Déclaration de M. Hervé Novelli, secrétaire d'Etat au commerce, à l'artisanat, aux petites et moyennes entreprises, au tourisme et aux services, sur la politique du tourisme et ses défis à relever en matière d'accueil, d'offre touristique et de promotion de la destination France, Paris le 19 juin 2008.

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Circonstance : Assises nationales du tourisme à Paris les 18 et 19 juin 2008

Texte intégral

Mesdames et Messieurs les Ministres
Mesdames et Messieurs les élus
Mesdames et Messieurs les Présidents
Mesdames et Messieurs les professionnels et acteurs du tourisme
Ces Assises ont connu une affluence record, près de 1200 personnes ont assisté à nos travaux.
Je veux au premier chef adresser mes très sincères remerciements aux ministres étrangers qui nous ont fait l'amitié de leur présence, à tous les professionnels qui se sont mobilisés, aux équipes qui ont travaillé à la préparation de ces assises, que ce soit pour leur organisation, ou pour la réflexion de fond qui a été conduite. Je pense en particulier aux diagnostics sans complaisance qui ont été dressés par le BCG et le CGEFI, mais aussi par le Conseil national du Tourisme, qui ont servi de base à nos travaux. Je tiens à souligner aussi la mission menée actuellement par le député Jean-Michel Couve qui remettra prochainement son rapport au Premier Ministre.
Je retire deux enseignements essentiels des différents propos tenus durant ces Assises.
Le premier, c'est l'attente que j'ai pu mesurer d'un retour nécessaire de l'action politique, pas au sens partisan, mais comme volonté que la puissance publique s'incarne dans ce secteur. Pas pour complexifier, normer, codifier, réglementer, mais bien pour faciliter au maximum le développement de l'activité du tourisme. Cette volonté est partagée au plus haut niveau de l'Etat, c'est pourquoi cette manifestation est placée sous le haut patronage du Président de la République. Mon implication et la présence de Madame Christine Lagarde en témoignent. C'est l'ensemble du Gouvernement qui est mobilisé à mes côtés pour faire du tourisme une véritable cause nationale.
Le deuxième enseignement, c'est qu'il faut désormais agir, agir face aux attentes exprimées, et agir sans perdre de temps pour relever les défis précisés durant ces Assises.
Trois types de défis se présentent à nous :
Le défi de l'accueil d'abord
. Il faut faciliter l'accueil, sous toutes ses formes, à tous les instants. Il faut fluidifier cette chaîne de l'accueil dont nous a parlé hier Gilles Pellisson, patron du Groupe Accor, cette chaîne qui va de l'accueil à nos frontières jusqu'aux lieux d'hébergement.
Le défi de l'offre touristique française ensuite
. Il faut améliorer notre offre touristique sous toutes ses formes là-aussi, que ce soit l'hébergement, je l'ai dit mais aussi l'ensemble des équipements structurants, des services, en clair, l'ensemble de l'offre pour laquelle un véritable partenariat stratégique avec les collectivités territoriales et les professionnels est incontournable.
Le défi de la promotion de la destination France enfin
. Il faut donner de l'ampleur à notre promotion. Le secteur doit être doté d'une ambition de promotion très forte vers les cibles stratégiques que nous aurons définies, mais aussi en s'appuyant sur l'offre nouvelle que nous aurons construite tous ensemble.
Mais avant de répondre de manière très concrète à ces 3 défis posés, je pense que nous devons nous interroger sur les opportunités de faire de la fulgurante évolution de la demande touristique mondiale un nouveau relais de croissance pour notre pays.
Le constat, nous l'avons posé ensemble hier. C'est celui d'une réaction nécessaire face à la performance amoindrie de notre économie du tourisme. Certes le tourisme reste le premier secteur d'activité français, mais sa part dans la création de la richesse globale est en baisse. De même, la part de marché de la destination France dans les flux du tourisme mondial n'augmente pas au rythme auquel nous pourrions prétendre. Il était temps de se pencher en profondeur sur les causes de cette progression interrompue. Il est temps de préciser les mesures susceptibles de réenclencher le cercle vertueux qui nous permettra d'atteindre le point de croissance supplémentaire pour l'économie nationale, et ceci grâce au tourisme.
