Texte intégral
N. Demorand.- Une commission qui s'intitule "la nouvelle télévision publique" ; la radio en fait partie ou pas ?
R.- Non, parce que dans "télé", il y a "télé", il n'y a pas "radio".
Q.- Et donc, on ne réfléchira pas sur la radio ?
R.- Cela ne veut pas dire qu'on ne réfléchira pas, mais en tout cas, ce n'est pas la feuille de route qui nous a été confiée.
Q.- Donc, on ne saura pas à quelle sauce publicitaire nous serons mangés ou pas mangés, selon quel calendrier, quelles modalités ?
R.- En tout cas, ce n'est pas la feuille de route que nous avons. Et puis, d'autre part, c'est affreux de dire "sauce à laquelle vous allez être mangés". Personne n'a envie de vous manger, on vous aime, avec vos immenses qualités et vos tous petits défauts !
Q.- Alors, à quelle sauce nous serons saucés alors ? Non, mais trêve de plaisanterie : que va-t-il se passer à la radio, on ne le sait, pas, personne ne va réfléchir sur le sujet ?
R.- Ce n'est pas que personne ne va réfléchir, c'est que moi, on m'a confié de réfléchir à la télé. Je veux bien qu'on fasse toute l'émission sur le sujet, mais comme je vous l'ai dit, c'est plutôt la télé dont on est chargés, et croyez-moi, il y a beaucoup à faire.
Q.- Bon, on est à la radio, ce matin...
R.- Oui, ça, on le savait...
Q.- Oui, on le savait, mais c'est étonnant, je pensais que c'était juste un oubli de titre, "la nouvelle télévision publique", enfin, qu'on avait oublié de mettre "radio". Je ne savais pas que la radio était exclue du champ de votre réflexion. Je ne le savais pas, enfin, vous nous l'apprenez.
R.- Ecoutez, non, les choses sont claires, c'est la télévision publique. Cela ne veut pas dire qu'on ne devra pas parler à un autre moment de radio, mais c'est la télévision.
Q.- Bon, première nouvelle. En tout cas, c'est pour janvier 2009, la disparition de la pub à la télévision publique ? Disparition ou baisse...
R.- Cela fait partie des sujets sur lesquels nous allons réfléchir, pour tout vous dire, il y en a beaucoup. Mais effectivement, l'objectif c'est, aujourd'hui, de réfléchir peut-être à un calendrier, le plus adapté possible, pour aboutir in fine, comme l'a souhaité N. Sarkozy, à la suppression de la publicité à la télévision publique, avec évidemment, à la clé, il ne faut pas non plus s'arc-bouter sur cette seule question de la pub, en réalité, notre commission va aller beaucoup plus loin que cela, puisque l'idée, c'est qu'on réfléchisse à plusieurs des sujets qui intéressent les téléspectateurs et les Français. Je pense en particulier au contenu : qu'est-ce que sera demain le contrat de télévision publique ? Vous savez, quand on en parle avec les gens, ils sont très partagés sur ces sujets, ils sont parfois très critiques, et parfois, parce qu'il y a beaucoup de chaînes, ils mélangent un peu, "qu'est-ce qu'on a vu à la télé", "c'était sur quelle chaîne", etc. Je voudrais dire sur ce point que, nous, notre mission, ce n'est pas une page blanche. C'est-à-dire qu'il y a déjà eu des gros efforts qui ont été faits à la télévision publique pour avoir une identité. C'est vrai que vous voyez sur France 2 et France 3, des programmes qui sont quand même différents pour un certain nombre de soirées de ce que vous voyez dans le privé.
Q.- Par exemple, vous, vous êtes fan de quoi ?
R.- J'en ai mille, parce que, en plus, je suis plutôt "TV addict", comme beaucoup de gens, mais, en l'occurrence, hier soir, par exemple, la série docu-fiction de "Résistance"...
Q.- Sur France 2...
