Texte intégral
« Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, Mesdames et Messieurs les Elus, Mesdames et Messieurs les représentants des Institutions Européennes, je suis évidemment très heureux d'être ici. Vous m'aviez préparé un petit discours, Monsieur l'Ambassadeur, fait de plein acronymes, de plein de techniques, et je me suis dit en regardant ce document fort bien fait que, comme vous alliez sans doute beaucoup évoquer ces sujets tout au long de la journée, les FED, FEDER, RUP et autres sigles dont on est friand, j'allais essayer de vous parler non pas de technique puisque c'est votre métier, mais d'objectifs et de vous dire quel était mon sentiment après maintenant quelques semaines en charge de cette politique d'Outre-mer, sentiment d'ailleurs renforcé par ma participation hier après-midi à Bruxelles à la conférence qui réunissait les RUP de l'Europe et qui est un moment important de la vie de l'Union Européenne. Quel était mon sentiment et quels étaient les objectifs que j'aimerais que nous partagions ensemble dans ces travaux qui sont les vôtres, dont je crois effectivement, comme vous l'avez dit, qu'ils doivent être plus fréquents, plus fructueux et surtout être des travaux d'échanges entre les uns et les autres, des travaux de connaissance mutuelle, c'est important, mais surtout déboucher sur des plans d'actions opérationnels.
Je me disais en venant à l'instant en bateau qu'est-ce que les habitants des territoires que nous représentons, des territoires sur lesquels, Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs vous avez la charge de représenter la France, qu'est-ce qu'ils attendent de nous ? Et dans ce monde qui change, dans ces grands bouleversements qui transforment à un rythme extrêmement soutenu la planète, qui sont en train de bouleverser l'économie mondiale, qui sont en train de transformer en profondeur notre rapport à ce qui faisait le paysage traditionnel de nos vies et de la vie de nos parents, face à ces crises qui sont devant nous, face au défi énergétique qui a des conséquences dans la vie quotidienne de chacune et chacun des habitants de l'Océan Indien, face à la crise alimentaire qui prend une dimension dont on voit bien qu'elle est porteuse de beaucoup d'angoisses et beaucoup d'interrogations, face à ces changements des lieux de production qui fait qu'aujourd'hui l'Inde, la Chine, et dieu sait si en parler ici au coeur de l'Océan Indien est utile, est une réalité stratégique où ces grands pays sont en train de prendre une place première dans l'économie du Monde. Ce qui est un bouleversement que n'ont pas connus toutes les générations qui nous ont précédées. Face à tout cela, comment sommes nous capable de réagir et d'agir pour faire en sorte que le devoir qui est le nôtre d'améliorer la vie de nos compatriotes soit rempli de la meilleure façon possible.
Je crois effectivement que la Coopération Régionale doit être un des axes forts de la politique nationale de l'Outre-mer et que sans doute la réaction, la marque de fabrique qui était celle de la politique française des Outre-mer, qui était une marque très liée à un rapport charnel, quasi unique entre la métropole et ses territoires, où les liens se faisaient quasi exclusivement de Paris vers les territoires, est une réalité qu'il faut non pas nier ou repousser, il faut que ce lien soit fort. N'est-ce pas Messieurs les parlementaires, votre présence, Monsieur le Sénateur, au Palais du Luxembourg montre bien que Mayotte est dans la banlieue du 7ème arrondissement, mais qu'il fallait peut-être aussi savoir aujourd'hui ouvrir nos économies, ouvrir nos perspectives d'avenir vers notre environnement immédiat, d'autant plus à un moment où cet environnement prend une dimension forte et où les enjeux de la mondialisation viennent nous offrir des opportunités. Et je crois qu'il y a dans le travail qui est le vôtre, dans ces réflexions des Conférences de Coopérations Régionales, à produire des objectifs clairs pour permettre d'engager des politiques publiques fructueuses. Il faudra au moment où les objectifs seront clairement affirmés, où les priorités seront dégagées savoir aller chercher dans la grande panoplie des acronymes nationaux et européens tous les moyens nécessaires mais au service de quel objectif ? Au service de quelle perspective faut-il mobiliser ces moyens, faut-il mobiliser ces fonds ?
