Texte intégral
Mes Chers Amis,
Permettez-moi, tout d'abord, de vous présenter mes voeux les plus chaleureux pour cette année 2008.
Vous incarnez la présence française à Bruxelles. Elle repose très largement sur vous.
Aux fonctionnaires européens, je veux dire qu'ils portent l'intérêt général européen, à la Commission et au Parlement européen. Nous souhaitons que leur dévouement trouve sa juste reconnaissance en termes d'évolution de carrière et d'intérêt professionnel. Nous y sommes attentifs.
Aux experts nationaux détachés, que nous veillons à ce que l'expérience qu'ils acquièrent soit valorisée dans leur parcours professionnel. Nous savons que les aller-retour entre Bruxelles et Paris ne sont pas faciles et que nous devons faire des progrès dans ce domaine.
Aux journalistes, qu'ils sont les irremplaçables vecteurs d'une actualité européenne qu'il faut sans cesse décrypter. Ils peuvent compter sur moi pour faire valoir, auprès de leurs rédactions, que l'on ne parlera jamais assez d'Europe, du moment qu'on s'en fait les vulgarisateurs dans le meilleur sens du terme. Ce qui me paraît important surtout, c'est d'assurer une meilleure continuité dans le traitement de l'actualité européenne. Ces jours-ci nous sommes "servis", bien que nous ne soyons pas toujours d'accord.
Je veux saluer le travail de ceux dans les think tanks auxquels revient la difficile mission d'animer le débat d'idées européen et, parfois, de mieux faire comprendre nos positions. C'est un travail important et nous devons les encourager.
Je veux aussi rendre un hommage tout particulier à notre Représentation permanente. Tous ne pouvaient pas être là ce soir - nous manquons de place - mais vous savez le travail exceptionnel qui est le leur sous l'autorité ô combien brillante, pleine d'humour et de distinction de Pierre Sellal et de Philippe Leglise-Costa. J'aurai l'occasion, quand la rénovation du Louvain sera achevée, de saluer tous ceux qui travaillent à la Représentation permanente et sur lesquels nous comptons tant cette année.
Année 2008. Année exceptionnelle pour nous.
L'année 2008, sera une année utile, non pas parce que la France en déciderait ainsi, mais parce que c'est une année de fin de législature et que de nombreux projets arriveront tout naturellement à maturation.
Année fertile, aussi, pour nos institutions. J'espère qu'elle verra la ratification du Traité de Lisbonne par tous les Etats membres. Rien que pour cela, ce sera une année tout à fait particulière. Ce processus de ratification, nous l'avons entamé en France avec la volonté d'aller vite, tout en ayant un débat de qualité au Parlement, débat qui sera prolongé par des réunions thématiques dans les régions françaises que nous souhaitons organiser avec vous.
La seconde moitié de l'année 2008, sera aussi celle de notre présidence du Conseil de l'Union. Cette présidence, avec Bernard Kouchner, nous avons voulu qu'elle soit "européenne" et "citoyenne". Une présidence européenne, vous allez me dire que c'est un pléonasme. Peut-être pas en France. Une présidence est par essence européenne. Ou devrait l'être. Mais justement, c'est parce que j'ai bien conscience que tel n'a pas été toujours le cas, que j'insiste sur la dimension européenne de cette présidence.
Qu'entendons-nous par-là ? Je souhaite, nous souhaitons, "présider" puisque c'est bien de cela qu'il s'agit, en nous effaçant derrière l'intérêt général, en étant les artisans, avec nos partenaires, d'accords politiques à 27 pour faire avancer l'Europe, en sachant mettre sous le boisseau certaines de nos revendications, au demeurant légitimes, parce qu'elles empêcheraient en ce cas l'unité. L'unité, dans le cadre de la présidence, doit absolument être préservée.
Une présidence de dialogue et d'écoute, de respect de nos engagements européens, de travail collectif. Il a commencé d'ailleurs ce travail collectif. Avec la Présidence slovène dont la rigueur et la détermination sont exemplaires et dont les priorités sur les Balkans, sur la stratégie de Lisbonne ou encore sur le multilinguisme rejoignent les nôtres. Et aussi avec le "trio" que nous formerons, avec les présidences à venir, tchèque et suédoise.
Entendons-nous bien, cela ne signifie pas que la France ne nourrit pas d'ambitions pour sa présidence. Que ne dirait-on si c'était le cas ? C'est bien parce que les présidences allemande et portugaise ont été ambitieuses que l'Europe est sortie de la panne institutionnelle dans laquelle elle se trouvait depuis 15 ans. Le mérite leur en revient et je ne le dirai jamais assez.