R.- ... C'est quelque chose absolument exceptionnel, de très grande qualité. La série des "Contes de Maupassant" - d'ailleurs, monsieur Traube est dans notre commission -, c'est aussi quelque chose qu'à ma connaissance on ne voit pas à la télévision sur des chaînes privées mais bien sur des chaînes publiques.
Q.- Alors qu'est-ce qu'il faudrait par exemple ne plus voir sur la télévision publique, puisque le président de la République a dit qu'il fallait vraiment "trancher les identités", une émission qui, aujourd'hui, est diffusée sur le service public et qui n'en est pas digne ?
R.- Je ne vais pas vous répondre aujourd'hui, pour une raison simple, c'est que ce sera l'une des nombreuses réflexions que nous aurons dans cette commission. Ce que je souhaite, c'est que ce soit un travail sans tabou, c'est-à-dire qu'on se pose toutes les questions. Et en plus, cette commission a une composition qui est très originale, parce que elle comprend à parité, des parlementaires et des professionnels, toutes tendances confondues, c'est un secteur économique énorme l'audiovisuel. Et ce sera, je crois, très intéressant de confronter ces expériences. Et le fait qu'il y ait des députés et sénateurs d'un côté, et des professionnels de l'autre, cela va justement permettre d'aborder tous les sujets. Le contenu des programmes, le contrat de service public, le financement évidemment, parce qu'il s'agit aussi de savoir comment on va compenser. Et puis, également tout ce qui touche à la diversification, les nouvelles technologies. Et pour être tout à fait complet sur ce point, je veux ajouter que dans mon esprit, ces travaux, il va falloir les faire avec les Français. Et donc, on va mettre en place tout un système, avec Internet et les nouvelles technologies, pour que les Français donnent leur avis. Qu'ils nous disent aussi, eux, dont c'est la télévision, ce qu'ils pensent de la télévision publique de demain.
Q.- Comment financer, vous l'avez dit, il faudra répondre à cette question, combien financer également ? 800 millions d'euros de recettes publicitaires, plus les programmes à créer pour remplacer les écrans de publicité ? Le chiffre de 1,2 milliard d'euros circule pour la somme à trouver. Vous acceptez ce chiffre ?
R.- Non, d'abord, je vais vous dire : tous les chiffres circulent, et puis, vous savez, la télé, ça passionne. C'est vraiment toujours des débats dans tous les sens. Je...
Q.- Oui, il y a un débat passionné sur les chiffres : 1,2 milliard ?
R.- Attendez, je ne suis pas dupe de la difficulté de la tâche de ce point de vue. Il y aura sur tous ces sujets, notamment des discussions de gros sous, et c'est normal, c'est la loi du genre.
Q.- Alors, 1,2 milliard ?
R.- D'abord, un, je ne vais pas vous donner de chiffre aujourd'hui...
Q.- Mais pourquoi ?
R.- Mais tout simplement parce que j'ai besoin moi-même de faire travailler notre commission pour valider tout cela. Deuxièmement...
Q.- Mais 1,2 milliard, ça vous semble trop ?
R.- Mais, je ne vais pas vous donner de chiffre ! C'est comme tout à l'heure...
Q.- Mais vous pouvez donnez votre sentiment au moins !
R.- Alors, là, je vais vous dire un truc : j'ai été ministre du Budget pendant près de trois ans, s'il y a bien un domaine dans lequel il faut éviter de faire trop dans le sentiment, c'est vraiment les chiffres. Donc, en l'occurrence, pour moi, les choses sont tout à fait claires, cela fera partie des sujets que nous allons évoquer. Mais pour aller tout à fait dans votre sens, et je parlais tout à l'heure de la composition de cette commission, j'ai demandé à G. Carrez, qui est député-maire du Perreux, dans le Val-de-Marne, et qui est rapporteur général du budget, d'être à mes côtés dans cette commission, car nous allons effectivement parler de ces questions de financement, et faire un travail très précis sur tous ces sujets.
