Texte intégral
J.-J. Bourdin.- Vous revenez d'Argentine ; vous êtes revenu vendredi, je crois ?
R.- Absolument.
Q.- Vous avez vendu notre TGV, en Argentine, ça s'est bien passé ?
R.- C'est d'abord Alstom qui l'a vendu, c'est une belle entreprise française qui a décidé, en plus, de rester en Argentine quand l'Argentine n'allait pas, donc elle a gardé une place. Sept cents kilomètres de lignes nouvelles, entre Buenos Aires, la capitale, et le Nord, Cordoba, pour l'instant, une dizaine de rames duplex, toute la signalisation, un très beau contrat. Ce qui est intéressant, c'est que c'est la première fois qu'Alstom vend le TGV sur le continent américain. Il y avait déjà du TGV en Corée, en Europe, en France naturellement. C'est la pénétration sur le marché américain, et cela c'est très important parce que cela peut donner des idées à d'autres, voyez ce que je veux dire...
Q.- Je pense, par exemple à A. Schwartzenegger, qui a testé le TGV, vous confirmez ?
R.- Absolument, incognito.
Q.- Mais comment Schwarzenegger peut-il tester le TGV incognito ! Alors, là, il faudra qu'on m'explique !
R.- Cela s'est quand même passé comme cela. Les Etats-Unis, comprennent bien qu'aujourd'hui il n'y a pas que la voiture, les aéroports sont saturés, donc le transport collectif revient à la mode, et donc ils ont un projet sur la côte californienne, et aussi un projet en Floride, au Texas. Mais le projet californien est important. C'est pour cela que c'est important d'être en Argentine, parce que cela montrera, pas très loin, que le continent américain peut accueillir un TGV français, la technologie, etc.
Q.- Comment a-t-il testé ce TGV, Schwartzenegger ?
R.- Il est allé à la gare de l'Est, comme chacun d'entre nous peut le faire ; il a pris un billet, il est allé à Reims, il est revenu ; je crois qu'il a, à un moment, demandé à être dans la cabine de conduite pour voir comment cela se passe, c'était organisé par la SNCF, naturellement.
Q.- A-t-il été séduit ?
R.- Oui, absolument. Vous savez, que peut-on dire aujourd'hui du TGV ? C'est 320 km/h de vitesse commerciale sur l'Est, bientôt 360 avec les nouvelles rames. Dans cette période, où nous appliquons avec J.-L. Borloo, les conséquences du Grenelle de l'environnement, il n'y a pas la pollution, la consommation de CO2 de l'avion, cela va au coeur des villes. C'est donc un mode de transport qui est à la fois moderne, mais qui répond aux impératifs de l'environnement...
Q.- La Californie est intéressée ?
R.- La Californie est intéressée.
Q.- Avez-vous des nouvelles, depuis ?
R.- Non, mais ça continue. J'ai reçu une délégation de parlementaires californiens récemment, on va y aller bientôt, les contacts se poursuivent...
Q.- Quelles lignes ? Los Angeles-San Francisco, Los Angeles-San Diego ... ?
R.- Oui, c'est cela, c'est cette dorsale, Los Angeles, San Francisco, San Diego qui est intéressante. Et puis, il y a également quelque chose qui pourrait se faire au Texas, du côté de Houston et de Dallas, en Floride, également. Le corridor québécois, Montréal, Québec, Windsor, etc., peut être intéressant. Donc, les possibilités sont très nombreuses. Je rappelle aussi que l'Afrique s'est ouverte au TGV puisque à l'occasion du voyage du Président, Casablanca, Tanger au Nord, et Marrakech au Sud, c'est un projet qui a été signé par les autorités marocaines.
Q.- Le problème, c'est qu'en France, cela se développe, c'est très bien le TGV, tout le monde trouve cela formidable, mais en même temps, on ferme quelques petites lignes. Je pense aux lignes qui traversent le Massif central qui ferment, cela me tient à coeur, j'avais envie d'en parler.
R.- Les régions aujourd'hui...
Q.- Je me mets à la place de ceux qui habitent dans ces régions qui sont enclavées...