J'entends Monsieur le Président du Conseil Général, Messieurs les Elus de Mayotte, votre désir que Mayotte puisse accéder au statut de RUP. Je partage avec vous cette ambition, et je serai aussi à vos côtés dans ce combat, mais RUP pour quoi faire ? Avec quels objectifs ? Avec quelles perspectives précises et dans quel cadre de coopération régionale ? Je crois que c'est ça l'enjeu qui est devant nous et qui doit nous obliger sans doute à travailler plus, sans doute à produire plus et à ouvrir des perspectives.
J'ai quelques réflexions, quelques questions que je voudrais livrer à votre sagacité, qui ferons peut-être l'objet, cette après-midi, de la suite de vos travaux. Peut-on imaginer par exemple le développement touristique, qui est un des moteurs forts de l'Océan Indien, sans avoir une réflexion forte, approfondie, entre La Réunion, Mayotte, les Seychelles, Maurice et peut-être certains autres que je vais oublier et qui vont m'en vouloir, Madagascar évidemment et tout ceux qui pourraient participer. Il y a sans doute là une action forte à imaginer, un positionnement d'un produit touristique à inventer, des coopérations entre acteurs et opérateurs de tourisme à mettre en oeuvre, pour que l'on offre à l'échelon de la planète des produits touristiques Océan Indien et que l'on fasse valoriser les atouts des uns qui sont complémentaires de ceux des autres. Et je crois très sincèrement, Monsieur le Préfet de La réunion, après avoir vu les beautés des Hauts de La Réunion, que si l'on sait marier demain intelligemment les plages de Maurice et les Hauts de La réunion, on peut offrir un produit touristique à nul autre pareil. Voilà un début de réflexion, la réflexion politique étant lancée, le chemin étant ouvert, à vous de nous tracer maintenant les actes de ce chemin, à vous de faire en sorte de nous dire par quel acte juridique, par quelle convention, par quel acte de coopération, par quels actes bilatéraux ou multilatéraux on peut traduire ça en réalité et on peut aller dans ce sens là.
J'avais la même réflexion concernant le devenir agricole de nos territoires et concernant cette question qui devient aujourd'hui très importante qui est celle de la crise alimentaire. Quand on voit, et je pense à ce qui se passe à Madagascar, aux angoisses, aux inquiétudes, mais quand on voit parallèlement les terres disponibles à Madagascar, quand on voit parallèlement le savoir-faire des agriculteurs de Mayotte ou des agriculteurs de La Réunion, on se dit qu'il y a peut-être un mariage intelligent à faire entre les potentiels des uns et le savoir-faire des autres, pour avoir des productions partagées, pour savoir apporter aux populations ne serait-ce qu'une réponse à leurs besoins. Ce matin, Monsieur le Préfet de La Réunion, je faisais une réunion à l'aéroport sur l'observatoire des prix, on est directement sur ce sujet de prix de vie quotidienne, de pouvoir d'achat. Si on évitait d'importer trop de produits venant de la métropole surchargés par les prix du transport et que l'on apportait un peu plus de capacité à produire dans l'environnement de l'Océan Indien, des produits pour nourrir les populations, peut-être aurait-on une politique de prix plus raisonnable et surtout une politique de co-développement plus équilibrée ; parce que ce que je dis entre La Réunion et Madagascar, est aussi vrai entre Mayotte et Anjouan, pour ouvrir des débats qui sont sans doute ceux que j'aurais ce soir aux Comores, pour dire qu'il est peut-être temps de se poser la question de savoir comment faire en sorte que le kilo de tomate vendu 18 euros sur le marché de Mayotte et produit à 50 centimes d'euros dans les fermes d'Anjouan puisse se rapprocher des uns et des autres et qu'on puisse à la fois apporter à Anjouan les nécessités, les soutiens au développement qui est indispensable si on veut lutter intelligemment contre l'immigration et la pression migratoire, apporter aux habitants de Mayotte des tomates produites sur place et à moindre coût, et lutter ainsi contre plusieurs phénomènes qui viennent obscurcir la vie de nos Outre-Mer.
