Texte intégral
Bonjour à chacune et chacun d'entre vous, Mesdames et Messieurs les directeurs et directrices, Mesdames et Messieurs,
Pardonnez-moi de ne pas être physiquement présent à ce séminaire. Je me trouve ce matin au Sommet de l'élevage et je serai cette après-midi à la foire-exposition de Mulhouse. Je souhaitais toutefois vous dire par le truchement de cette caméra l'importance que j'attache à l'enseignement agricole, qui représente tant pour ce grand Ministère de l'Agriculture et de la Pêche, puisqu'il mobilise notamment la moitié de ses agents.
Je voulais aussi vous dire à quel point, à travers la mission qui est la vôtre, vous constituez la clé de l'avenir de notre agriculture, de sa compétitivité et de sa modernité, à un moment où nous avons à relever un certain nombre de défis alimentaires, ruraux et écologiques. C'est précisément ce que m'a dit le Président de la République dans la lettre de mission qu'il m'a adressée, reconnaissant l'importance et l'excellence de l'enseignement agricole. Les chiffres d'ailleurs le prouvent, avec un taux de réussite aux examens de 79% et un taux d'insertion professionnelle de 83%.
Nous sommes à quelques semaines de la rentrée scolaire, dont je veux dire quelques mots. Elle a été globalement bonne. Les effectifs s'élèvent à 175 000 élèves, pour un nombre de classes stable. L'enseignement agricole reste attractif, puisque 85 % de nos élèves ne sont pas issus du monde agricole. Je voulais donc vous remercier de votre engagement et de votre disponibilité. Il y a eu bien entendu des difficultés, qui ont été réglées grâce à vos efforts, ceux de vos équipes, et grâce à un dialogue interactif entre la DGER, les DRAF et vos équipes sur le terrain. J'ai pu vérifier personnellement les conditions de cette rentrée dans le grand lycée agricole et viticole d'Avize. J'ai été impressionné par la motivation et l'engagement des équipes pédagogiques et administratives.
Nous devons consolider ces résultats et être ambitieux, et je serai ambitieux avec vous pour l'enseignement agricole et pour soutenir sa spécificité. Je vous propose de travailler pour les mois et les années qui viennent à 5 grands objectifs ou 5 grandes exigences pour améliorer ensemble la qualité de l'enseignement agricole :
- 1) La première exigence est de moderniser les programmes et les diplômes, et faire en sorte qu'ils soient mieux reconnus en Europe. Je pense en particulier à la réforme des BTS agricoles.
- 2) Le deuxième point est d'harmoniser l'offre de formation, et d'éviter certaines concurrences entre les établissements en région.
- 3) Le troisième point est de renforcer les formations qui touchent au coeur du métier d'agriculteur à une époque nouvelle et passionnante, quoique difficile, où il faudra produire à la fois plus et mieux.
- 4) Le quatrième point sera de développer les formations liées à l'alimentation, aux démarches d'identification et de traçabilité des produits, en liaison avec le plan pour l'agriculture biologique que je viens d'annoncer et que je suivrai personnellement.
- 5) Le cinquième point est d'engager nos jeunes vers les nouveaux métiers du monde rural, comme la gestion et la protection du patrimoine naturel et des paysages et l'aménagement des territoires ruraux. Le coeur des formations restera le métier d'agriculteur dans toutes ses nouvelles dimensions, mais il y a dans le monde rural d'autres métiers.
Nous ne resterons pas à l'écart des chantiers ouverts par le Ministre de l'Education Nationale. Je pense au développement du soutien scolaire, au rapprochement des baccalauréats généraux et technologiques, et aussi à la nouvelle organisation du temps et de la gestion de la semaine scolaire. Je souhaite une véritable concertation à tous les niveaux sur ces sujets.
Un autre chantier, auquel je tiens, a été ouvert par le Premier Ministre et le gouvernement : celui de la revalorisation du métier d'enseignant. Là encore, nous entendons nous associer de manière proactive aux travaux du comité présidé par Marcel Pochard.
