Point de presse de M. Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes, notamment sur le dossier nucléaire iranien, le financement de l'État palestinien et la situation au Kosovo, Londres le 2 mai 2008.

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Texte intégral

Nous avons évoqué trois sujets importants : l'Iran, le Kosovo et la Palestine, plus précisément les suites d'Annapolis et de la Conférence de Paris.
Sur l'Iran, qui était le point essentiel, je ne peux pas vous en parler puisque la lettre de propositions doit d'abord être adressée au gouvernement iranien. On en dit rien sauf ce qui est important, c'est-à-dire que la communauté internationale, les Six, sont restés dans la droite ligne de la dernière résolution du Conseil de sécurité des Nations unies qui prescrivait à la fois des sanctions et un dialogue.
Les sanctions ont été publiées, il y a maintenant presque deux mois, et c'est une série de sanctions relativement solides, avec des banques visées, un certain nombre de noms de personnes interdites de déplacements à l'étranger, etc.
Renforcement des sanctions, donc, pour la troisième fois, mais il y a le dialogue. Le dialogue, la France n'y a pas été pour rien, c'est ce que nous faisons depuis longtemps. Cette fois-ci, il y a une offre qui sera portée à Téhéran avant le 2 juin, puisque c'est la date limite qui a été fixée par la résolution du Conseil de sécurité. Je pense que le document sera remis en mains propres par une délégation et, à ce moment-là, on pourra parler du texte.
C'est un texte de propositions avec une série de chapitres sur lesquels la communauté internationale et l'Iran pourraient avancer ensemble. En outre, il y a un aspect très important, en dehors de l'aspect tout à fait politique, très directement lié au texte, c'est la prise en compte de l'opinion publique, puisque personne ne sait que finalement on leur parle depuis longtemps. On essaye de mettre en pratique ce que l'on a décidé avec l'Agence internationale de l'Energie atomique avec un suivi précis des conclusions qu'elle formule : la mise en oeuvre des sanctions économiques renforcées par la troisième résolution et peut-être par une quatrième, si cela ne marche pas, et, en même temps, un dialogue, une main tendue et une question : qu'est-ce qu'on peut faire ensemble ? La reconnaissance de la place occupée, de l'importance du pays, etc.
C'était la partie la plus importante, cela a pris un certain temps, comme d'habitude. La discussion a été très bien menée par David Miliband et nos hôtes ont vraiment été talentueux et déterminés.
Q - C'est un texte qui vous convient parfaitement ?
R - Nous sommes tombés d'accord. Pour ce qui nous concerne, nous avions travaillé en amont avec notre excellent directeur politique ; nous avions des propositions et pas beaucoup d'objections. Je pense que la France n'a pas été inutile, par trois fois, en proposant un compromis sur des points délicats. Je suis désolé de ne pas pouvoir vous en parler avec plus de précision.
Q - Sans rentrer dans les détails, est-ce que ce sont des propositions qui étaient déjà sur la table ?
R - Non. Il s'agit de propositions qui n'étaient pas sur la table. Ce sont des propositions très précises et très détaillées qui ont été faites, sur divers chapitres, par les Six collectivement, sans l'ONU mais en application des résolutions du Conseil de sécurité. Cela n'avait jamais été fait. Nous avons eu des entretiens avec les Iraniens, comme nos partenaires au demeurant, mais sans résultat. Cette fois-ci, il y a des propositions extrêmement détaillées et précises.
Sur la Palestine, sur les Palestiniens, il s'agissait du suivi de la Conférence de Paris avec, en particulier, le Premier ministre M. Al-Fayad. N'oubliez pas que l'argent a été trouvé à l'occasion de la Conférence de Paris : 7,7 milliards. Nous voulions faire le point sous la présidence de nos amis norvégiens.
Tout le monde a participé aux entretiens. C'est la première fois que la France a été invitée à prendre connaissance de ses mérites. Mais nous n'étions pas les seuls à être là. Pour la première fois, il y avait l'Allemagne, la Suède, les Emirats arabes unis. Le club s'est donc élargi avec beaucoup de précautions diplomatiques.