Il nous faut aussi prendre en compte les évolutions de l'environnement dans lequel s'inscrit le tourisme : le développement durable et son corollaire le tourisme durable, est devenu incontournable. Le renchérissement des prix de l'énergie change les comportements, internet et les nouvelles technologies, par les facilités remarquables qu'ils offrent, peuvent modifier radicalement la structure de l'industrie du voyage.
Les études, travaux et débats qui ont constitué la préparation et le déroulement de ces Assises ont produit un matériau très riche qu'il nous faut maintenant exploiter : ils nous invitent à nous préoccuper des nouvelles clientèles qui arrivent avec des nouveaux souhaits de consommation, que ce soit les séniors des pays d'Europe, ou les nouveaux voyageurs des pays émergents tels que le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine ou le Mexique.
Il nous faut construire ensemble un plan d'actions pour traiter les trois enjeux que j'ai mentionné tout à l'heure, améliorer l'accueil, refonder notre offre, bâtir une véritable politique de promotion.
1) Il nous faut d'abord améliorer l'accueil des touristes internationaux sur notre territoire
Parlons d'abord des visas.
Il nous faut explorer toutes les voies pour faciliter et maximiser les possibilités pour les touristes étrangers de choisir la destination France. Cela passe par l'octroi fluidifié et accéléré des visas sur des pays dont nous avons identifié le caractère stratégique, la Russie, la Chine, l'Inde, le Brésil, le Mexique. C'est un travail que j'ai entamé avec mon collègue Brice Hortefeux en liaison avec le quai d'Orsay. Est-il normal aujourd'hui qu'un homme d'affaire ait besoin de trois mois pour obtenir un visa, ou comme j'ai pu l'entendre, qu'il passe par une filiale allemande de la société invitante pour faciliter son accès à la France ?
Ma première priorité sera donc de me mobiliser pour faciliter l'attribution de visas de tourisme, pour le loisir comme pour les affaires.
La desserte aérienne et les low cost ensuite,
Il nous faut à l'évidence améliorer la desserte de notre territoire.
Je veux et j'entends favoriser le développement de nouvelles lignes, notamment low cost, ceci afin de faciliter l'arrivée et la répartition des touristes internationaux sur l'ensemble de notre territoire.
L'exemple récent de Marseille qui a favorisé le développement de flux aériens supplémentaires est éloquent : 1,5 millions de voyageurs internationaux nouveaux en une seule année seulement. Imaginez les conséquences sur l'ensemble du territoire. Des flux qui se diffusent dans les grandes villes, qui sont devenues des destinations de court séjour privilégiées des européens, mais aussi dans les arrières pays qui profitent au même titre de ces apports nouveaux.
Les courts séjours touristiques qui se généralisent, nécessitent d'accéder au lieu de destination le plus rapidement possible. Le temps de voyage acceptable est, aujourd'hui, proportionnel au temps de séjours passé sur place à destination.
Le tourisme est un vecteur favorisant le développement de tous les territoires. Les courts séjours ne recherchent pas uniquement le soleil, la neige en hiver, la plage en été. De nouvelles destinations s'installent, promues par des évènements, des caractéristiques locales. Prenez l'exemple de Lille qui a acquis une image remarquable grâce au développement des transports, le TGV en l'occurrence. Lille est devenue une place d'affaires reconnue, mais aussi une destination touristique recherchée, été comme hiver. C'est à ce type de résultat que je veux accéder en améliorant l'accès au territoire, notamment via les low cost en complément du réseau aérien actuel. On ne peut laisser plus longtemps à nos portes autant de clients si bien disposés à notre égard, et qui ne trouvent pas satisfaction, se détournent du coup et optent pour d'autres destinations plus accessibles.
Je sais, pour en avoir parlé très récemment avec le secrétaire d'Etat au transport, que nous ne resterons pas inertes.
Emploi et formation
Mais l'accueil, c'est aussi de disposer de personnels formés et compétents, adaptés à cette demande nouvelle.
La Formation, Mesdames et Messieurs est un enjeu tout à fait stratégique.
