Texte intégral
Monsieur le Préfet de Police,
Monsieur le Maire de Paris,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Mesdames et Messieurs les Directeurs et Chefs de service,
Mesdames, Messieurs,
En présidant aujourd'hui cette cérémonie, j'ai pleinement conscience de vivre un moment rare et significatif de l'histoire de la Préfecture de Police, l'un de ces moments d'exception qui contribuent à forger l'histoire et la mémoire de cette grande et belle Maison.
Ma présence parmi vous revêt une importance doublement symbolique : elle a pour objet d'honorer un homme et une institution, un homme qui a véritablement incarné cette institution pendant huit ans, et une institution qui a guidé le destin de cet homme que nous saluons ce soir.
L'homme, c'est bien sûr le grand serviteur de l'Etat qu'est Philippe MASSONI. Au moment où il quitte ses fonctions de Préfet de Police, nous lui rendons, ce soir, le juste hommage qui lui est dû.
L'institution, c'est la Préfecture de Police, à laquelle j'ai l'honneur, pour la première fois depuis que je suis Ministre de l'Intérieur, de m'adresser en ce lieu si symbolique de la Cour du 19 août, dont les façades résonnent de tous les événements qui ont façonné non seulement l'histoire et l'âme de la police parisienne, mais aussi l'histoire et l'âme de Paris.
La Préfecture de Police occupe une place à part dans nos institutions. En charge de la sécurité des Parisiennes et des Parisiens mais aussi de la protection du siège des institutions de la République et des représentations diplomatiques, la Préfecture de Police est une administration unique dans notre pays, exerçant à la fois des fonctions étatiques et des fonctions municipales.
La présence du nouveau Maire de Paris, que je salue très chaleureusement, est le signe éclatant de la qualité des liens et de la collaboration étroite et fructueuse entre la Mairie de Paris et la Préfecture de Police, liens que nous devons encore renforcer pour améliorer la qualité de vie des Parisiennes et des Parisiens.
Il n'est pas de grande institution sans les personnels qui la composent. Je souhaite donc dire, d'abord, combien je porte estime et attention aux femmes et aux hommes de la Préfecture de Police, et à quel point je respecte et j'admire leur engagement sans limite, leur courage jamais démenti, leur professionnalisme affirmé et leur attachement résolu aux valeurs de notre République et de notre démocratie.
La Préfecture de Police peut s'enorgueillir de compter dans ses rangs des fonctionnaires de très grande qualité, animés d'une conception élevée du devoir et qui placent au plus haut le sens du service public.
Que vous soyez policiers, personnels administratifs et techniques ou militaires de la brigade des sapeurs-pompiers de Paris, Mesdames et Messieurs, je vous exprime toute ma confiance et toute la confiance du Gouvernement. Vous pouvez être légitimement fiers de votre action, de votre engagement, de votre sens du devoir. Les Parisiens et les Parisiennes ne s'y trompent pas.
Forte de cette richesse humaine exceptionnelle, forte des valeurs de la République et de la démocratie qui placent l'action de la police au cur du pacte social, c'est-à-dire au cur du pacte qui fonde la vie de la cité, la Préfecture de Police a toujours su adapter son action et son organisation aux impératifs de son époque, aux attentes de la population et aux changements profonds que devait affronter la Capitale.
Je sais que, dans l'avenir, les fonctionnaires de la Préfecture de Police continueront à puiser dans cette tradition féconde et créative les moyens d'assumer pleinement les défis nouveaux qui se présenteront à eux, pour le bien de Paris et des Parisiens et dans l'intérêt suprême de notre pays.
Nous honorons aujourd'hui chaque fonctionnaire de la Préfecture de Police.
Nous honorons aussi le premier d'entre eux, celui qui, pendant huit années, aura été leur chef au terme d'une carrière aussi exceptionnelle qu'exemplaire.
Philippe Massoni, que de chemin parcouru dans cette Grande Maison, dans laquelle vous êtes entré le 5 novembre 1962 pour la première fois.
Auparavant, il faut rappeler que vous aviez obtenu une licence en droit à l'Université d'Aix-Marseille, et effectué votre service militaire comme sous-lieutenant en Algérie où vous avaient été confiées, malgré votre jeune âge, d'importantes responsabilités, dans une période difficile.