Pour résumer, au sommet, cela ne se passe pas mal, c'est-à-dire que les pourparlers se poursuivent entre le Premier ministre israélien et le président de l'Autorité palestinienne, et entre les deux ministres chargés des Affaires étrangères, Abou Ala et Tzipi Livni. En revanche, sur le terrain, cela n'avance pas assez vite, c'est le moins que l'on puisse dire, même si des perspectives ont été soulignées par Tony Blair, le représentant du Quartet, que je vois souvent et, d'ailleurs, nous nous verrons à Bethléem, à une conférence du secteur privé palestinien et du secteur privé israélien sur laquelle, personnellement, je compte beaucoup car les choses n'avancent pas suffisamment, pas assez vite à nos yeux. Nous allons nous rendre à Bethléem dans le cadre du troisième rendez-vous de suivi de la Conférence de Paris.
Sur le terrain, nous voulions que les projets nés de la Conférence de Paris et qui sont financés, 7,7 milliards, dont environ la moitié a déjà abondé le budget palestinien, auquel il manque encore quatre cents millions pour finir l'année. Nous avons fait notre travail mais tous les pays n'ont pas versé leur contribution. Il s'agit donc d'appeler les contributeurs de la Conférence de Paris à donner l'argent promis maintenant parce qu'il manque pour le budget palestinien ; pas pour les projets mais pour la rémunération des fonctionnaires.
Le premier projet, qui a véritablement commencé, c'est le projet de Gaza, sur la station d'épuration de Beit Lahia ; cela continue, petit à petit, le ciment arrive. En Cisjordanie, il y a aussi des projets très importants, en particulier un projet de communication qui est sur les rails. Il y a également des projets de construction, par exemple de logements, plusieurs milliers d'appartements, et un pont au nord de Naplouse. Il s'agit d'un pont au-dessus d'une route stratégique. A cet égard, il y a une préoccupation très grande sur le respect des promesses par les autorités israéliennes et les autorités palestiniennes. C'est tout de même aux autorités israéliennes de faire montre de plus de décisions.
Bien sûr, il y a des problèmes de sécurité, des problèmes de police. Mme Rice avait réussi à obtenir la levée de quarante à cinquante checkpoints sur près de six cents. Où en est-on ? Il paraît que certains ont été levés ; ce n'est vraiment pas beaucoup. Je l'ai fait, moi, j'ai obtenu, la France a obtenu, le passage par Gaza pour cette station d'épuration. Il faut que la vie quotidienne des Palestiniens change, de façon visible. Cela concerne aussi les Israéliens parce que la sécurité d'Israël dépend de l'Etat palestinien.
J'ai donc rappelé qu'à l'occasion de la Conférence de Paris, et surtout d'Annapolis, a été évoquée la construction d'un Etat palestinien que tout le monde a déjà oublié. Personne n'y croit, j'exagère, mais peu de gens y croient, même en Palestine et en Israël. Il faut que l'on dise que cela continue. Il y a des projets et il faut les mettre en oeuvre. Tony Blair est plutôt optimiste. Il y a, par ailleurs, quelque chose d'essentiel, c'est que l'on doit arrêter la colonisation. C'est cela aussi qui donne la tonalité, comment dirais-je, pas de désespoir mais d'indifférence. Cela est donc vraiment important.
Q - "Votre texte" a semblé peut-être plus fort sur ce point là que précédemment...
R - Ah oui, en dehors de Tzipi Livni. On peut dire que Mme Rice n'a pas été très sévère mais elle a été très claire. Tout le monde attend le président Bush qui vient dans les premiers jours de mai. Il va se rendre dans les Territoires palestiniens où il est allé une seule fois, et encore pas à Bethléem où nous, nous allons.
Q - Est-ce que vous percevez peut-être un léger durcissement de ton vis- à-vis d'Israël ?
R - Ah oui, vraiment, le ton était clair de la part de tout le monde, de la part de la France très singulièrement. Nous sommes les premiers à reconnaître la nécessité de l'existence et de la sécurité de l'Etat d'Israël mais, en même temps, j'ai souligné que la France ne comprend pas cette politique contre-productive aux dépens de leurs propres intérêts. Ils ont intérêt à démontrer que le processus de paix fonctionne. Pourquoi ne le font-ils pas alors que les entretiens se poursuivent au sommet entre les quatre responsables israéliens et palestiniens ? Cela marche et, sur des points précis, cela a l'air d'avancer sur le terrain.
