Texte intégral
Mesdames et messieurs,
Ces vœux à la presse sont un exercice ritualisé. On fait le bilan du passé. On trace les perspectives pour l'avenir. Pour bâtir un discours, ça facilite le travail. On n'a pas d'hésitation sur le plan. C'est nécessairement un plan en deux parties : avant - après.
Hormis qu'aujourd'hui, l'heure est au changement. C'est donc une intervention en trois parties que je vous proposerai : Les perspectives. Les perspectives. Les perspectives !
Là, vous vous dites que ça va être : Grand 1 : la santé. Grand 2 : la jeunesse. Grand 3 : les sports.
Eh bien, non ! Ce n'est pas ainsi que je voudrais aujourd'hui vous présenter les perspectives de mon action.
Ministre de la santé, de la jeunesse et des sports, je ne poursuis, en vérité, qu'un seul et même objectif, en regardant loin devant : donner à notre jeunesse, aux générations futures, les moyens de vivre demain dans une société de confiance.
J'aimerais que nous puissions à l'occasion de cette nouvelle année, considérer ensemble, un moment, l'avenir d'un œil neuf.
Je voudrais vous dire très simplement quel est, compte tenu du périmètre ministériel inédit que le Président de la République a voulu pour ce grand ministère, le sens de mon action, la raison d'être de mon travail, ce que je veux, ce que je souhaite accomplir.
Non pas faire avancer tel ou tel dossier pris séparément, mais conduire une politique globale, cette politique de la vie dont notre pays a besoin.
Cette politique qui part du principe que la qualité est plus importante que la quantité, que s'agissant de ce qui touche intimement à la vie, les critères qualitatifs sont plus importants que les critères quantitatifs, a des effets très concrets et très tangibles.
Faire valoir les exigences de la vie, nécessairement qualitatives, c'est s'affranchir du diktat de la performance à tout prix qui peut conduire, dans le sport, au dopage, c'est protéger les jeunes de l'addiction, c'est, dans nos sociétés aux mœurs chimiquées, vouloir instaurer, par exemple, un usage éclairé et responsable du médicament, c'est mener une politique de prévention innovante qui permette de vivre mieux plus longtemps, c'est repenser la fonction du sport et la pratique de l'exercice physique.
C'est aussi, bien sûr, concevoir, pour demain, un système de santé dont l'efficience permette, sur tout le territoire, de manière plus équilibrée, un égal accès à des soins de qualité. C'est mieux gérer pour soigner mieux.
Ainsi, c'est cette finalité qualitative de ma politique qui structure aujourd'hui mon action ministérielle. Les réformes nécessaires et attendues que je veux conduire, procèdent d'un seul et même projet de société : assurer à nos concitoyens une meilleure qualité de vie.
C'est pour notre jeunesse que nous avons l'obligation de réussir nos réformes.
C'est pour elle que nous devons œuvrer à l'édification d'une société de confiance où l'effort demandé à toutes les générations soit plus équitablement partagé.
C'est pour cette jeunesse qu'il faut changer.
C'est pour elle qu'il faut conjurer la fatalité de l'inertie que la chronique ininterrompue d'ajustements incessants ne permet pas de déguiser.
L'optimisme de notre jeunesse, sa foi dans l'avenir, son envie d'agir, dépend, en partie, de la capacité de ses aînés à se mobiliser pour que le monde change, de notre sens des responsabilités qui implique de ne pas leur faire payer, demain, le prix de notre inconséquence, bref, de notre générosité.
A cette jeunesse qui doute, mais qui attend beaucoup, je veux dire que j'ai confiance en elle, en sa créativité, en son dynamisme, en son enthousiasme, mais aussi en son sens des responsabilités, en sa capacité à être associée aux grandes décisions qui, demain, détermineront son avenir.
Cette société de confiance repose également sur la vitalité du tissu associatif dans notre pays.