L'enjeu humain est considérable pour le tourisme, c'est la ressource principale du secteur qui se caractérise par son fort taux de main d'oeuvre, comme dans les principaux métiers des services.
Le secteur du tourisme cherche à recruter un personnel de plus en plus qualifié afin d'améliorer les services qu'il est amené à offrir à une clientèle de plus en plus exigeante.
Or, paradoxalement, alors qu'il recrute énormément, ce secteur se caractérise par une rotation du personnel très importante. On considère qu'un tiers des jeunes salariés quittent la profession chaque année.
Parallèlement, il est reconnu que les emplois de la profession ne jouissent pas d'une image favorable dans l'opinion publique. Ils sont considérés comme insuffisamment rémunérés et dotés d'horaires lourds et décalés par rapport aux exigences de la vie familiale. Plus grave, ils ne sont pas considérés comme de véritables métiers justifiant une qualification et donc une formation adaptée.
Je fais globalement mien le diagnostic réalisé par Jean Jacques Descamps, dans le rapport qu'il m'a remis récemment, sur les insuffisances de notre système de formation en tourisme : nos formations sont trop cloisonnées ; nous avons un déficit de vision globale des besoins quantitatifs et qualitatifs du marché ; la concertation entre professionnels et enseignants sur la prospective en matière de qualifications et sur la réalité du marché de l'emploi est trop insuffisante ; les jeunes qui s'engagent dans le secteur du tourisme manquent de formation entrepreneuriale alors que les opportunités de création et de reprises d'entreprises sont nombreuses dans le secteur touristique.
Ce constat n'est en rien tragique ! En effet, plus que d'une carence, c'est d'une trop grande floraison d'initiatives que nous souffrons, parfois de qualité remarquable, mais prises en fonction des contextes locaux.
Je prendrai et accompagnerai donc résolument toutes les mesures à même de mettre davantage de rationalité, de coordination, de transparence et bien sûr d'ambition dans notre système de formation initiale et continue en tourisme. Les jeunes et les professionnels doivent pouvoir disposer d'un outil d'information et de gestion plus sûr du marché du travail dans notre secteur.
J'étudierai donc avec la plus grande attention les recommandations du rapport Descamps et des groupes de travail ayant préparé ces Assises. Je sais que les professionnels et leurs représentants, que les ministres chargés de l'éducation nationale et de l'enseignement supérieur, sont prêts à fédérer leurs initiatives en ce sens. Je soutiendrai les initiatives issues du terrain et qui viseront à mettre en réseau et à labelliser les formations dans ce domaine. Je pense à l'initiative lancée par la CCI de Nice, provisoirement dénommée, Centre international du Tourisme, et qui fédère déjà de nombreux acteurs nationaux et régionaux, collectivités locales, CCI, universités, syndicats professionnels.
Mais il nous faut aussi articuler avec nos voisins les besoins d'emploi dans les secteurs en tension et les besoins de formation en tourisme.
Les métiers de l'hôtellerie et de la restauration connaissent des difficultés de recrutement. Dans ce secteur des HCR, les professionnels avancent le nombre de 60 000 emplois non pourvus.
Le secteur de la restauration recherche des cuisiniers, charcutiers, boulangers, des serveurs, maîtres d'hôtel, chefs de rang, sommeliers. L'hôtellerie recrute à la réception (employés de réception, chefs de réception, réceptionnistes), dans les services d'étage (employés d'étage, valets, femmes de chambres, gouvernantes, ...). Les cafés recherchent des serveurs, des responsables de salle, des barmans, des responsables de comptoir
Je souhaite donc créer une sorte d' « Erasmus du tourisme » qui permettrait des échanges en vue de formations qualifiantes avec des pays voisins, notamment des rives sud de la Méditerranée dont le tourisme se développe fortement et qui ont donc de grands besoins de formation pour leur futur personnel.
Il ne s'agit pas de profiter cyniquement de la ressource de mains d'oeuvre dont disposent les pays du sud, mais bien d'un accord structurant de partenariat mêlant formation et apprentissage, mais aussi accueil de travailleurs, dans le but de faire profiter chacun des avantages et savoir-faire de l'autre.