J'ai pu observer à l'occasion de mes contacts sur le terrain avec les responsables de l'enseignement agricole, en particulier public, que nous avons sur certains des chantiers que je viens d'évoquer de l'avance, voire que nous pouvons nous constituer en exemple. Je pense à notre ouverture ancienne au monde du travail, à l'autonomie de nos établissements, au soutien que nous accordons à la vie scolaire, soutien que j'ai voulu maintenir cette année malgré le contexte général de maîtrise des dépenses publiques.
Quand on parle de l'enseignement agricole et de l'agriculture, au-delà des questions professionnelles, fonctionnelles et statutaires, au-delà des moyens budgétaires, on parle aussi des grands rendez-vous qui sont devant nous et qui nous donnent une perspective pour l'ensemble du monde agricole et rural. Ces rendez-vous sont d'abord, ainsi que le rappelait le Président de la République il y a quelques jours, les réformes européennes en matière de Politique Agricole Commune. Nous avons l'ambition là encore d'être proactifs et non sur la défensive, de manière à passer collectivement de ce que nos compatriotes perçoivent souvent comme une logique de guichet à une logique de projet. Ce projet, auquel je veux travailler avec l'ensemble de l'enseignement agricole, doit être un projet pour l'alimentation, pour la ruralité, pour l'agriculture et pour la pêche. Nous allons travailler dès la présidence française de 2008 à ouvrir le débat avec nos partenaires européens, sans complexe et sans tabou. Je voulais redire le rôle majeur et névralgique, dans ce projet, de tout ce qui touche à la formation et à la recherche, que j'ai essayé de préserver dans le budget du Ministère pour 2008.
Parmi les rendez-vous qui nous attendent, il en est aussi un plus immédiat, auquel nous avons beaucoup travaillé et qui intéresse beaucoup des métiers auxquels vous préparez les jeunes dans nos établissements : le « Grenelle de l'environnement ». Le défi pour moi le plus important est celui du changement climatique et de la manière de produire, transporter et consommer autrement, en faisant davantage attention aux ressources et aux espaces naturels. Nous avons, avec l'ensemble du monde agricole et des fonctionnaires de ce Ministère, pris une part positive à ce grand rendez-vous. Pour toutes sortes de raisons, qui tiennent à ce que je crois, et parce que je pense que les agriculteurs sont à l'avant-garde de ce défi, nous avons voulu y prendre toute notre part.
Un dernier point parmi les chantiers ouverts au niveau de l'Etat est la révision générale des politiques publiques. Notre Ministère doit lui aussi participer du mouvement qui est imprimé à notre pays. Le gouvernement est engagé dans cette révision générale des politiques publiques avec l'idée de faire vivre l'administration et l'Etat avec leur temps tout en préservant leur âme. Concernant notre Ministère, des perspectives d'évolution se font jour. Dans chaque département, nous travaillerons de plus près avec les Directions départementales de l'équipement, comme c'est déjà le cas dans 8 départements. Cela se traduira par la création de nouveaux services départementaux pour l'équipement, pour l'agriculture, pour la forêt et pour le développement durable. Je souhaite également un renforcement des échelons régionaux. C'est à ce niveau que s'effectue la coordination en matière d'enseignement. J'essaierai d'ailleurs de mieux faire travailler les recteurs avec les Directeurs régionaux de l'agriculture et de la forêt.
Voilà donc quelques éléments de cette révision générale des politiques publiques et de cette modernisation de l'Etat, auxquelles notre Ministère prendra sa part. L'agriculture est en mouvement, le métier d'agriculteur retrouve une actualité et une véritable légitimité dans un monde qui connaît des pénuries dans certaines régions et qui aura faim. Selon les calculs de l'INRA, la production agricole devra être doublée d'ici 2050 pour répondre aux besoins de 9 milliards d'habitants de la Terre. Produire plus et produire mieux, c'est la raison d'être du métier d'agriculteur et c'est à quoi nous devons préparer dans nos établissements les jeunes Français qui s'intéressent à ces métiers, et avec raison, puisqu'il s'agit de métiers d'avenir.
Je vous souhaite une bonne journée de travail, et je serai attentif aux conclusions, remarques et critiques qui en ressortiront.
Source http://www.chlorofil.fr, le 22 janvier 2008