Texte intégral
Madame la Commissaire, chère Mariann,
Monsieur le Ministre, cher Jaime SILVA,
Mesdames et Messieurs les Présidents,
Mesdames, Messieurs,
Je suis très heureux de pouvoir être parmi vous pour le début de cette matinée de lancement du programme « Wine in moderation », répondant à l'invitation de Madame TARBY, Présidente de l'Association Française « Vins et Société ».
Je souhaitais répondre favorablement à cette invitation car le thème qui nous réunit aujourd'hui est à mes yeux très important.
Très important, d'abord, compte tenu de la place de la viticulture dans l'agriculture française : la viticulture en France, ce sont plus de 850.000 hectares de vignes, et près de 140.000 exploitations.
Et le secteur des vins et spiritueux occupe une place tout à fait majeure dans notre économie, et notamment dans notre commerce extérieur. En 2007, les vins et spiritueux français ont dégagé un excédent commercial record, de 8,2 milliards d'euros, le 2ème excédent français derrière l'aéronautique (8,2 milliards d'euros, c'est l'équivalent de la vente de 180 airbus A320).
Cette importance de la viticulture et les enjeux qui en découlent, ils ont, je le crois, été bien pris en compte dans la réforme de l'Organisation Commune de Marché qui a beaucoup occupé le Conseil au cours du dernier semestre. Nous sommes parvenus, grâce aux efforts conjugués de [Mariann] et de [Jaime], à un cadre communautaire profondément rénové, dans le sens d'une meilleure adaptation à la compétition mondiale, avec un juste équilibre entre le relâchement des contraintes et le maintien d'outils de régulation et de maîtrise. Ces outils de maîtrise qui restent indispensables pour tous nos secteurs de l'agriculture, car l'alimentation ne peut pas être confiée aux seules lois du marché.
Au-delà des chiffres, la viticulture est aussi un élément majeur de notre civilisation. En France, comme dans de nombreux pays européens, la culture de la vigne et le savoir-faire du vin font véritablement partie du patrimoine non seulement agricole, bien sûr, mais aussi culturel et social.
En Europe, l'homme cultive de la vigne pour faire du vin depuis plus de 25 siècles. La vigne et le vin sont des éléments centraux des paysages et des traditions culturelles de nos régions. Le Président de VOLONTAT a parfaitement évoqué, tout à l'heure, ce lien entre la viticulture et les terroirs. Avec ses Appellations d'Origine Contrôlée, la France reconnaît aujourd'hui exactement 472 terroirs d'exceptions, qui produisent des vins typiques, pour certains connus dans le monde entier, pour d'autres appréciés par un cercle de fins connaisseurs. Cette richesse des terroirs, elle aussi forte au Portugal, en Espagne, en Italie, en Hongrie, en Roumanie, en Bulgarie... C'est cette typicité, cette authenticité, cet ancrage aux territoires, qui caractérisent à mes yeux le modèle agricole européen.
Ce patrimoine, cette richesse, constitue pour moi un capital à conserver et à valoriser. Si le vin est un produit de tradition s'il en est, il est aussi sans aucun doute un produit plein d'avenir : la consommation mondiale de vin a augmenté de 6% en 2007.
C'est parce que le Gouvernement français croit profondément en l'avenir de ce secteur que j'ai lancé, en m'appuyant totalement sur les professionnels du secteur, un plan national de modernisation de la viticulture française.
Mais le sujet spécifique qui nous réunit ici ce matin, lui aussi, me tient particulièrement à coeur. A la fois pour des raisons de fond et, si je puis dire, pour des raisons de forme.
Commençons par la forme : j'ai toujours eu la conviction que, lorsqu'on est critiqué, montré du doigt par certains, la meilleure façon de se défendre, c'est d'être actif dans le débat, d'être force de proposition, de ne pas rester sur la défensive dans un coin, mais au contraire de venir au centre du terrain avec un discours positif et constructif. C'est à mes yeux très exactement ce que vous, professionnels européens du vin, avez décidé de faire avec votre programme « Wine in moderation ».
Si je salue la méthode, je suis aussi totalement à vos côtés sur le fond.
Je crois que, à l'heure où le Président de la République française souhaite proposer la reconnaissance de la gastronomie française au patrimoine mondial de l'UNESCO, il faut veiller à conserver au vin la place qui est la sienne, c'est-à-dire une place reconnue au sein d'un régime alimentaire typique de nos sociétés.
Il n'est évidemment pas question de faiblir dans la lutte contre les ravages de l'alcoolisme. Mais je crois qu'il est nécessaire, face au développement d'un discours à mes yeux souvent excessif, qui confine parfois à la diabolisation, de développer plutôt un discours pédagogique et responsable. Le Président CASTELLUCCI a bien souligné, tout à l'heure, le caractère essentiel de la démarche pédagogique.
Cette voie n'est certainement pas la plus simple, mais je vous félicite, vous, les plus acteurs de cette filière, de vous y engager aujourd'hui résolument, au niveau communautaire.
Sachez que, à Paris comme à Bruxelles, je serai à vos côtés pour privilégier ce discours. Au niveau national, je pense par exemple nécessaire de redonner un rôle plus central au « Conseil de la modération » créé par la loi d'orientation agricole du 5 janvier 2006 suite à un amendement parlementaire.
Au niveau communautaire, il faut que nous travaillions ensemble pour aller vers davantage d'harmonisation des politiques publiques relatives à l'alcool.
C'est ensemble, dans un état d'esprit positif et constructif, que nous devons oeuvrer pour la promotion d'une consommation raisonnable et adaptée, qui reconnaît au vin la place qui doit rester la sienne dans nos civilisations.
Je vous remercie.
Source http://www.agriculture.gouv.fr, le 20 mars 2008