Entretien de M. Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes, avec RFI le 27 mai 2008 à Prague, sur les priorités des présidences française, suédoise et tchèque et l'ouverture à l'Est de l'Union européenne.

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Média : Radio France Internationale

Texte intégral

Q - Le quotidien les Echos a annoncé que la France allait supprimer les mesures transitoires pour la libre circulation des travailleurs applicables aux nouveaux Etats membres de l'Union européenne. Pouvez-vous nous le confirmer ?
R - Les Echos l'ont annoncé mais pas le président. Laissons le président l'annoncer, ce qu'il fera sans doute demain à Varsovie. Je pense qu'en effet ce n'est pas une rumeur complètement infondée. Mais laissez-le en parler, ainsi que des modalités ; en tout cas il était prévu qu'il y ait, pour certains métiers, une liberté plus large encore que celle qui avait été accordée, cela, je le confirme.

Q - Un protocole a-t-il été signé entre les Français, les Suédois et les Tchèques sur les priorités des trois présidences pour les prochains 18 mois ?
R - Il y a même plus qu'un protocole, il y a plus de 70 pages de documents, là encore pour assurer la continuité entre les projets des Français, des Tchèques et des Suédois. Un énorme travail a été fait par les ministres en charge de l'Europe. Nous espérons que tout le monde s'intéressera à cette continuité. Il est vrai que c'est toujours rébarbatif, ces séries de chapitres que l'on ouvre... C'est cela qui rebute un peu, alors que les décisions sont importantes car la traduction de ces décisions, dans le quotidien des gens, sera une part importante de leur vie. Oui, ce protocole existe et il est bon de renouer avec la tradition des présidences qui se succèdent.

Q - Est-ce qu'on peut parler d'une ouverture de l'Union européenne vis-à-vis de l'Est ? Je sais qu'Alexandr Vondra a parlé d'une ouverture vers l'Est après "l'Année méditerranéenne".
R - Non, l'année n'a pas encore été méditerranéenne, elle le sera. On a parlé de Méditerranée, et là on parle de l'Est, cela se complète. Il n'est pas question de refuser une ouverture vers l'Est. Vous savez entre le dire et le faire, il y a beaucoup de choses. Rien n'a été fait, sauf la préparation politique pour la Méditerranée. Je pense que pour l'Est ce sera plus facile, mais après il faut des progrès, de l'argent, cela veut dire que nous devons nous préoccuper d'un certain nombre de pays déjà présents dans l'Union européenne, mais aussi des Balkans, de l'Ukraine, de la Géorgie autant que de la Méditerranée. Je ne dis pas que cela doit être réalisé de la même façon. En tout cas, l'ouverture doit concerner autant les pays de la rive Sud que ceux de la rive Nord de la Méditerranée. La Méditerranée est un pont entre deux civilisations, ce n'est pas vrai pour l'Est, mais nous en préoccuper nous paraît juste.

Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 29 mai 2008