Texte intégral
Q - Quelles sont les priorités politiques de la France pour l'Union européenne pour l'année 2008 ?
R - L'Union européenne doit démontrer son utilité aux Européens en apportant des réponses concrètes à leurs préoccupations. On ne devrait jamais perdre de vue ce principe lorsque nous décidons des priorités politiques que l'Union européenne doit se donner.
Le groupe de réflexion, qui sera mis en place en réponse à une initiative du président de la République et grâce à la présidence portugaise, nous permettra justement de réfléchir à l'Europe que nous voulons dans 20 ou 30 ans et aux politiques qui seront mises en oeuvre. En particulier, l'Europe doit s'interroger sur la façon de s'adapter à la mondialisation, à la gestion de sa diversité et de ses possibles élargissements et aux valeurs traditionnelles ou nouvelles qui porteront le projet européen. La France ne prétend pas avoir les réponses à ces questions et il nous paraît important que des "Sages", originaires de toute l'Europe, de pays de culture et de traditions différentes, se penchent sur ces questions. En particulier, l'Europe doit s'interroger sur la façon de s'adapter à la mondialisation, à la gestion de sa diversité et de ses possibles élargissements et aux valeurs traditionnelles ou nouvelles qui porteront le projet européen. La France ne prétend pas avoir les réponses à ces questions et il nous paraît important que des "Sages" originaires de toute l'Europe, de pays de culture et de traditions différentes, se penchent sur ces questions.
A beaucoup plus court terme, les priorités de notre Présidence du Conseil de l'Union européenne, qui ont été identifiés par le président de la République et le Premier ministre, veulent justement tenir compte des attentes de nos concitoyens et de tous les Européens. Nous travaillerons plus particulièrement dans les domaines suivants : une gestion globale et concertée des migrations, une politique de l'énergie et du développement durable qui intègre la lutte contre le changement climatique, le renforcement de l'Europe de la Défense. Je souhaite aussi, avec Bernard Kouchner, que cette présidence soit au service de la croissance et de l'emploi. Il nous reviendra également de mettre en oeuvre, en liaison avec la Présidence slovène qui nous précède, les présidences tchèque et suédoise qui suivront la nôtre, le Traité de Lisbonne et ses principales innovations institutionnelles.
Q - L'un des axes majeurs de la Présidence française au second semestre de l'année prochaine est de réconcilier les citoyens avec l'Europe. Comment atteindre cet objectif ?
R - Cette Présidence doit être l'occasion d'un rendez-vous privilégié de la France avec l'Europe.
Nous engagerons pour cela des actions très concrètes pour rendre l'Europe plus accessible et visible aux yeux des citoyens. Nous travaillons par exemple à étendre le champ du programme "Erasmus" pour donner à chaque jeune européen la possibilité de vivre une expérience universitaire, professionnelle ou associative dans un autre pays d'Europe. Pour faire vivre l'Europe, une saison culturelle européenne accompagnera cette présidence.
Nous souhaitons que ce soit réellement toute la France et tous les Français qui accueillent l'Europe pendant la Présidence française de l'Union européenne. Dans cette perspective, à partir de la fin du mois de mars, huit conventions thématiques rassembleront en région citoyens, responsables politiques, associatifs, économiques, français et européens. Les thèmes choisis reflèteront les priorités de notre Présidence qu'il s'agisse de l'environnement, de l'énergie ou de la croissance et de l'emploi. Une convention thématique particulière sera consacrée à la politique de cohésion et se tiendra à la réunion en avril. Tous ceux qui le souhaitent pourront donc présenter leurs propositions, exprimer leurs attentes ou leurs interrogations.
Q - Vous avez annoncé votre volonté d'intégrer à la préparation de la Présidence française les acteurs locaux de notre pays et en particulier les collectivités locales et régionales. Quels moyens comptez-vous mettre en oeuvre pour faire vivre l'Europe sur leur territoire, en y associant les citoyens ?
R - Par nature, les collectivités locales et régionales auront un rôle décisif dans la réussite des manifestations qui seront organisées partout en France. Elles peuvent ainsi aider à conforter l'esprit européen, qui réapparaît depuis quelques mois. Pour cela, j'ai noué des relations suivis avec des élus locaux. J'entends les voir très régulièrement et les associer le plus étroitement possible.
Notre Présidence sera l'occasion de réfléchir à la Politique agricole commune et à son avenir dans le cadre du bilan de santé prévu sous notre présidence, aux politiques communes et à leur financement.. Nous devrons ainsi nous pencher sur l'avenir de la politique de cohésion en Europe, désormais premier poste de dépense du budget européen. Je me suis entretenu récemment avec la commissaire Hübner à ce sujet pour l'assurer de notre mobilisation. La Commission européenne vient de lancer une large consultation sur ce thème. Je souhaite que les collectivités territoriales et leurs associations représentatives participent activement à ce débat européen pour préparer la politique de cohésion de demain. Ainsi, nous poursuivrons la démarche engagée en mai, à Leipzig, autour de l'Agenda territorial et nous proposerons à nos partenaires une réunion des ministres des politiques régionales et urbaines. Une conférence européenne des villes et des régions sera également organisée ainsi que plusieurs manifestations mettant en valeur l'apport particulier des régions ultra-périphériques à l'identité de l'Europe.
Je compte particulièrement sur les acteurs locaux et régionaux et notamment l'AFCCRE pour apporter leurs témoignages et rendre compte de leurs initiatives. Bien évidemment, ils seront étroitement associés aux conventions thématiques. Leur mobilisation sera une garantie de leur succès.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 10 mars 2008