C'est ensuite le retour à la vie civile. Vous passez avec succès le concours de commissaire-adjoint de la Ville de Paris, qui vous conduit pour la première fois à la Préfecture de Police au sein de plusieurs commissariats de quartier de la Direction de la Police Judiciaire : Arsenal, Notre-Dame des Champs, Sainte-Marguerite, Halles, Amérique et Belleville Autant d'affectations qui vous permettent d'acquérir rapidement une connaissance fine de Paris, de ses quartiers et de sa très grande diversité.
En 1964, vous rejoignez la Direction des Renseignements Généraux, où vous donnez d'emblée la pleine mesure de vos très grandes qualités et où vos supérieurs hiérarchiques ne tarissent pas d'éloges sur vos compétences, et soulignent votre vive intelligence, votre culture étendue, et votre sens de l'initiative et du commandement.
Le commissaire-adjoint Philippe Massoni poursuivra ensuite sa route avec la réussite que l'on sait : commissaire de Police le 6 mars 1967, commissaire principal en 1971, puis commissaire divisionnaire en 1976.
Vos aptitudes ayant été spécialement remarquées, vous êtes appelé comme chargé de mission au cabinet de deux Premiers ministres successifs entre 1976 et 1980 et devenez, en 1978, à 42 ans, le plus jeune contrôleur général de la Police Nationale, puis, en 1980, directeur des services actifs de la Police Nationale.
Vous retrouvez ensuite la Préfecture de Police en prenant la tête de la direction des services techniques, à laquelle vous insufflez un nouveau dynamisme, en l'adaptant aux évolutions de son temps et en développant ses capacités opérationnelles.
Puis, c'est à nouveau l'ambiance d'un cabinet ministériel. Vous êtes, en effet, en 1986 chargé des fonctions de directeur adjoint de cabinet du ministre délégué auprès du ministre de l'Intérieur, chargé de la sécurité. Vous serez ensuite nommé directeur central des renseignements généraux.
En 1987, vous êtes promu préfet chargé d'une mission de service public à la suite notamment de l'arrestation des quatre dirigeants d'Action Directe. Cette promotion ne surprendra guère ceux qui, très nombreux déjà, vous connaissent et vous apprécient.
Votre première affectation territoriale, en 1988, comme préfet de l'Aube, où vous débutez en quelque sorte une deuxième carrière, ne les étonnera pas davantage, tant ils savent que vous y représenterez l'Etat avec doigté et efficacité.
Vous ferez preuve de vos nombreux talents dans chacun des départements dont vous serez préfet : après l'Aube, ce sera l'Oise puis le Puy-de-Dôme et la région Auvergne. Votre dynamisme, votre sens de l'intérêt général, votre capacité à expliquer la politique mise en uvre par l'Etat et à valoriser les initiatives que prend celui-ci ont partout laissé un souvenir encore très vif aujourd'hui. Vous démontrerez aussi tout votre savoir-faire à l'occasion du conflit des routiers de 1992.
Appelé, en avril 1993, à diriger durant quelques semaines le cabinet du ministre de l'Intérieur lors de son installation, vous retrouverez, une fois encore, la Préfecture de Police le 30 avril suivant, pour y exercer alors les plus hautes fonctions : celles de Préfet de Police que vous n'avez plus quittées jusqu'à aujourd'hui.
Depuis votre nomination à ce poste prestigieux, mais si délicat et si sensible, la Préfecture de Police a déployé de grands efforts pour lutter contre la menace terroriste - chacun a encore en mémoire, en particulier, la vague d'attentats de l'été 1995 -, a poursuivi avec ténacité son combat quotidien contre la délinquance et a su assumer, avec un remarquable savoir-faire, la gestion d'événements de très grande ampleur (Journées Mondiales de la Jeunesse, Coupe du Monde de football, Passage à l'An 2000), pour ne citer que les principaux.
En chacune de ces occasions, vous avez démontré tout à la fois sang-froid, capacité d'analyse et sens de l'anticipation.
Vous avez su dans le même temps conduire, avec diplomatie et détermination, des actions de modernisation en profondeur de la Préfecture de Police, en ne laissant à aucun moment l'habitude des choses, ou la routine l'emporter sur les réflexions d'avenir et sur les évolutions nécessaires.