Faut-il rappeler qu'il fallait la volonté et la pugnacité de quelques responsables politiques engagés pour construire l'Europe que nous connaissons aujourd'hui. Le marché unique, l'euro, auraient-il vu le jour sans un peu d'ambition et surtout beaucoup de détermination ? Cette ambition est, je le redis, au service de l'Europe. Car, comme le dit Jacques Delors, "on est important lorsque l'on est utile". On ne peut pas nous reprocher, à juste titre, d'avoir été trop absent et aujourd'hui nous reprocher d'être trop actif, de soulever certains débats économiques, des débats sur les politiques communes, sur la cohérence politique de l'Europe, sur sa stratégie vis-à-vis de ses partenaires. Ces débats sont utiles. Voyez les progrès faits sur la dimension externe de la stratégie de Lisbonne, sur l'espace de sécurité et de justice, sur la politique de change, sur la protection des citoyens dans la mondialisation ou encore sur la régulation financière.
Poser les débats, dynamiser la discussion c'est faire progresser l'Europe, c'est aussi l'orienter face à un environnement économique de plus en plus incertain. Rappelons-le nettement : nous ne sommes pas encore en présidence, donc nous ne nous comportons pas comme tel. Nous nous comporterons autrement lorsque nous exercerons notre présidence, sans renoncer à notre volonté de faire bouger les choses dans l'intérêt commun.
Je lis, j'entends, que la France énerve ses partenaires, mais ce serait vite oublier que la France avec l'Allemagne ont réussi à remettre le Traité sur les rails, à promouvoir Galileo, à faire prévaloir leurs valeurs communes économiques et sociales dans le domaine industriel ou énergétique. C'est oublier aussi que nous serons au service de l'Europe chez nos amis britanniques pour parler stabilité et transparence financière. C'est oublier qu'avec l'Italie et l'Espagne nous convergeons sur le traitement des flux migratoires et que nous résolvons des querelles vielles de trente ans sur les inter-connexions. C'est oublier enfin que la France n'a jamais été politiquement aussi présente auprès des institutions communautaires, que ce soit la Commission ou le Parlement européen.
Certains dossiers sont devenus ce que nous appelons nos "priorités". Ce sont celles de l'Europe tout entière. Elles sont les réponses que l'Europe doit apporter aux préoccupations de ses citoyens, afin de refonder sa légitimité. Le choix de la lutte contre le changement climatique, celui de la sécurité énergétique, ne s'impose-t-il pas au moment même où la Commission publie son "paquet énergie-climat"? Devions nous faire abstraction de ce travail de la Commission et, comme si de rien n'était, nous choisir d'autres priorités, d'autres projets ? Ce n'est certainement pas ainsi que nous concevons notre présidence.
Nous savons ce que nous devons aux présidences qui nous précèdent. Nous savons ce que nous devons au travail de la Commission. Et c'est justement parce que ce serait faire injure à ce travail de ne pas en concrétiser les potentialités, que nous poursuivrons, avec les 26 autres Etats membres et le Parlement européen, ce qui est sur la table du Conseil grâce à la Commission. En espérant, à notre tour, apporter une certaine valeur ajoutée.
Et je pourrais faire la même démonstration avec la consolidation de l'Europe de la défense ou la question des migrations, préoccupation commune à tous mes interlocuteurs dans chacun des 21 pays que j'ai visités jusqu'ici.
Qu'est-ce qu'une présidence réussie ? C'est une présidence, j'espère vous en avoir convaincu, modeste dans son style, ambitieuse dans ses objectifs et réaliste dans l'exercice quotidien de ses responsabilités. C'est aussi une présidence européenne où nous communiquerons beaucoup en français.
C'est une présidence qui ne néglige aucune institution et je mets un point d'honneur à associer très étroitement le Parlement européen qui est pleinement conscient des responsabilités nouvelles qui lui échoient, véritable et incontournable co-législateur.
C'est une présidence enfin attentive à tous et à toutes.
Nous devons plus que d'autres convaincre que nous savons jouer collectif. Ceux qui me connaissent bien savent que je suis un fan de football. Or une équipe, pour gagner, doit avoir un fond de jeu collectif, quand bien même il y aurait une star dans l'effectif. Les équipes composées uniquement de stars ne gagnent pas toujours, croyez-moi. Et elle a aussi besoin de ses supporters.
Nous avons besoin de vous, partout, pour donner de la France en Europe une image juste, celle d'un pays conscient de ses responsabilités historiques mais aussi de ses devoirs à l'endroit de ses pairs. Vous savez pouvoir compter sur moi pour le rappeler quand il le faudra. Je ne me déroberai pas.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 25 janvier 2008
Permettez-moi, tout d'abord, de vous présenter mes voeux les plus chaleureux pour cette année 2008.