Le travail que j'ai engagé avec mon collègue Brice Hortefeux porte donc également sur cette dimension visant à établir des flux de jeunes et de travailleurs plus harmonieux et adaptés aux besoins partagés de développement d'une offre nouvelle dans le secteur du Tourisme.
J'en viens maintenant à la nécessaire adéquation entre les modalités du travail et les besoins spécifiques des métiers du tourisme.
Il nous faut en effet prendre en compte les caractéristiques de ce secteur en termes de saisonnalité. Nombre de nos entreprises sont aujourd'hui, non seulement confrontés à un déficit de main d'oeuvre qualifiée, mais de surcroît à un manque de souplesse pour proposer aux travailleurs qui le souhaitent des conditions adaptées aux cycles d'activité du tourisme.
Je veux d'ores et déjà explorer les voies permettant de répondre tant aux besoins de flexibilité des entreprises du secteur, qu'aux exigences naturelles de juste rétribution des travailleurs concernés. Pourquoi ne pas adapter notre droit du travail ? Pourquoi ne pas offrir à ceux qui souhaitent exercer cette activité d'une manière indépendante le nouveau statut d'auto-entrepreneur que la loi de modernisation de l'économie va créer ? Il y a là des pistes que nous allons explorer en concertation avec tous les acteurs du tourisme, y compris les partenaires sociaux.
2) Mesdames et Messieurs, il nous faut aussi moderniser l'offre touristique dans toutes ses dimensions et sur tous les territoires
Et d'abord mieux la commercialiser.
Cet objectif passe par une meilleure intégration des composantes de l'offre, et donc une meilleure coordination des acteurs publics et privés qui la constituent.
La France se distingue par la richesse de son offre, malheureusement très éclatée, qui souffre dès lors d'un manque de visibilité et d'accessibilité selon les standards maintenant imposés par l'instantanéité.
La profession s'accorde aujourd'hui à reconnaître que les technologies de l'information révolutionnent les stratégies de développement touristique des territoires comme celles des entreprises privées du secteur.
Les internautes du monde entier se sont massivement approprié ce nouveau média pour préparer et, désormais, acheter leurs séjours. A l'échelle mondiale, de grands opérateurs internationaux ont pris leurs marques et défini de nouveaux business modèles compétitifs et rentables, particulièrement au niveau de la distribution.
A l'échelle nationale, chaque segment de l'offre d'hébergements et d'activités touristiques connaît ses champions, qui ont réussi à totalement intégrer la révolution internet. Il en est de même au niveau des territoires.
Je souhaite apporter tout mon appui à la mise en place de partenariats structurés, entre les grands champions nationaux et les autres professionnels qui n'ont pas accès aujourd'hui aux outils nécessaires, entre les territoires et les filières, entre les territoires eux-mêmes, où nous sommes encore très loin d'avoir organisé la France dans la logique des destinations touristiques pertinentes que chacun appelle pourtant de ses voeux.
En matière de nouvelles technologies, que ce soit pour le marketing, les technologies utilisées, comme pour les services, il nous faut éviter une concurrence stérile entre opérateurs qui conduit à une sous-capitalisation des initiatives.
Je propose que Maison de la France, tête de réseau des initiatives public-privé, et ODIT-France qui peut accompagner la prise de conscience des acteurs, fondent une stratégie renforcée dans ce domaine, avec les acteurs privés et les financeurs. Je souhaite qu'un partenariat public-privé innovant dans ce domaine permette l'émergence de plateformes B to B, pour renforcer les moyens en matière d'interfaçages technologiques, et, dans une logique structurante, développer des services complémentaires d'assistance à la distribution et à la vente, pour tous les opérateurs.
Nous devons aussi donner aux professionnels du voyage les conditions de leur compétitivité
Je souhaite profiter de cette occasion pour aborder les évolutions nécessaires des professions du voyage. J'ai eu déjà l'occasion de m'entretenir avec les représentants de la profession des réformes que je souhaite mener avec eux.