R.- Je vais vous dire la vérité : il y a quelques années, vous aviez raison à 100 %. Aujourd'hui, les régions, et toutes les régions, quelle que soit leur couleur politique, ont repris le transport régional, et aujourd'hui ont commandé des centaines et des centaines d'automoteurs, de motrices, etc., et on assiste au contraire à un renouveau des lignes ferroviaires pour les voyageurs, avec un défaut, c'est qu'on avait mal entretenu le réseau, parce que comme on pensait que cela allait fermer, les voies étaient restées un peu mal entretenues, les traverses pas changés, le ballast, etc. Donc, aujourd'hui, il y a des travaux très importants à faire de rénovation de ces voies. Mais l'avenir, aujourd'hui, c'est de garder les lignes ferroviaires pour le TER, pour amener justement des clients au TGV et désenclaver, et puis le fret. On s'aperçoit aujourd'hui qu'il ne faut plus fermer de lignes de fret parce qu'on aura besoin de plus en plus de fret ferroviaire...
Q.- On supprime des emplois en revanche...
R.- Et quelquefois, il vaut mieux dire qu'on laisse une ligne pendant vingt ans un peu dans les herbes, ce n'est pas très joli, on se demande à quoi cela sert, mais l'évolution de l'économie fait que cette ligne, vingt ans après, peut servir. C'est ce qui s'est passé dans les ports en particulier, en Allemagne, où on avait laissé les voies ferrées diminuer, et aujourd'hui, les ports allemands, grâce aux voies ferrées, ont repris tout leur envol.
Q.- Et la SNCF supprime des emplois dans le fret. C'est indispensable ?
R.- Les chiffres qui ont été annoncés par Le Figaro ne sont pas les vrais chiffres. La réalité c'est que...
Q.- Le Figaro se trompe !
R.- Le Figaro comme tout le monde peut se tromper, comme les hommes politiques, bien évidemment. Le Figaro a lancé un chiffre qui est trop élevé. La réalité c'est que le fret ferroviaire, on en a besoin. Trop de camions sur les routes, donc on sait bien qu'il faut développer le fret ferroviaire. Cela peut être, soit la SNCF qui le fait, soit les opérateurs privés, puisque vous savez qu'aujourd'hui notre réseau, dans le cadre de l'Europe, est ouvert. Je souhaite naturellement que la SNCF prenne la plus importante part du marché possible et que des opérateurs privés trouvent leur part également. Donc si la SNCF ne se réforme pas, ce sont les opérateurs privés qui feront le trafic à sa place, ce peut être demain les chemins de fer allemands. Donc, il y a une nécessité absolue pour la SNCF de reconquérir le fret. C'est une nécessité pour l'entreprise et aussi pour la vie quotidienne des Françaises et des Français.
Q.- Quittons le rail pour la route. Etes-vous favorable à un contrôle technique pour les deux roues ?
R.- L'idée a été lancée, je n'ai pas encore lu le rapport. Donc, je ne me prononcerai pas, ce n'est pas un joker...
Q.- Vous ne pouvez pas nous dire, oui ou non ?
R.- Si vous voulez, cela dépend du type de deux roues. On peut penser qu'une moto puissante nécessite le même contrôle qu'une voiture. Depuis quelque temps, j'ai un Solex électrique, je ne suis pas sûr que mon Solex électrique, qui est un deux roues, qu'il nécessite de porter un casque, ait besoin d'un contrôle technique. Donc je suis plutôt réservé, on va regarder cela, cela peut être différent selon le type de véhicule.
Q.- Mais cela peut voir le jour ? Quand allez-vous regardez ?
R.- On a bientôt un Comité interministériel de la sécurité routière sous la présidence du Premier ministre, on va faire le point sur tous les thèmes de sécurité routière. Je peux prendre un autre exemple : il a des gens qui disent qu'il faut porter un casque en vélo. C'est vrai que quand on a des jeunes enfants, en vélo, le casque est nécessaire et très recommandable. Mais si on donne l'obligation de porter le casque en vélo, c'est toute une série de nos concitoyens, qui se sont mis au vélo avec les municipalités, et on va faire baisser la pratique du vélo. Il faut toujours trouver un équilibre entre l'obligation et la sécurité...
Q.- On ne sera pas obligés de porter un casque à vélo ?
R.- Non, mais c'est recommandé à nos enfants.
Q.- La route, le permis de conduire, on attend toujours des réformes autour du permis de conduire. Où en est-on, dites-nous ?