Q.- Une dernière question sur le sujet, et puis on y reviendra évidemment dans InterActive. A. Minc, qui était notre invité, hier, n'a pas démenti être à l'origine de cette idée de réforme, de "révolution", comme l'a dit le président de la République. Il a justifié d'ailleurs que, ni les patrons de chaînes ni les ministres compétents n'aient été mis au courant. Vous étiez au courant, vous ?
R.- Je l'ai appris le jour de la conférence de presse du Président. Je ne le savais pas avant, non, mais ça date du 8 janvier, donc, on a depuis...
Q.- Oui, depuis on l'a appris, mais ça vous semble normal comme manière de procéder ?
R.- Encore heureux que le président de la République est libre de faire un certain nombre d'annonces sur les réformes qu'il veut mettre oeuvre !
Q.- Sans prévenir les ministres, sans prévenir les patrons de chaînes ? C'est sur ce point-là que je vous pose la question. Ecoutez, je vais vous dire, moi je suis député, je ne suis pas ministre, je ne suis pas en situation d'apprécier la manière dont les choses fonctionnent au niveau de l'exécutif. Ce qui me paraît surtout important, c'est que le président de la République puisse conduire toutes ses réformes et le fasse à bon rythme. Et le moins qu'on puisse dire, c'est que c'est le cas. Quelques questions politiques : on est en campagne pour les municipales, évidemment. R. Dati a été vertement critiquée chez les députés UMP hier. Que s'est-il passé ? Critique forte, paraît-il, sur, notamment la carte judiciaire, la manière dont ça a été géré ?
R.- Oui, je crois que ça vaut peut-être la peine de... Je vous en remercie de le dire parce qu'il faut bien préciser les choses. Le sujet, le seul qui a été évoqué, c'est la carte judiciaire, ce n'est pas R. Dati qui est en cause du tout. Je crois qu'il ne faut pas se méprendre. Enfin, j'ai lu les comptes-rendus...
Q.- "Arrogance", "manque de respect", c'est la dépêche AFP que j'ai sous les yeux...
R.- Oui, je comprends, mais vous savez, dans le métier si difficile que nous faisons, quand les noms d'oiseaux volent, ils volent et ils volent parfois sans nuance.
Q.- Et ils ont volé ?
R.- Ecoutez, si le mot a été prononcé... Mais je crois que, en l'occurrence, ce n'est pas tout à fait comme cela que les choses sont passées. La carte judiciaire, c'est le sujet le plus difficile qui soit, comme toutes les réformes que nous faisons, celui qui les porte, il les porte avec courage, ou celle qui les porte le fait avec courage. C'est le cas de Rachida. Et forcément, à un moment ou à autre, ça crée, ça bouscule des habitudes, ça crée des difficultés. Vous savez, quand vous êtes obligé de supprimer un tribunal, parce que malheureusement son activité est trop faible et qu'il faut concentrer les moyens au service du justiciable, ça a des conséquences immédiates négatives sur le secteur où on se trouve.
Q.- C'est mal passé, visiblement, même auprès des députés UMP ?
R.- Non, mais je l'ai vécu, je comprends très bien qu'un certain nombre de mes amis députés se soient beaucoup inquiétés là-dessus. Et pour être tout à fait complet, nous avons eu cette discussion au moment du vote du budget, et nous en avons longuement parlé. J'ai demandé que mes amis députés soient écoutés par rapport à cela, ce qui a été le cas d'ailleurs, parce que, au début, c'est vrai que ça partait un peu fort, ça s'est beaucoup apaisé. Et moi-même, je m'en suis personnellement occupé, c'est mon rôle de chef de file des députés de l'UMP. Et c'est vrai que c'est toujours mieux de discuter des calendriers ensemble, c'est ce qui a été fait.
Q.- Le président de la République encore en forte baisse dans un sondage publié ce matin. Votre sentiment sur ce que les "sondologues" appellent "l'effet de toboggan", c'est-à-dire de "chute incontrôlée" j'imagine.
