Texte intégral
Encadrement magazine : Quel bilan tirez-vous de cette première année de présidence ?
Bernard Van Craeynest : Tout d'abord, mon « intérim » 2005-2006 à la tête de l'organisation fut une période difficile qui m'a cependant permis de bien appréhender toutes les difficultés de la fonction. D'une manière générale, j'avais trouvé à mon arrivée une Confédération habituée à de vieux schémas, avec des réflexes de repli sur soi, finalement éloignée du terrain, de ses adhérents, de ses militants et des structures professionnelles. Or la Confédération est aussi une PME à vocation de services à rendre à l'ensemble de son réseau et j'ai la chance d'être entouré de salariés compétents, dévoués à la Maison CFE-CGC.
Depuis ma réélection en 2006, j'ai observé également que bon nombre de nos collaborateurs manquaient singulièrement d'outils appropriés à l'exercice de leurs missions. En somme, nous avions un appareil confédéral en deçà d'une productivité normale. Certains projets relatifs à la communication, aux systèmes d'information, au développement syndical n'ont pas fait l'objet d'une prise de conscience et de décisions d'investissements, en leur temps, à la hauteur des ambitions affichées. D'où un certain retard pour parfaire notre stratégie de consolidation et de conquête de nouvelles adhésions.
Quant aux relations avec les fédérations et les autres structures, j'ai été conforté dans l'idée que nous devions installer une relation de confiance et de collaboration. Je sais qu'il existe de part et d'autre une forte attente d'échanges, de mutualisation de moyens, de synergies à trouver dans des projets communs. La lucidité nous impose de ne pas agir en ordre dispersé : il nous faut bâtir notre avenir ensemble !
Cela est d'autant plus nécessaire à l'heure de la campagne prud'homale sur laquelle doivent converger toutes nos forces. Compte tenu des règles de représentativité qui devraient évoluer très prochainement, nous allons mobiliser d'importants moyens humains et matériels. Notre budget confédéral 2008 y consacre des investissements importants, proportionnés à notre volonté commune de gagner ces élections et d'accélérer notre développement. La Convention de Tours, le 14 novembre dernier, a bien donné le ton de la CFE-CGC à cet égard : offensif, structuré et avec une forte conviction militante.
EM : Quelles sont les actions internes que vous comptez mener ?
BVC : Après un audit et une réorganisation de certains services, la Confédération est en route pour un fonctionnement optimisé. Les recrutements qui étaient indispensables ont été effectués et se prolongeront en 2009. Les investissements nécessaires à la visibilité et à la performance de la CFE-CGC seront menés à leur terme, en tenant compte des objectifs : au moins 10 % des voix et la première place dans la section encadrement. Cette élection, nous la gagnerons ! Il suffit que chacun d'entre-nous s'implique et fasse voter deux de ses collègues de travail. Ce n'est pas un challenge insurmontable et il y va de notre représentativité. Soyez convaincus qu'à la CFE-CGC nous en sommes tous acteurs et responsables...
EM : Comment se présente l'année 2008 pour la Maison de la CFE-CGC ?
BVC : Le projet de « conduite du changement » va se construire avec nos unions (UD, UR), nos fédérations et syndicats non fédérés, tout au long de la période 2008/2009. Il s'agit de bâtir ensemble un nouveau système d'information en recensant les besoins. Pour donner un ordre d'idées, trente jours d'enquêtes sont planifiés dont environ 50 % auprès de nos fédérations et unions territoriales. En conjuguant la prise en compte de nos attentes de gestion et de développement des adhésions, des échanges plus productifs entre la Confédération et nos unions territoriales, nous rendrons cohérent et fédérateur le réseau CFE-CGC (Confédération, fédérations, unions territoriales). En permettant le partage de l'information entre tous nos permanents et militants et en leur offrant la possibilité d'accéder à une gestion électronique des documents, nous nous donnons les moyens de travailler ensemble et d'enrichir nos réflexions en utilisant les mêmes bases de données. Enfin en offrant au grand public, la possibilité d'adhérer via notre site Web et d'avoir ainsi accès à des services en ligne, nous intégrons dans notre démarche syndicale les nouvelles formes de comportements et d'engagements socio-économiques. Associer les nouvelles technologies de l'information à l'expression de nos besoins influe obligatoirement sur notre organisation, notre culture. Voilà pourquoi, je parle de conduite de changement.
EM : Depuis votre élection, quels sont les signes visibles des premiers changements ?
BVC : Paris ne s'est pas fait en un jour. Nous repensons totalement notre service de communication en lui donnant des outils mieux adaptés. Notre site Web vient d'être entièrement reconstruit et notre presse écrite fait l'objet d'une réflexion de fond pour la reformater (support, périodicité, cibles...). Par ailleurs, je viens de recruter un responsable de la communication.
Notre département Études a procédé, tout au long de l'année 2007, au recrutement de juristes et d'économistes qui assurent le support d'expertise auprès de la direction confédérale et de l'ensemble de l'exécutif et ce, dans le cadre du paritarisme et des projets relatifs au dialogue social.
Le Centre de formation syndicale (CFS) décentralise pour 2008, dans toutes les régions, plus de 40 stages de formation sur des thématiques nouvelles, plus proches des demandes et des besoins de nos militants. Ce même CFS fera l'objet d'un schéma directeur dès 2008 afin de donner à la formation CFE-CGC, un rôle amplifié comme vecteur de développement syndical.
L'informatique confédérale est en totale réorganisation. Les projets en cours (infrastructures et conduite du changement) sont un pari raisonnable pour le court terme.
Au-delà des élections prud'homales du 3 décembre 2008, la CFE-CGC prépare le moteur de sa nouvelle croissance. Celui qui nous permettra de peser d'un poids plus important dans le dialogue social national. Je ferai en sorte que nous ne tombions pas dans la relative léthargie qui s'installe habituellement entre deux élections prud'homales. La vie syndicale, nos militants le savent bien sur le terrain, ne se réveille pas à l'approche d'une échéance électorale ! Les contraintes d'organisation que vivent les salariés doivent être accompagnées par un support qui réponde à leurs préoccupations quotidiennes. C'est notre volonté : toujours plus de services et de réactivité pour répondre à l'attente de nos adhérents et militants. Source http://www.cfecgc.org, le 21 février 2008