Texte intégral
C. Barbier.- 0,8 % c'est la hausse du point d'indice, en deux temps, mars et octobre, concédée aux syndicats cette nuit par vous-même, par le Gouvernement, pour l'année 2008. Les négociations sont suspendues pendant 48 heures. Les syndicats ont donc ce délai pour donner leur réponse. Est-ce que vous êtes prêt néanmoins au Gouvernement à de nouvelles concessions pour les faire tomber du bon côté ?
R.- Non.
Q.- 0,8, on ne bouge plus ?
R.- Oui. Ils demandaient le point d'indice, c'est à dire 1 %, ou l'inflation à 1,6. Toute la journée, j'avais rappelé les vérités d'évidence : les caisses sont vides.
Q.- Ainsi, cela ne fait que 24 euros pour les bas salaires, ce n'est pas énorme non plus !
R.- Oui, mais vous calculez comme cela... Nous avons avec E. Woerth - et c'est la première fois que le ministre de la Fonction publique est ministre du Budget, et vice versa - donc, c'est lui qui savait quelle marge il pouvait utiliser. Et elle n'était pas très vaste cette marge.
Q.- Elle est utilisée à plein, là ?
R.- Elle est utilisée à plein, parce qu'il y a beaucoup de choses dans cet accord. Vous voyez, cela fait tout cela ! C'est quand même un gros dossier. Ce n'est pas seulement, parce qu'évidemment les syndicats se braquaient sur "on veut le point", c'est-à-dire 1 % ou l'inflation à 1,6. Non, on ne pouvait pas. Nous en avons profité pour garantir ce qu'on appelle maintenant la GIPA, - la garantie individuelle du pouvoir d'achat - quand dans les études, on a découvert que 17 % des fonctionnaires n'avaient pas eu l'augmentation de l'inflation. C'est intéressant cela. On a demandé une étude à l'INSEE, à la Direction du budget et à la Direction de la fonction publique.
Q.- Cela fait plus de 150.000 fonctionnaires ! Est-ce qu'ils vont avoir un rattrapage sur les années 2003-2007 ?
R.- Oui.
Q.- C'est une somme énorme que vous allez débourser !
R.- Ce n'est pas énorme mais c'est très important. Et comme a dit E. Woerth, il n'est pas normal que quelqu'un qui travaille pour l'Etat perde du point d'achat.
Q.- Il ne faut pas mieux de jouer sur le point d'indice, donner un peu plus, monter à 1,6 ?
R.- Mais c'est énorme, c'est énorme !
Q.- Revenons sur le délai de 48 heures. F. Chérèque pour la CFDT dit : "c'est une grosse déception ce 0,8 %". C'est le début d'un refus ?
R.- Non, mais ce sera leur problème.
Q.- Ce sera le vôtre, vous allez devoir décider.
R.- L'Etat ne peut pas donner le mauvais exemple à un moment où l'on dit il faut gérer prudemment partout.
Q.- Si les syndicats disent non, vous décidez 0,8 - vous l'avez promis cette nuit, ou vous revenez à 0,5 qui était votre proposition initiale ?
R.- C'est une bonne question. Dans ce cas, c'est le ministre du Budget qui décidera unilatéralement. Depuis 98, on n'a pas signé un seul accord. Nous on voulait innover ; on a discuté avec les syndicats depuis bientôt un an, en se respectant mutuellement. Vous avez constaté que le ton est extrêmement apaisé : il n'y a pas d'insultes, il n'y a pas de provocations. Mais on ne peut pas faire plus. Et il faut que cela change.
Q.- On est à 0,8, cela pourrait revenir à 0,5 si vraiment ça achoppe ?
R.- Dans ce cas, c'est le ministre du Budget E. Woerth qui décidera.
Q.- La CGT dit qu'elle prendra le temps qu'il lui faudra pour réfléchir, et que 48 heures, c'est un ultimatum qu'elle récuse. Vous êtes prêt à donner un peu plus de temps ?
R.- Oui bien sûr. Ils nous l'ont dit hier. La CGT est tout à fait responsable. Tous les syndicats en face de nous sont responsables.
Q.- Jusqu'à la fin de la semaine ?
R.- Non, parce qu'il y a d'autres évènements : nous avons le dialogue social. C'est une autre négociation qui va commencer le 20, c'est-à-dire demain.