R.- Ça bouge bien. D'abord sur le coût du permis, ensuite sur le permis lui-même. Sur le coût du permis, on est en train de travailler ces parties, la convention est signée avec l'Association des maires de France pour développer l'expérience dont j'ai déjà parlée avec vous sur cette antenne, Carcassonne, ou autre, c'est-à-dire, les communes qui payent une partie du permis en échange de travaux collectifs. On a signé une convention avec l'Association des maires de France pour développer cela sur tout le territoire. De même, sur le permis à 1 euro, qui consiste à avoir une caution bancaire pour permettre de payer le permis, les négociations s'achèvent avec la Caisse des dépôts qui pourrait payer cette caution dans le cas de familles qui ne pourraient pas...
Q.- Dans combien de temps ce sera en place ?
R.- Ce trimestre. Cela, c'est la partie coût du permis. Maintenant, il y a le permis lui-même ; il est très cher !
Q.- Très cher et trop long !
R.- Très cher et long, oui. Surtout quand vous ratez la première fois, ce qui arrive souvent aux jeunes, passer la deuxième fois, c'est très lourd cela demande des (inaud.)
Q.- Que dites-vous aux jeunes alors ?
R.- Il y aura avant l'été une réforme du permis de conduire. Nous avons missionné une équipe avec J. - L. Borloo pour réformer cette affaire. A quoi on pense ? On pense à simplifier l'examen. On pense également à l'examen tout au long de la vie. Je vais prendre un exemple : j'avais vingt ans quand j'ai passé mon permis ; j'ai quelques années de plus. Je trouve que ce ne serait pas mauvais, que j'aille passer une demi-heure avec un inspecteur du permis de conduire qui fasse mon bilan de compétences et qu'il regarde si j'ai les bons réflexes...
Q.- Le bilan tous les combien ? Tous les dix ans ?
R.- Si, vous voulez, il y a les deux hypothèse : la première hypothèse, c'est le volontariat, vous avez envie, vous faites un petit bilan comme vous allez voir votre cardiologue ou vous allez voir un médecin. Vous faites votre bilan de conduite avec des professionnels qui peuvent être soit des auto-écoles, soit des inspecteurs du permis de conduire. Et deuxième possibilité, vous avez été pris en conduite à l'état d'ivresse, vous avez un accident, etc., et là on vous oblige à faire un bilan, non pas de repasser votre permis à point, etc., cela existe par ailleurs. Mais dans certaines circonstances, on vous dit, "allez faire un bilan de conduite pour voir où vous en êtes."
Q.- L'idée, c'est de passer, de repasser son permis.
R.- Ce n'est pas vraiment ça. L'idée, c'est qu'on passerait son permis plus simplement. Le permis serait moins compliqué, moins long à obtenir, et moins cher !
Q.- Plus simplement ?
R.- On va simplifier la procédure. C'est vrai qu'il ne sera pas plus sécuritaire, il sera aussi important et aussi lourd, etc.
Q.-...Avec moins d'heures de cours ?
R.- On va essayer de diminuer les délais. On va faire en sorte que par exemple, un enfant qui veut passer son...
Q.- C'est moins d'heures de cours ou plus d'examinateurs ?
R.- C'est la capacité de pouvoir s'inscrire plus rapidement et passer son permis rapidement. Un enfant qui est en vacances l'été, le 1er juillet, il peut le passer au mois d'août, s'il a fait tout ce qu'il faut au mois de juillet. L'idée, c'est d'aller plus vite...
Q.- Aujourd'hui, ce n'est pas le cas !
R.- Et s'il ne peut pas le passer au mois d'août, qu'il le passe au mois de septembre. Mais qu'on ne lui dise pas, "vous attendez janvier ou février de l'année prochaine". Et la possibilité ensuite, tout au long de la vie de se tester...
Q.- Je voudrais m'arrêter là : pour que cela aille plus vite, il y a deux solutions : soit au réduit le nombre d'heures de cours, d'apprentissage, soit on augmente le nombre d'examinateurs.
R.- Il y aussi une possibilité...
Q.- Laquelle ?
R.- C'est qu'on travaille avec les auto-écoles sur des systèmes de forfait, et je dirais pas d'obligation de réussite, mais que l'auto-école s'engage à donner des heures de cours jusqu'à un certain niveau de passage du permis. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, ce qui coûte très cher aux familles s'explique par le fait que vous prenez un forfait dans une auto-école, vous n'avez pas le permis et après vous allez prendre des heures au coût par coût qui sont très chères. Donc là, peut être, de rendre le forfait plus important...