Cette vitalité est, avec l'implication civique, un des signes qui manifeste la bonne santé d'une société démocratique. Elle constitue même le meilleur indice du primat, sur les penchants individualistes, de l'exigence de solidarité.
L'engagement bénévole, sans conteste, procède d'un choix éthique. Il manifeste un attachement aux principes consubstantiellement liés de solidarité et de responsabilité individuelle.
Il nous rappelle, fort heureusement, que notre pays n'est pas aujourd'hui devenu un de ces pays froids, régi par la seule loi de l'intérêt particulier, n'obéissant qu'aux règles de la civilité marchande, si bien décrites, en son temps, par Montesquieu dans L'esprit des lois.
Ainsi, la France qui compte près de 15 millions de bénévoles, engagés dans plus d'un million d'associations, fait preuve de son attachement à cette culture du don enracinée dans la tradition des sociétés hospitalières.
Cette extraordinaire vitalité du bénévolat renvoie bel et bien l'image d'un pays solidaire et généreux, d'une France au service des autres.
En 2008, et comme le Président de la République s'y est engagé, je prendrai des initiatives pour encourager et valoriser l'engagement bénévole et conforter le dynamisme associatif.
La réforme que je veux pour notre système de santé, n'est pas une énième réforme de l'extérieur imposée, préfabriquée, technocratique.
Dans cet esprit, j'ai voulu une concertation large et précise. Je veux aussi que la mise en œuvre des mesures utiles soit accompagnée, sur la durée, par les représentants professionnels.
Les réformes subies ne sont pas de bonnes réformes. Aucune réforme ne saurait porter tous ses fruits sans prendre fermement racine.
Le changement ne se décrète pas. Aucune réforme efficace ne descend du ciel, toute armée et casquée.
Aussi, c'est avec toutes celles et tous ceux qui font vivre au quotidien notre système de santé que je travaille à l'amélioration qualitative de ce système.
Je connais les fatigues de leur métier, leur dévouement qui va souvent jusqu'au dépassement de soi, au don de soi.
Jamais, je n'agis sans avoir clairement en tête les exigences spécifiques de la pratique libérale et celles, bien entendu, qu'implique le service public de santé.
Je connais les compétences de chacun. Je mesure bien les sacrifices, les contraintes en tout genre qu'implique l'exercice de métiers souvent astreignants.
Aussi, je souhaite promouvoir les changements qui seront de nature à favoriser un meilleur exercice de ces métiers, qui permettront de valoriser, comme il se doit, les professions de santé, dans l'intérêt même du patient que je veux placer au cœur du système.
A titre d'exemple, je m'apprête à favoriser la réforme LMD, réforme attendue, réforme nécessaire, réforme à laquelle je crois et que je veux depuis longtemps.
Notre projet est pragmatique et responsable.
Il nous revient, en effet, de garantir la pérennité de cette maison commune aux assises solidaires qui nous a été léguée en partage. Notre système de santé est notre patrimoine commun. Quelle sorte de patrimoine pourrait prétendre traverser le temps, sans que soit assurée la solidité de ses fondements, sans qu'en soient examinés, avec vigilance, les soubassements ?
C'est dans cet esprit prospectif que j'ai voulu un PLFSS 2008 équilibré et responsable.
C'est dans la même optique que j'aborde cette année de réforme.
La ministre de la qualité des soins que je veux être prendra chacune de ses décisions avec pour seul souci d'assurer au long cours l'amélioration qualitative de notre système de soins.
L'ensemble de nos réformes procéderont d'une seule et même démarche de santé publique. Pour moi, la politique de santé ne saurait, sans perdre son âme, se réduire à la seule gestion des choses. Elle est, bien au contraire, l'expression même de cette politique de la vie qui se définit d'abord et essentiellement par sa portée éthique.
Les esprits, je crois, sont prêts, plus que jamais, pour que soit menée dans notre pays, de manière constructive, cette réforme d'envergure.
