Texte intégral
N. Demorand.- Au sommaire ce matin, le Plan Banlieues lancé aujourd'hui depuis la ville de Meaux, en compagnie de F. Fillon et de nombreux ministres du Gouvernement, dont notre invité, C. Boutin, ministre du Logement et de la Ville. Vous êtes en duplex de la ville de Meaux, et en studio, ici, à Paris, avec nous, F. Pupponi, député-maire PS de Sarcelles dans le Val-d'Oise et vice-président de l'association "Ville et Banlieue". C. Boutin, première question : je voulais vous rappeler ce qu'était la promesse faite par N. Sarkozy, concernant les banlieues, un "plan Marshall", disait-il pendant la campagne et "la réinvention de la politique de la ville". Est-ce que c'est ce à quoi on va assister ce matin ?
C. Boutin : Oui, je pense qu'il y a ce matin une véritable rupture dans le regard que l'on porte sur la politique de la ville. Car on va passer de la politique des moyens, à celle de l'obligation de résultats, ce qui est naturellement totalement nouveau et innovant. Et sous cet angle-là, on peut considérer qu'effectivement, c'est un plan Marshall. C'est un Plan Marshall dans la démarche qui est totalement nouvelle et réformatrice.
La question des moyens, réglons-la tout de suite, C. Boutin : à combien estimez-vous les moyens qui seront mis en oeuvre dans ce plan ?
C. Boutin : Chaque ministre, justement, c'est là où il y a une réforme très importante, nous avons une démarche qui est totalement nouvelle, puisque les ministres s'engagent sur des résultats et c'est à chaque ministre de se donner les moyens dans son budget. Vous savez, on a mis énormément d'argent et d'euros depuis des années, dans les banlieues. On s'aperçoit que ça a donné des résultats, mais maintenant, il faut avoir une approche nouvelle et c'est donc l'obligation de résultats. Et chaque ministre sera concerné dans son secteur, pour répondre à la problématique des quartiers fragiles.
C'est donc un changement de méthode que vous décrivez-la, C. Boutin. Je vous repose la question des moyens : toutes ces enveloppes ministérielles mises en commun, ça donne quoi au final ?
C. Boutin : Je n'ai pas fait le total, mais je peux vous dire, par exemple, qu'en ce qui concerne l'ANRU, l'Agence nationale de rénovation urbaine, il y a 12 milliards d'euros qui sont prévus dans le cadre de l'ANRU, pour le programme 2004-2013, qui est très important, et pour l'instant, en ce qui concerne l'engagement de ces crédits, ils ne sont que de 3 milliards. Donc nous avons 9 milliards qui sont prévus, qui sont dans les budgets, et qui ne sont pas encore engagés. Donc ce n'est pas un problème d'argent et d'euro, l'argent il est là, il n'y a pas de problème de financement. Et c'est ça la véritable révolution culturelle, on a tout à fait l'argent pour financer. Je vous donne les exemples de la rénovation urbaine, 9 milliards sont actuellement disponibles, ne sont pas encore engagés. Et pour l'instant, si je veux encore être plus précise, en ce qui concerne les crédits payés, c'est 1 milliard. Il y a un milliard qui a été payé, 3 milliards d'engagés et il reste tout le reste, qui est disponible et qui est donc prêt à financer. Donc vous voyez, ce n'est pas un problème uniquement d'euro, les euros sont là, le financement est là, mais c'est la méthode qui est effectivement différente. Le président de la République, le 8 février, a beaucoup insisté sur ce nouveau regard, sur cette obligation de résultat. Du reste, ce n'est pas propre à la ville, c'est sa politique et je pense qu'il a raison. La France doit aller vers la réforme et la rupture. La rupture, c'est non pas de diminuer les efforts financiers, bien au contraire, mais de les maintenir, mais maintenant de se donner une obligation de résultat.
La politique de la ville, ces derniers temps, ces dernières années, avait tout faux sur le plan de la méthode ?
C. Boutin : Pardon, excusez-moi, je n'ai pas entendu ?
Vous dites que c'est un changement de méthode, auquel on assiste aujourd'hui...
C. Boutin : Oui absolument, oui.
Est-ce que la méthodologie de la politique de la ville était mauvaise, allait dans le mauvais sens jusqu'à présent ?
