Texte intégral
Le thème du congrès : Qu'en est-il aujourd'hui de la difficulté d'être parent ? Qu'en comprendre, qu'en dire, qu'en faire ?
Vous posez la question de la difficulté d'être parent ? Qu'en comprendre, qu'en dire, qu'en faire ? Si je reprends ces trois termes, je dirais que l'évolution récente des structures familiale et des modes de vie familiaux interrogent en effet la définition de la parentalité. La place du père au sein de la famille, celle des grands-parents auprès des jeunes et des enfants, les relations entre les professionnels de la parentalité et les parents eux-mêmes, sont quelques-uns des angles de réflexion que vous avez choisi d'explorer lors de vos tables rondes. Ces sujets illustrent parfaitement l'évolution récente des enjeux du soutien à la parentalité que sont plus que jamais la place et le rôle du parent, et l'intérêt de l'enfant.
La convention sur les droits de l'enfant de 1989 consacre le principe du soutien à la fonction parentale. Ce soutien est pour moi le principal levier d'action en faveur de l'intérêt de l'enfant. Plus récemment, le Conseil de l'Europe s'est exprimé dans une recommandation relative aux politiques visant à soutenir une parentalité positive (2006) en suggérant aux gouvernements des Etats membres « de reconnaître le caractère essentiel des familles et de la fonction parentale et de créer les conditions nécessaires à une parentalité positive qui tienne compte des droits et des intérêts supérieurs de l'enfant ». La réunion des ministres en charge de la famille que j'organiserai à la rentrée dans le cadre de la présidence française de l'Union européenne s'inscrira dans cette approche et abordera un certain nombre de questions concrètes parmi celles que se posent aujourd'hui les parents et les professionnels de la parentalité.
Axées sur le bien-être et l'éducation de l'enfance et de la jeunesse, les politiques familiales en France confèrent aux parents un rôle croissant, notamment en termes de responsabilité parentale. De fait, la famille réinvesti de plus en plus la place fondamentale qui est la sienne, notamment du point de vue de la cohésion sociale ou encore de la prévention de la violence.
La famille est le premier lieu de construction de l'enfant, de transmission des valeurs et des repères. Vous le savez, pour le vivre dans vos métiers, l'étude des interactions précoces entre le bébé et son entourage met en évidence le rôle de partenaire actif du bébé dans sa relation avec ses parents. Dès son plus jeune âge, l'enfant agit sur son environnement et le sollicite pour établir des liens.
Ces interactions précoces participent à la construction du sentiment de sécurité intérieure nécessaire à l'élaboration de sa personnalité. C'est également dans un processus familial que l'enfant affirme peu à peu sa personnalité, son identité propre et devient indépendant. Les personnes qui semblent naturellement les plus à même d'être ses interlocuteurs, dans ce processus, sont ses parents.
Là aussi, vous le savez, pour tenir ce rôle les parents ont plus ou moins besoin d'être écoutés, reconnus, rassurés, valorisés, mais également accompagnés et soutenus, renforcés dans leurs compétences.
De plus en plus, des activités collectives contribuent à l'accompagnement, à l'aide et au soutien des parents - en luttant contre l'isolement des mères par exemple -. Des échanges et des liens de solidarité entre les familles, peuvent se créer.
Ce mode d'intervention ayant désormais fait ses preuves, il est souhaité que les initiatives locales de soutien à la parentalité puissent être encouragées.
Je pense par exemple à des actions engagées auprès des futures mamans, telles que
- le renforcement de la prévention précoce ;
- l'action des REAAP ;
- le rôle de la téléphonie sociale ;
- ou encore, la promotion de la médiation familiale.
Ces temps d'échange, qu'ils soient individuels ou collectifs, contribuent à reconnaître les parents dans leur rôle, à les accompagner et les soutenir si besoin, à favoriser l'expression des difficultés vécues et à renforcer un contact éducatif positif.
Je voudrai conclure en rappelant que le fait familial en France est une réalité qui nous est souvent envié en Europe et ailleurs. Notre taux de natalité est le premier de l'Union européenne. Dans le même temps, je note que le taux d'activité des femmes, qui est de 82 %, est également le plus élevé d'Europe. Premier constat : le travail des femmes n'est pas l'ennemi de la natalité. Second constat : la question de la conciliation de la vie familiale et de la vie professionnelle est prégnante pour les familles. A ce titre, l'accueil du jeune enfant, notamment par une réflexion de fonds sur le développement des différents modes de garde et sur leur articulation, est l'un des sujets incontournables de mon action. Je pense par exemple à la nécessaire ouverture des entreprises aux questions de parentalité : Plus de 30 entreprises ont d'ores et déjà signé la Charte parentalité que j'ai lancé avec Xavier Bertrand en avril dernier.
Le soutien à la parentalité c'est aussi l'animation et l'action des réseaux d'écoute, d'appui et d'accompagnement des parents (REAAP). Plus de 6 000 actions sont entreprises chaque année au plus prés des parents. Des réseaux départementaux rassemblent les familles, les professionnels, les élus, les bénévoles, les institutions, les associations, les praticiens, les chercheurs...
Parentel s'inscrit dans cette démarche de lien entre les connaissances, les savoirs, et l'action. Vous entendez - et le programme de votre 7e congrès en atteste - nourrir et développer la réflexion. La susciter. Mais sans perdre de vue les attentes des parents et leurs besoins au quotidien.
Je vous remercie et vous souhaite un excellent congrès.
Source http://www.travail-solidarite.gouv.fr, le 11 juillet 2008