R.- Oui, par contre, je ne sais pas comment on fait quand ça monte, parce qu'il faudrait trouver un mot aussi fort, et le moins qu'on puisse dire...
Q.- Télésiège... ?
R.- On peut faire beaucoup plus vite, "fusée"... Et comme toujours, on connaît les deux tendances. La seule chose que je peux vous dire, c'est que ce sondage-là, il est dans une série, il n'y a aucune raison qu'il soit différent à ce stade. Et j'ajoute que cela ne remonte pas en cinq minutes, c'est un travail de fond. Quel est notre sujet ? C'est le fait qu'aujourd'hui, on a lancé beaucoup de chantiers de réformes, qu'on se heurte, je peux le constater sur le terrain, comme mes amis députés, à une impatience qui est parfaitement légitime de beaucoup de nos compatriotes. Donc, le but pour nous, c'est de convaincre et d'expliquer sans relâche ce que nous faisons, pourquoi, notre calendrier, et quand les résultats progressifs vont arriver.
Q.- Vous, vous craignez le résultat des municipales ?
R.- Non. D'ailleurs, non seulement je ne suis pas dans cette optique, mais je pense que ce n'est pas le sujet aujourd'hui. A ma connaissance, les élections, ce n'est pas les sondages, c'est le jour du vote. Et nous avons encore plus de trois semaines pour continuer à faire campagne, ce que d'ailleurs nous faisons très activement dans nos villes respectives, et on a des atouts pour le faire. Le premier, c'est nos projets locaux, qui sont quand même un élément important, ce sont des municipales. Le deuxième, c'est le bilan de tout ce qu'on a fait, et qui n'a pas été fait avant. Et le troisième, c'est qu'on a en face de nous des adversaires qui sont très prompts à cogner, et notamment à attaquer les personnes, mais les socialistes, à part ça, il n'y a pas une proposition qui sort ! Donc, je crois qu'on a quelques atouts pour convaincre nos compatriotes.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 20 février 2008
R.- Non, parce que dans "télé", il y a "télé", il n'y a pas "radio".
Q.- Et donc, on ne réfléchira pas sur la radio ?
R.- Cela ne veut pas dire qu'on ne réfléchira pas, mais en tout cas, ce n'est pas la feuille de route qui nous a été confiée.
Q.- Donc, on ne saura pas à quelle sauce publicitaire nous serons mangés ou pas mangés, selon quel calendrier, quelles modalités ?
R.- En tout cas, ce n'est pas la feuille de route que nous avons. Et puis, d'autre part, c'est affreux de dire "sauce à laquelle vous allez être mangés". Personne n'a envie de vous manger, on vous aime, avec vos immenses qualités et vos tous petits défauts !
Q.- Alors, à quelle sauce nous serons saucés alors ? Non, mais trêve de plaisanterie : que va-t-il se passer à la radio, on ne le sait, pas, personne ne va réfléchir sur le sujet ?
R.- Ce n'est pas que personne ne va réfléchir, c'est que moi, on m'a confié de réfléchir à la télé. Je veux bien qu'on fasse toute l'émission sur le sujet, mais comme je vous l'ai dit, c'est plutôt la télé dont on est chargés, et croyez-moi, il y a beaucoup à faire.
Q.- Bon, on est à la radio, ce matin...
R.- Oui, ça, on le savait...
Q.- Oui, on le savait, mais c'est étonnant, je pensais que c'était juste un oubli de titre, "la nouvelle télévision publique", enfin, qu'on avait oublié de mettre "radio". Je ne savais pas que la radio était exclue du champ de votre réflexion. Je ne le savais pas, enfin, vous nous l'apprenez.
R.- Ecoutez, non, les choses sont claires, c'est la télévision publique. Cela ne veut pas dire qu'on ne devra pas parler à un autre moment de radio, mais c'est la télévision.