Ainsi, en 1997 vous avez engagé une réforme qui n'a pas d'équivalent à la Préfecture de Police depuis au moins un siècle en réorganisant complètement les services actifs de la Préfecture de Police, en créant une unité de commandement dans chaque arrondissement et en mettant en place une police de proximité.
Vous avez su préparer avec soin cette réforme, la mener à bien dans un esprit de concertation et la concrétiser à compter du 18 avril 1999. Nul doute que cette réforme, lorsque toutes les conséquences auront pu en être tirées et lorsqu'elle aura ainsi produit tous ses effets, aura fondé la Préfecture de Police du 3ème millénaire.
Ces difficultés franchies, ces résultats obtenus, ces transformations réalisées, la Préfecture de Police les doit d'abord aux qualités de l'homme qui, pendant huit années, a eu la lourde et délicate charge de la diriger.
Vos qualités, Philippe Massoni, sont nombreuses et sont unanimement reconnues.
· D'abord, une connaissance sans égal du monde de la police, mais aussi de Paris, associée à une finesse particulière d'analyse et à un sens aigu des situations, qualités si précieuses pour la Préfecture de Police mais aussi pour le Ministre de l'Intérieur et les pouvoirs publics ;
· Ensuite, un sang-froid et une rapidité de réaction et de mobilisation, sans lesquels la Préfecture de Police n'auraient pu faire face pendant ces années à autant d'événements, trop souvent imprévisibles, et parfois dramatiques ;
· En troisième lieu, une volonté d'ouverture, et un souci de transparence servis par une aptitude particulière à une communication simple et précise, et grâce auxquels la Préfecture de Police aura pu s'ouvrir sur son passé comme sur son travail quotidien et s'adapter aux exigences de la communication, qui impliquent le savoir-faire mais aussi le faire-savoir ;
· En quatrième lieu, une qualité particulière de la relation avec les interlocuteurs, quels qu'ils soient, fondée sur le respect de ceux-ci, sur la courtoisie et la délicatesse, et sur le souci de répondre à leurs attentes, qualité qui a tout spécialement pu s'exprimer dans les relations avec les élus du suffrage universel de toutes tendances, élus nationaux ou élus de Paris, qualité dont je n'ai eu, à titre personnel, tout au long de ces années qu'à me féliciter, que ce soit comme conseiller de Paris, comme parlementaire, comme maire d'arrondissement, comme ministre des relations avec le Parlement et bien sûr comme ministre de l'Intérieur.
· Enfin, un désir permanent de comprendre, de disposer des éléments d'informations nécessaires et d'avoir la capacité de faire face à toutes les situations aussi imprévues soient-elles, souci qui vous a conduit aussi bien à réfléchir à ce que devrait être la police en 2015 qu'à préparer minutieusement chaque grand événement d'ordre public ou à faire reconnaître au Préfet de Police une réelle capacité de coordination en matière d'ordre public en Ile-de-France.
Ces qualités n'ont cependant pu prendre tout leur sens et produire tous leurs heureux effets que parce qu'elles s'appuient chez vous, Philippe Massoni, sur des règles d'action et des valeurs, dont vous ne vous êtes jamais départi.
Ces règles d'action et ces valeurs sont et doivent rester la marque de la Préfecture de Police.
· La Préfecture de Police et ses fonctionnaires sauront se souvenir qu'à tout moment, vous vous êtes attaché à fonder l'action sur trois vertus cardinales : primauté des intérêts de l'Etat, professionnalisme et rigueur dans la préparation comme dans l'exécution.
· La Préfecture de Police et ses fonctionnaires sauront se souvenir d'une autre de vos règles d'action : une institution ne tire toute sa force et toute sa légitimité que du service qu'elle rend et de sa capacité d'évolution pour mieux répondre encore aux attentes de la population.
· La Préfecture de Police et ses fonctionnaires sauront se souvenir des valeurs républicaines sur lesquelles en toutes circonstances vous vous êtes montré intransigeant : défense stricte de la Préfecture de Police chaque fois que la République risquait d'être la victime de son démembrement ; neutralité du service public ; loyauté vis-à-vis des institutions ; déontologie et respect vigilant des droits de l'homme.
