Texte intégral
Discours de François PATRIAT,
secrétaire d'Etat aux Petites Moyennes Entreprises,
à l'Artisanat, et à la Consommation
à l'assemblée Générale de la SEMA
29 mars 2001
Une assemblée générale est un moment fort dans la vie d'une association et je suis très heureux de le partager avec vous, en vous accueillant dans ce ministère.
C'est parce qu'ils ont une image d'excellence, de tradition et d'innovation que les métiers d'art sont des acteurs économiques à part entière. Ils ont aussi un effet de levier tant sur l'exportation que sur le tourisme, et pour l'image de la France.
Utiles à la conservation du patrimoine et à sa restauration, leurs savoir faire sont en eux-mêmes un patrimoine à transmettre.
Monsieur Le Président Pierre CHEVALIER l'évoquait tout à l'heure : les métiers d'art sont loin d'être tournés vers le repli sur soi. Leur capacité à nourrir la création et l'innovation, par l'évolution des techniques, l'emploi de nouveaux matériaux, concourt à l'apparition de produits nouveaux, personnalisés et surtout de qualité.
Dans le contexte de la mondialisation, ils sont aussi un repère de culture, de territoire, d'histoire.
La SEMA, par sa mission générale d'information sur les métiers d'art, contribue à maintenir cette mémoire au travers de son centre de ressources.
La mise en place de la SEMAthèque, le développement du site Internet lui ajoutent deux autres dimensions et favorisent une plus grande ouverture, renforçant ainsi la notoriété des entreprises françaises.
Car au-delà de l'image, ces entreprises ont besoin de se développer pour s'adapter aux nouveaux marchés, d'être plus compétitives en matière de création et d'innovation.
J.P. Sartre disait : " Il ne s'agit pas de choisir son époque mais de se choisir en elle ". Vous avez placé vos travaux sur le thème "Innover ou disparaître". C'est bien un défi auquel mon ministère s'attache en mettant en place des pôles d'innovation pour l'artisanat.
L'innovation et la diffusion des technologies constituent en effet l'un des axes privilégiés de la politique que nous menons en faveur du développement économique des entreprises artisanales.
Les pôles d'innovation rassemblent un ensemble de moyens d'appui technique, adaptés aux conditions de la très petite entreprise, autour de quatre fonctions principales :
- la liaison avec les centres de ressources et de compétences externes,
- la recherche de solutions adaptées à la TPE,
- la diffusion de connaissances nouvelles,
- l'assistance directe aux entreprises.
Les métiers d'art sont directement concernés. Trois pôles d'innovation sont déjà en place :
- pour les métiers du verre, au Centre Européen de Recherches et de Formation aux Arts du Verre (CERFAV) à Vannes-le Châtel,
- pour les métiers de la pierre à l'Institut Supérieur de Recherche et de Formation aux métiers de la pierre (ISRFMP) à Rodez,
- et pour les métiers de la facture instrumentale, à l'Institut Technologique Européen des Métiers de la Musique (ITEMM) au Mans.
Je suis persuadé que leur témoignage, dans la seconde partie de votre assemblée, saura vous convaincre de l'important travail qui a été réalisé.
Je souhaite que la labellisation d'un pôle d'innovation pour les métiers des métaux intervienne maintenant dans les meilleurs délais, et que cette dynamique se poursuive avec d'autres familles de métiers.
Porteuses de l'image de la France, les entreprises de métiers d'art sont naturellement, pour nombre d'entre elles, exportatrices. C'est un enjeu essentiel de développement qu'il faut encourager.
C'est la raison pour laquelle nous avons mobilisé nos moyens, mon collègue du Commerce Extérieur et moi-même, pour assurer une mission d'appui aux petites entreprises.
Les chambres de métiers se sont fortement investies dans cette dynamique et la SEMA joue un rôle actif au sein de la mission Artisanat / TPE du C.F.C.E. Je l'en remercie.
Nous venons de signer un nouveau protocole de coopération inter-directionnelle pour les cinq années à venir.
Je suis persuadé que vos entreprises sauront bénéficier des moyens ainsi mis en place.
En juillet dernier, une convention de coopération pour le développement des métiers d'art entre la France et le Québec a été signée, autour de trois principaux objectifs :
- encourager la promotion et développer les débouchés des métiers d'art,
- faciliter la formation et le perfectionnement des jeunes, des professionnels et des formateurs,
- accentuer le partenariat entre les organisations professionnelles des métiers d'art et assurer le partage d'expertise.