Vous voyez qu'il y a dans tous les sujets dont j'ai à traiter, dans tout ce que je découvre dans mes premiers pas dans ce ministère, un besoin de coopération régionale renforcé, un besoin d'action en synergie, un besoin que le travail qui est le vôtre aboutisse sur des axes concrets. Je ne vous ai pas parlé de mon ambition portuaire, en particulier quand on regarde dans l'Océan Indien le nombre de marchandises qui circulent, on se dit qu'il y a là sans doute un développement de notre savoir-faire. J'ai visité le port de Mayotte, j'ai visité le port de La Réunion, je connais les performances du port de Maurice. Je sais, d'ailleurs, qu'intelligemment les ports de l'Océan Indien se sont réunis, travaillent ensemble parce que la concurrence est évidemment mondiale. Il faut renforcer cette coopération, il faut parier sur ce développement et sur cette volonté logistique et, ainsi, Monsieur le Préfet de La Réunion, nous permettrons peut-être que les 100 000 containers qui descendent de la métropole pour amener à La Réunion les produits dont les réunionnais ont besoin, ne remontent pas à vide vers l'Europe, ce qui ferait que les prix pour les réunionnais diminueraient d'autant puisque aujourd'hui ils paient l'aller mais aussi le retour des containers à vide et que si nous savions les remplir intelligemment, il y a là aussi vous le voyez, une réponse à des problèmes très quotidiens.
Voilà la réflexion que je voulais vous livrer, bien loin, pardon, de toutes les fiches qui m'avaient été fort bien préparées. Je remercie ceux qui me les avaient préparées. J'ai à coeur que l'action de coopération régionale s'appuie sur quelques axes forts, lisibles, visibles, que nous sachions ensuite décliner avec les autorités des pays concernés des accords précis, écrits, chiffrés... (« cadré » me souffle Monsieur le Préfet, et il a raison, cadre et encadrés) dans le temps et avec des objectifs et avec des moyens de vérifier que leurs objectifs sont atteints et avec une logique très opérationnelle, très pragmatique. Une logique qui a un souci qui est de dire dans l'année qui vient qu'est-ce que l'on peut faire, qu'est-ce que l'on peut produire comme action nouvelle dans les deux ans qui viennent, qu'est-ce que l'on peut faire dans les trois ans qui viennent et qu'est-ce que l'on peut programmer.
Voilà ce que j'attends de vos travaux, ce que j'attends des actions de coopération régionale. En tous cas moi j'ai un sentiment et une volonté, c'est que, dans la charge qui est la mienne, je m'impliquerai personnellement dans ces actions de coopération régionale. Je viendrai, et je le dis aux Ambassadeurs des pays voisins, aussi souvent qu'il le faudra, en accord évidemment avec mon collègue le Ministre des Relations Extérieures ou des Affaires Etrangères, dans vos pays pour discuter de coopération avec les gouvernements concernés et pour faire en sorte qu' à l'échelon politique on mette cette ambition en mouvement.
J'ai le sentiment que la France est attendue, j'ai le sentiment que la voix de la France ici dans l'Océan Indien, mais c'est vrai aussi dans le Pacifique et aux Antilles, est attendue. Et que cette main tendue de la coopération, cette stratégie commune dans les grands domaines que j'évoquais, qui ne sont évidemment pas exclusifs, je ne vous ai pas parlé de la pêche et on pourrait aussi en parler dans le détail, que ces actions concrètes sont attendues et qu'il faut que nous soyons force de proposition.