Il n'y a pas de révolte dans les Territoires palestiniens et dans la bande de Gaza, bien entendu, car les gens sont payés et les choses avancent relativement.
Q - Est-ce que vous considérez que l'approche britannique d'insister sur l'aspect économique ou les investissements, tout cela, peut permettre de débloquer le processus ?
R - Evidemment, mais quand cela va-t-il se passer s'il n'y a pas de projet et s'il n'y a pas de circulation ? Comment voulez-vous que l'on développe une économie sans circulation ? Ils le savent d'ailleurs mais, Tony Blair est le représentant du Quartet, il a beaucoup de projets et j'espère que ces projets seront mis en oeuvre. L'approche britannique a été présentée par M. Miliband, qui dirigeait la réunion, mais Tony Blair a fait une déclaration très forte parce qu'il connaît bien la situation. Il est plus optimiste que nous, c'est normal, il est peut être un peu, comment dirais-je, plus impliqué. Je vais, moi-même, souvent dans les Territoires palestiniens, d'ailleurs, j'y retourne le 21 ou le 23 mai. Je compte beaucoup sur le fait qu'il y ait un secteur public impliqué, certes, mais également le secteur privé israélien et palestinien.
Q - J'ai juste une question sur l'aspect de l'aide, du soutien budgétaire aux Palestiniens, Mme Rice a été très critique envers les pays arabes qui tarderaient...
R - Elle a raison parce qu'il y a des pays arabes qui n'ont pas été très généreux, sans les nommer. Il y en a quelques-uns uns qui sont en train de payer.
Vous savez, curieusement, à la conférence de Paris, ce qui était intéressant, ce n'est pas que les pays arabes ont été les plus généreux, comparativement à leur budget, comparativement à leur population, mais c'est l'aide des petits pays qui croyaient au processus de paix. C'est pour cela que c'est vraiment un peu triste de voir que cela se dilue sans se diluer complètement.
J'ai des souvenirs de choses très importantes à mes yeux - je suis un sentimental. Le Sénégal, un des pays les plus pauvres du monde, a donné 200 000 euros ; ce n'est rien mais, en même temps, c'est très important pour le budget de ce pays. Chypre a également donné plusieurs millions - c'est formidable - alors qu'ils sont divisés. C'était intéressant parce que c'était une conférence beaucoup plus politique et, en même temps, on a collecté beaucoup d'argent. L'argent n'est pas le problème sur les projets que l'on a choisi et qui ont été sélectionnés selon le plan de M. Al-Fayad, le Premier ministre qui était là, qui a fait un très bon discours.
A cette occasion, Tzipi Livni et Al-Fayad, comme d'habitude, se sont répondus mais, franchement, le discours officiel israélien, à ce niveau, n'est pas suffisamment engagé. On n'a pas le sentiment, et pourtant je sais que Tzipi Livni y croit. Je le sais puisque j'ai reçu Abou Ala son correspondant, le numéro 2 de l'OLP qui parle avec elle. Je l'ai vu à Paris, il y a 15 jours, et il m'a informé. Ils y croient, ils le font, ils avancent. Il faut un discours plus dynamique, croyant à la paix. Abou Ala m'a dit, il y a 15 jours, qu'après tout, si ce n'était pas fini à la fin de l'année, ils continueraient, ce qui est un bon signe. La conférence de Paris était vraiment très bien organisée, très maîtrisée, c'était constructif, tout le monde a parlé, tous les pays arabes étaient invités pour la première fois. Je crois que la position de la France a été très remarquée parce qu'on a été très clair. Nous avons dit : écoutez, il ne faut pas que cela continue comme cela parce qu'on est en train de perdre la bataille de l'opinion publique.
Je reviens au Kosovo au sujet duquel, je crois, il y a eu une prudente bienveillance, un prudent optimisme mais une analyse qui n'aurait pas pu être faite comme cela de façon positive 10 jours avant. Finalement, la Mission européenne EULEX et celle de l'ONU semblent plutôt se compléter que s'opposer.
Les Russes étaient là et ils sont finalement compréhensifs sinon bienveillants. Ils ont toujours dit et ils le maintiennent : "nous ne serons pas plus Serbes que les Serbes". Je crois que l'Union européenne a - et la France y était pour beaucoup - été positive en signant l'Accord de stabilisation et d'association (ASA). C'est un signe très positif et je crois que les élections serbes se dérouleront davantage sous le signe de l'Europe.
