Déclaration de Mme Roselyne Bachelot, ministre de la santé, de la jeunesse, des sports et de la vie associative, sur les secours d'urgence, notamment le service d'aide médicale initiale (SAMI) et le SAMU, Créteil le 16 mai 2008.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Visite au SAMU du Val de Marne et au SAMI de Créteil le 16 mai 2008

Texte intégral


Mesdames et Messieurs,
Je suis particulièrement heureuse de venir à votre rencontre ce soir, au Service d'Aide Médicale Initiale de Créteil.
Le SAMI-SAMU 94 existe depuis quelque cinq ans. Dans la vie d'une institution, cinq années, c'est bien court. C'est à peine le temps d'un rodage, rarement suffisant pour mettre toutes les structures en place, à peine assez pour corriger d'éventuelles erreurs d'appréciation et fixer un cap lisible.
Or cinq ans, ici, auront suffis pour que le SAMI 94 s'impose comme un modèle de coordination exemplaire, assurant aux habitants de tout un département une permanence de soins de grande qualité.
Votre action, a déjà été saluée par deux grands rapports, celui de Jean-Yves Grall il y a deux ans, et tout récemment, celui de Gérard Larcher qui vient une nouvelle fois de vous mettre en valeur. Je sais votre fierté, et tiens sans plus attendre à vous redire ici l'admiration très vive qui est la mienne pour le dispositif qui vous avez su créer.
Je tiens surtout à rendre hommage à celles et ceux qui ont imaginé son principe, et qui se sont investis avec un dévouement constant pour faire du SAMI-SAMU l'un des rouages majeurs de l'organisation du système de santé dans votre département : personnels soignants, personnels techniques, personnels administratifs qui nous accueillent ici aujourd'hui.
La vocation des dix Services d'Aide Médicale Initiale que compte aujourd'hui le Val-de-Marne, s'articule autour de 3 S : simplicité, sécurité, et synergie.
La simplicité, c'est un seul numéro d'accueil : le 15, qui permet aux patients d'être dirigés par un médecin vers le service d'assistance médicale le mieux adapté à leur demande.
Les cas graves sont aiguillés vers les urgences. Les demandes de consultation simples sont dirigées vers les SAMI, où un médecin généraliste se tient à la disposition des habitants du département tous les soirs de la semaine de 20h à minuit, le samedi de 16h à minuit, et toute la journée jusqu'à minuit les dimanches et les jours fériés.
Cette simplicité est particulièrement bénéfique pour les usagers du système de santé. Une otite qui se déclare chez un enfant le dimanche matin, n'est plus synonyme de passage aux urgences.
Les SAMI permettent en outre une véritable unité de lieu et d'action, puisque les médecins se succèdent tour à tour dans un centre de permanence unique.
Enfin, cette simplicité joue en faveur des médecins de garde, qui sont désormais mieux à même de prévoir les plages horaires où ils seront sollicités.
Grâce aux SAMI, la visite à domicile n'est plus la seule solution pour répondre aux demandes des patients. Les missions des médecins en sont facilitées et renforcées. C'est toute une culture de la relation entre patients et médecins que nous voyons aujourd'hui évoluer.
Le deuxième point, s'il est une des conséquences de la simplicité du SAMI, n'est pas secondaire pour autant. Il s'agit de la sécurité que les SAMI garantissent aujourd'hui à tous les usagers du système de santé du Val-de-Marne. La mise en place des SAMI a d'ores et déjà permis un désengorgement notable des urgences de Mondor et de Bicêtre, et par contrecoup, un accueil plus efficace des patients dans ces services. A l'inverse, la création des SAMI a aussi permis aux patients de surmonter leurs doutes ou leurs craintes. Déranger un médecin tard dans la soirée, sans qu'on sache si cela en vaut la peine ?
Ces questionnements angoissés n'ont plus lieu d'être, désormais. Le médecin est là pour recevoir le patient et apporter son éclairage de praticien.
L'accent que les SAMI font porter sur la sécurité des patients est appelé à se renforcer. Aujourd'hui, les SAMI sont en effet cours d'informatisation. La régulation du centre 15 sera bientôt en interconnexion avec les centres de consultation, permettant une véritable mise en réseau de la permanence des soins.
Cette innovation permettra d'assurer au patient une véritable continuité de prise en charge, grâce à la régulation médicale du centre 15, et à la consultation d'un praticien libéral. Enfin les patients pourront, le cas échéant, obtenir un nouvel avis du praticien du centre 15, même après la fermeture du SAMI.
