Texte intégral
Mesdames, Messieurs
Chers amis
Au terme de cette journée, il me revient l'honneur de clore vos travaux et je m'en réjouis tout particulièrement. Je tenais à être auprès de vous aujourd'hui car comme vous le savez, le thème des droits des femmes dans le monde constitue l'une de mes priorités et un axe majeur de mon action. Je salue ici l'initiative du Ministre Bernard Kouchner de célébrer cette journée internationale de la femme, notamment à travers cette rencontre qui nous rassemble cet après-midi et qui a été, si je comprends ce qui m'en a été dit, très riche.
Dès ma prise de fonctions, j'ai souhaité m'impliquer fortement sur cette thématique.
J'ai ainsi présidé à New-York le 1er octobre dernier une réunion du conseil de sécurité sur les femmes dans les conflits armés en Afrique, qui a permis de sensibiliser les membres du Conseil de sécurité et les ONG à la nécessité de renforcer la lutte contre les violences sexuelles à l'encontre des femmes. Celles-ci atteignent en effet, que ce soit au Kivu ou au Soudan, des proportions insoutenables, qui nous heurtent au plus profond de notre conscience. Nous ne saurions rester impassibles face à des situations où le viol est érigé en véritable arme de guerre, indifférents lorsque les violences sexuelles acquièrent un caractère massif, systématique et planifié. Nous nous devons d'agir résolument et fermement face au retour de pratiques barbares d'un autre âge, qui visent à avilir et réifier le corps.
Je suis également intervenue en faveur de femmes, qui au péril de leur vie, luttent pour que l'universalité des droits de l'homme ne soit pas un vain mot, pour que l'égalité entre hommes et femmes soit une réalité tangible, pour que les droits des femmes ne soient pas niés au nom de la tradition ou de la religion. Ayaan Hirsi Ali et Taslima Nasreen savent que nous nous tenons à leurs côtés, que nous battrons afin qu'elles puissent librement faire valoir leurs droits à l'égalité, à la liberté et à la fraternité. C'est pourquoi j'ai récemment proposé la création d'un fonds européen de soutien à toutes ces voix que les thuriféraires de l'ordre établi voudraient baillonner et réduire définitivement au silence.
60 ans se sont écoulés depuis la proclamation de la déclaration universelle des droits de l'homme, grâce à l'action déterminée de René Cassin mais aussi, ne l'oublions pas, d'Eleanor Roosevelt. Ce texte affirme clairement que« tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits » et que chacun « peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamés dans la présente Déclaration, sans distinction aucune notamment de sexe ». Pourtant, trop souvent les droits des femmes sont bafoués, trop souvent les femmes sont oubliées ou tenues pour quantité négligeable, trop souvent les femmes sont les victimes privilégiées des violences, trop souvent les femmes voient en définitive leur humanité contestée. C'est pourquoi nous avons décidé de faire de la lutte contre les violences à l'encontre des femmes la priorité de notre présidence de l'Union européenne, afin de donner davantage corps à cette déclaration et de renforcer substantiellement l'action de l'UE dans ce domaine. Au-delà, nous poursuivrons avec détermination notre lutte en faveur des femmes, que ce soit à l'assemblée générale des Nations unies, où nous avons réussi à faire adopter par consensus en 2006 une résolution historique condamnant les violences à l'encontre des femmes ou au Conseil de sécurité afin que la résolution 1325 « femmes, paix et sécurité » ne reste pas un texte creux, dénué de toute portée pratique.
La célébration du 60ème anniversaire de la déclaration universelle des droits de l'homme et notre présidence de l'UE doivent nous conduire à réaffirmer haut et fort que les droits de l'Homme sont aussi ceux de l'autre moitié de l'humanité, à savoir ceux des femmes. Ces deux évènements seront l'occasion de rappeler que nous ne saurions accepter que des femmes soient lapidées ou soumises à la torture et autres traitements dégradants, des jeunes filles atrocement mutilées sexuellement au nom d'une prétendue tradition culturelle ou des femmes condamnées à mort au XXe siècle pour sorcellerie. Les droits de l'Homme ne sauraient être à géométrie variable. Les droits de l'Homme avec un grand « H », valent pour tous, hommes et femmes confondus, où que ceux-ci se trouvent de par le monde.
