Déclaration de M. Alain Joyandet, secrétaire d'Etat à la coopération et à la francophonie, sur la coopération régionale dans l'Océan indien et sur le rôle de la Commission de l'Océan indien, à Victoria le 27 mars 2008.

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Intervenant(s) : 
  • Alain Joyandet - Secrétaire d'Etat à la coopération et à la francophonie

Circonstance : Déplacement aux Seychelles-cérémonie d'ouverture du XXIVéme Conseil de la Commission de l'Océan indien, à Victoria le 27 mars 2008

Texte intégral

Monsieur le Président,
Messieurs les Ministres,
Madame la Secrétaire générale de la Commission de l'Océan Indien,
Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs,

Chers Amis, c'est avec joie que je me trouve pour la première fois à vos côtés à l'occasion de ce XXIVème Conseil de la Commission de l'Océan Indien. Je voudrais remercier les autorités des Seychelles qui nous offrent aujourd'hui l'hospitalité et accueillent ce Conseil.
L'engagement de la France en faveur du développement de la coopération régionale dans l'océan Indien et de l'affirmation du rôle de la COI sur le plan régional et international demeurent une priorité forte de la politique de la France dans la région.
La France est en effet votre voisine dans l'Océan Indien. Elle veut jouer tout son rôle au sein de la COI qui nous rassemble autour d'intérêts communs. C'est bien cette ambition qui a présidé au développement de cette organisation de coopération régionale : l'ambition de nous rapprocher pour mieux nous entraider. C'est aujourd'hui encore l'esprit avec lequel nous abordons l'exercice de la négociation des Accords de Partenariat économique avec l'Union européenne.
C'est pourquoi j'ai tenu à être à vos côtés aujourd'hui, avec les élus de la Réunion et en particulier le président du Conseil régional M. Paul Vergès, dont je salue la présence.
Je suis persuadé que ce Conseil prendra les décisions qu'exige la préparation des enjeux à venir pour notre organisation dont les activités atteignent aujourd'hui une échelle inégalée et qui doit oeuvrer à une plus forte coopération notamment politique et économique entre ses membres. La COI doit désormais adapter ses structures en conséquence, pour être capable de porter notre coopération à un niveau supérieur et préparer les défis futurs.
La COI s'est affirmée sur le plan politique et diplomatique en 2007.
Je voudrais tout d'abord souligner à quel point la COI a su démontrer en 2007 qu'elle était devenue le cadre naturel pour mener des actions communes au niveau de la région et au-delà.
Sur le plan politique, la présence d'observateurs civils de la COI aux élections législatives îles des Comores en juin 2007 et de Madagascar en septembre 2007, a démontré l'implication de nos pays en faveur du respect des valeurs démocratiques et de la tenue d'élections libres et transparentes.
La COI devrait pouvoir envoyer à nouveau, je l'espère, une mission d'observation aux Comores pour les prochaines échéances électorales.
Sur le plan diplomatique, l'obtention en 2006 par la COI du statut d'observateur à l'Assemblée générale des Nations unies a été également un point positif. Cette reconnaissance internationale de la COI nous a ouvert de nouvelles possibilités. Nous devrions en faire usage à présent dans toutes les enceintes internationales pertinentes et la France est pleinement disposée à apporter son plein appui à de telles initiatives.
La COI peut constituer un vecteur efficace pour porter nos préoccupations au niveau international, que cela concerne les questions de gestion durable des ressources naturelles, de protection de l'environnement et des espèces animales menacées ou encore les questions de solidarité dans la lutte contre les épidémies mondiales.
L'action de l'Etat en mer et le développement de transports maritimes plus sûrs sont aussi des secteurs d'intervention qui méritent une approche et des actions communes dans le cadre de la COI. Trop de naufrages et de victimes sont encore à déplorer régulièrement dans la région et cela exige une réponse urgente.
Une convention de financement du projet de Réseau de surveillance épidémiologique sera signée demain entre l'AFD et la COI.
Pour faire face à des risques globaux, comme la menace constituée par les maladies épidémiques, nous devons avoir le réflexe de solidarité qui est au coeur des actions menées par la COI.
Nous avons décidé de lancer, en nous appuyant sur l'expertise de l'OMS, un projet de renforcement des capacités régionales de veille épidémiologique et de réponse. Nos Ministres de la Santé se sont rencontrés le 30 octobre 2006 à la Réunion pour valider cette approche et l'Agence française de Développement s'est proposée de financer et de mettre en oeuvre un projet de l'ordre de six millions d'euros.
Ce projet nous permettra de renforcer les capacités des pays les plus démunis parmi nous et de développer un réseau de veille et d'échange d'informations. Mutualiser nos moyens de veille et prévention nous permettra de répondre plus rapidement et plus efficacement au risque des maladies émergentes.
Pour ce qui concerne le proche avenir, je dois vous avouer que je suis frappée par la multiplicité de projets qui sont actuellement en cours de lancement ou en cours d'instruction par la COI. C'est un signe que notre organisation est active et dynamique dans tous les secteurs d'intervention qui la concernent.
J'ai retenu en particulier les projets de coopération régionale dans le secteur de la pêche. Les perspectives de développement de la pêche dans notre région sont prometteuses. Encore faut-il veiller à exploiter de façon raisonnable la ressource halieutique et à développer les armements nationaux et les activités agro-alimentaires liées à l'activité de pêche.
C'est pourquoi nous devrons poursuivre notre réflexion sur une stratégie de la pêche et de l'aquaculture et la concrétiser par un programme d'actions pour les prochaines années.
Depuis l'an dernier, nous bénéficions d'une aide généreuse de la Commission européenne pour lutter contre la pêche illégale et mutualiser autant que possible nos moyens de surveillance.
Le développement des réseaux d'information et de communications entre les îles de l'Océan indien doit être encouragé par la COI car il contribue à une meilleure intégration régionale. Le développement de connexions aux réseaux de communications mondiaux, par satellite ou par câble sous-marin, permettra en effet une meilleure insertion de nos îles dans les échanges mondiaux. Nous allons donc suivre de près le résultat des études lancées sur ces connexions et sur la perspective d'un câble qui relierait toutes nos îles et leur offrirait un accès à l'Internet à haut débit.
Le 10ème Fonds européen de Développement sera en place à partir de cette année et la COI peut espérer en être bénéficiaire pour toutes les actions qu'elle continuera de mener dans le secteur qui est devenu sa marque d'excellence, le secteur de la gestion durable de l'environnement.
Mais la COI ne doit pas s'interdire de réfléchir aussi à des activités qui contribuent à une meilleure intégration régionale et au développement d'infrastructures communes pour l'appui au commerce. Les infrastructures de communication et de transport dont je viens de parler sont des éléments essentiels à cette intégration. Je souhaite donc que le Conseil reste mobilisé sur ces questions d'une grande importance pour l'avenir de la COI, en particulier dans le contexte de la négociation des APE.
La France a apporté son appui à l'initiative des pays CMMS. Elle félicite la présidence Seychelloise d'avoir pris l'initiative du colloque de Mahé (4-6 mars derniers).
Pour ces prochaines années, l'effort prioritaire de la Commission européenne devrait porter sur le renforcement de l'intégration régionale et les volets développement de l'aide au commerce, y compris les infrastructures d'appui au commerce, qui doivent nécessairement accompagner la négociation des APE.
Cette priorité est pleinement justifiée car il s'agit d'un enjeu essentiel dans les relations entre l'Union européenne et les pays ACP et dans les relations entre La Réunion, région ultra-périphérique de l'Union européenne et ses voisins de la COI.
La France souhaite à cet égard une meilleure intégration de la Réunion dans son environnement régional et je sais que le président Vergès ainsi que tous les élus de la Réunion en sont convaincus et sont prêts à prendre toute leur place dans la discussion à venir. Une série d'initiatives sera prises prochainement pour mieux réunir les synergies entre les potentiels de vos pays dans la région.
Notre priorité : renforcer les capacités du Secrétariat général

