Déclaration de M. Éric Besson, secrétaire d'État à la Prospective, de l'Évaluation des politiques publiques et Développement de l'économie numérique, sur les grandes orientations de la mise en place de la radio numérique, Paris le 24 juin 2008.

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Circonstance : Clôture de l'atelier "Radio Numérique" dans le cadre des Assises du numérique, à Paris, à la Maison de Radio France, le 24 juin 2008

Texte intégral

Messieurs les Présidents, Cher Jean-Paul CLUZEL, Mesdames, Messieurs,
C'est avec un grand plaisir que j'ai accepté de conclure les échanges de cet atelier des Assises du Numérique consacré à la radio numérique. L'idée de cet atelier a surgi lors d'une discussion avec le président Jean-Paul CLUZEL, qui me faisait part de son inquiétude quant à la fameuse bande III. Je lui ai demandé d'être mon émissaire auprès du Groupement pour la Radio Numérique, qui était le cénacle tout désigné pour organiser la réflexion autour du volet radiophonique de ces Assises.
Monsieur le Président, cher Jean-Paul CLUZEL, je tiens aussi à vous remercier d'héberger cet événement dans un lieu tel que la Maison de la Radio.
Quel meilleur endroit que la Maison de la Radio pour imaginer ensemble l'avenir numérique de la radio ? Quand on contemple cet édifice, lieu d'histoire, de culture, d'ouverture et d'expérimentation, qui aujourd'hui a entrepris une mue spectaculaire, qui durera plusieurs années sans toutefois l'empêcher de continuer d'émettre, et qui la fera renaître plus moderne et plus conforme à ce qu'elle est : comment ne pas voir dans la Maison de la Radio la métaphore même de ce que la radio française tout entière est en train de vivre ?
Aujourd'hui, je vois ici réunis la plupart des décideurs du paysage radiophonique, pour préparer les propositions concrètes dont je compte nourrir le plan pour le numérique, que je présenterai, comme vous le savez, au Premier ministre avant la fin du mois de juillet. Soyezen tous remerciés.
Votre mobilisation, la qualité des échanges aujourd'hui, montrent que le média radio est l'un des plus vivaces et les plus aptes à saisir les nouvelles opportunités offertes par la révolution numérique. Le Groupement pour la Radio Numérique a su fédérer votre profession autour de cet enjeu majeur.
Quand j'ai été chargé par le Président de la République et par le Premier ministre du dossier de la transition vers le numérique de l'audiovisuel, il m'a semblé que le média radio, pour actif et efficace qu'il ait été dans la défense de ses intérêts, n'avait pas été suffisamment entendu.
J'ai donc souhaité rencontrer plusieurs patrons de radio, pour m'entretenir avec eux de l'avenir de ce média : j'ai rencontré des décideurs passionnés, qui rendaient ces problématiques techniques passionnantes ; très rapidement j'ai pu constater l'incroyable dynamisme de vos groupes et de vos associations.
J'en suis rapidement venu à la conclusion qu'il était impératif de donner une plus grande visibilité à la radio, notamment dans les débats sur le dividende numérique.
La radio a de grandes ambitions de développement sur les nouveaux réseaux. Ceci n'est certes pas nouveau. De tous les médias, ce sont les radios, médias du son, qui se sont le plus vite et le mieux emparé de l'outil Internet. Un rapide tour d'horizon entre sites Internet de radios montre la différence : écoute en direct, compléments d'information, podcast, la Toile est venue depuis de nombreuses années compléter, préparer ou prolonger l'écoute sur vos ondes. Malgré les problèmes posés à tous les médias traditionnels, problèmes techniques autant que problèmes de droits, vous n'avez pas craint la concurrence d'Internet et vous avez su jouer, avant tant d'autres médias culturels et d'information, la carte de la complémentarité. La radio, allumée lorsque ses auditeurs vaquent à d'autres occupations, n'a pas la jalousie exclusive des autres médias ; c'est ce qui a fait sa force. Internet est devenu, pour les radios, un pilier fondamental de votre stratégie.
Les prochaines semaines continueront d'être actives pour l'économie numérique : le Comité Stratégique pour le Numérique - CSN - travaille actuellement au schéma de réaffectation des fréquences libérées par l'arrêt de la télévision analogique : j'ai veillé à ce que ses travaux portent une attention particulière à la radio numérique, qui doit profiter de ces fréquences dites en « or ».
Ce schéma s'appuiera sur un plan cible d'affectation des fréquences, donnant une visibilité à moyen terme aux secteurs de l'audiovisuel, dont la radio, et des télécommunications. Le Premier ministre souhaite arrêter les principales orientations de ce schéma d'ici l'été. Nous aborderons la rentrée avec un paysage éclairci et des engagements de calendrier.