Q.- Bon, première nouvelle. En tout cas, c'est pour janvier 2009, la disparition de la pub à la télévision publique ? Disparition ou baisse...
R.- Cela fait partie des sujets sur lesquels nous allons réfléchir, pour tout vous dire, il y en a beaucoup. Mais effectivement, l'objectif c'est, aujourd'hui, de réfléchir peut-être à un calendrier, le plus adapté possible, pour aboutir in fine, comme l'a souhaité N. Sarkozy, à la suppression de la publicité à la télévision publique, avec évidemment, à la clé, il ne faut pas non plus s'arc-bouter sur cette seule question de la pub, en réalité, notre commission va aller beaucoup plus loin que cela, puisque l'idée, c'est qu'on réfléchisse à plusieurs des sujets qui intéressent les téléspectateurs et les Français. Je pense en particulier au contenu : qu'est-ce que sera demain le contrat de télévision publique ? Vous savez, quand on en parle avec les gens, ils sont très partagés sur ces sujets, ils sont parfois très critiques, et parfois, parce qu'il y a beaucoup de chaînes, ils mélangent un peu, "qu'est-ce qu'on a vu à la télé", "c'était sur quelle chaîne", etc. Je voudrais dire sur ce point que, nous, notre mission, ce n'est pas une page blanche. C'est-à-dire qu'il y a déjà eu des gros efforts qui ont été faits à la télévision publique pour avoir une identité. C'est vrai que vous voyez sur France 2 et France 3, des programmes qui sont quand même différents pour un certain nombre de soirées de ce que vous voyez dans le privé.
Q.- Par exemple, vous, vous êtes fan de quoi ?
R.- J'en ai mille, parce que, en plus, je suis plutôt "TV addict", comme beaucoup de gens, mais, en l'occurrence, hier soir, par exemple, la série docu-fiction de "Résistance"...
Q.- Sur France 2...
R.- ... C'est quelque chose absolument exceptionnel, de très grande qualité. La série des "Contes de Maupassant" - d'ailleurs, monsieur Traube est dans notre commission -, c'est aussi quelque chose qu'à ma connaissance on ne voit pas à la télévision sur des chaînes privées mais bien sur des chaînes publiques.
Q.- Alors qu'est-ce qu'il faudrait par exemple ne plus voir sur la télévision publique, puisque le président de la République a dit qu'il fallait vraiment "trancher les identités", une émission qui, aujourd'hui, est diffusée sur le service public et qui n'en est pas digne ?
R.- Je ne vais pas vous répondre aujourd'hui, pour une raison simple, c'est que ce sera l'une des nombreuses réflexions que nous aurons dans cette commission. Ce que je souhaite, c'est que ce soit un travail sans tabou, c'est-à-dire qu'on se pose toutes les questions. Et en plus, cette commission a une composition qui est très originale, parce que elle comprend à parité, des parlementaires et des professionnels, toutes tendances confondues, c'est un secteur économique énorme l'audiovisuel. Et ce sera, je crois, très intéressant de confronter ces expériences. Et le fait qu'il y ait des députés et sénateurs d'un côté, et des professionnels de l'autre, cela va justement permettre d'aborder tous les sujets. Le contenu des programmes, le contrat de service public, le financement évidemment, parce qu'il s'agit aussi de savoir comment on va compenser. Et puis, également tout ce qui touche à la diversification, les nouvelles technologies. Et pour être tout à fait complet sur ce point, je veux ajouter que dans mon esprit, ces travaux, il va falloir les faire avec les Français. Et donc, on va mettre en place tout un système, avec Internet et les nouvelles technologies, pour que les Français donnent leur avis. Qu'ils nous disent aussi, eux, dont c'est la télévision, ce qu'ils pensent de la télévision publique de demain.
Q.- Comment financer, vous l'avez dit, il faudra répondre à cette question, combien financer également ? 800 millions d'euros de recettes publicitaires, plus les programmes à créer pour remplacer les écrans de publicité ? Le chiffre de 1,2 milliard d'euros circule pour la somme à trouver. Vous acceptez ce chiffre ?