Q.- Mais cela existe dans certaines auto-écoles déjà.
R.- Oui, mais on veut faire en sorte que sur tout le territoire, tous les jeunes soient égaux devant le permis. Nous avons des moniteurs d'auto-écoles et des auto-écoles qui font très bien leur boulot. On a un système de permis de conduire qui est trop centralisé, trop compliqué qu'on va simplifier. Et on veut privatiser...
Q.- ...l'examen du permis de conduire ?
R.- Non, il ne s'agit pas de privatiser, il s'agit de le rendre plus souple. Et puis, vous savez, concernant l'inspecteur du permis de conduire, je pense qu'il serait important pour lui qu'il se dise, "je ne vais pas, toute ma vie, simplement faire passer le permis de conduire, je vais pouvoir avoir d'autres missions". Et ces autres missions, c'est le contrôle tout au long de la vie surtout sur la base du volontariat...
Q.- Ces examinateurs seront-ils plus nombreux ou pas ?
R.- Il faudra peut être augmenter le nombre ou créer des possibilités d'avoir des renforts avec des hommes et des femmes qui ont déjà accompli des missions de service public. Enfin, tout est possible. Ce que l'on veut, - la copie n'est pas prête - c'est remettre, avec J.-L. Borloo, au Premier ministre, avant le printemps, une copie d'un nouveau permis de conduire qui mettra l'accent encore plus sur la sécurité, bien sûr, et puis aussi, sur d'autres choses qui sont les conduites économiques. Comment, aujourd'hui, dans une période de pétrole cher, par le maniement de la boîte de vitesse quand la voiture n'est pas automatique, par des réflexes, etc., diminuer la consommation et diminuer la pollution ? Donc c'est une nouvelle manière d'apprendre à conduire sur laquelle nous travaillons.
Q.- Et avec des examens réguliers tout au long de la vie ; obligatoire ou pas ?
R.- Non, si on le souhaite, je suis pour le volontariat. On a toujours ce débat de dire aux personnes âgées, "vous ne devez plus conduire". Les personnes âgées sont suffisamment responsables pour savoir quand elles ne doivent plus conduire. Et on peut aussi les y aider en faisant un petit bilan de compétences si elles le souhaitent, pour voir où elles en sont.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 21 janvier 2008
R.- Absolument.
Q.- Vous avez vendu notre TGV, en Argentine, ça s'est bien passé ?
R.- C'est d'abord Alstom qui l'a vendu, c'est une belle entreprise française qui a décidé, en plus, de rester en Argentine quand l'Argentine n'allait pas, donc elle a gardé une place. Sept cents kilomètres de lignes nouvelles, entre Buenos Aires, la capitale, et le Nord, Cordoba, pour l'instant, une dizaine de rames duplex, toute la signalisation, un très beau contrat. Ce qui est intéressant, c'est que c'est la première fois qu'Alstom vend le TGV sur le continent américain. Il y avait déjà du TGV en Corée, en Europe, en France naturellement. C'est la pénétration sur le marché américain, et cela c'est très important parce que cela peut donner des idées à d'autres, voyez ce que je veux dire...
Q.- Je pense, par exemple à A. Schwartzenegger, qui a testé le TGV, vous confirmez ?
R.- Absolument, incognito.
Q.- Mais comment Schwarzenegger peut-il tester le TGV incognito ! Alors, là, il faudra qu'on m'explique !
R.- Cela s'est quand même passé comme cela. Les Etats-Unis, comprennent bien qu'aujourd'hui il n'y a pas que la voiture, les aéroports sont saturés, donc le transport collectif revient à la mode, et donc ils ont un projet sur la côte californienne, et aussi un projet en Floride, au Texas. Mais le projet californien est important. C'est pour cela que c'est important d'être en Argentine, parce que cela montrera, pas très loin, que le continent américain peut accueillir un TGV français, la technologie, etc.
Q.- Comment a-t-il testé ce TGV, Schwartzenegger ?
R.- Il est allé à la gare de l'Est, comme chacun d'entre nous peut le faire ; il a pris un billet, il est allé à Reims, il est revenu ; je crois qu'il a, à un moment, demandé à être dans la cabine de conduite pour voir comment cela se passe, c'était organisé par la SNCF, naturellement.
Q.- A-t-il été séduit ?