Q.- Donc, jeudi, il faut que ce soit plié ?
R.- A peu près.
Q.- "Les caisses sont vides", disiez vous encore au début de cette émission. E. Woerth, lui, a dit, qu'il y avait des marges de manoeuvre. Alors qui faut-il croire ?
R.- Le ministre du Budget.
Q.- Alors, c'est quoi les marges de manoeuvre ? C'est la garantie individuelle du pouvoir d'achat ? Il y a d'autres choses par exemple, ce qu'on appelle le "glissement vieillesse technicité", c'est-à-dire l'augmentation à l'ancienneté. On pourrait freiner, cela dépense beaucoup d'argent, et puis, gonfler de l'avancement au mérite ?
R.- C'est exactement la position du Gouvernement. Le GVT cela représente 60 % de la progression. Le point d'indice ce n'est que 30 %. Donc, nous voulions, nous, écarter un peu ce point d'indice que j'avais qualifié de "crocodile empaillé" sur ce même plateau - ce qui m'a valu l'enthousiasme frénétique de mes amis syndicalistes. Mais c'est vrai ce que j'ai dit, en bonne part c'est vrai.
Q.- Il a encore des dents votre crocodile ?
R.- Il a encore quelques dents. Mais surtout les syndicats y tiennent. Donc, nous avons fait un pas important en disant : "on va reprendre partiellement le point d'indice, mais surtout, on va l'enrichir". Par contre, nous voulons que le mérite soit pris en compte, d'ailleurs que ce soit de façon collective ou individuelle. Nous voulons le changer, voilà l'idée. On est sur les mêmes schémas depuis longtemps. On se jetait à la figure des chiffres. Aujourd'hui, nous avons la réalité. C'est vrai que 17 % des fonctionnaires ont touché moins que la progression de l'inflation. Mais d'autres, 70 % ont touché plus. Enfin, qu'il y ait un peu de sagesse, un peu de raison dans les statistiques.
Q.- Une partie des hausses de salaires promises aux fonctionnaires sont financées par les fonctionnaires qui partent en retraite et qui ne sont pas remplacés. Pour augmenter plus ceux qui restent, il suffit d'en faire partir plus et d'en remplacer moins.
R.- Il a été dit qu'on ne remplacerait sur le septennat que 1 pour 2.
Q.- Le quinquennat !
R.- Le quinquennat, oui. Cela n'est pas un plan social : on ne licencie personne. Mais il faut aussi comprendre que d'après les études que nous a livrées l'OCDE, la France a choisi l'effectif et non pas la rémunération. La masse globale par rapport au PIB est comparable à l'Italie, à l'Angleterre, limite l'Allemagne. Mais surtout, c'est nous qui avons le plus de fonctionnaires...
Q.- Moins bien payés !
R.-...et le plus mal payés. C'est de cela que nous voulons sortir. C'est très difficile à mettre en oeuvre. J'étais à Berlin vendredi dernier et nous avons décidé que quand la France serait présidente de l'Union européenne, on échangerait les ministres de la Fonction publique et on échangerait les syndicats. Cela peut être intéressant comme expérience.
Q.- Dans l'accord, il y a aussi la possibilité de racheter des jours de RTT, quatre jours sur l'année 2007 ; plus de 100.000 fonctionnaires l'ont fait. La vous voulez monter à douze jours. Combien cela va-t-il coûter ? Est-ce que vous irez encore plus loin que douze jours ?
R.- Oui, tout cela est facile à calculer. La surprise, c'est que, quand nous avions proposé le rachat de quatre jours, les syndicats n'étaient pas très favorables. Sur les 130.000 fonctionnaires concernés, 100.000 ont fait valoir ce droit. Donc, nous voulons aller plus loin, parce qu'après tout, c'est une façon d'augmenter le pouvoir d'achat.
Q.- On pourrait aller au-delà des douze jours ?
R.- Je ne crois pas.
Q.- Vous proposez une prime de départ à ceux qui quittent la fonction publique. Combien de fonctionnaires souhaitez-vous voir partir avec ce système ? Est-ce que vous l'avez chiffré ?
