Déclaration de M. Hervé Morin, ministre de la défense, sur le rôle des militaires français en Afghanistan, à l'Assemblée nationale le 1er avril 2008.

Prononcé le 1er avril 2008

Intervenant(s) : 

Circonstance : Déclaration du gouvernement sur la situation en Afghanistan et débat sur cette déclaration, à l'Assemblée nationale le 1er avril 2008

Texte intégral

Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs les Députés, je n'ajouterai que quelques mots, M. Kouchner ayant répondu sur presque tous les points.
Nous sommes en effet en Afghanistan dans le cadre d'une opération qui relève du droit international, pour lutter contre le terrorisme au nom de notre propre sécurité et de celle de nos concitoyens.
Il s'agit de permettre le développement de la paix dans un pays qui a été durement frappé par l'invasion de l'Union soviétique, Monsieur Brard, puis par le régime des talibans.
A partir de ce constat, devons-nous nous retirer ? Ce serait nous résigner, laisser le champ libre aux terroristes, auxquels l'Afghanistan fournit une base arrière, et, en quelque sorte, menacer notre sécurité à court ou moyen terme.
Nous avons l'obligation d'être en Afghanistan pour faire en sorte que l'arc de crise qui s'étend de l'Asie du sud à l'Atlantique ne connaisse pas un immense foyer de déstabilisation.
Le président de la République a déclaré que nous n'avions pas vocation à rester éternellement en Afghanistan.
Et si nous n'avons pas vocation à y rester éternellement, cela veut dire que durant la période de notre intervention, nous devons tout faire et mettre en oeuvre toutes les politiques - et pas uniquement une politique militaire - pour faire en sorte que la situation en Afghanistan s'améliore. Si la situation s'est légèrement dégradée dans certaines régions, laquelle fait suite à une amélioration continue pendant plusieurs années, nous conservons le contrôle militaire de la zone.
Nous devons avoir une approche globale qui doit concerner à la fois la gouvernance, une politique de développement, une meilleure coordination des moyens civils et militaires, l'"afghanisation" progressive des institutions, c'est-à-dire le transfert aux Afghans du contrôle de leur sécurité, de leur police et de leur justice, ainsi que la lutte contre le narcotrafic, en donnant à ce pays, et notamment aux paysans afghans, les moyens de se développer. Voilà ce que nous devons faire, et c'est dans ce cadre-là que nous devons nous interroger sur les moyens militaires supplémentaires dont nous pourrions avoir besoin pour faire en sorte que notre politique soit efficace.
Nos militaires sont motivés et enthousiastes. Ils remplissent des missions pour lesquelles ils ont été parfaitement préparés et entraînés. Ils ont choisi ce métier des armes souvent par vocation, pour défendre le droit, la liberté et pour servir la France.
Ils assument avec fierté de risquer leur vie pour leur pays et de conduire des hommes au combat. C'est ce qu'ils font à l'heure actuelle avec l'armée nationale afghane dans le cadre des Operational mentoring liaison teams, les OMLT.
Mesdames, Messieurs les Députés du groupe SRC et du groupe GDR, croyez-vous que lorsque le chef des armées et le gouvernement décident d'envoyer des hommes et des femmes sur un théâtre d'opérations extérieures, ils ne pensent pas à leur sécurité, à leurs conditions d'emploi et ne mettent pas en oeuvre les mesures permettant d'assurer leur protection, notamment contre les engins explosifs improvisés ?
Les femmes et les hommes qui sont en Afghanistan font leur métier en ayant le sentiment qu'ils accomplissent, au-delà de leur devoir, une mission utile et nécessaire à la sécurité et à la paix de ce pays.
Enfin, Guy Teissier s'est interrogé sur le coût des opérations extérieures. Il s'est élevé à 700 millions d'euros en 2007 et atteindra probablement 850 à 900 millions d'euros en 2008, dont 75 %, soit 475 millions d'euros, ont été votés en loi de finances initiale, la loi de finances rectificative permettant au Premier ministre de prendre les mesures nécessaires, comme il l'a fait en 2007, pour faire en sorte qu'un budget complémentaire soit accordé.
Quant au coût de l'opération en Afghanistan, qui représente aujourd'hui entre 150 et 200 millions, il dépendra par la suite d'une décision qui n'est toujours pas prise, celle de l'envoi complémentaire d'hommes et de femmes dans ce pays.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 7 avril 2008