Ainsi, les quatre grandes missions engagées, la mission Larcher sur l'hôpital, les états généraux sur l'organisation de la santé, la mission Flajolet et la mission Ritter devraient nous permettre de présenter, dès l'été, un projet de loi sur la modernisation du système de santé, procédant de cette visée qualitative.
La mission Larcher sur l'hôpital a ainsi pour objectif de permettre à l'hôpital d'assurer son rôle dans de meilleures conditions, de renforcer le pilotage, de mieux structurer le service hospitalier de territoire pour le plus grand bénéfice des populations, d'améliorer l'attractivité des métiers de l'hôpital, de dynamiser la recherche et l'enseignement, de mieux garantir la continuité entre les soins et le médico-social.
Les états généraux sur l'organisation de la santé devraient nous permettre de dégager les solutions permettant de remédier à l'inégale répartition des médecins sur le territoire. Ces états généraux illustrent la volonté du gouvernement de renforcer les soins primaires, le premier recours.
La troisième mission, conduite par le député André Flajolet, a pour but d'établir un état des lieux très précis des inégalités territoriales dans les résultats des politiques de santé publique, de manière à proposer les mesures adaptées.
Enfin, Philippe Ritter a conduit une mission sur les agences régionales de santé. Une esquisse de son rapport m'a été remise. Un peu de travail est encore nécessaire et nous aurons un schéma ouvert, incluant des options permettant de débattre et de mener une concertation. Là encore, il s'agit d'engager les réformes qui permettront une meilleure adaptation des politiques nationales, en mettant un terme aux cloisonnements inutiles, préjudiciables au patient.
Comme je vous le disais, ces réformes annoncées trouveront à l'été leur concrétisation dans un projet de loi ambitieux qui trace désormais clairement la perspective de notre action.
La politique de santé, vous l'aurez compris, telle que je la conçois, et quelque soit la complexité des enjeux, ne saurait se réduire à un exercice de gestion technocratique.
Elle implique de profondes mutations dans nos habitudes et nos manières de penser.
Ainsi, l'action que nous menons n'a véritablement de sens, n'est, dans son acception la plus noble, authentiquement politique, qu'à la seule condition d'être porteuse d'un véritable projet de société.
Il en va de même, bien entendu, de notre politique du sport.
Bernard LAPORTE développera dans quelques instants les priorités qu'ensemble nous avons définies dans le domaine sportif.
Là encore, c'est aux jeunes que nous pensons quand nous menons la lutte contre le dopage, pour promouvoir la valeur exemplaire de la pratique sportive, quand nous voulons repenser la place du sport à l'école et dans les activités périscolaires.
C'est dans le même esprit prospectif que nous réfléchissons à la mise en place d'un service civil.
L'ensemble de ces sujets, les questions de santé publique tout autant que la réflexion éthique portant sur la pratique sportive et l'engagement associatif, intéresse aujourd'hui un nombre toujours plus grand de nos concitoyens.
Ces questions sont amenées à occuper une place de plus en plus prépondérante dans le débat public.
Aussi avez-vous, en tant que journalistes, un rôle éminent à jouer, non seulement dans le suivi de l'actualité, mais aussi pour donner au plus grand nombre matière à penser ce qui engage notre avenir à tous.
Je sais pouvoir compter sur vous pour scruter d'un œil vigilant et -heureusement- critique notre action, pour nous rappeler nos engagements, pour être cet aiguillon indispensable qui nous évite de sombrer dans la torpeur, dans la facilité ou -sait-on jamais- dans l'autosatisfaction !
Avant de passer la parole à Bernard Laporte, permettez-moi de vous présenter, à toutes et à tous, mes vœux de bonheur les plus chaleureux, pour cette année 2008 qui s'annonce, quoi qu'il arrive, riche et passionnante pour nous tous !
Source http://www.sante-jeunesse-sports.gouv.fr, le 21 janvier 2008