue-là, je crois que la réunion proposée par le chef de l'Etat, d'une réunion qui détermine un agenda social 2008, c'est un nouveau concept et c'est un excellent concept qui permet de bien penser le comment des choses.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 5 décembre 2007