Je souhaite Mesdames et Messieurs que vous soyez, que nous soyons force de proposition et que nous allions démontrer aux pays qui nous entourent d'abord toute notre volonté de coopération car qui dit coopération dit paix et fraternité. Car lorsque l'on travaille ensemble, que l'on coopère et que l'on se parle, les relations entre les Etats sont des relations beaucoup plus fructueuses et beaucoup moins tendues, et ici, à Mayotte, ce discours n'est pas un discours que je tiens par hasard. Qui dit aussi coopération renforcée dit enfin accroître l'efficacité de l'action publique au profit de nos habitants, au profit de nos populations, et c'est bien pour cela que nous sommes là, c'est pour cela que je vous remercie de votre mobilisation, de votre engagement et que j'attends maintenant avec impatience de lire les réponses aux questions que j'ai posées et dont je suis sûr que vous ne manquerez pas de les formuler dès cet après-midi. »source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 13 juin 2008
Je me disais en venant à l'instant en bateau qu'est-ce que les habitants des territoires que nous représentons, des territoires sur lesquels, Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs vous avez la charge de représenter la France, qu'est-ce qu'ils attendent de nous ? Et dans ce monde qui change, dans ces grands bouleversements qui transforment à un rythme extrêmement soutenu la planète, qui sont en train de bouleverser l'économie mondiale, qui sont en train de transformer en profondeur notre rapport à ce qui faisait le paysage traditionnel de nos vies et de la vie de nos parents, face à ces crises qui sont devant nous, face au défi énergétique qui a des conséquences dans la vie quotidienne de chacune et chacun des habitants de l'Océan Indien, face à la crise alimentaire qui prend une dimension dont on voit bien qu'elle est porteuse de beaucoup d'angoisses et beaucoup d'interrogations, face à ces changements des lieux de production qui fait qu'aujourd'hui l'Inde, la Chine, et dieu sait si en parler ici au coeur de l'Océan Indien est utile, est une réalité stratégique où ces grands pays sont en train de prendre une place première dans l'économie du Monde. Ce qui est un bouleversement que n'ont pas connus toutes les générations qui nous ont précédées. Face à tout cela, comment sommes nous capable de réagir et d'agir pour faire en sorte que le devoir qui est le nôtre d'améliorer la vie de nos compatriotes soit rempli de la meilleure façon possible.
Je crois effectivement que la Coopération Régionale doit être un des axes forts de la politique nationale de l'Outre-mer et que sans doute la réaction, la marque de fabrique qui était celle de la politique française des Outre-mer, qui était une marque très liée à un rapport charnel, quasi unique entre la métropole et ses territoires, où les liens se faisaient quasi exclusivement de Paris vers les territoires, est une réalité qu'il faut non pas nier ou repousser, il faut que ce lien soit fort. N'est-ce pas Messieurs les parlementaires, votre présence, Monsieur le Sénateur, au Palais du Luxembourg montre bien que Mayotte est dans la banlieue du 7ème arrondissement, mais qu'il fallait peut-être aussi savoir aujourd'hui ouvrir nos économies, ouvrir nos perspectives d'avenir vers notre environnement immédiat, d'autant plus à un moment où cet environnement prend une dimension forte et où les enjeux de la mondialisation viennent nous offrir des opportunités. Et je crois qu'il y a dans le travail qui est le vôtre, dans ces réflexions des Conférences de Coopérations Régionales, à produire des objectifs clairs pour permettre d'engager des politiques publiques fructueuses. Il faudra au moment où les objectifs seront clairement affirmés, où les priorités seront dégagées savoir aller chercher dans la grande panoplie des acronymes nationaux et européens tous les moyens nécessaires mais au service de quel objectif ? Au service de quelle perspective faut-il mobiliser ces moyens, faut-il mobiliser ces fonds ?
J'entends Monsieur le Président du Conseil Général, Messieurs les Elus de Mayotte, votre désir que Mayotte puisse accéder au statut de RUP. Je partage avec vous cette ambition, et je serai aussi à vos côtés dans ce combat, mais RUP pour quoi faire ? Avec quels objectifs ? Avec quelles perspectives précises et dans quel cadre de coopération régionale ? Je crois que c'est ça l'enjeu qui est devant nous et qui doit nous obliger sans doute à travailler plus, sans doute à produire plus et à ouvrir des perspectives.