R.- Nous voulons simplement répondre à l'aspiration des fonctionnaires à la mobilité ; 86 % des fonctionnaires souhaitent pouvoir bouger et 26 % nous ont dit : "pourquoi pas aller ailleurs, ouvrir un magasin, nous lancer dans autre chose ?". Donc, ce pécule, puisque le mot était un peu suranné, retient l'attention. C'est comme en amour : on veut bien rester, mais à condition de pouvoir partir. Le problème est de ne pas nous priver des plus jeunes et des meilleurs fonctionnaires.
Q.- Donc, vous choisirez ceux qui partent ? Tout le monde n'aura pas le droit ?
R.- Cela va être difficile à imposer, mais pour la mobilité, il y aura un droit à la mobilité.
Q.- Alors, il y a ceux qui partent et il y a ceux qui entrent. Vous recevez aujourd'hui un rapport sur les concours administratifs. Faut-il supprimer les concours dans la fonction publique ?
R.- Absolument pas. Madame Desforges nous remet un rapport sur les concours. Nous avons également un autre rapport, enfin rapport, premièrement les textes de concours. Un normalien comme vous devrait s'amuser. "La Princesse de Clèves" : est-ce que d'abord, est-ce que c'est elle-même qui a écrit le texte ?
Q.- Le rapport que vous recevez d'ailleurs est-il de madame de La Fayette ?
R.- Voilà, où à monsieur de la Rochefoucauld, puisque vous savez qu'il y a toujours une polémique. Et puis, deuxièmement, nous avons un rapport sur l'organisation des concours, qui est absolument scandaleuse en France. C'est un gâchis total, et là encore, il faut garder les concours, mais mieux les organiser.
Q.- L'opposition dénonce l'opération surmédiatisée de Villiers-le-Bel. Le Gouvernement a-t-il cherché un coup de pub avec ce déploiement de police ?
R.- Cela m'étonnerait. C'est très dangereux, ce genre de médiatisation. Il peut y avoir une bavure en permanence, mais j'écoutais votre éditorial : quand la police est un peu marquée par les médias, on constate que ça se passe mieux. Donc, il faut quand même rendre hommage à la transparence avec laquelle s'est déroulée cette opération.
Q.- Est-ce que le Président Sarkozy cherche à se poser en martyr en ce moment pour redresser la barre dans les sondages ?
R.- Je crois qu'il ne cherche rien du tout, mais je fais confiance à l'ineptie de l'opposition mondaine pour le transformer en victime. C'est scandaleux ce qui est raconté. Franchement. Ce texte de Marianne est ahurissant.
L'appel républicain !
R.- Même mon ami M. Leroy s'est fait piéger.
Q.- J.-M. Cavada, impassible dans une réunion publique où un orateur met en question les subventions juives à des fins électorales. Il ne bouge pas. Etes-vous choqué ? Est-ce une faute politique ?
R.- Non, je pense qu'il a réagi, mais qu'on n'en a pas pris note.
Q.- On ne le voit pas beaucoup sur les vidéos ! Il est un peu impassible.
R.- On est harcelé en permanence. Vous allez dans des tas de réunions, des tas de choses, il faut être très vigilant.
Q.- Demain, la Cour de cassation examine le pourvoi que vous avez formulé contre votre mise en examen dans une affaire très compliquée de Fondation d'art dans les Hauts-de-Seine. Si votre mise en examen est confirmée, est-ce que vous renoncez aux élections municipales ?
R.- Non, il n'y a aucune raison.
Q.- Est-ce que vous quittez le Gouvernement, comme le veut une vieille jurisprudence ?
R.- Non, non, il n'y a aucune raison. Non, parce qu'il y a plein de recours, etc. C'est un jeu extrêmement désagréable mais purement juridique.
Q.- Grogne à Paris où il n'y a pas de candidats Nouveau Centre éligibles comme conseillers de Paris, envie de liste autonome aux européennes de 2009 ; est-ce que le Nouveau Centre est en train de prendre ses distances avec l'UMP ?
R.- Le Nouveau Centre peut rendre service à l'UMP s'il est autonome. Ça a toujours été notre règle, et aujourd'hui, compte tenu des conditions dans lesquelles le Nouveau Centre a été lancé, il n'est pas mauvais que nous nous rappelions à l'existence...
Q.- Pas de confédération ?