J'espère que la situation sur le terrain, même si elle est compliquée légalement avec la Mission de l'ONU qui disparaît et qui laisse la place à la Mission européenne est bonne. C'est la première fois que cela arrive de cette façon. Je crois que si l'on tend la main aux Serbes, si on leur dit que ce n'est pas une défaite pour eux mais que c'est le début de quelque chose qui leur permettra de rejoindre l'Europe, il y a une petite chance. Je touche du bois pour que cela se passe sans gros incident. Depuis l'incident de Mitrovica, je crois que les choses se sont un peu calmés. Il y a, bien sûr, des problèmes pour garder la frontière du Nord et, en même temps, ne rien provoquer. Il faut que les gens sachent que nous sommes leurs amis et non pas leurs ennemis, que ce n'est pas une défaite pour la Serbie.
Q - Est-ce que le risque d'une partition, c'est une hypothèse qui est envisagée ?
R - Moi, je ne l'envisage pas. Mais enfin, il est évident qu'il y a des précautions à prendre et que la zone Nord a toujours été difficile. J'ai été deux ans responsable du Kosovo et je sais que c'est difficile. Il faut absolument être ferme et ne pas céder. Cela ne veut pas dire qu'il ne faut pas qu'ils se parlent, qu'ils n'aient pas de rapports, que ce soit plus autonome. Evidemment, il y a trois villages mixtes et il y a une étendue de terrain qui doit être absolument délimitée, c'est la frontière Nord. Mais, la frontière Nord, cela ne veut pas dire qu'on doit créer des incidents. Il faut prendre du temps, c'est un déchirement pour les Serbes, c'est vrai. Il faut le comprendre comme une décision très difficile à prendre.
En Europe, quarante et un Etats ont reconnu le Kosovo. Ce n'était pas facile, c'est ce que l'on a discuté le plus au sein de l'Union européenne. En tout cas, cela n'a pas désuni l'Europe. La position de l'Espagne est connue. Maintenant, c'est une étape. Si un jour, ils sont tous dans l'Union Européenne, ce sera complètement oublié tout cela. Pas tout de suite, dans des dizaines d'années. Ce qui est formidable, c'est que la présidence de l'UE est actuellement assurée par le premier pays à s'être dégagé de la Fédération yougoslave. Dimitri Rupel, le ministre des Affaires étrangères slovène était là, il a parlé, bien sûr, lors de la séance du Kosovo, en disant : "je me souviens, moi, quand notre pays est devenu indépendant". Ils ont fait la tournée pour demander aux gens de les reconnaître. C'est la Slovénie qui a fait rentrer le Kosovo dans la souveraineté, théoriquement. Il y a là un aspect symbolique assez beau.
Q - Vous avez mentionné, très rapidement, votre voyage en Colombie, est-ce que l'on peut faire un tout petit retour sur cela ?
R - En Colombie, au Venezuela et en Equateur.
Q - Oui, oui, les protagonistes.
R - C'était très clair. Après les libérations de six otages, en très grande partie grâce au président Chavez, aussi un peu au président équatorien et, certainement aussi, avec la participation du président colombien, puisqu'il a fait cesser, comme il l'avait promis - et il tient sa parole -, les opérations militaires au moment où les six otages arrivaient, le contact a été rompu puisque le camp de Raul Reyes a été bombardé et que Reyes est mort.
Il fallait reprendre contact, c'est que j'ai fait, dans les trois pays. Il n'y a pas de résultats immédiats. Y aura-t-il des résultats demain ? Je n'en sais rien mais, honnêtement, je crois que ce n'était pas négatif.
Il y a des gens qui ne sont jamais contents. il y a des gens qui se demandent pourquoi on en fait tant pour Ingrid Betancourt. Je voudrais bien qu'ils soient à leur place ; quand on a entendu le récit des gens qui sont sortis des mains des FARC, vous n'avez pas envie de vous arrêter. Et en même temps, je comprends, enfin, je déteste cette question et je la trouve absolument presque, comment dirais-je, déplacée. En même temps, cela s'accompagne d'une politique des Droits de l'Homme, alors c'est peut-être cela qu'on critique. Si c'est cette disproportion, il faut l'expliquer.