Chers Amis,
Cette question avait été amorcée lors du précédent Conseil. La COI se trouve aujourd'hui confrontée à une difficulté inédite. Avec très peu de moyens, le Secrétariat général met en oeuvre et gère des programmes ambitieux et coûteux, qui nécessitent une grande expertise.
Or, le volume de projets en cours et en instruction est sur le point d'atteindre des proportions telles que le Secrétariat général ne sera bientôt plus en mesure d'en assurer le pilotage et la gestion. La COI, quasiment victime de son succès, se voit de plus en plus sollicitée pour mettre en oeuvre de nouveaux projets. Elle ne pourra bientôt plus répondre à ces demandes.
Nous connaissons tous le sous-effectif en personnel d'encadrement et l'exiguïté des locaux dont souffre notre organisation. Si nous ne réagissons pas tout de suite, celle-ci risque de connaître une crise majeure qui nous privera de nouveaux projets mais également de financements. Pour répondre à cette forte croissance, nous devons renforcer et professionnaliser le Secrétariat général de la COI.
En 2006, nous avons décidé d'augmenter légèrement le budget de fonctionnement de l'organisation, mais il faut visiblement passer à une étape supérieure. Je crois que ce constat et la nécessité d'apporter des solutions de façon urgente doivent être sérieusement discutés par les ministres au cours de nos travaux. Et nous avons cette année une excellente base de travail avec l'audit que nous avons reçu.
Je voudrais clore mon intervention en remerciant l'Union européenne pour le soutien constant qu'elle nous apporte dans la réalisation de nos projets.
Je voudrais également remercier Madame Andreas-Esoavelomandroso pour son travail à la tête du Secrétariat général. Je souhaite également lui réaffirmer l'engagement de la France à soutenir les mesures de renforcement du Secrétariat général dont elle a la responsabilité.
Je voudrais dans ce contexte, exprimer aussi ma reconnaissance pour le travail admirable réalisé par les chargés de mission du Secrétariat général. Nous sommes conscients de votre dévouement et nous vous en remercions. Nous allons faire tout notre possible pour apporter les réponses nécessaires à vos préoccupations concernant l'avenir de la COI.
Je voudrais encore remercier nos hôtes seychellois et souhaiter enfin plein succès à la prochaine présidence comorienne qui aura à mettre en oeuvre les orientations et les décisions que nous allons fixer aujourd'hui. Je souhaiterais, à son attention, et, en particulier, à celle de mon collègue le ministre des Affaires étrangère, M. Djeffar, marquer tout le soutien que la France apporte à l'Union des Comores dans les circonstances actuelles, où elle doit préserver l'intégrité et l'unité de son pays.
Je vous remercie.

Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 7 avril 2008