Le calendrier de la radio numérique n'est pas le même que celui de la télévision. Il demandera donc un soin particulier : il est indispensable de redoubler de vigilance à ce sujet pour que les millions d'auditeurs de radio (plus de 40 millions en France), profitent pleinement de la modernisation de ce média.
Les premiers programmes de radio numérique seront lancés en 2009, après l'appel à candidatures lancé par le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel le 26 mars 2008.
Je souhaite que la radio numérique suscite dès son lancement, l'adhésion du plus grand nombre, et jouisse d'une appétence forte auprès de son marché. Il est indispensable que son empreinte territoriale soit forte dès le lancement, et en croissance rapide.
La radio, contrairement à la télévision, ne connaîtra pas d'extinction accélérée dans les prochains mois et devra financer sa présence sur les deux diffusions, analogique et numérique.
Nous devons définir les bonnes stratégies pour que la radio numérique, dès son lancement, draine par sa qualité et ses services un grand nombre d'auditeurs.
Par ailleurs, nous devrons trouver ensemble les moyens d'accélérer la transition vers la radio numérique. Vous avez fait des propositions concrètes, j'y reviendrai toute à l'heure.
La radio numérique, il n'est pas besoin de l'exprimer dans cette enceinte, apportera trois bénéfices majeurs : une meilleure couverture, une qualité inouïe, une fenêtre ouverte vers des services à forte valeur ajoutée.
Premièrement, la couverture : le numérique ouvre la voie à une meilleure couverture du territoire, permettant à de nombreuses stations de ne plus être tributaires de la rareté des fréquences de la bande FM. De nombreuses radios, non disponibles hors des grands centres urbains, pourront bientôt être accessibles à des millions de nouveaux auditeurs. Pour la puissance publique, c'est une formidable opportunité d'aménagement numérique des territoires.
Deuxièmement, la qualité : point besoin de s'étendre, je crois que vous avez eu droit à une démonstration sonore, qui vaut mieux que tous les discours. Cette qualité sera, comme pour la TNT, un des motifs majeurs d'adhésion pour les consommateurs. Nous devons réfléchir à la façon de la leur rendre perceptible.
Enfin, les nouveaux services. Les normes retenues permettent à des images et des informations de s'inviter sur les ondes radios. Je n'y vois pas un gadget ou un simple agrément, mais l'opportunité de développer de nouvelles propositions de valeur autour du média radiophonique, touchant les services autant que la publicité. Je souhaite qu'une approche concertée puisse aider le marché à trouver efficacement les modèles les plus adaptés.
Je retiens donc la proposition de cet atelier : qu'un plan de développement de la couverture des réseaux de Radio Numérique soit établi pour la période 2009-2012, pour assurer rapidement la couverture de la grande majorité de la population et des territoires, en y incluant les principaux axes routiers.
De plus, vous avez aujourd'hui proposé que l'intégration de la réception de la Radio Numérique soit rendue obligatoire pour les récepteurs de radio commercialisés en France, de façon progressive entre 2010 et 2013. Cette mesure de bon sens doit être considérée avec soin, pour qu'elle puisse être envisagée en pleine conformité avec le cadre législatif européen. Un mouvement analogue a été initié à l'Assemblée nationale quant à la généralisation du MPeg4 pour la transition vers le numérique de la télévision. Il est, quoi qu'il en soit, indispensable que l'avènement de la radio numérique s'opère en bonne concertation avec les représentants des constructeurs de récepteurs, qui étaient représentés aujourd'hui dans vos débats.
Pour que la radio numérique voie rapidement le jour, l'accès à la Bande III semble être un préalable requis : seul un accès à ces fréquences pourra permettre aux radios d'être diffusées en qualité numérique à un coût permettant une couverture optimale.
J'ai pu exprimer mon soutien à cette démarche publiquement, je le renouvelle aujourd'hui : l'accès privilégié des opérateurs de radio à la bande III fera partie des scénarios présentés prochainement au Premier ministre.
Pour conclure cet atelier, et rappeler mieux que par un discours l'objectif qui nous réunit aujourd'hui, je souhaite laisser la parole à la radio de demain, dont la voix s'entendra bientôt partout en France en qualité 5.1.
Je vous remercie de votre contribution à ces Assises du Numériques.
Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 26 juin 2008