Ce qui change, c'est que maintenant, quand on va en Amérique Latine, en Amérique centrale et partout ailleurs, la France, cela signifie quelque chose. Peut-être à cause de cela, grâce à cela ou en dépit de cela. Vraiment, cela signifie que tout le monde se bouge. Vous allez voir au sommet à Lima, dans quelques jours, l'Union européenne, l'Amérique Latine, on ne va parler que de cela bien sûr mais aussi de nos rapports économiques, de nos projets de développement et de coopération. Je crois que c'était très utile. Il fallait le faire parce que sinon on aurait abandonné sous prétexte que Raul Reyes était mort ? Ce n'est pas possible.
Q - Mais vous seriez plus optimiste ? Plus pessimiste ? Entre les deux ? Sans vraiment savoir ?
R - J'aimerais vous dire que je suis plus optimiste. Mais, honnêtement, je ne suis ni pessimiste, ni optimiste. Je fais mon boulot.
Q - Est-ce que vous pensez que le président Chavez pourrait servir ...
R - Je pense que le président Chavez a été sensible après avoir été très critiqué pour ce qu'il a fait. J'ai accompli ma mission pour faire baisser la tension, comme je le pouvais, comme la France le pouvait, entre les trois pays, qui sont quand même proche d'une crise, c'est le moins que l'on puisse dire. Je crois qu'il était nécessaire que chacun de son côté s'exprime et que moi je dise que la crise est plutôt ailleurs, entre la Colombie et l'Equateur et non entre la Colombie et le Venezuela. Peut-être parce que la crise existait déjà entre les deux derniers. C'était très utile de dire : "si on peut faire quelque chose, on le fait, on est à votre disposition etc.". J'ai vu beaucoup, beaucoup de gens, pas seulement les trois présidents. J'ai vu toutes les familles, tous les otages.
Q - Je reviens sur ma dernière question. Est-ce que le président Chavez est prêt à se ré-impliquer de nouveau dans le dossier ?
R - D'abord, je ne sais pas comment il le fera. Enfin, il a écouté et il a dit qu'il était toujours à notre disposition. Qu'est-ce que cela veut dire ? J'en sais rien. J'attends un coup de téléphone dans huit jours.
Q - La prochaine étape, ce serait Lima ? Est-ce qu'il y a une prochaine étape ou pas ?
R - La prochaine étape, c'est Lima. C'est dans quinze jours. Tout le monde sera là. Je voudrais faire en sorte que l'Union européenne prenne sous son chapeau les otages, pas seulement Ingrid Betancourt, l'ensemble des otages.
Q - Est-ce que vous pouvez dire ce que ce que vous avez déjà fait ?
R - Cette fois-ci, ce n'était pas pareil. Il n'y avait plus rien. Les protagonistes, qui se toléraient et se complétaient, étaient à couteaux tirés. Il fallait y retourner pour dire " écoutez, les otages demeurent, qu'est ce qu'on fait ? "
Q - C'est à refaire presque ?
R - Je crains que tout soit à refaire.
Q - Sur le Tchad peut-être ...
R - Sur le Tchad, malheureusement ...
Q - Un drame ?
R - Je suis tout à fait désolé de la mort d'un volontaire formidable, de cinquante ans, qui avait été partout, qui connaissait parfaitement les risques. Il était le chef d'une mission humanitaire. C'était un garçon qui avait vraiment beaucoup d'expérience dans le domaine de l'humanitaire. J'ai lu que le ministre tchadien disait qu'on lui avait proposé une escorte. Je ne sais pas si c'est exact. En tout cas, maintenant, on va proposer, enfin l'EUFOR va proposer des escortes systématiquement. Le corps reviendra dimanche en France. Tout cela est absolument sinistre. C'est un assassinat ignoble. Le gouvernement tchadien assure qu'il retrouvera les responsables. Ce drame justifierait, si besoin était, la présence de l'EUFOR ; cela non seulement justifie mais exige leur présence. L'EUFOR a une mission très précise de sécurisation du pays. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle s'impose encore plus. Le déploiement n'est pas terminé. Je crois qu'il y a autour de trois mille hommes. Javier Solana part demain pour le Tchad et le général Nash, qui commande l'opération - général irlandais -, part avec lui et ils vont voir sur le terrain.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 13 mai 2008