Point de presse de M. Jean-Pierre Jouyet, secrétaire d'Etat aux affaires européennes, sur la lutte contre le réchauffement climatique, à Paris le 17 avril 2008.

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Circonstance : 3ème rencontre des économies majeures énergie et climat, à Paris les 17 et 18 avril 2008

Texte intégral

Comme vous le savez, après Washington en septembre 2007 et Honolulu en janvier dernier, la rencontre de Paris est la 3ème rencontre des 16 plus grandes économies qui représentent 80 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Autrement dit, au-delà de leurs différences, ce qui rassemble les pays représentés est qu'ils sont à la fois le coeur du problème et une grande partie de la solution.
Ce dialogue, souple et informel, vise à rapprocher les points de vue et à contribuer à l'émergence d'un consensus sur les moyens de lutter contre le changement climatique. C'est une contribution utile, voire indispensable, à la négociation lancée à Bali dans le cadre de la convention des Nations unies sur le changement climatique. Nous devons tous travailler dans la même direction afin de mettre en oeuvre le plan d'action de Bali et obtenir un accord planétaire fin 2009 à Copenhague : c'est le processus engagé dans le cadre de l'ONU qui est l'enceinte légitime de la future gouvernance climatique et cette manifestation y apporte sa contribution.
Au cours de cette première journée, les travaux ont porté sur plusieurs aspects essentiels de la question du changement climatique :
- La matinée a été consacrée à des échanges sur l'état des négociations quatre mois après la conférence de Bali et sur la vision partagée de long terme qui doit être conçue comme la vision d'un développement durable et servir de trame aux différents "blocs" de la négociation.
- La séance de l'après-midi a porté sur le thème des approches sectorielles qui a fait l'objet d'un atelier de travail spécifique organisé hier en prélude aux travaux de cette conférence.
Comme l'a annoncé ce matin le représentant du Japon, un Sommet des économies majeures se tiendra en juillet, en liaison avec le Sommet du G8.
Les échanges de la matinée ont commencé avec une brève présentation par la délégation américaine de la déclaration faite par le président Bush hier soir depuis Washington sur le thème du changement climatique. Comme vous le savez, le président Bush a notamment annoncé un objectif national d'arrêt de la croissance des émissions de gaz à effet de serre des Etats-Unis en 2025.
Cette déclaration a bien évidemment suscité des réactions de la part des participants à la réunion de Paris. Chacun a noté l'engagement des Etats-Unis à se fixer un objectif national à moyen terme et à mettre en oeuvre une politique permettant d'infléchir la trajectoire de leurs émissions de gaz à effet de serre. Ils ont aussi relevé que cet objectif non quantifié ne répondait pas à l'attente de la communauté internationale vis-à-vis des Etats-Unis : ceci ne permettrait pas de parvenir à la réduction de 25 % à 40 % attendue des pays développés ni de lutter contre l'augmentation de la température moyenne du globe.
Les pays européens, la Commission européenne et la Présidence slovène ont réaffirmé leur engagement collectif à réduire leurs émissions d'au moins 20 % à l'horizon 2020 et souligné qu'ils seraient en position de respecter cet engagement, comme en témoignait la négociation en cours, au Conseil et au Parlement européen, du paquet législatif "énergie/climat" présenté par la Commission et le commissaire Dimas, présent aujourd'hui, en janvier et qui est l'une des priorités de la PFUE. La future Présidence française de l'Union européenne mettra tout en oeuvre pour aboutir à un accord politique sur ce paquet avant décembre 2008 - c'est à dire avant la Conférence de Poznan.
S'agissant de la discussion de ce matin, quatre propositions ont émergé.
1. En matière d'atténuation des émissions, il est nécessaire de fixer des objectifs ambitieux à moyen et à long terme : il faut "mettre des chiffres sur la table". Il s'agit ainsi de transformer de manière radicale l'économie globale et de trouver de nouveaux modes de croissance économiques. C'est l'objectif de réduction qui doit être quantifié.
2. Mais il faut lier la réduction des émissions et la réponse au défi de l'adaptation au changement climatique, qui touche les plus vulnérables et les plus pauvres. Le problème du changement climatique, et cela a été dit de manière claire, notamment par les émergents, ne peut pas être pensé séparément du défi du développement.
3; Notre ambition est commune et partagée ; il faut bien sûr qu'elle soit différenciée. Il faudra la préciser et il nous faudra aussi des chiffres.
4. Les participants ont pris conscience à quel point il est urgent d'agir : la science du climat continue de progresser et ses constats sont toujours préoccupants. Les évolutions climatiques sont déjà là, elles se manifestent plus vite qu'on ne l'avait pensé et avec une ampleur plus grande que les scénarii les plus pessimistes l'avaient anticipé.
Lors des discussions sur les approches sectorielles, nous sommes ensuite revenus sur l'atelier qui a eu lieu. Chacun reconnaît l'utilité de cet outil. Toutefois, les pays en voie de développement ont bien fait remarquer que cet outil ne doit pas être un substitut aux efforts des pays développés, ni un outil pour imposer des objectifs contraignants aux pays en développement.
Je souhaiterais conclure cette présentation de l'état de nos travaux en soulignant que cette rencontre des économies majeures, qui n'a pas pour vocation de négocier le régime climat de l'après 2012, permet d'instaurer un dialogue très utile et de faciliter la recherche d'un consensus. Il s'inscrit dans le processus onusien et vise à le consolider. L'objectif de la réunion est que les leaders des pays concernés affichent des principes et directions claires dès juillet prochain, à Hokkaido.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 23 avril 2008