· La Préfecture de Police et ses fonctionnaires sauront, enfin, se souvenir des valeurs humanistes qui, à tout moment, ont guidé votre action et vos décisions : attention et considération portées aux femmes et aux hommes, à leurs conditions de travail et aux conditions d'exercice de leur difficile métier, quelles que soient leurs fonctions et leur grade ; dialogue social toujours très attentif avec les organisations syndicales et les représentants des personnels, avec le souci permanent de les reconnaître comme des interlocuteurs indispensables et écoutés ; utilisation de la force toujours strictement proportionnée lorsqu'il n'était d'autre voie pour assurer la paix publique ; volonté de faire jouer aux services de police tout le rôle social qui est le leur au service de tous, et d'abord des plus faibles.
Philippe Massoni, les Parisiens et la Préfecture de Police vous doivent beaucoup, mais ils savent que dans cette nouvelle étape de vie que vous commencez dès à présent, vous continuerez de servir avec la même passion la cause de la République et celle de l'Homme.
Philippe MASSONI, je sais toute l'émotion qui est la vôtre en cet instant où vous portez pour la dernière fois l'uniforme préfectoral et la fourragère rouge.
J'ai voulu que cette cérémonie soit organisée pour marquer avec force cette journée, en tous points mémorable. J'ai souhaité ainsi honorer l'homme et le grand serviteur de l'Etat que vous êtes, le haut fonctionnaire à la carrière exemplaire, dont toutes les éminentes qualités personnelles et professionnelles ont trouvé leur dimension ultime à la Préfecture de Police.
Vous avez inscrit votre action dans la lignée des plus illustres de vos prédécesseurs, qui restent aujourd'hui encore si chers à la mémoire des Parisiens.
Riche de votre héritage et de son passé bicentenaire, la Préfecture de Police est plus que jamais prête à suivre la voie, Monsieur le Préfet, que vous lui avez tracée avec constance et détermination.
Votre action sera, pour longtemps, un exemple et une référence. Cet exemple et cette référence aideront, je le sais, la Préfecture de Police à poursuivre ses missions avec le sens de l'effort et de l'exigence, qui est la seule vraie voie de l'efficacité et du succès dans l'action, au service de nos concitoyens et de notre pays.
(Source http://www.interieur.gouv.fr, le 12 avril 2001)
Monsieur le Maire de Paris,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Mesdames et Messieurs les Directeurs et Chefs de service,
Mesdames, Messieurs,
En présidant aujourd'hui cette cérémonie, j'ai pleinement conscience de vivre un moment rare et significatif de l'histoire de la Préfecture de Police, l'un de ces moments d'exception qui contribuent à forger l'histoire et la mémoire de cette grande et belle Maison.
Ma présence parmi vous revêt une importance doublement symbolique : elle a pour objet d'honorer un homme et une institution, un homme qui a véritablement incarné cette institution pendant huit ans, et une institution qui a guidé le destin de cet homme que nous saluons ce soir.
L'homme, c'est bien sûr le grand serviteur de l'Etat qu'est Philippe MASSONI. Au moment où il quitte ses fonctions de Préfet de Police, nous lui rendons, ce soir, le juste hommage qui lui est dû.
L'institution, c'est la Préfecture de Police, à laquelle j'ai l'honneur, pour la première fois depuis que je suis Ministre de l'Intérieur, de m'adresser en ce lieu si symbolique de la Cour du 19 août, dont les façades résonnent de tous les événements qui ont façonné non seulement l'histoire et l'âme de la police parisienne, mais aussi l'histoire et l'âme de Paris.
La Préfecture de Police occupe une place à part dans nos institutions. En charge de la sécurité des Parisiennes et des Parisiens mais aussi de la protection du siège des institutions de la République et des représentations diplomatiques, la Préfecture de Police est une administration unique dans notre pays, exerçant à la fois des fonctions étatiques et des fonctions municipales.
La présence du nouveau Maire de Paris, que je salue très chaleureusement, est le signe éclatant de la qualité des liens et de la collaboration étroite et fructueuse entre la Mairie de Paris et la Préfecture de Police, liens que nous devons encore renforcer pour améliorer la qualité de vie des Parisiennes et des Parisiens.
Il n'est pas de grande institution sans les personnels qui la composent. Je souhaite donc dire, d'abord, combien je porte estime et attention aux femmes et aux hommes de la Préfecture de Police, et à quel point je respecte et j'admire leur engagement sans limite, leur courage jamais démenti, leur professionnalisme affirmé et leur attachement résolu aux valeurs de notre République et de notre démocratie.