La coopération se concrétise peu à peu, et les relais s'organisent. La présence parmi nous de Monsieur Yvan GAUTHIER, directeur général du Conseil des métiers d'art du Québec, organisation professionnelle représentative des professionnels québécois, témoigne de ce rapprochement.
La SEMA, en collaboration avec la chambre syndicale "Ateliers d'Art de France" et la mission Artisanat/TPE du CFCE, a lancé en début d'année, sous la coordination de la Direction des Entreprises, le prix France/Québec métiers d'art :"Premiers pas à l'exportation".
Un jeune artisan québécois sera ainsi accueilli au salon "Maison et Objet" pour explorer le marché français. A l'inverse, un jeune français sera accueilli au Québec, au salon des métiers d'art de Montréal. C'est bien le signe d'un artisanat sans frontière qui entre dans le 21e siècle. Vous pouvez compter sur mon appui pour développer d'autres coopérations.
Des partenariats vont être mis en uvre progressivement avec d'autres ministères et l'appui de l'Office Franco Québécois pour la Jeunesse sera recherché pour relancer les échanges des jeunes.
En effet, la richesse des savoir-faire doit pouvoir être transmise, et pour cela, il faut préparer la relève. Je souhaite m'y employer.
Aussi, afin de favoriser la découverte de ces métiers par le grand public, et en particulier par les jeunes, de contribuer à développer le marché des entreprises, j'ai demandé à la SEMA de réfléchir à l'organisation de "Journées des Métiers d'art". Le partenariat des ministères concernés et des chambres de métiers sera bien sûr recherché.
Pour aider la SEMA dans cette tâche difficile et importante, mon ministère vient de lancer un appel à propositions afin d'étudier les conditions de faisabilité de cette opération et son coût prévisionnel.
A l'instar de la Musique ou du Patrimoine, des journées réservées aux Métiers d'Art constitueraient un événement fort et exceptionnel, à la mesure de l'excellence de leurs savoir-faire. C'est donc une mission importante qui vous est confiée, Monsieur le Président. Je sais pouvoir compter sur votre engagement et votre dynamisme connu de tous, comme celle de toute votre équipe, pour qu'ensemble nous réussissions ce formidable projet.
J'attends aussi de la SEMA une action favorisant le développement des petites entreprises des métiers d'art dans leur environnement économique, tout en sachant que leurs préoccupations me sont transmises par leurs organisations professionnelles.
Je n'oublie pas en effet, qu'elles ont aussi à surmonter les handicaps liés à leur petite taille.
Des actions sont déjà engagées pour rendre plus compétitives les petites entreprises. Le gouvernement est très attentif à leur développement et des mesures ont été prises en matière de fiscalité, d'accès au crédit, de création d'entreprise.
Dans la droite ligne de cette politique, j'ai proposé au Premier ministre et au ministre de l'économie, des finances et de l'industrie, l'élaboration d'une loi d'orientation pour l'artisanat et la petite entreprise.
Une mission vient d'être confiée à Monsieur Didier CHOUAT, Député des Côtes-d'Armor et à Monsieur Jean-Claude DANIEL, Député de la Haute-Marne, pour identifier les améliorations en matière financière, fiscale, sociale, juridique, administrative et culturelle, de nature à encourager la croissance et la pérennité des petites entreprises et des entreprises artisanales.
Ces deux parlementaires me remettront leurs propositions à l'été prochain, ce qui nous permettra ainsi d'engager très rapidement, dans le cadre d'une large concertation avec l'ensemble des représentants du secteur, l'élaboration d'un projet de loi, offrant un cadre moderne et rénové, répondant aux besoins actuels et futurs de la très grande majorité des petites entreprises françaises.
Ces réflexions intégreront bien, n'en doutez pas, les préoccupations des entreprises de métiers d'art.
Les métiers d'art font partie de notre patrimoine. Leurs entreprises sont de véritables acteurs économiques, alliant tradition et modernité. Leur développement voire dans certains cas, leur survie, nécessite une politique spécifique ambitieuse. Soyez assurés du soutien de mon ministère pour la conduire.
J'aimerais pour finir, vous dire que les métiers d'art me passionnent car ils réunissent deux termes apparemment contradictoire : art et métier.
Cette contradiction n'est qu'une apparence car ainsi que Jacques COPEAU, l'a écrit : L'art et le métier ne sont pas deux choses séparées car inventions et génie ne peuvent se passer ni de savoir ni de méthode.
Je crois qu'il n'y a pas de meilleure définition pour vous rendre hommage aujourd'hui.
(source http://www.pme-commerce-artisanat.gouv.fr, le 2 avril 2001)