Deux types de motifs rendent en effet nécessaire une adaptation de l'organisation de la vente de voyages en France :
Au plan juridique, la loi Tourisme du 14 avril 2006 qui réforme le régime de la vente de voyages n'a pas encore de décret d'application et n'est donc pas encore en vigueur, ce qui constitue un handicap majeur. Dans le même temps, la transposition des directive Services ou Reconnaissance des qualifications professionnelles et la révision prévue de la directive « Voyages à forfaits » de 1990, nécessitent des adaptations de notre droit
Le développement de la vente par internet, la création de produits originaux comme les coffrets cadeau, etc., ne sont pas assez bien pris en compte par le droit actuel
Mais il y a aussi les motifs stratégiques. Il nous faut ensemble trouver les moyens de couvrir le territoire d'une offre touristique suffisante et adaptée, et d'améliorer la lisibilité de l'offre pour le consommateur. Je veux encourager la structuration de réceptifs plus efficaces, notamment dans leur relation en B to B, faiblesse bien identifiée par les travaux préparatoires aux Assises.
Je veux renforcer la compétitivité des agences de voyages françaises en réduisant les écarts de conditions d'exercice de la profession avec les concurrents communautaires sérieux.
Et puis je suis un apôtre de la simplification et je suis certain que l'on peut réduire les coûts administratifs de cette réglementation
Comme je m'y suis engagé, j'installerai dans les jours prochains un groupe de travail avec les professionnels sur ces sujets stratégiques avec l'objectif de conclure les modalités d'évolution de la réglementation avant la fin de cette année.
Nous devons aussi nous employer à une nécessaire mise a niveau de nos hébergements touristiques
Il est au préalable indispensable de rénover le système de classement des hébergements touristiques
La rénovation de l'offre passe, cela a été souligné, par une rénovation, je dirais même une modernisation, de notre offre d'hébergement, tout particulièrement notre offre hôtelière.
Première réforme, que je sais très attendue : j'engage dès aujourd'hui la mise en oeuvre de la réforme en profondeur de la procédure et des critères de classement de l'ensemble de nos hébergements marchands de tourisme, un chantier ouvert depuis des années et à la mise en oeuvre toujours repoussée jusqu'à ce jour.
La complexité du sujet est indéniable, l'urgence d'aboutir l'est aussi.
Depuis l'automne 2007, de nombreux professionnels ont travaillé à un rythme très soutenu pour conseiller l'administration dans cette tâche de réforme. Je souhaite ici leur exprimer ma gratitude pour le temps et l'énergie consentis.
Les résultats très riches de ces travaux m'ont permis d'entrer de plain pied dans cet ambitieux projet, facteur d'une attractivité renouvelée et j'espère amplifiée pour notre pays.
Je veux vous annoncer aujourd'hui les grandes lignes de la réforme que je souhaite mettre en oeuvre.
Cette réforme sera prioritaire.
Une fois effectuée, et je l'espère très rapidement, il sera ensuite possible de rapprocher les grilles de critères et les procédures de classement des autres hébergements.
Mais regardons d'abord l'hôtellerie.
? Ce classement sera volontaire. Mais en revanche, soucieux de l'image de marque de la profession, je souhaite que l'appellation « hôtel » soit, à l'issue de cette réforme, associée au classement ;
? Celui-ci sera limité dans le temps et renouvelable, pour une durée de l'ordre de 3 à 5 ans
? Le coût du classement sera assumé par les professionnels ;
? Une 5ème étoile se substituera au niveau 4 étoiles luxe. Le classement débutera désormais avec la 1ère étoile. Plus qu'un simple glissement d'une étoile, c'est bien-sûr tout le jeu des critères qui va être refondu ;
? Je veux que l'Etat demeure le garant final du classement en validant la procédure et en attribuant in fine le classement. Des organismes agréés se chargeront des visites dans les établissements ;
? Une structure nationale les agréera et gèrera dans le temps le référentiel de classement. Son statut n'est pas encore défini. Je souhaite dans la mesure du possible m'appuyer sur une structure partenariale existante, comme par exemple ODIT-France ;
? De nouveaux critères de classement m'ont été proposés par les professionnels. Ils comportent, et c'est une grande nouveauté, des critères relatifs à la qualité de service, à l'accessibilité aux handicapés ou au respect des objectifs du développement durable. Ils seront expertisés par mon administration puis feront l'objet d'expérimentations choisies dans une dizaine de départements pilotes dès la rentrée.