Vous incarnez la présence française à Bruxelles. Elle repose très largement sur vous.
Aux fonctionnaires européens, je veux dire qu'ils portent l'intérêt général européen, à la Commission et au Parlement européen. Nous souhaitons que leur dévouement trouve sa juste reconnaissance en termes d'évolution de carrière et d'intérêt professionnel. Nous y sommes attentifs.
Aux experts nationaux détachés, que nous veillons à ce que l'expérience qu'ils acquièrent soit valorisée dans leur parcours professionnel. Nous savons que les aller-retour entre Bruxelles et Paris ne sont pas faciles et que nous devons faire des progrès dans ce domaine.
Aux journalistes, qu'ils sont les irremplaçables vecteurs d'une actualité européenne qu'il faut sans cesse décrypter. Ils peuvent compter sur moi pour faire valoir, auprès de leurs rédactions, que l'on ne parlera jamais assez d'Europe, du moment qu'on s'en fait les vulgarisateurs dans le meilleur sens du terme. Ce qui me paraît important surtout, c'est d'assurer une meilleure continuité dans le traitement de l'actualité européenne. Ces jours-ci nous sommes "servis", bien que nous ne soyons pas toujours d'accord.
Je veux saluer le travail de ceux dans les think tanks auxquels revient la difficile mission d'animer le débat d'idées européen et, parfois, de mieux faire comprendre nos positions. C'est un travail important et nous devons les encourager.
Je veux aussi rendre un hommage tout particulier à notre Représentation permanente. Tous ne pouvaient pas être là ce soir - nous manquons de place - mais vous savez le travail exceptionnel qui est le leur sous l'autorité ô combien brillante, pleine d'humour et de distinction de Pierre Sellal et de Philippe Leglise-Costa. J'aurai l'occasion, quand la rénovation du Louvain sera achevée, de saluer tous ceux qui travaillent à la Représentation permanente et sur lesquels nous comptons tant cette année.
Année 2008. Année exceptionnelle pour nous.
L'année 2008, sera une année utile, non pas parce que la France en déciderait ainsi, mais parce que c'est une année de fin de législature et que de nombreux projets arriveront tout naturellement à maturation.
Année fertile, aussi, pour nos institutions. J'espère qu'elle verra la ratification du Traité de Lisbonne par tous les Etats membres. Rien que pour cela, ce sera une année tout à fait particulière. Ce processus de ratification, nous l'avons entamé en France avec la volonté d'aller vite, tout en ayant un débat de qualité au Parlement, débat qui sera prolongé par des réunions thématiques dans les régions françaises que nous souhaitons organiser avec vous.
La seconde moitié de l'année 2008, sera aussi celle de notre présidence du Conseil de l'Union. Cette présidence, avec Bernard Kouchner, nous avons voulu qu'elle soit "européenne" et "citoyenne". Une présidence européenne, vous allez me dire que c'est un pléonasme. Peut-être pas en France. Une présidence est par essence européenne. Ou devrait l'être. Mais justement, c'est parce que j'ai bien conscience que tel n'a pas été toujours le cas, que j'insiste sur la dimension européenne de cette présidence.
Qu'entendons-nous par-là ? Je souhaite, nous souhaitons, "présider" puisque c'est bien de cela qu'il s'agit, en nous effaçant derrière l'intérêt général, en étant les artisans, avec nos partenaires, d'accords politiques à 27 pour faire avancer l'Europe, en sachant mettre sous le boisseau certaines de nos revendications, au demeurant légitimes, parce qu'elles empêcheraient en ce cas l'unité. L'unité, dans le cadre de la présidence, doit absolument être préservée.
Une présidence de dialogue et d'écoute, de respect de nos engagements européens, de travail collectif. Il a commencé d'ailleurs ce travail collectif. Avec la Présidence slovène dont la rigueur et la détermination sont exemplaires et dont les priorités sur les Balkans, sur la stratégie de Lisbonne ou encore sur le multilinguisme rejoignent les nôtres. Et aussi avec le "trio" que nous formerons, avec les présidences à venir, tchèque et suédoise.
Entendons-nous bien, cela ne signifie pas que la France ne nourrit pas d'ambitions pour sa présidence. Que ne dirait-on si c'était le cas ? C'est bien parce que les présidences allemande et portugaise ont été ambitieuses que l'Europe est sortie de la panne institutionnelle dans laquelle elle se trouvait depuis 15 ans. Le mérite leur en revient et je ne le dirai jamais assez.