R.- Le président de la République a un avis sur la question. Donc, nous verrons, nous lui faisons confiance, car c'est pour lui que nous avons rejoint la majorité présidentielle.
Q.- A. Santini, merci.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 19 février 2008
R.- Non.
Q.- 0,8, on ne bouge plus ?
R.- Oui. Ils demandaient le point d'indice, c'est à dire 1 %, ou l'inflation à 1,6. Toute la journée, j'avais rappelé les vérités d'évidence : les caisses sont vides.
Q.- Ainsi, cela ne fait que 24 euros pour les bas salaires, ce n'est pas énorme non plus !
R.- Oui, mais vous calculez comme cela... Nous avons avec E. Woerth - et c'est la première fois que le ministre de la Fonction publique est ministre du Budget, et vice versa - donc, c'est lui qui savait quelle marge il pouvait utiliser. Et elle n'était pas très vaste cette marge.
Q.- Elle est utilisée à plein, là ?
R.- Elle est utilisée à plein, parce qu'il y a beaucoup de choses dans cet accord. Vous voyez, cela fait tout cela ! C'est quand même un gros dossier. Ce n'est pas seulement, parce qu'évidemment les syndicats se braquaient sur "on veut le point", c'est-à-dire 1 % ou l'inflation à 1,6. Non, on ne pouvait pas. Nous en avons profité pour garantir ce qu'on appelle maintenant la GIPA, - la garantie individuelle du pouvoir d'achat - quand dans les études, on a découvert que 17 % des fonctionnaires n'avaient pas eu l'augmentation de l'inflation. C'est intéressant cela. On a demandé une étude à l'INSEE, à la Direction du budget et à la Direction de la fonction publique.
Q.- Cela fait plus de 150.000 fonctionnaires ! Est-ce qu'ils vont avoir un rattrapage sur les années 2003-2007 ?
R.- Oui.
Q.- C'est une somme énorme que vous allez débourser !
R.- Ce n'est pas énorme mais c'est très important. Et comme a dit E. Woerth, il n'est pas normal que quelqu'un qui travaille pour l'Etat perde du point d'achat.
Q.- Il ne faut pas mieux de jouer sur le point d'indice, donner un peu plus, monter à 1,6 ?
R.- Mais c'est énorme, c'est énorme !
Q.- Revenons sur le délai de 48 heures. F. Chérèque pour la CFDT dit : "c'est une grosse déception ce 0,8 %". C'est le début d'un refus ?
R.- Non, mais ce sera leur problème.
Q.- Ce sera le vôtre, vous allez devoir décider.
R.- L'Etat ne peut pas donner le mauvais exemple à un moment où l'on dit il faut gérer prudemment partout.
Q.- Si les syndicats disent non, vous décidez 0,8 - vous l'avez promis cette nuit, ou vous revenez à 0,5 qui était votre proposition initiale ?
R.- C'est une bonne question. Dans ce cas, c'est le ministre du Budget qui décidera unilatéralement. Depuis 98, on n'a pas signé un seul accord. Nous on voulait innover ; on a discuté avec les syndicats depuis bientôt un an, en se respectant mutuellement. Vous avez constaté que le ton est extrêmement apaisé : il n'y a pas d'insultes, il n'y a pas de provocations. Mais on ne peut pas faire plus. Et il faut que cela change.
Q.- On est à 0,8, cela pourrait revenir à 0,5 si vraiment ça achoppe ?
R.- Dans ce cas, c'est le ministre du Budget E. Woerth qui décidera.
Q.- La CGT dit qu'elle prendra le temps qu'il lui faudra pour réfléchir, et que 48 heures, c'est un ultimatum qu'elle récuse. Vous êtes prêt à donner un peu plus de temps ?
R.- Oui bien sûr. Ils nous l'ont dit hier. La CGT est tout à fait responsable. Tous les syndicats en face de nous sont responsables.
Q.- Jusqu'à la fin de la semaine ?
R.- Non, parce qu'il y a d'autres évènements : nous avons le dialogue social. C'est une autre négociation qui va commencer le 20, c'est-à-dire demain.
Q.- Donc, jeudi, il faut que ce soit plié ?
R.- A peu près.