Mon ambition est que la réforme du classement de l'ensemble de notre hôtellerie soit achevée à l'horizon de 2012.
Mais je ne néglige pas le fait que la montée en gamme de notre hôtellerie voulue par ces critères nouveaux va nécessiter des moyens supplémentaires. Je vais vous en parler maintenant.
Le parc hôtelier français est constitué d'environ 20 000 hôtels, dont 18 000 hôtels classés tourisme (en 2007) offrant plus de 610 000 chambres. 15 000 hôtels classés doivent être aujourd'hui rénovés, avec des charges d'investissement qui tendent à peser de plus en plus lourd lorsqu'on cumule l'ensemble des mises aux normes (sécurité, accessibilité handicapés, hygiène alimentaire, performance énergétique, prochaines normes de classement hôtelier avec développement durable et qualité de service, etc.) auxquelles ils convient de rajouter les nécessaires adaptations au marché (informatique, site Internet, haut débit, TV numérique écran plat, décoration, différentiation marketing, chauffage, rafraîchissement).
A l'échelle nationale, les coûts cumulés de rénovation du parc hôtelier sont évalués à environ 10 Mds d'euros.
Ce montant resitue bien l'ampleur du sujet, la portée des enjeux. La plupart des catégories d'hôtels sont concernés par cette campagne de rénovation, gage de la qualité de l'offre française, et donc de la satisfaction des touristes domestiques et internationaux.
J'ai demandé à la Caisse des Dépôts et à Oséo, de préparer et de me soumettre des propositions de financement adaptées au secteur et à ses réalités.
Il ne s'agit pas d'aliéner la liberté capitalistique des entrepreneurs, mais de s'orienter vers la mise en place de facilités de financement suffisamment souples pour convenir aux caractéristiques de l'activité : pas de subventions, mais bien des fonds rémunérés et patients pouvant, par exemple être amortis de manière décalée, avec des franchises de remboursement, etc. Il s'agirait de permettre à l'entrepreneur de trouver l'équivalent de l'apport personnel permettant de déclencher l'intérêt des réseaux bancaires locaux qui doivent pleinement jouer leur rôle de financeurs de l'économie locale.
D'ores et déjà, j'annonce aujourd'hui la mise en place à ma demande et à l'initiative d'OSEO d'un contrat de développement de rénovation hôtelière répondant à ces caractéristiques.
Mais la question de la transmission de l'hôtellerie indépendante est aussi un point crucial. La chaîne doit être révisée pour permettre aux (jeunes) entrepreneurs d'organiser le financement de leur nouvelle activité. Je souhaite que soient distingués au profit du jeune entrepreneur le paiement du fonds de commerce et le paiement des murs, ce dernier intervenant dans un deuxième temps.
Je voudrais enfin, en évoquant l'hôtellerie-restauration, mentionner la négociation que nous menons de manière acharnée auprès de nos partenaires européens pour obtenir la possibilité d'un taux réduit de TVA. Cela est et demeure l'une de nos toutes premières priorités, et la Présidence prochaine de l'Union européenne par Nicolas Sarkozy, à partir du 1er juillet 2008, je pense pouvoir vous le dire, permet d'espérer aboutir enfin.
Mais au-delà de la rénovation de l'offre hôtelière, il faudra aussi nous attaquer à la rénovation de l'immobilier de loisirs.
La plupart de nos stations de montagne et du littoral ont été lancées à partir du début des années 1970, le financement s'organisant par la mobilisation de l'épargne des particuliers. Ces derniers au fil du temps se sont progressivement désintéressés de la gestion optimisée de leur bien, qui sont progressivement sortis des marchés organisés de la location. Les conséquences se font sentir sur l'activité des commerçants, la fiscalité locale, l'animation de ces destinations. Ces « lits froids » ou « volets clos » doivent revenir sur le marché organisé. Le patrimoine à remettre ainsi dans les circuits organisés de distribution est suffisamment important pour que nous n'ayons plus besoin de construire sur les rares terrains encore disponibles.