J'ai quelques réflexions, quelques questions que je voudrais livrer à votre sagacité, qui ferons peut-être l'objet, cette après-midi, de la suite de vos travaux. Peut-on imaginer par exemple le développement touristique, qui est un des moteurs forts de l'Océan Indien, sans avoir une réflexion forte, approfondie, entre La Réunion, Mayotte, les Seychelles, Maurice et peut-être certains autres que je vais oublier et qui vont m'en vouloir, Madagascar évidemment et tout ceux qui pourraient participer. Il y a sans doute là une action forte à imaginer, un positionnement d'un produit touristique à inventer, des coopérations entre acteurs et opérateurs de tourisme à mettre en oeuvre, pour que l'on offre à l'échelon de la planète des produits touristiques Océan Indien et que l'on fasse valoriser les atouts des uns qui sont complémentaires de ceux des autres. Et je crois très sincèrement, Monsieur le Préfet de La réunion, après avoir vu les beautés des Hauts de La Réunion, que si l'on sait marier demain intelligemment les plages de Maurice et les Hauts de La réunion, on peut offrir un produit touristique à nul autre pareil. Voilà un début de réflexion, la réflexion politique étant lancée, le chemin étant ouvert, à vous de nous tracer maintenant les actes de ce chemin, à vous de faire en sorte de nous dire par quel acte juridique, par quelle convention, par quel acte de coopération, par quels actes bilatéraux ou multilatéraux on peut traduire ça en réalité et on peut aller dans ce sens là.
J'avais la même réflexion concernant le devenir agricole de nos territoires et concernant cette question qui devient aujourd'hui très importante qui est celle de la crise alimentaire. Quand on voit, et je pense à ce qui se passe à Madagascar, aux angoisses, aux inquiétudes, mais quand on voit parallèlement les terres disponibles à Madagascar, quand on voit parallèlement le savoir-faire des agriculteurs de Mayotte ou des agriculteurs de La Réunion, on se dit qu'il y a peut-être un mariage intelligent à faire entre les potentiels des uns et le savoir-faire des autres, pour avoir des productions partagées, pour savoir apporter aux populations ne serait-ce qu'une réponse à leurs besoins. Ce matin, Monsieur le Préfet de La Réunion, je faisais une réunion à l'aéroport sur l'observatoire des prix, on est directement sur ce sujet de prix de vie quotidienne, de pouvoir d'achat. Si on évitait d'importer trop de produits venant de la métropole surchargés par les prix du transport et que l'on apportait un peu plus de capacité à produire dans l'environnement de l'Océan Indien, des produits pour nourrir les populations, peut-être aurait-on une politique de prix plus raisonnable et surtout une politique de co-développement plus équilibrée ; parce que ce que je dis entre La Réunion et Madagascar, est aussi vrai entre Mayotte et Anjouan, pour ouvrir des débats qui sont sans doute ceux que j'aurais ce soir aux Comores, pour dire qu'il est peut-être temps de se poser la question de savoir comment faire en sorte que le kilo de tomate vendu 18 euros sur le marché de Mayotte et produit à 50 centimes d'euros dans les fermes d'Anjouan puisse se rapprocher des uns et des autres et qu'on puisse à la fois apporter à Anjouan les nécessités, les soutiens au développement qui est indispensable si on veut lutter intelligemment contre l'immigration et la pression migratoire, apporter aux habitants de Mayotte des tomates produites sur place et à moindre coût, et lutter ainsi contre plusieurs phénomènes qui viennent obscurcir la vie de nos Outre-Mer.
