Texte intégral
Monsieur le Préfet,
Monsieur,
L'un des effets de la mondialisation et de la globalisation des échanges est l'essor spectaculaire que le transport maritime connaît depuis les années 1990.
Aujourd'hui, le transport maritime représente 90 % des échanges mondiaux, et le commerce mondial de marchandises augmente plus vite que la production industrielle.
A l'heure ou la préservation de l'environnement et surtout les limitations des gaz à effets de serre sont au coeur de nos préoccupations, le transport maritime présente des atouts indéniables. Il est 7 fois moins polluant que d'autres modes de transport, et des progrès sont également réalisés quotidiennement, afin de limiter l'ensemble des rejets des navires, eaux mazouteuses, déchets etc...
Les deux évolutions les plus marquantes du transport maritime ces toutes dernières années sont la conteneurisation et la massification.
Avec la conteneurisation, les marchandises sont chargées dans des unités standardisées. Réservées il y a quelques années encore au fret à forte valeur unitaire, le conteneur est désormais de plus en plus utilisé y compris pour des matières premières.
La massification quant à elle, conduit à une augmentation très nette dans la taille des navires qui atteignent dorénavant celles des pétroliers géants avec 400 mètres de longueur et 14 000 conteneurs.
Cette double évolution a conduit bien entendu à devoir faire évoluer les capacités portuaires. Celles-ci doivent offrir aux armateurs non seulement des linéaires de quais aptes à recevoir ces ULCC Ultra Large Container Carrier, mais également des superficies très importantes d'entreposage des conteneurs.
Enfin, et dans le but de maîtriser les coûts, s'est imposée l'obligation de ports d'éclatement, principales escales ou les porte conteneurs procèdent à leurs opérations commerciales. Des navires feeders assurent ensuite le transport des marchandises jusqu'à leur destination finale. Ces ports sont bien entendu peu nombreux sur chaque ligne maritime.
Grâce à son Outre-mer, la France maîtrise et gère la deuxième plus grande surface océanique du monde après les USA, et à être présente sur les trois océans. Nous bénéficions ainsi d'une position privilégiée sur la scène internationale, qui nous permet de siéger dans la quasi totalité des instances internationales maritimes.
Cependant, sur le plan interne, le constat est différent. Nous éprouvons des difficultés à faire passer l'indispensable culture maritime auprès de notre opinion publique, et la France ne prend toujours pas assez en compte ses océans.
Or, dans le contexte de mondialisation que nous vivons, il est essentiel que la France se réapproprie ses espaces maritimes, et réapprenne à en tirer avantage.
La majorité des territoires ultramarins étant de nature insulaire, le transport maritime constitue un élément vital de l'économie. Sauf de très rares exceptions, c'est le mode de transport quasi unique utilisé pour l'importation ou l'exportation. Ici, à La Réunion, ce sont 98 % des échanges qui se font par voie maritime.
C'est pourquoi, j'ai une ambition que j'aimerai vous faire partager : L'Outre-mer doit s'inscrire dans une dynamique d'exemplarité des politiques nationales, qui lui ouvre la voie d'une compétitivité nouvelle, assise sur le développement, la création de richesses et d'emplois.
Les ports de l'Outre-mer français doivent bien entendu jouer leur rôle de « porte de l'économie » mais également inclure dans leur stratégie, un positionnement régional plus marqué et plus agressif.
C'est pourquoi, j'ai demandé à mon collègue en charge des transports Dominique BUSSEREAU, de lancer une mission sur la modernisation des ports d'Etat d'Outre-mer, afin que l'on puisse déterminer un schéma de développement portuaire pour les années à venir.
Le but de cette mission est de dégager les évolutions possibles sur leur gouvernance, leur développement qui doit prendre en compte les enjeux du Grenelle de l'environnement et les orientations touristiques, et leur intégration dans l'espace régional.
C'est donc un Outre-mer plus volontariste dans son leadership que je vous propose.
La Réunion bénéficie d'un positionnement géostratégique, à proximité de l'Asie, un marché en pleine expansion, de l'Inde, premier partenaire de la France dans cette région, et de l'Afrique australe, qui représente un atout indéniable pour accentuer sa dimension régionale.
Au coeur d'une région comptant une vingtaine d'infrastructures portuaires, dont la moitié seulement à un trafic supérieur à 1 million de tonnes, La Réunion doit pouvoir s'imposer comme l'un des ports d'éclatement du Sud Ouest de l'océan Indien.
Certes, depuis des décennies, le port de La Réunion est en compétition avec celui de Port Louis de l'île Maurice. Mon action sera de faire de Port Réunion, le leader des îles de l'océan Indien.
Il nous faut donc travailler ensemble sur cet objectif afin de rendre plus attractif encore ce port, et accroître ses avantages comparatifs comme la gestion automatisée des conteneurs, et sa stabilité de fonctionnement.
Il nous faut poursuivre les modernisations indispensables pour accueillir des navires de plus grande capacité. Sont concernés l'approfondissement des accès, l'allongement des quais la création de terres pleins et d'outillages pour traiter le fret.
Ces travaux ont déjà représenté 150 Meuros lors du contrat de projet précédent, et d'autres opérations sont prévues notamment sur le port Est.
Il est impératif que l'on se projette résolument dans l'avenir. Port Louis traite annuellement un peu plus de 200 000 conteneurs par an, contre un peu moins de 200 000 à Port Réunion. Ce sont les productivités les plus fortes de la zone. Et bien je veux que Port Réunion devienne encore plus performant et puisse traiter comme port principal, une partie des 100 000 conteneurs de Madagascar.
Le trafic généré par les voisins immédiats de La Réunion est de plus de 1 milliards d'euros annuels. Allons chercher ces ressources, allons chercher la croissance. L'objectif est ambitieux. Mais comme le disais Voltaire, « une république n'est point fondée sur la vertu, elle l'est sur l'ambition de chaque citoyen qui contient l'ambition des autres ».
Et ici, à La Réunion, je sais que vous ne manquez pas d'ambition. Vous avez été le premier département d'Outre-mer à avoir créé un pôle de compétitivité. Vous avez mené à bien la plate forme CYROI du cyclotron Réunion Océan Indien. Vous êtes les instigateurs du projet La Réunion 2030 ou du Tram Train. Autant de réalisations qui visent à projeter La Réunion dans l'avenir.
Je tiens à vous dire que je suis déterminé à faire du port Est ce grand port dont La Réunion et la zone Océan Indien ont besoin.
Vous pouvez compter sur mon engagement total et sur le soutien actif de l'Etat qui, à vos côtés, s'engage vers cette nouvelle dynamique économique. Je fais donc appel à la mobilisation de tous les acteurs politiques et économiques, en sachant que tous, vous répondrez présent et je vous en remercie.
Source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 31 mars 2008