Mais l'économie du tourisme est soumise à des aléas qui la rendent difficile, et c'est pour cela que la réhabilitation de l'immobilier de loisirs dans les stations bénéficie déjà de mesures incitatives à destination des propriétaires qui s'engagent dans des travaux de rénovation dans le but de remettre l'appartement dans les circuits de commercialisation. Un simple réaménagement de textes existants pourrait permettre à mon avis de donner un nouvel élan à ce mouvement de la réhabilitation, de la reconstitution et de la dynamisation des économies locales.
Un mot maintenant sur le tourisme social qui a été évoqué à plusieurs reprises au cours de ces Assises.
Car Mesdames et Messieurs, tout ne se résume pas à la rénovation de l'hôtellerie.
Je tiens à vous faire part de ma volonté de favoriser le départ en vacances d'un plus grand nombre de nos compatriotes. Je veux définir une nouvelle politique du tourisme social, et ceci dans la concertation. A cet effet je recevrai avant la fin du mois de juillet les représentants des différentes composantes du tourisme social pour définir avec eux les objectifs et les méthodes qui nous permettront d'aboutir avant la fin de l'année. Les prochaines assises du tourisme qui se tiendront l'année prochaine comporteront un important volet consacré au tourisme social.
J'en viens maintenant au partenariat stratégique que j'entends nouer avec les collectivités territoriales.
Car cette politique de l'offre, je veux la développer avec les collectivités locales, qui disposent de compétences claires dans ce domaine, et jouent un rôle majeur.
Je vous indique que j'entamerai à l'issue de nos assises un tour de France des régions qui me conduira en premier lieu en Bretagne, puis en Provence Alpes Côte d'Azur et en Normandie, puis en région Centre et en Aquitaine. Ce sera l'occasion de proposer aux collectivités et aux acteurs locaux un véritable partenariat stratégique, où l'Etat jouera pleinement son rôle de fédérateur, et mettra à disposition son expertise qui peut et qui sera mutualisée.
Ce partenariat s'organisera autour de :
. La mise en place d'une observation et de statistiques fiables, sur des méthodes éprouvées, permettant une véritable action d'intelligence économique dans ce domaine ;
. La mise à disposition dans des modalités plus faciles de l'expertise d'ODIT-France, pour développer une véritable ingénierie touristique globale du territoire ;
. L'identification des projets touristiques prioritaires, aptes à répondre aux cibles de clientèle que nous avons identifiées ensemble ;
. La valorisation de notre patrimoine historique et culturel afin de le rendre plus accessible et plus vivant pour le plus grand nombre ;
. Les actions communes de commercialisation et de promotion, notamment en mettant à disposition des outils partagés pour les professionnels de l'offre.
En parallèle, et pour illustrer la diversité de nos territoires, je suis heureux de vous annoncer le lancement, en partenariat avec le magazine Le Point, et à l'initiative de Jacques Marseille, d'un concours des projets locaux de développement touristique les plus innovants et créateurs d'emplois.
3) J'en viens enfin à la mise en oeuvre d'une véritable politique de promotion de la destination France.
Nous créons aujourd'hui la « marque France ».
Vendre la France, c'est vendre ses destinations, ses valeurs, ses services, son accueil... cela doit s'incarner dans une marque, au sens noble du terme, dans laquelle chaque territoire se reconnaît, chaque thématique peut se décliner.
Car de nombreux pays se sont investis dans le développement d'une image de marque, la définition d'un identifiant, d'une signature unique pour vendre l'ensemble de leur destination nationale. Cette unité de communication n'occulte pas pour autant la diversité de leur offre. Le signe extérieur qui rassemble l'ensemble des acteurs des économies de ces pays est l'illustration vue de l'extérieur d'une démarche concertée, de l'application d'une stratégie organisée.
Notre pays ne dispose pas de cet identifiant rassembleur, derrière lequel l'offre locale pourrait se ranger à condition de respecter les fondements de l'image voulue pour la destination.
Nous avons donc décidé de créer une marque France, que j'aurai le bonheur de vous révéler en présence de Christine Lagarde dans quelques instants.
Deux objectifs complémentaires seront assignés à la « marque France » :
? 1) en faire un outil partenarial pour concentrer la promotion de tous les acteurs, et non la diluer. Ainsi, l'étude des attentes de la clientèle, la segmentation de l'offre, la priorisation des thématiques et des territoires, tous ces éléments essentiels d'une campagne réussie seront décidés en commun entre les acteurs publics du tourisme et les partenaires qui souhaiteront se joindre à eux.
