Conférence de presse de M. Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement, des transports et du logement, sur l'ouverture du capital d'Air France, Paris le 9 février 1999.

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Texte intégral

Je suis satisfait d'accompagner - avec Dominique Strauss-Kahn, - cette phase - importante et indispensable à mes yeux, étant donné le caractère et la spécificité des compagnies aériennes -, du renouveau d'Air France, pour l'avenir et le développement de cette entreprise publique.
Vous vous en souvenez peut-être, j'avais, dès le mois de juillet 1997, annoncé que j'étais favorable à l'ouverture du capital d'Air France, à la "respiration" de cette entreprise publique qui avait besoin :
- d'investir et de trouver des fonds propres pour assurer son développement - 40 milliards de francs d'investissement sont prévus dans les 5 années à venir, je le rappelle - ;
- d'associer davantage ses salariés à la stratégie de l'entreprise ;
- et de développer ses alliances déjà riches au plan international.
Vous vous en souvenez encore, il y a maintenant près d'un an, le 23 février 1998, nous avons fait connaître, Dominique Strauss-Kahn et moi-même, au nom de l'Etat actionnaire, nos orientations sur l'ouverture du capital d'Air France. Nous avions annoncé que l'Etat devait, au terme du processus, rester majoritaire.
Le statut d'entreprise publique semblait, à Dominique Strauss-Kahn, comme à moi-même et à l'ensemble du Gouvernement, un atout incontournable permettant à l'entreprise, à sa direction et à ses salariés, de compter sur un actionnaire majoritaire, stable, solide, durable même -si je puis tenter ce qualificatif-.
Cette ouverture du capital, c'est aujourd'hui chose faite. Je ne développerai pas les conditions et les résultats de la pré-souscription qui seront annoncés par Dominique Strauss-Kahn, sauf sur un point, pour souligner le grand succès de l'opération.
C'est vrai, chez les particuliers, pour lesquels les réservations sont plus de 10 fois supérieures à l'offre.
C'est encore vrai, chez les institutionnels français, communautaires ou étrangers.
Si j'en crois certains articles encore récents, certains commentateurs seront surpris. Mais, je vous le dis franchement, cette réussite ne me surprend pas. J'étais convaincu. Elle traduit la confiance des investisseurs, quels qu'ils soient, dans la Compagnie nationale.
Mais peut-être traduit-elle aussi que, loin d'être un handicap, la présence d'un actionnaire public majoritaire assure aux actionnaires une certaine garantie ?
C'est d'ailleurs la première fois qu'une opération d'ouverture, et même comparée aux privatisations, est une des plus sursouscrites !
La valorisation d'Air France, à plus de 20 milliards de francs traduit aussi la dynamique nouvelle engagée par la direction d'Air France, avec le soutien des pouvoirs publics, pour accompagner son redressement et son développement :
Je veux parler de la recapitalisation et des efforts consentis par la direction et les personnels d'Air France.
Je veux parler aussi de l'accord bilatéral franco-américain sur des bases mutuellement avantageuses signé au printemps 1998.
Je veux parler enfin de la construction de deux pistes supplémentaires à Roissy, qui offre à Air France une formidable capacité de développement et de rayonnement international, dans le cadre de la synergie entre les deux aéroports Roissy et Orly, favorable à toutes les compagnies aériennes et donc aussi à Air France.
Air France, sa direction et ses personnels, ont su, en définitive, mettre en place les moyens et les outils d'une confiance restaurée et d'un nouveau dialogue social.
Bien sûr, il y a eu des conflits, des tensions.
Tout le monde a encore à l'esprit, la grève des pilotes pour laquelle la direction de l'entreprise -Jean-Cyril Spinetta- a choisi la recherche déterminée d'un accord. Le Gouvernement a partagé avec moi ce point de vue.
Nous en avons vu l'aboutissement, notamment avec l'échange salaire-actions, -ce que d'aucuns pensaient impossible hors privatisation-, et les engagements réciproques pour les sept années à venir qui permettent tout à la fois de réduire les charges d'exploitation d'Air France, et en même temps de garantir la stabilité de l'entreprise elle-même. En réalité, le choix des pilotes, aux salaires plus élevés que d'autres catégories, a été de placer une partie de leur revenu dans leur propre entreprise.
Cette stabilité, elle a une valeur, elle intervient très directement dans la réputation de la compagnie nationale, et donc dans le processus de valorisation qui nous occupe aujourd'hui.
Je vous rappelle qu'à l'automne 1997, les analystes valorisaient Air France entre 12 et 15 milliards de francs. Aujourd'hui, cette valorisation sort à 25 à 40 % de mieux.
Récemment, la signature d'un accord sur la réduction du temps de travail accompagné de plusieurs milliers d'embauches nouvelles vont dans cette direction nouvelle où le progrès économique va de pair avec le progrès social.
Les investisseurs ont réagi sainement à l'ouverture du capital d'Air France. Ils ont eu raison. En effet, la situation financière de la compagnie est aujourd'hui plus positive. Le bénéfice net comptable de l'exercice clos en mars 1998 a été de 1,9 milliard de francs, soit 3,1 % du chiffre d'affaire.
Le trafic est en forte augmentation, le chiffre d'affaire passager a augmenté de 9,2 %. Le coefficient de remplissage des avions s'est établi à 75,2 %, en croissance de 1,3 %.
Même si un retournement de conjoncture se produisait, la solidité de la compagnie sur le marché intracommunautaire ainsi que sur l'Atlantique Nord, devrait, si cela se confirmait, en limiter les effets.
Et puis, la compagnie Air France a déjà noué 27 alliances bilatérales. Elle compte parmi ses alliés, deux des plus grandes compagnies américaines : Delta et Continental. Nous ne sommes pas encore au bout de cette stratégie. La compagnie s'est fixée maintenant l'objectif de participer à une alliance globale mondiale.
Nous la soutiendrons.
C'est donc une entreprise publique en plein essor, dont l'Etat ouvre aujourd'hui le capital.
(Source http://www.equipement.gouv.fr ; le 16 mars 1999)