Faut-il rappeler qu'il fallait la volonté et la pugnacité de quelques responsables politiques engagés pour construire l'Europe que nous connaissons aujourd'hui. Le marché unique, l'euro, auraient-il vu le jour sans un peu d'ambition et surtout beaucoup de détermination ? Cette ambition est, je le redis, au service de l'Europe. Car, comme le dit Jacques Delors, "on est important lorsque l'on est utile". On ne peut pas nous reprocher, à juste titre, d'avoir été trop absent et aujourd'hui nous reprocher d'être trop actif, de soulever certains débats économiques, des débats sur les politiques communes, sur la cohérence politique de l'Europe, sur sa stratégie vis-à-vis de ses partenaires. Ces débats sont utiles. Voyez les progrès faits sur la dimension externe de la stratégie de Lisbonne, sur l'espace de sécurité et de justice, sur la politique de change, sur la protection des citoyens dans la mondialisation ou encore sur la régulation financière.
Poser les débats, dynamiser la discussion c'est faire progresser l'Europe, c'est aussi l'orienter face à un environnement économique de plus en plus incertain. Rappelons-le nettement : nous ne sommes pas encore en présidence, donc nous ne nous comportons pas comme tel. Nous nous comporterons autrement lorsque nous exercerons notre présidence, sans renoncer à notre volonté de faire bouger les choses dans l'intérêt commun.
Je lis, j'entends, que la France énerve ses partenaires, mais ce serait vite oublier que la France avec l'Allemagne ont réussi à remettre le Traité sur les rails, à promouvoir Galileo, à faire prévaloir leurs valeurs communes économiques et sociales dans le domaine industriel ou énergétique. C'est oublier aussi que nous serons au service de l'Europe chez nos amis britanniques pour parler stabilité et transparence financière. C'est oublier qu'avec l'Italie et l'Espagne nous convergeons sur le traitement des flux migratoires et que nous résolvons des querelles vielles de trente ans sur les inter-connexions. C'est oublier enfin que la France n'a jamais été politiquement aussi présente auprès des institutions communautaires, que ce soit la Commission ou le Parlement européen.
Certains dossiers sont devenus ce que nous appelons nos "priorités". Ce sont celles de l'Europe tout entière. Elles sont les réponses que l'Europe doit apporter aux préoccupations de ses citoyens, afin de refonder sa légitimité. Le choix de la lutte contre le changement climatique, celui de la sécurité énergétique, ne s'impose-t-il pas au moment même où la Commission publie son "paquet énergie-climat"? Devions nous faire abstraction de ce travail de la Commission et, comme si de rien n'était, nous choisir d'autres priorités, d'autres projets ? Ce n'est certainement pas ainsi que nous concevons notre présidence.
Nous savons ce que nous devons aux présidences qui nous précèdent. Nous savons ce que nous devons au travail de la Commission. Et c'est justement parce que ce serait faire injure à ce travail de ne pas en concrétiser les potentialités, que nous poursuivrons, avec les 26 autres Etats membres et le Parlement européen, ce qui est sur la table du Conseil grâce à la Commission. En espérant, à notre tour, apporter une certaine valeur ajoutée.
Et je pourrais faire la même démonstration avec la consolidation de l'Europe de la défense ou la question des migrations, préoccupation commune à tous mes interlocuteurs dans chacun des 21 pays que j'ai visités jusqu'ici.
Qu'est-ce qu'une présidence réussie ? C'est une présidence, j'espère vous en avoir convaincu, modeste dans son style, ambitieuse dans ses objectifs et réaliste dans l'exercice quotidien de ses responsabilités. C'est aussi une présidence européenne où nous communiquerons beaucoup en français.
C'est une présidence qui ne néglige aucune institution et je mets un point d'honneur à associer très étroitement le Parlement européen qui est pleinement conscient des responsabilités nouvelles qui lui échoient, véritable et incontournable co-législateur.
C'est une présidence enfin attentive à tous et à toutes.
Nous devons plus que d'autres convaincre que nous savons jouer collectif. Ceux qui me connaissent bien savent que je suis un fan de football. Or une équipe, pour gagner, doit avoir un fond de jeu collectif, quand bien même il y aurait une star dans l'effectif. Les équipes composées uniquement de stars ne gagnent pas toujours, croyez-moi. Et elle a aussi besoin de ses supporters.
Nous avons besoin de vous, partout, pour donner de la France en Europe une image juste, celle d'un pays conscient de ses responsabilités historiques mais aussi de ses devoirs à l'endroit de ses pairs. Vous savez pouvoir compter sur moi pour le rappeler quand il le faudra. Je ne me déroberai pas.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 25 janvier 2008