? 2) en faire un marqueur de la qualité de l'offre France, à l'instar et en complément des marques publiques déjà existantes, et qui doivent être pérennisées, renforcées et élargies, que sont « Qualité Tourisme » et « Tourisme et Handicap ».
Il nous faut en même temps créer un dispositif de pilotage des « événements France ».
Il nous faut créer une urgence de la visite, et de la re-visite ! Il nous faut être imaginatif pour créer des événements festifs et attractifs pour les touristes, autour de notre patrimoine, et de nos célébrations. Un appel a été lancé pour mettre en place un dispositif de pilotage des événements internationaux ; cela rentre donc dans mes projets que de mettre en place un tel dispositif.
Plus largement, le Gouvernement est engagé dans une démarche d'ensemble de promotion de l'image de la France, qui doit retrouver sa cohérence au travers de tous les outils qui permettent de toucher nos concitoyens, en France et à l'étranger, et nos visiteurs potentiels, d'affaire ou de loisirs.
J'ai proposé au Premier Ministre et au Président de la République, qui l'ont accepté, aux côtés de la marque France, de développer le site internet de la France. Est-il normal que seule la France ne dispose pas de son site France.fr ?
En conclusion de ce discours, deux points sur lesquels je souhaite encore attirer votre attention.
D'abord, le rappel que nos travaux ne font que commencer.
Je l'ai dit, la matière produite ces derniers mois, dans le cadre de ces Assises et en dehors, sur les évolutions souhaitables du secteur du tourisme, est d'une très grande richesse encore largement inexploitée.
Je souhaite d'ailleurs faire perdurer l'esprit de ces Assises en réunissant régulièrement un panel de professionnels et d'experts qui m'informeront des évolutions et me conseilleront sur la politique à mener.
Et, je vous donne rendez-vous à Bordeaux les 18 et 19 septembre prochains pour le Forum européen du tourisme
Par ailleurs, vous le savez, l'Etat est engagé dans une réforme générale de son organisation et de ses structures. Le ministère de l'Economie, et le Tourisme, participent de ce mouvement, qui doit être saisi comme une opportunité de renforcement du pilotage stratégique de la politique du Tourisme, en s'appuyant sur des opérateurs efficaces.
Le tourisme est un domaine éminemment transversal, cela a souvent été souligné. Pour autant, il a besoin d'être ancré dans une stratégie claire.
La réforme de l'Etat est à l'ordre du jour. Elle est nécessaire. Il faut absolument muscler notre Etat. Cela ne se traduira pas par un amoindrissement de la politique touristique du pays, mon engagement peut en témoigner, de même que la tenue même de nos assises.
Je souhaite à l'avenir que nos outils existants, je pense à nos agences dont chacun souligne le professionnalisme, Maison de la France, ODIT-France, travaillent dans une synergie améliorée et joignent le plus souvent leurs efforts pour bâtir ensemble le développement organisé de l'activité touristique de notre pays.
Le regroupement des services du Ministère de l'Economie, de l'Emploi et de l'Industrie est naturel. Il ne fera pas disparaître la capacité de l'Etat d'incarner une politique.
La politique de l'Etat dans le domaine de l'économie du tourisme de la France, s'incarnera à terme par une synergie d'outils aujourd'hui dispersés.
Plus près de nous, je présenterai avant la fin de l'année en Conseil des Ministres un projet de loi Tourisme pour mettre en oeuvre les dispositions législatives de ces réformes.
Voilà chers amis le programme de travail qui est devant nous. Je suis convaincu de la valeur que nous pouvons créer ensemble, acteurs publics aux côtés des acteurs privés, Etat, collectivités locales.
Je suis convaincu que nous pouvons, que nous allons retrouver la place de leader mondial, non seulement en nombre, mais aussi en création de valeur et donc d'emplois.
L'Equipe de France du Tourisme est née aujourd'hui. J'ai confiance dans les résultats qu'elle obtiendra à l'avenir.
Source http://www.minefe.gouv.fr, le 20 juin 2008