R.- Oui, absolument. Vous savez, que peut-on dire aujourd'hui du TGV ? C'est 320 km/h de vitesse commerciale sur l'Est, bientôt 360 avec les nouvelles rames. Dans cette période, où nous appliquons avec J.-L. Borloo, les conséquences du Grenelle de l'environnement, il n'y a pas la pollution, la consommation de CO2 de l'avion, cela va au coeur des villes. C'est donc un mode de transport qui est à la fois moderne, mais qui répond aux impératifs de l'environnement...
Q.- La Californie est intéressée ?
R.- La Californie est intéressée.
Q.- Avez-vous des nouvelles, depuis ?
R.- Non, mais ça continue. J'ai reçu une délégation de parlementaires californiens récemment, on va y aller bientôt, les contacts se poursuivent...
Q.- Quelles lignes ? Los Angeles-San Francisco, Los Angeles-San Diego ... ?
R.- Oui, c'est cela, c'est cette dorsale, Los Angeles, San Francisco, San Diego qui est intéressante. Et puis, il y a également quelque chose qui pourrait se faire au Texas, du côté de Houston et de Dallas, en Floride, également. Le corridor québécois, Montréal, Québec, Windsor, etc., peut être intéressant. Donc, les possibilités sont très nombreuses. Je rappelle aussi que l'Afrique s'est ouverte au TGV puisque à l'occasion du voyage du Président, Casablanca, Tanger au Nord, et Marrakech au Sud, c'est un projet qui a été signé par les autorités marocaines.
Q.- Le problème, c'est qu'en France, cela se développe, c'est très bien le TGV, tout le monde trouve cela formidable, mais en même temps, on ferme quelques petites lignes. Je pense aux lignes qui traversent le Massif central qui ferment, cela me tient à coeur, j'avais envie d'en parler.
R.- Les régions aujourd'hui...
Q.- Je me mets à la place de ceux qui habitent dans ces régions qui sont enclavées...
R.- Je vais vous dire la vérité : il y a quelques années, vous aviez raison à 100 %. Aujourd'hui, les régions, et toutes les régions, quelle que soit leur couleur politique, ont repris le transport régional, et aujourd'hui ont commandé des centaines et des centaines d'automoteurs, de motrices, etc., et on assiste au contraire à un renouveau des lignes ferroviaires pour les voyageurs, avec un défaut, c'est qu'on avait mal entretenu le réseau, parce que comme on pensait que cela allait fermer, les voies étaient restées un peu mal entretenues, les traverses pas changés, le ballast, etc. Donc, aujourd'hui, il y a des travaux très importants à faire de rénovation de ces voies. Mais l'avenir, aujourd'hui, c'est de garder les lignes ferroviaires pour le TER, pour amener justement des clients au TGV et désenclaver, et puis le fret. On s'aperçoit aujourd'hui qu'il ne faut plus fermer de lignes de fret parce qu'on aura besoin de plus en plus de fret ferroviaire...
Q.- On supprime des emplois en revanche...
R.- Et quelquefois, il vaut mieux dire qu'on laisse une ligne pendant vingt ans un peu dans les herbes, ce n'est pas très joli, on se demande à quoi cela sert, mais l'évolution de l'économie fait que cette ligne, vingt ans après, peut servir. C'est ce qui s'est passé dans les ports en particulier, en Allemagne, où on avait laissé les voies ferrées diminuer, et aujourd'hui, les ports allemands, grâce aux voies ferrées, ont repris tout leur envol.
Q.- Et la SNCF supprime des emplois dans le fret. C'est indispensable ?
R.- Les chiffres qui ont été annoncés par Le Figaro ne sont pas les vrais chiffres. La réalité c'est que...
Q.- Le Figaro se trompe !
R.- Le Figaro comme tout le monde peut se tromper, comme les hommes politiques, bien évidemment. Le Figaro a lancé un chiffre qui est trop élevé. La réalité c'est que le fret ferroviaire, on en a besoin. Trop de camions sur les routes, donc on sait bien qu'il faut développer le fret ferroviaire. Cela peut être, soit la SNCF qui le fait, soit les opérateurs privés, puisque vous savez qu'aujourd'hui notre réseau, dans le cadre de l'Europe, est ouvert. Je souhaite naturellement que la SNCF prenne la plus importante part du marché possible et que des opérateurs privés trouvent leur part également. Donc si la SNCF ne se réforme pas, ce sont les opérateurs privés qui feront le trafic à sa place, ce peut être demain les chemins de fer allemands. Donc, il y a une nécessité absolue pour la SNCF de reconquérir le fret. C'est une nécessité pour l'entreprise et aussi pour la vie quotidienne des Françaises et des Français.