Q.- "Les caisses sont vides", disiez vous encore au début de cette émission. E. Woerth, lui, a dit, qu'il y avait des marges de manoeuvre. Alors qui faut-il croire ?
R.- Le ministre du Budget.
Q.- Alors, c'est quoi les marges de manoeuvre ? C'est la garantie individuelle du pouvoir d'achat ? Il y a d'autres choses par exemple, ce qu'on appelle le "glissement vieillesse technicité", c'est-à-dire l'augmentation à l'ancienneté. On pourrait freiner, cela dépense beaucoup d'argent, et puis, gonfler de l'avancement au mérite ?
R.- C'est exactement la position du Gouvernement. Le GVT cela représente 60 % de la progression. Le point d'indice ce n'est que 30 %. Donc, nous voulions, nous, écarter un peu ce point d'indice que j'avais qualifié de "crocodile empaillé" sur ce même plateau - ce qui m'a valu l'enthousiasme frénétique de mes amis syndicalistes. Mais c'est vrai ce que j'ai dit, en bonne part c'est vrai.
Q.- Il a encore des dents votre crocodile ?
R.- Il a encore quelques dents. Mais surtout les syndicats y tiennent. Donc, nous avons fait un pas important en disant : "on va reprendre partiellement le point d'indice, mais surtout, on va l'enrichir". Par contre, nous voulons que le mérite soit pris en compte, d'ailleurs que ce soit de façon collective ou individuelle. Nous voulons le changer, voilà l'idée. On est sur les mêmes schémas depuis longtemps. On se jetait à la figure des chiffres. Aujourd'hui, nous avons la réalité. C'est vrai que 17 % des fonctionnaires ont touché moins que la progression de l'inflation. Mais d'autres, 70 % ont touché plus. Enfin, qu'il y ait un peu de sagesse, un peu de raison dans les statistiques.
Q.- Une partie des hausses de salaires promises aux fonctionnaires sont financées par les fonctionnaires qui partent en retraite et qui ne sont pas remplacés. Pour augmenter plus ceux qui restent, il suffit d'en faire partir plus et d'en remplacer moins.
R.- Il a été dit qu'on ne remplacerait sur le septennat que 1 pour 2.
Q.- Le quinquennat !
R.- Le quinquennat, oui. Cela n'est pas un plan social : on ne licencie personne. Mais il faut aussi comprendre que d'après les études que nous a livrées l'OCDE, la France a choisi l'effectif et non pas la rémunération. La masse globale par rapport au PIB est comparable à l'Italie, à l'Angleterre, limite l'Allemagne. Mais surtout, c'est nous qui avons le plus de fonctionnaires...
Q.- Moins bien payés !
R.-...et le plus mal payés. C'est de cela que nous voulons sortir. C'est très difficile à mettre en oeuvre. J'étais à Berlin vendredi dernier et nous avons décidé que quand la France serait présidente de l'Union européenne, on échangerait les ministres de la Fonction publique et on échangerait les syndicats. Cela peut être intéressant comme expérience.
Q.- Dans l'accord, il y a aussi la possibilité de racheter des jours de RTT, quatre jours sur l'année 2007 ; plus de 100.000 fonctionnaires l'ont fait. La vous voulez monter à douze jours. Combien cela va-t-il coûter ? Est-ce que vous irez encore plus loin que douze jours ?
R.- Oui, tout cela est facile à calculer. La surprise, c'est que, quand nous avions proposé le rachat de quatre jours, les syndicats n'étaient pas très favorables. Sur les 130.000 fonctionnaires concernés, 100.000 ont fait valoir ce droit. Donc, nous voulons aller plus loin, parce qu'après tout, c'est une façon d'augmenter le pouvoir d'achat.
Q.- On pourrait aller au-delà des douze jours ?
R.- Je ne crois pas.
Q.- Vous proposez une prime de départ à ceux qui quittent la fonction publique. Combien de fonctionnaires souhaitez-vous voir partir avec ce système ? Est-ce que vous l'avez chiffré ?
R.- Nous voulons simplement répondre à l'aspiration des fonctionnaires à la mobilité ; 86 % des fonctionnaires souhaitent pouvoir bouger et 26 % nous ont dit : "pourquoi pas aller ailleurs, ouvrir un magasin, nous lancer dans autre chose ?". Donc, ce pécule, puisque le mot était un peu suranné, retient l'attention. C'est comme en amour : on veut bien rester, mais à condition de pouvoir partir. Le problème est de ne pas nous priver des plus jeunes et des meilleurs fonctionnaires.