La Préfecture de Police peut s'enorgueillir de compter dans ses rangs des fonctionnaires de très grande qualité, animés d'une conception élevée du devoir et qui placent au plus haut le sens du service public.
Que vous soyez policiers, personnels administratifs et techniques ou militaires de la brigade des sapeurs-pompiers de Paris, Mesdames et Messieurs, je vous exprime toute ma confiance et toute la confiance du Gouvernement. Vous pouvez être légitimement fiers de votre action, de votre engagement, de votre sens du devoir. Les Parisiens et les Parisiennes ne s'y trompent pas.
Forte de cette richesse humaine exceptionnelle, forte des valeurs de la République et de la démocratie qui placent l'action de la police au cur du pacte social, c'est-à-dire au cur du pacte qui fonde la vie de la cité, la Préfecture de Police a toujours su adapter son action et son organisation aux impératifs de son époque, aux attentes de la population et aux changements profonds que devait affronter la Capitale.
Je sais que, dans l'avenir, les fonctionnaires de la Préfecture de Police continueront à puiser dans cette tradition féconde et créative les moyens d'assumer pleinement les défis nouveaux qui se présenteront à eux, pour le bien de Paris et des Parisiens et dans l'intérêt suprême de notre pays.
Nous honorons aujourd'hui chaque fonctionnaire de la Préfecture de Police.
Nous honorons aussi le premier d'entre eux, celui qui, pendant huit années, aura été leur chef au terme d'une carrière aussi exceptionnelle qu'exemplaire.
Philippe Massoni, que de chemin parcouru dans cette Grande Maison, dans laquelle vous êtes entré le 5 novembre 1962 pour la première fois.
Auparavant, il faut rappeler que vous aviez obtenu une licence en droit à l'Université d'Aix-Marseille, et effectué votre service militaire comme sous-lieutenant en Algérie où vous avaient été confiées, malgré votre jeune âge, d'importantes responsabilités, dans une période difficile.
C'est ensuite le retour à la vie civile. Vous passez avec succès le concours de commissaire-adjoint de la Ville de Paris, qui vous conduit pour la première fois à la Préfecture de Police au sein de plusieurs commissariats de quartier de la Direction de la Police Judiciaire : Arsenal, Notre-Dame des Champs, Sainte-Marguerite, Halles, Amérique et Belleville Autant d'affectations qui vous permettent d'acquérir rapidement une connaissance fine de Paris, de ses quartiers et de sa très grande diversité.
En 1964, vous rejoignez la Direction des Renseignements Généraux, où vous donnez d'emblée la pleine mesure de vos très grandes qualités et où vos supérieurs hiérarchiques ne tarissent pas d'éloges sur vos compétences, et soulignent votre vive intelligence, votre culture étendue, et votre sens de l'initiative et du commandement.
Le commissaire-adjoint Philippe Massoni poursuivra ensuite sa route avec la réussite que l'on sait : commissaire de Police le 6 mars 1967, commissaire principal en 1971, puis commissaire divisionnaire en 1976.
Vos aptitudes ayant été spécialement remarquées, vous êtes appelé comme chargé de mission au cabinet de deux Premiers ministres successifs entre 1976 et 1980 et devenez, en 1978, à 42 ans, le plus jeune contrôleur général de la Police Nationale, puis, en 1980, directeur des services actifs de la Police Nationale.
Vous retrouvez ensuite la Préfecture de Police en prenant la tête de la direction des services techniques, à laquelle vous insufflez un nouveau dynamisme, en l'adaptant aux évolutions de son temps et en développant ses capacités opérationnelles.
Puis, c'est à nouveau l'ambiance d'un cabinet ministériel. Vous êtes, en effet, en 1986 chargé des fonctions de directeur adjoint de cabinet du ministre délégué auprès du ministre de l'Intérieur, chargé de la sécurité. Vous serez ensuite nommé directeur central des renseignements généraux.
En 1987, vous êtes promu préfet chargé d'une mission de service public à la suite notamment de l'arrestation des quatre dirigeants d'Action Directe. Cette promotion ne surprendra guère ceux qui, très nombreux déjà, vous connaissent et vous apprécient.