Q.- Quittons le rail pour la route. Etes-vous favorable à un contrôle technique pour les deux roues ?
R.- L'idée a été lancée, je n'ai pas encore lu le rapport. Donc, je ne me prononcerai pas, ce n'est pas un joker...
Q.- Vous ne pouvez pas nous dire, oui ou non ?
R.- Si vous voulez, cela dépend du type de deux roues. On peut penser qu'une moto puissante nécessite le même contrôle qu'une voiture. Depuis quelque temps, j'ai un Solex électrique, je ne suis pas sûr que mon Solex électrique, qui est un deux roues, qu'il nécessite de porter un casque, ait besoin d'un contrôle technique. Donc je suis plutôt réservé, on va regarder cela, cela peut être différent selon le type de véhicule.
Q.- Mais cela peut voir le jour ? Quand allez-vous regardez ?
R.- On a bientôt un Comité interministériel de la sécurité routière sous la présidence du Premier ministre, on va faire le point sur tous les thèmes de sécurité routière. Je peux prendre un autre exemple : il a des gens qui disent qu'il faut porter un casque en vélo. C'est vrai que quand on a des jeunes enfants, en vélo, le casque est nécessaire et très recommandable. Mais si on donne l'obligation de porter le casque en vélo, c'est toute une série de nos concitoyens, qui se sont mis au vélo avec les municipalités, et on va faire baisser la pratique du vélo. Il faut toujours trouver un équilibre entre l'obligation et la sécurité...
Q.- On ne sera pas obligés de porter un casque à vélo ?
R.- Non, mais c'est recommandé à nos enfants.
Q.- La route, le permis de conduire, on attend toujours des réformes autour du permis de conduire. Où en est-on, dites-nous ?
R.- Ça bouge bien. D'abord sur le coût du permis, ensuite sur le permis lui-même. Sur le coût du permis, on est en train de travailler ces parties, la convention est signée avec l'Association des maires de France pour développer l'expérience dont j'ai déjà parlée avec vous sur cette antenne, Carcassonne, ou autre, c'est-à-dire, les communes qui payent une partie du permis en échange de travaux collectifs. On a signé une convention avec l'Association des maires de France pour développer cela sur tout le territoire. De même, sur le permis à 1 euro, qui consiste à avoir une caution bancaire pour permettre de payer le permis, les négociations s'achèvent avec la Caisse des dépôts qui pourrait payer cette caution dans le cas de familles qui ne pourraient pas...
Q.- Dans combien de temps ce sera en place ?
R.- Ce trimestre. Cela, c'est la partie coût du permis. Maintenant, il y a le permis lui-même ; il est très cher !
Q.- Très cher et trop long !
R.- Très cher et long, oui. Surtout quand vous ratez la première fois, ce qui arrive souvent aux jeunes, passer la deuxième fois, c'est très lourd cela demande des (inaud.)
Q.- Que dites-vous aux jeunes alors ?
R.- Il y aura avant l'été une réforme du permis de conduire. Nous avons missionné une équipe avec J. - L. Borloo pour réformer cette affaire. A quoi on pense ? On pense à simplifier l'examen. On pense également à l'examen tout au long de la vie. Je vais prendre un exemple : j'avais vingt ans quand j'ai passé mon permis ; j'ai quelques années de plus. Je trouve que ce ne serait pas mauvais, que j'aille passer une demi-heure avec un inspecteur du permis de conduire qui fasse mon bilan de compétences et qu'il regarde si j'ai les bons réflexes...
Q.- Le bilan tous les combien ? Tous les dix ans ?
R.- Si, vous voulez, il y a les deux hypothèse : la première hypothèse, c'est le volontariat, vous avez envie, vous faites un petit bilan comme vous allez voir votre cardiologue ou vous allez voir un médecin. Vous faites votre bilan de conduite avec des professionnels qui peuvent être soit des auto-écoles, soit des inspecteurs du permis de conduire. Et deuxième possibilité, vous avez été pris en conduite à l'état d'ivresse, vous avez un accident, etc., et là on vous oblige à faire un bilan, non pas de repasser votre permis à point, etc., cela existe par ailleurs. Mais dans certaines circonstances, on vous dit, "allez faire un bilan de conduite pour voir où vous en êtes."