C. Boutin : Non. Vous savez, je pense que toute action progresse en maturité. Je pense qu'il y a eu une période où nous avons pensé tous, qui que nous soyons, qu'il était nécessaire d'approcher ce problème uniquement par les financements. Et on s'aperçoit qu'aujourd'hui, le financement, il faut naturellement les maintenir, mais il faut aller plus loin et faire d'une certaine façon un accompagnement plus humain. Et vous comprendrez que je suis particulièrement sensible à cette démarche. Au-delà de l'argent, il faut une obligation humaine de résultat, c'est-à-dire un accompagnement aussi bien dans l'emploi... Vous savez, il y a cinq grands points dans ce plan "Espoir banlieues", l'emploi, le désenclavement, l'éducation, la sécurité, la gestion urbaine. Tout ça demande en fait un accompagnement beaucoup plus personnalisé qu'il ne l'était auparavant. Et ça va même jusqu'au ministre : chaque ministre va s'engager personnellement par rapport ces objectifs qu'il réserve à chaque quartier fragile.
Avec nous, en studio à Paris, F. Pupponi, le député-maire PS de Sarcelles, dans le Val-d'Oise, vice-président, je le rappelle, de l'association "Ville et banlieue". C'est bien un plan Marshall, dit C. Boutin, qu'en pensez-vous ?
F. Pupponi : On le verra ce soir après les annonces, mais ça fait longtemps que ce pays annonce un plan Marshall. Nous, ce qu'on constate dans les banlieues, c'est que ce pays a construit ses ghettos, les a peuplés des populations les plus fragilisées, souvent issues de l'immigration, et depuis trente ans n'arrive pas à faire en sorte que ces quartiers sortent des situations de relégation dans laquelle ils sont. Alors on attend, aujourd'hui. Ce qui m'inquiète, dans ce que dit madame Boutin, c'est qu'on ne parle pas de ce que nous on attend dans les banlieues, c'est-à-dire une réelle redistribution des richesses, pour que globalement ces quartiers bénéficient... Il n'y a pas que des problèmes d'argent, mais que les communes les plus pauvres, celles qui gèrent les populations les plus en difficultés aient enfin les moyens de mettre des services publics pertinents et performants dans ces quartiers, parce qu'aujourd'hui, c'est le paradoxe de ce pays, on demande aux communes les plus pauvres de France, de s'occuper les populations les plus fragilisées avec moins de moyens que les autres.
Et donc vous demandez quoi ? Un système de péréquation, de refaire...
F. Pupponi : Un système de péréquation efficace. Et il y a le rôle du gouvernement, mais il y a aussi les égoïsmes locaux, les grandes villes de ce pays, ne veulent pas partager. Donc tant que ce pays en général, au niveau local, au niveau national, je voudra pas à un moment partager, eh bien on n'arrivera pas durablement à régler le problème de ces quartiers.
C. Boutin, ministre du Logement et de la Ville, sur cette idée d'une meilleure solidarité, entre les villes riches et les villes pauvres ?
C. Boutin : Tout d'abord, je souhaite saluer F. Pupponi, que je connais bien, que j'ai rencontré en rendez-vous de nombreuses fois au ministère, et je salue le travail qui est fait à Sarcelles. Monsieur Pupponi a tout à fait raison, et je partage son point de vue et en ce qui concerne la nécessité d'aller vers un partage de la richesse. Et c'est la raison pour laquelle, vous le savez bien, nous allons - alors on rentre un peu dans la technique par rapport à nos auditeurs - mais nous allons réformer, en tous les cas, nous sommes en train de travailler à la réforme de la DSU et donc de la péréquation entre les villes riches et les villes pauvres. Il n'est pas acceptable que les villes riches touchent de la DSU, alors que des villes pauvres et qui ont des populations pauvres, n'aient pas un supplément par rapport à celles qui n'auraient pas besoin de cet argent.
Cette réforme essentielle, C. Boutin, elle est prévue pour quand ?
C. Boutin : Elle est en train d'être terminée, on va la regarder dans la loi de finance de 2009. Cela fait partie, donc ça va aboutir au moment de la loi de finance de 2009 et monsieur Pupponi pourra donner son avis à l'Assemblée nationale, lorsque ça va être discuté au mois de décembre, - novembre, décembre.
Il va déjà le faire au micro de France Inter...
F. Pupponi : Oui, c'est vrai que nous, on espère cette réforme indispensable. On est un peu inquiets, je prends un exemple très précis : avec X. Lemoine, le maire de Montfermeil, dans le cadre du Conseil national de la ville, qui est présidé par le Premier ministre, nous avons remis un rapport sur la réforme de la DSU, nous l'avons envoyé au Gouvernement, en particulier à M. Alliot-Marie, on attend toujours d'être reçus et on espère bien. Mais on est quand même assez inquiets car les premiers arbitrages qui sont en train de nous être présentés, on le verra encore en tout cas ce soir, ne nous donnent pas le sentiment d'aller dans le bon sens. Parce que c'est des sommes supplémentaires, mais il n'y a pas la grande redistribution dont on a besoin. Donc on espère vraiment qu'enfin, on sera capables de faire en sorte que cette réforme ait lieu. Si elle n'a pas lieu, le plan banlieue sera, quelque part, voué à l'échec.
Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 20 juin 2008
C. Boutin : Oui, je pense qu'il y a ce matin une véritable rupture dans le regard que l'on porte sur la politique de la ville. Car on va passer de la politique des moyens, à celle de l'obligation de résultats, ce qui est naturellement totalement nouveau et innovant. Et sous cet angle-là, on peut considérer qu'effectivement, c'est un plan Marshall. C'est un Plan Marshall dans la démarche qui est totalement nouvelle et réformatrice.
La question des moyens, réglons-la tout de suite, C. Boutin : à combien estimez-vous les moyens qui seront mis en oeuvre dans ce plan ?
C. Boutin : Chaque ministre, justement, c'est là où il y a une réforme très importante, nous avons une démarche qui est totalement nouvelle, puisque les ministres s'engagent sur des résultats et c'est à chaque ministre de se donner les moyens dans son budget. Vous savez, on a mis énormément d'argent et d'euros depuis des années, dans les banlieues. On s'aperçoit que ça a donné des résultats, mais maintenant, il faut avoir une approche nouvelle et c'est donc l'obligation de résultats. Et chaque ministre sera concerné dans son secteur, pour répondre à la problématique des quartiers fragiles.
C'est donc un changement de méthode que vous décrivez-la, C. Boutin. Je vous repose la question des moyens : toutes ces enveloppes ministérielles mises en commun, ça donne quoi au final ?
C. Boutin : Je n'ai pas fait le total, mais je peux vous dire, par exemple, qu'en ce qui concerne l'ANRU, l'Agence nationale de rénovation urbaine, il y a 12 milliards d'euros qui sont prévus dans le cadre de l'ANRU, pour le programme 2004-2013, qui est très important, et pour l'instant, en ce qui concerne l'engagement de ces crédits, ils ne sont que de 3 milliards. Donc nous avons 9 milliards qui sont prévus, qui sont dans les budgets, et qui ne sont pas encore engagés. Donc ce n'est pas un problème d'argent et d'euro, l'argent il est là, il n'y a pas de problème de financement. Et c'est ça la véritable révolution culturelle, on a tout à fait l'argent pour financer. Je vous donne les exemples de la rénovation urbaine, 9 milliards sont actuellement disponibles, ne sont pas encore engagés. Et pour l'instant, si je veux encore être plus précise, en ce qui concerne les crédits payés, c'est 1 milliard. Il y a un milliard qui a été payé, 3 milliards d'engagés et il reste tout le reste, qui est disponible et qui est donc prêt à financer. Donc vous voyez, ce n'est pas un problème uniquement d'euro, les euros sont là, le financement est là, mais c'est la méthode qui est effectivement différente. Le président de la République, le 8 février, a beaucoup insisté sur ce nouveau regard, sur cette obligation de résultat. Du reste, ce n'est pas propre à la ville, c'est sa politique et je pense qu'il a raison. La France doit aller vers la réforme et la rupture. La rupture, c'est non pas de diminuer les efforts financiers, bien au contraire, mais de les maintenir, mais maintenant de se donner une obligation de résultat.
La politique de la ville, ces derniers temps, ces dernières années, avait tout faux sur le plan de la méthode ?
C. Boutin : Pardon, excusez-moi, je n'ai pas entendu ?
Vous dites que c'est un changement de méthode, auquel on assiste aujourd'hui...
C. Boutin : Oui absolument, oui.
Est-ce que la méthodologie de la politique de la ville était mauvaise, allait dans le mauvais sens jusqu'à présent ?
C. Boutin : Non. Vous savez, je pense que toute action progresse en maturité. Je pense qu'il y a eu une période où nous avons pensé tous, qui que nous soyons, qu'il était nécessaire d'approcher ce problème uniquement par les financements. Et on s'aperçoit qu'aujourd'hui, le financement, il faut naturellement les maintenir, mais il faut aller plus loin et faire d'une certaine façon un accompagnement plus humain. Et vous comprendrez que je suis particulièrement sensible à cette démarche. Au-delà de l'argent, il faut une obligation humaine de résultat, c'est-à-dire un accompagnement aussi bien dans l'emploi... Vous savez, il y a cinq grands points dans ce plan "Espoir banlieues", l'emploi, le désenclavement, l'éducation, la sécurité, la gestion urbaine. Tout ça demande en fait un accompagnement beaucoup plus personnalisé qu'il ne l'était auparavant. Et ça va même jusqu'au ministre : chaque ministre va s'engager personnellement par rapport ces objectifs qu'il réserve à chaque quartier fragile.