Votre première affectation territoriale, en 1988, comme préfet de l'Aube, où vous débutez en quelque sorte une deuxième carrière, ne les étonnera pas davantage, tant ils savent que vous y représenterez l'Etat avec doigté et efficacité.
Vous ferez preuve de vos nombreux talents dans chacun des départements dont vous serez préfet : après l'Aube, ce sera l'Oise puis le Puy-de-Dôme et la région Auvergne. Votre dynamisme, votre sens de l'intérêt général, votre capacité à expliquer la politique mise en uvre par l'Etat et à valoriser les initiatives que prend celui-ci ont partout laissé un souvenir encore très vif aujourd'hui. Vous démontrerez aussi tout votre savoir-faire à l'occasion du conflit des routiers de 1992.
Appelé, en avril 1993, à diriger durant quelques semaines le cabinet du ministre de l'Intérieur lors de son installation, vous retrouverez, une fois encore, la Préfecture de Police le 30 avril suivant, pour y exercer alors les plus hautes fonctions : celles de Préfet de Police que vous n'avez plus quittées jusqu'à aujourd'hui.
Depuis votre nomination à ce poste prestigieux, mais si délicat et si sensible, la Préfecture de Police a déployé de grands efforts pour lutter contre la menace terroriste - chacun a encore en mémoire, en particulier, la vague d'attentats de l'été 1995 -, a poursuivi avec ténacité son combat quotidien contre la délinquance et a su assumer, avec un remarquable savoir-faire, la gestion d'événements de très grande ampleur (Journées Mondiales de la Jeunesse, Coupe du Monde de football, Passage à l'An 2000), pour ne citer que les principaux.
En chacune de ces occasions, vous avez démontré tout à la fois sang-froid, capacité d'analyse et sens de l'anticipation.
Vous avez su dans le même temps conduire, avec diplomatie et détermination, des actions de modernisation en profondeur de la Préfecture de Police, en ne laissant à aucun moment l'habitude des choses, ou la routine l'emporter sur les réflexions d'avenir et sur les évolutions nécessaires.
Ainsi, en 1997 vous avez engagé une réforme qui n'a pas d'équivalent à la Préfecture de Police depuis au moins un siècle en réorganisant complètement les services actifs de la Préfecture de Police, en créant une unité de commandement dans chaque arrondissement et en mettant en place une police de proximité.
Vous avez su préparer avec soin cette réforme, la mener à bien dans un esprit de concertation et la concrétiser à compter du 18 avril 1999. Nul doute que cette réforme, lorsque toutes les conséquences auront pu en être tirées et lorsqu'elle aura ainsi produit tous ses effets, aura fondé la Préfecture de Police du 3ème millénaire.
Ces difficultés franchies, ces résultats obtenus, ces transformations réalisées, la Préfecture de Police les doit d'abord aux qualités de l'homme qui, pendant huit années, a eu la lourde et délicate charge de la diriger.
Vos qualités, Philippe Massoni, sont nombreuses et sont unanimement reconnues.
· D'abord, une connaissance sans égal du monde de la police, mais aussi de Paris, associée à une finesse particulière d'analyse et à un sens aigu des situations, qualités si précieuses pour la Préfecture de Police mais aussi pour le Ministre de l'Intérieur et les pouvoirs publics ;
· Ensuite, un sang-froid et une rapidité de réaction et de mobilisation, sans lesquels la Préfecture de Police n'auraient pu faire face pendant ces années à autant d'événements, trop souvent imprévisibles, et parfois dramatiques ;
· En troisième lieu, une volonté d'ouverture, et un souci de transparence servis par une aptitude particulière à une communication simple et précise, et grâce auxquels la Préfecture de Police aura pu s'ouvrir sur son passé comme sur son travail quotidien et s'adapter aux exigences de la communication, qui impliquent le savoir-faire mais aussi le faire-savoir ;
· En quatrième lieu, une qualité particulière de la relation avec les interlocuteurs, quels qu'ils soient, fondée sur le respect de ceux-ci, sur la courtoisie et la délicatesse, et sur le souci de répondre à leurs attentes, qualité qui a tout spécialement pu s'exprimer dans les relations avec les élus du suffrage universel de toutes tendances, élus nationaux ou élus de Paris, qualité dont je n'ai eu, à titre personnel, tout au long de ces années qu'à me féliciter, que ce soit comme conseiller de Paris, comme parlementaire, comme maire d'arrondissement, comme ministre des relations avec le Parlement et bien sûr comme ministre de l'Intérieur.