Q.- L'idée, c'est de passer, de repasser son permis.
R.- Ce n'est pas vraiment ça. L'idée, c'est qu'on passerait son permis plus simplement. Le permis serait moins compliqué, moins long à obtenir, et moins cher !
Q.- Plus simplement ?
R.- On va simplifier la procédure. C'est vrai qu'il ne sera pas plus sécuritaire, il sera aussi important et aussi lourd, etc.
Q.-...Avec moins d'heures de cours ?
R.- On va essayer de diminuer les délais. On va faire en sorte que par exemple, un enfant qui veut passer son...
Q.- C'est moins d'heures de cours ou plus d'examinateurs ?
R.- C'est la capacité de pouvoir s'inscrire plus rapidement et passer son permis rapidement. Un enfant qui est en vacances l'été, le 1er juillet, il peut le passer au mois d'août, s'il a fait tout ce qu'il faut au mois de juillet. L'idée, c'est d'aller plus vite...
Q.- Aujourd'hui, ce n'est pas le cas !
R.- Et s'il ne peut pas le passer au mois d'août, qu'il le passe au mois de septembre. Mais qu'on ne lui dise pas, "vous attendez janvier ou février de l'année prochaine". Et la possibilité ensuite, tout au long de la vie de se tester...
Q.- Je voudrais m'arrêter là : pour que cela aille plus vite, il y a deux solutions : soit au réduit le nombre d'heures de cours, d'apprentissage, soit on augmente le nombre d'examinateurs.
R.- Il y aussi une possibilité...
Q.- Laquelle ?
R.- C'est qu'on travaille avec les auto-écoles sur des systèmes de forfait, et je dirais pas d'obligation de réussite, mais que l'auto-école s'engage à donner des heures de cours jusqu'à un certain niveau de passage du permis. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, ce qui coûte très cher aux familles s'explique par le fait que vous prenez un forfait dans une auto-école, vous n'avez pas le permis et après vous allez prendre des heures au coût par coût qui sont très chères. Donc là, peut être, de rendre le forfait plus important...
Q.- Mais cela existe dans certaines auto-écoles déjà.
R.- Oui, mais on veut faire en sorte que sur tout le territoire, tous les jeunes soient égaux devant le permis. Nous avons des moniteurs d'auto-écoles et des auto-écoles qui font très bien leur boulot. On a un système de permis de conduire qui est trop centralisé, trop compliqué qu'on va simplifier. Et on veut privatiser...
Q.- ...l'examen du permis de conduire ?
R.- Non, il ne s'agit pas de privatiser, il s'agit de le rendre plus souple. Et puis, vous savez, concernant l'inspecteur du permis de conduire, je pense qu'il serait important pour lui qu'il se dise, "je ne vais pas, toute ma vie, simplement faire passer le permis de conduire, je vais pouvoir avoir d'autres missions". Et ces autres missions, c'est le contrôle tout au long de la vie surtout sur la base du volontariat...
Q.- Ces examinateurs seront-ils plus nombreux ou pas ?
R.- Il faudra peut être augmenter le nombre ou créer des possibilités d'avoir des renforts avec des hommes et des femmes qui ont déjà accompli des missions de service public. Enfin, tout est possible. Ce que l'on veut, - la copie n'est pas prête - c'est remettre, avec J.-L. Borloo, au Premier ministre, avant le printemps, une copie d'un nouveau permis de conduire qui mettra l'accent encore plus sur la sécurité, bien sûr, et puis aussi, sur d'autres choses qui sont les conduites économiques. Comment, aujourd'hui, dans une période de pétrole cher, par le maniement de la boîte de vitesse quand la voiture n'est pas automatique, par des réflexes, etc., diminuer la consommation et diminuer la pollution ? Donc c'est une nouvelle manière d'apprendre à conduire sur laquelle nous travaillons.
Q.- Et avec des examens réguliers tout au long de la vie ; obligatoire ou pas ?
R.- Non, si on le souhaite, je suis pour le volontariat. On a toujours ce débat de dire aux personnes âgées, "vous ne devez plus conduire". Les personnes âgées sont suffisamment responsables pour savoir quand elles ne doivent plus conduire. Et on peut aussi les y aider en faisant un petit bilan de compétences si elles le souhaitent, pour voir où elles en sont.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 21 janvier 2008