R.- Non, d'abord, je vais vous dire : tous les chiffres circulent, et puis, vous savez, la télé, ça passionne. C'est vraiment toujours des débats dans tous les sens. Je...
Q.- Oui, il y a un débat passionné sur les chiffres : 1,2 milliard ?
R.- Attendez, je ne suis pas dupe de la difficulté de la tâche de ce point de vue. Il y aura sur tous ces sujets, notamment des discussions de gros sous, et c'est normal, c'est la loi du genre.
Q.- Alors, 1,2 milliard ?
R.- D'abord, un, je ne vais pas vous donner de chiffre aujourd'hui...
Q.- Mais pourquoi ?
R.- Mais tout simplement parce que j'ai besoin moi-même de faire travailler notre commission pour valider tout cela. Deuxièmement...
Q.- Mais 1,2 milliard, ça vous semble trop ?
R.- Mais, je ne vais pas vous donner de chiffre ! C'est comme tout à l'heure...
Q.- Mais vous pouvez donnez votre sentiment au moins !
R.- Alors, là, je vais vous dire un truc : j'ai été ministre du Budget pendant près de trois ans, s'il y a bien un domaine dans lequel il faut éviter de faire trop dans le sentiment, c'est vraiment les chiffres. Donc, en l'occurrence, pour moi, les choses sont tout à fait claires, cela fera partie des sujets que nous allons évoquer. Mais pour aller tout à fait dans votre sens, et je parlais tout à l'heure de la composition de cette commission, j'ai demandé à G. Carrez, qui est député-maire du Perreux, dans le Val-de-Marne, et qui est rapporteur général du budget, d'être à mes côtés dans cette commission, car nous allons effectivement parler de ces questions de financement, et faire un travail très précis sur tous ces sujets.
Q.- Une dernière question sur le sujet, et puis on y reviendra évidemment dans InterActive. A. Minc, qui était notre invité, hier, n'a pas démenti être à l'origine de cette idée de réforme, de "révolution", comme l'a dit le président de la République. Il a justifié d'ailleurs que, ni les patrons de chaînes ni les ministres compétents n'aient été mis au courant. Vous étiez au courant, vous ?
R.- Je l'ai appris le jour de la conférence de presse du Président. Je ne le savais pas avant, non, mais ça date du 8 janvier, donc, on a depuis...
Q.- Oui, depuis on l'a appris, mais ça vous semble normal comme manière de procéder ?
R.- Encore heureux que le président de la République est libre de faire un certain nombre d'annonces sur les réformes qu'il veut mettre oeuvre !
Q.- Sans prévenir les ministres, sans prévenir les patrons de chaînes ? C'est sur ce point-là que je vous pose la question. Ecoutez, je vais vous dire, moi je suis député, je ne suis pas ministre, je ne suis pas en situation d'apprécier la manière dont les choses fonctionnent au niveau de l'exécutif. Ce qui me paraît surtout important, c'est que le président de la République puisse conduire toutes ses réformes et le fasse à bon rythme. Et le moins qu'on puisse dire, c'est que c'est le cas. Quelques questions politiques : on est en campagne pour les municipales, évidemment. R. Dati a été vertement critiquée chez les députés UMP hier. Que s'est-il passé ? Critique forte, paraît-il, sur, notamment la carte judiciaire, la manière dont ça a été géré ?
R.- Oui, je crois que ça vaut peut-être la peine de... Je vous en remercie de le dire parce qu'il faut bien préciser les choses. Le sujet, le seul qui a été évoqué, c'est la carte judiciaire, ce n'est pas R. Dati qui est en cause du tout. Je crois qu'il ne faut pas se méprendre. Enfin, j'ai lu les comptes-rendus...
Q.- "Arrogance", "manque de respect", c'est la dépêche AFP que j'ai sous les yeux...