· Enfin, un désir permanent de comprendre, de disposer des éléments d'informations nécessaires et d'avoir la capacité de faire face à toutes les situations aussi imprévues soient-elles, souci qui vous a conduit aussi bien à réfléchir à ce que devrait être la police en 2015 qu'à préparer minutieusement chaque grand événement d'ordre public ou à faire reconnaître au Préfet de Police une réelle capacité de coordination en matière d'ordre public en Ile-de-France.
Ces qualités n'ont cependant pu prendre tout leur sens et produire tous leurs heureux effets que parce qu'elles s'appuient chez vous, Philippe Massoni, sur des règles d'action et des valeurs, dont vous ne vous êtes jamais départi.
Ces règles d'action et ces valeurs sont et doivent rester la marque de la Préfecture de Police.
· La Préfecture de Police et ses fonctionnaires sauront se souvenir qu'à tout moment, vous vous êtes attaché à fonder l'action sur trois vertus cardinales : primauté des intérêts de l'Etat, professionnalisme et rigueur dans la préparation comme dans l'exécution.
· La Préfecture de Police et ses fonctionnaires sauront se souvenir d'une autre de vos règles d'action : une institution ne tire toute sa force et toute sa légitimité que du service qu'elle rend et de sa capacité d'évolution pour mieux répondre encore aux attentes de la population.
· La Préfecture de Police et ses fonctionnaires sauront se souvenir des valeurs républicaines sur lesquelles en toutes circonstances vous vous êtes montré intransigeant : défense stricte de la Préfecture de Police chaque fois que la République risquait d'être la victime de son démembrement ; neutralité du service public ; loyauté vis-à-vis des institutions ; déontologie et respect vigilant des droits de l'homme.
· La Préfecture de Police et ses fonctionnaires sauront, enfin, se souvenir des valeurs humanistes qui, à tout moment, ont guidé votre action et vos décisions : attention et considération portées aux femmes et aux hommes, à leurs conditions de travail et aux conditions d'exercice de leur difficile métier, quelles que soient leurs fonctions et leur grade ; dialogue social toujours très attentif avec les organisations syndicales et les représentants des personnels, avec le souci permanent de les reconnaître comme des interlocuteurs indispensables et écoutés ; utilisation de la force toujours strictement proportionnée lorsqu'il n'était d'autre voie pour assurer la paix publique ; volonté de faire jouer aux services de police tout le rôle social qui est le leur au service de tous, et d'abord des plus faibles.
Philippe Massoni, les Parisiens et la Préfecture de Police vous doivent beaucoup, mais ils savent que dans cette nouvelle étape de vie que vous commencez dès à présent, vous continuerez de servir avec la même passion la cause de la République et celle de l'Homme.
Philippe MASSONI, je sais toute l'émotion qui est la vôtre en cet instant où vous portez pour la dernière fois l'uniforme préfectoral et la fourragère rouge.
J'ai voulu que cette cérémonie soit organisée pour marquer avec force cette journée, en tous points mémorable. J'ai souhaité ainsi honorer l'homme et le grand serviteur de l'Etat que vous êtes, le haut fonctionnaire à la carrière exemplaire, dont toutes les éminentes qualités personnelles et professionnelles ont trouvé leur dimension ultime à la Préfecture de Police.
Vous avez inscrit votre action dans la lignée des plus illustres de vos prédécesseurs, qui restent aujourd'hui encore si chers à la mémoire des Parisiens.
Riche de votre héritage et de son passé bicentenaire, la Préfecture de Police est plus que jamais prête à suivre la voie, Monsieur le Préfet, que vous lui avez tracée avec constance et détermination.
Votre action sera, pour longtemps, un exemple et une référence. Cet exemple et cette référence aideront, je le sais, la Préfecture de Police à poursuivre ses missions avec le sens de l'effort et de l'exigence, qui est la seule vraie voie de l'efficacité et du succès dans l'action, au service de nos concitoyens et de notre pays.
(Source http://www.interieur.gouv.fr, le 12 avril 2001)