Q.- Donc, vous choisirez ceux qui partent ? Tout le monde n'aura pas le droit ?
R.- Cela va être difficile à imposer, mais pour la mobilité, il y aura un droit à la mobilité.
Q.- Alors, il y a ceux qui partent et il y a ceux qui entrent. Vous recevez aujourd'hui un rapport sur les concours administratifs. Faut-il supprimer les concours dans la fonction publique ?
R.- Absolument pas. Madame Desforges nous remet un rapport sur les concours. Nous avons également un autre rapport, enfin rapport, premièrement les textes de concours. Un normalien comme vous devrait s'amuser. "La Princesse de Clèves" : est-ce que d'abord, est-ce que c'est elle-même qui a écrit le texte ?
Q.- Le rapport que vous recevez d'ailleurs est-il de madame de La Fayette ?
R.- Voilà, où à monsieur de la Rochefoucauld, puisque vous savez qu'il y a toujours une polémique. Et puis, deuxièmement, nous avons un rapport sur l'organisation des concours, qui est absolument scandaleuse en France. C'est un gâchis total, et là encore, il faut garder les concours, mais mieux les organiser.
Q.- L'opposition dénonce l'opération surmédiatisée de Villiers-le-Bel. Le Gouvernement a-t-il cherché un coup de pub avec ce déploiement de police ?
R.- Cela m'étonnerait. C'est très dangereux, ce genre de médiatisation. Il peut y avoir une bavure en permanence, mais j'écoutais votre éditorial : quand la police est un peu marquée par les médias, on constate que ça se passe mieux. Donc, il faut quand même rendre hommage à la transparence avec laquelle s'est déroulée cette opération.
Q.- Est-ce que le Président Sarkozy cherche à se poser en martyr en ce moment pour redresser la barre dans les sondages ?
R.- Je crois qu'il ne cherche rien du tout, mais je fais confiance à l'ineptie de l'opposition mondaine pour le transformer en victime. C'est scandaleux ce qui est raconté. Franchement. Ce texte de Marianne est ahurissant.
L'appel républicain !
R.- Même mon ami M. Leroy s'est fait piéger.
Q.- J.-M. Cavada, impassible dans une réunion publique où un orateur met en question les subventions juives à des fins électorales. Il ne bouge pas. Etes-vous choqué ? Est-ce une faute politique ?
R.- Non, je pense qu'il a réagi, mais qu'on n'en a pas pris note.
Q.- On ne le voit pas beaucoup sur les vidéos ! Il est un peu impassible.
R.- On est harcelé en permanence. Vous allez dans des tas de réunions, des tas de choses, il faut être très vigilant.
Q.- Demain, la Cour de cassation examine le pourvoi que vous avez formulé contre votre mise en examen dans une affaire très compliquée de Fondation d'art dans les Hauts-de-Seine. Si votre mise en examen est confirmée, est-ce que vous renoncez aux élections municipales ?
R.- Non, il n'y a aucune raison.
Q.- Est-ce que vous quittez le Gouvernement, comme le veut une vieille jurisprudence ?
R.- Non, non, il n'y a aucune raison. Non, parce qu'il y a plein de recours, etc. C'est un jeu extrêmement désagréable mais purement juridique.
Q.- Grogne à Paris où il n'y a pas de candidats Nouveau Centre éligibles comme conseillers de Paris, envie de liste autonome aux européennes de 2009 ; est-ce que le Nouveau Centre est en train de prendre ses distances avec l'UMP ?
R.- Le Nouveau Centre peut rendre service à l'UMP s'il est autonome. Ça a toujours été notre règle, et aujourd'hui, compte tenu des conditions dans lesquelles le Nouveau Centre a été lancé, il n'est pas mauvais que nous nous rappelions à l'existence...
Q.- Pas de confédération ?
R.- Le président de la République a un avis sur la question. Donc, nous verrons, nous lui faisons confiance, car c'est pour lui que nous avons rejoint la majorité présidentielle.
Q.- A. Santini, merci.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 19 février 2008