R.- Oui, je comprends, mais vous savez, dans le métier si difficile que nous faisons, quand les noms d'oiseaux volent, ils volent et ils volent parfois sans nuance.
Q.- Et ils ont volé ?
R.- Ecoutez, si le mot a été prononcé... Mais je crois que, en l'occurrence, ce n'est pas tout à fait comme cela que les choses sont passées. La carte judiciaire, c'est le sujet le plus difficile qui soit, comme toutes les réformes que nous faisons, celui qui les porte, il les porte avec courage, ou celle qui les porte le fait avec courage. C'est le cas de Rachida. Et forcément, à un moment ou à autre, ça crée, ça bouscule des habitudes, ça crée des difficultés. Vous savez, quand vous êtes obligé de supprimer un tribunal, parce que malheureusement son activité est trop faible et qu'il faut concentrer les moyens au service du justiciable, ça a des conséquences immédiates négatives sur le secteur où on se trouve.
Q.- C'est mal passé, visiblement, même auprès des députés UMP ?
R.- Non, mais je l'ai vécu, je comprends très bien qu'un certain nombre de mes amis députés se soient beaucoup inquiétés là-dessus. Et pour être tout à fait complet, nous avons eu cette discussion au moment du vote du budget, et nous en avons longuement parlé. J'ai demandé que mes amis députés soient écoutés par rapport à cela, ce qui a été le cas d'ailleurs, parce que, au début, c'est vrai que ça partait un peu fort, ça s'est beaucoup apaisé. Et moi-même, je m'en suis personnellement occupé, c'est mon rôle de chef de file des députés de l'UMP. Et c'est vrai que c'est toujours mieux de discuter des calendriers ensemble, c'est ce qui a été fait.
Q.- Le président de la République encore en forte baisse dans un sondage publié ce matin. Votre sentiment sur ce que les "sondologues" appellent "l'effet de toboggan", c'est-à-dire de "chute incontrôlée" j'imagine.
R.- Oui, par contre, je ne sais pas comment on fait quand ça monte, parce qu'il faudrait trouver un mot aussi fort, et le moins qu'on puisse dire...
Q.- Télésiège... ?
R.- On peut faire beaucoup plus vite, "fusée"... Et comme toujours, on connaît les deux tendances. La seule chose que je peux vous dire, c'est que ce sondage-là, il est dans une série, il n'y a aucune raison qu'il soit différent à ce stade. Et j'ajoute que cela ne remonte pas en cinq minutes, c'est un travail de fond. Quel est notre sujet ? C'est le fait qu'aujourd'hui, on a lancé beaucoup de chantiers de réformes, qu'on se heurte, je peux le constater sur le terrain, comme mes amis députés, à une impatience qui est parfaitement légitime de beaucoup de nos compatriotes. Donc, le but pour nous, c'est de convaincre et d'expliquer sans relâche ce que nous faisons, pourquoi, notre calendrier, et quand les résultats progressifs vont arriver.
Q.- Vous, vous craignez le résultat des municipales ?
R.- Non. D'ailleurs, non seulement je ne suis pas dans cette optique, mais je pense que ce n'est pas le sujet aujourd'hui. A ma connaissance, les élections, ce n'est pas les sondages, c'est le jour du vote. Et nous avons encore plus de trois semaines pour continuer à faire campagne, ce que d'ailleurs nous faisons très activement dans nos villes respectives, et on a des atouts pour le faire. Le premier, c'est nos projets locaux, qui sont quand même un élément important, ce sont des municipales. Le deuxième, c'est le bilan de tout ce qu'on a fait, et qui n'a pas été fait avant. Et le troisième, c'est qu'on a en face de nous des adversaires qui sont très prompts à cogner, et notamment à attaquer les personnes, mais les socialistes, à part ça, il n'y a pas une proposition qui sort ! Donc, je crois qu'on a quelques atouts pour convaincre nos compatriotes.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 20 février 2008