Avec nous, en studio à Paris, F. Pupponi, le député-maire PS de Sarcelles, dans le Val-d'Oise, vice-président, je le rappelle, de l'association "Ville et banlieue". C'est bien un plan Marshall, dit C. Boutin, qu'en pensez-vous ?
F. Pupponi : On le verra ce soir après les annonces, mais ça fait longtemps que ce pays annonce un plan Marshall. Nous, ce qu'on constate dans les banlieues, c'est que ce pays a construit ses ghettos, les a peuplés des populations les plus fragilisées, souvent issues de l'immigration, et depuis trente ans n'arrive pas à faire en sorte que ces quartiers sortent des situations de relégation dans laquelle ils sont. Alors on attend, aujourd'hui. Ce qui m'inquiète, dans ce que dit madame Boutin, c'est qu'on ne parle pas de ce que nous on attend dans les banlieues, c'est-à-dire une réelle redistribution des richesses, pour que globalement ces quartiers bénéficient... Il n'y a pas que des problèmes d'argent, mais que les communes les plus pauvres, celles qui gèrent les populations les plus en difficultés aient enfin les moyens de mettre des services publics pertinents et performants dans ces quartiers, parce qu'aujourd'hui, c'est le paradoxe de ce pays, on demande aux communes les plus pauvres de France, de s'occuper les populations les plus fragilisées avec moins de moyens que les autres.
Et donc vous demandez quoi ? Un système de péréquation, de refaire...
F. Pupponi : Un système de péréquation efficace. Et il y a le rôle du gouvernement, mais il y a aussi les égoïsmes locaux, les grandes villes de ce pays, ne veulent pas partager. Donc tant que ce pays en général, au niveau local, au niveau national, je voudra pas à un moment partager, eh bien on n'arrivera pas durablement à régler le problème de ces quartiers.
C. Boutin, ministre du Logement et de la Ville, sur cette idée d'une meilleure solidarité, entre les villes riches et les villes pauvres ?
C. Boutin : Tout d'abord, je souhaite saluer F. Pupponi, que je connais bien, que j'ai rencontré en rendez-vous de nombreuses fois au ministère, et je salue le travail qui est fait à Sarcelles. Monsieur Pupponi a tout à fait raison, et je partage son point de vue et en ce qui concerne la nécessité d'aller vers un partage de la richesse. Et c'est la raison pour laquelle, vous le savez bien, nous allons - alors on rentre un peu dans la technique par rapport à nos auditeurs - mais nous allons réformer, en tous les cas, nous sommes en train de travailler à la réforme de la DSU et donc de la péréquation entre les villes riches et les villes pauvres. Il n'est pas acceptable que les villes riches touchent de la DSU, alors que des villes pauvres et qui ont des populations pauvres, n'aient pas un supplément par rapport à celles qui n'auraient pas besoin de cet argent.
Cette réforme essentielle, C. Boutin, elle est prévue pour quand ?
C. Boutin : Elle est en train d'être terminée, on va la regarder dans la loi de finance de 2009. Cela fait partie, donc ça va aboutir au moment de la loi de finance de 2009 et monsieur Pupponi pourra donner son avis à l'Assemblée nationale, lorsque ça va être discuté au mois de décembre, - novembre, décembre.
Il va déjà le faire au micro de France Inter...
F. Pupponi : Oui, c'est vrai que nous, on espère cette réforme indispensable. On est un peu inquiets, je prends un exemple très précis : avec X. Lemoine, le maire de Montfermeil, dans le cadre du Conseil national de la ville, qui est présidé par le Premier ministre, nous avons remis un rapport sur la réforme de la DSU, nous l'avons envoyé au Gouvernement, en particulier à M. Alliot-Marie, on attend toujours d'être reçus et on espère bien. Mais on est quand même assez inquiets car les premiers arbitrages qui sont en train de nous être présentés, on le verra encore en tout cas ce soir, ne nous donnent pas le sentiment d'aller dans le bon sens. Parce que c'est des sommes supplémentaires, mais il n'y a pas la grande redistribution dont on a besoin. Donc on espère vraiment qu'enfin, on sera capables de faire en sorte que cette réforme ait lieu. Si elle n'a pas lieu, le plan banlieue sera, quelque part, voué à l'échec.
Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 20 juin 2008