La sécurité sera également confortée, du côté des praticiens, par la possibilité de renseigner un dossier médical partagé entre les SAMI et la régulation médicale.
Plus généralement, les soignants auront accès à des ressources d'informations partagées, actualisées et adaptées au contexte de la ville dans laquelle ils assurent leur permanence.
Sous l'angle financier, l'informatisation des SAMI permettra aux médecins d'avoir accès, avec l'aide de la Caisse Primaire d'Assurance Maladie, aux moyens modernes de règlement. Actuellement, vous le savez, grâce au versement de plus de 5 millions d'euros par le Fonds d'Intervention pour la Qualité et la Coordination des Soins, les SAMI sont déjà autonomes.
Bientôt, lorsque leur fréquentation aura atteint son niveau attendu, le système accédera à sa majorité financière : il deviendra complètement indépendant de la CPAM.
Le SAMI, à mes yeux, est exemplaire de la démarche et de la culture d'efficience que je souhaite voir se généraliser dans le monde de la santé. En effet, la coopération entre la médecine de ville et les SAMI, soutenue par la participation active des services du SAMU et des brigades permet dans le Val-de-Marne de limiter la dépense publique en matière de santé, tout en garantissant un niveau d'exigence et une qualité de soins supérieurs. Vous allez trouver que le mot « exemplaire » revient souvent dans mon discours. Mais c'est qu'en effet, je souhaite vivement que le modèle que vous avez mis en place puisse se retrouver ailleurs en France.
Et c'est pourquoi j'en viens désormais au troisième S : la synergie, qui est la clef de la réussite de l'expérience des SAMI-SAMU dans le Val-de-Marne.
Le secret de la simplicité d'accès et de fonctionnement que vous avez su mettre en place tient à sa mécanique interne, qui se révèle, naturellement, d'une vraie complexité. C'est pourquoi je tiens à saluer la solidarité et l'esprit de coopération remarquable qui anime tous ceux qui ont rendu possible cette réussite.
Les missions du SAMI-SAMU 94 ne sont possibles que grâce à la coopération des sapeurs-pompiers, des médecins libéraux, des services d'urgence, des ambulanciers, et enfin des pouvoirs publics, qui se sont tous mobilisés en ce sens.
Une telle synergie ne se décrète pas. Une telle synergie ne peut naître que d'un effort constant pour tendre vers un seul et même but, en dépit et au-delà des vocations différentes de chacun. Il aura fallu, dans le Val-de-Marne, l'investissement de médecins, de personnalités remarquables, tels Philippe Ducrohet et Jacques Lange, que je remercie de nous accueillir aujourd'hui.
Je suis heureuse de pouvoir souligner combien les services déconcentrés de l'Etat ont joué un rôle moteur dans cette opération, et je tiens ici à saluer l'action de la DDASS, des trois préfets qui se sont succédé à la tête du département, de l'ARH et de la Caisse Primaire d'Assurance Maladie.
Derrière ces acronymes, ces titres, ces abstractions, se trouvent, vous le savez, des hommes et des femmes déterminés à réussir, et qui sont parvenus à surmonter bien des inhibitions, à convaincre bien des sceptiques, pour permettre aux SAMI de devenir une réalité.
Le SAMI 94, salué de toutes parts, a aujourd'hui vocation à devenir un modèle. Certes, son fonctionnement ne saurait être reproduit à l'identique dans tous les départements de notre pays, ceci pour la simple raison que le SAMI 94 repose avant tout sur l'investissement d'hommes et de femmes singuliers, animés par une volonté hors du commun : celle de faire de l'excellence leur ordinaire, et de la coopération leur règle de conduite individuelle. Pourtant, je souhaite que le pragmatisme qui a été à l'origine de cette idée puisse se retrouver ailleurs, et que chaque territoire de santé, avec ses particularités démographiques, médicales, géographiques, économiques, puisse bénéficier de structures équivalentes.
Mon ministère s'est engagé depuis longtemps à soutenir cette démarche, qui garantit aux Français une plus grande simplicité, une plus grande sécurité, une synergie plus efficace des actions au service de leur Santé. Ainsi, je tiens à rappeler que 600 postes de permanenciers auxiliaires de régulation médicale ont été créés, ou le seront d'ici la fin 2008, et que ces agents ont vu leur traitement revalorisés.
Je souhaite qu'au fil de ses évolutions à venir, l'exemple du SAMI 94 essaime et suscite des initiatives aussi marquantes, partout dans notre pays.
Je vous remercie.Source http://www.sante-jeunesse-sports.gouv.fr, le 19 mai 2008