Vous voyez qu'il y a dans tous les sujets dont j'ai à traiter, dans tout ce que je découvre dans mes premiers pas dans ce ministère, un besoin de coopération régionale renforcé, un besoin d'action en synergie, un besoin que le travail qui est le vôtre aboutisse sur des axes concrets. Je ne vous ai pas parlé de mon ambition portuaire, en particulier quand on regarde dans l'Océan Indien le nombre de marchandises qui circulent, on se dit qu'il y a là sans doute un développement de notre savoir-faire. J'ai visité le port de Mayotte, j'ai visité le port de La Réunion, je connais les performances du port de Maurice. Je sais, d'ailleurs, qu'intelligemment les ports de l'Océan Indien se sont réunis, travaillent ensemble parce que la concurrence est évidemment mondiale. Il faut renforcer cette coopération, il faut parier sur ce développement et sur cette volonté logistique et, ainsi, Monsieur le Préfet de La Réunion, nous permettrons peut-être que les 100 000 containers qui descendent de la métropole pour amener à La Réunion les produits dont les réunionnais ont besoin, ne remontent pas à vide vers l'Europe, ce qui ferait que les prix pour les réunionnais diminueraient d'autant puisque aujourd'hui ils paient l'aller mais aussi le retour des containers à vide et que si nous savions les remplir intelligemment, il y a là aussi vous le voyez, une réponse à des problèmes très quotidiens.
Voilà la réflexion que je voulais vous livrer, bien loin, pardon, de toutes les fiches qui m'avaient été fort bien préparées. Je remercie ceux qui me les avaient préparées. J'ai à coeur que l'action de coopération régionale s'appuie sur quelques axes forts, lisibles, visibles, que nous sachions ensuite décliner avec les autorités des pays concernés des accords précis, écrits, chiffrés... (« cadré » me souffle Monsieur le Préfet, et il a raison, cadre et encadrés) dans le temps et avec des objectifs et avec des moyens de vérifier que leurs objectifs sont atteints et avec une logique très opérationnelle, très pragmatique. Une logique qui a un souci qui est de dire dans l'année qui vient qu'est-ce que l'on peut faire, qu'est-ce que l'on peut produire comme action nouvelle dans les deux ans qui viennent, qu'est-ce que l'on peut faire dans les trois ans qui viennent et qu'est-ce que l'on peut programmer.
Voilà ce que j'attends de vos travaux, ce que j'attends des actions de coopération régionale. En tous cas moi j'ai un sentiment et une volonté, c'est que, dans la charge qui est la mienne, je m'impliquerai personnellement dans ces actions de coopération régionale. Je viendrai, et je le dis aux Ambassadeurs des pays voisins, aussi souvent qu'il le faudra, en accord évidemment avec mon collègue le Ministre des Relations Extérieures ou des Affaires Etrangères, dans vos pays pour discuter de coopération avec les gouvernements concernés et pour faire en sorte qu' à l'échelon politique on mette cette ambition en mouvement.
J'ai le sentiment que la France est attendue, j'ai le sentiment que la voix de la France ici dans l'Océan Indien, mais c'est vrai aussi dans le Pacifique et aux Antilles, est attendue. Et que cette main tendue de la coopération, cette stratégie commune dans les grands domaines que j'évoquais, qui ne sont évidemment pas exclusifs, je ne vous ai pas parlé de la pêche et on pourrait aussi en parler dans le détail, que ces actions concrètes sont attendues et qu'il faut que nous soyons force de proposition.
Je souhaite Mesdames et Messieurs que vous soyez, que nous soyons force de proposition et que nous allions démontrer aux pays qui nous entourent d'abord toute notre volonté de coopération car qui dit coopération dit paix et fraternité. Car lorsque l'on travaille ensemble, que l'on coopère et que l'on se parle, les relations entre les Etats sont des relations beaucoup plus fructueuses et beaucoup moins tendues, et ici, à Mayotte, ce discours n'est pas un discours que je tiens par hasard. Qui dit aussi coopération renforcée dit enfin accroître l'efficacité de l'action publique au profit de nos habitants, au profit de nos populations, et c'est bien pour cela que nous sommes là, c'est pour cela que je vous remercie de votre mobilisation, de votre engagement et que j'attends maintenant avec impatience de lire les réponses aux questions que j'ai posées et dont je suis sûr que vous ne manquerez pas de les formuler dès cet après-midi. »source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 13 juin 2008