En guise de conclusion, permettez-moi de rappeler que cette année sera également celle du centième anniversaire de la naissance de Simone de Beauvoir. Figure marquante de la pensée intellectuelle du XXe siècle et égérie de l'émancipation des femmes, celle-ci affirmait - nous avons tous en tête sa phrase - que « l'on ne naît pas femme, on le devient » mais également que « la femme n'est victime d'aucune mystérieuse fatalité : il ne faut pas conclure que ses ovaires la condamnent à vivre éternellement à genoux ». C'est dans ses pas que nous devons inscrire notre action. Nous devons nous dresser contre l'obscurantisme et le relativisme culturel dans lequel d'aucuns voudraient nous reléguer. La dignité des femmes et, au-delà, celle de l'espèce humaine l'exigent. Je serai de ce combat et je ne doute que vous aurez à coeur d'y prendre part également. Je vous remercie.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 5 août 2008
Chers amis
Au terme de cette journée, il me revient l'honneur de clore vos travaux et je m'en réjouis tout particulièrement. Je tenais à être auprès de vous aujourd'hui car comme vous le savez, le thème des droits des femmes dans le monde constitue l'une de mes priorités et un axe majeur de mon action. Je salue ici l'initiative du Ministre Bernard Kouchner de célébrer cette journée internationale de la femme, notamment à travers cette rencontre qui nous rassemble cet après-midi et qui a été, si je comprends ce qui m'en a été dit, très riche.
Dès ma prise de fonctions, j'ai souhaité m'impliquer fortement sur cette thématique.
J'ai ainsi présidé à New-York le 1er octobre dernier une réunion du conseil de sécurité sur les femmes dans les conflits armés en Afrique, qui a permis de sensibiliser les membres du Conseil de sécurité et les ONG à la nécessité de renforcer la lutte contre les violences sexuelles à l'encontre des femmes. Celles-ci atteignent en effet, que ce soit au Kivu ou au Soudan, des proportions insoutenables, qui nous heurtent au plus profond de notre conscience. Nous ne saurions rester impassibles face à des situations où le viol est érigé en véritable arme de guerre, indifférents lorsque les violences sexuelles acquièrent un caractère massif, systématique et planifié. Nous nous devons d'agir résolument et fermement face au retour de pratiques barbares d'un autre âge, qui visent à avilir et réifier le corps.
Je suis également intervenue en faveur de femmes, qui au péril de leur vie, luttent pour que l'universalité des droits de l'homme ne soit pas un vain mot, pour que l'égalité entre hommes et femmes soit une réalité tangible, pour que les droits des femmes ne soient pas niés au nom de la tradition ou de la religion. Ayaan Hirsi Ali et Taslima Nasreen savent que nous nous tenons à leurs côtés, que nous battrons afin qu'elles puissent librement faire valoir leurs droits à l'égalité, à la liberté et à la fraternité. C'est pourquoi j'ai récemment proposé la création d'un fonds européen de soutien à toutes ces voix que les thuriféraires de l'ordre établi voudraient baillonner et réduire définitivement au silence.
60 ans se sont écoulés depuis la proclamation de la déclaration universelle des droits de l'homme, grâce à l'action déterminée de René Cassin mais aussi, ne l'oublions pas, d'Eleanor Roosevelt. Ce texte affirme clairement que« tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits » et que chacun « peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamés dans la présente Déclaration, sans distinction aucune notamment de sexe ». Pourtant, trop souvent les droits des femmes sont bafoués, trop souvent les femmes sont oubliées ou tenues pour quantité négligeable, trop souvent les femmes sont les victimes privilégiées des violences, trop souvent les femmes voient en définitive leur humanité contestée. C'est pourquoi nous avons décidé de faire de la lutte contre les violences à l'encontre des femmes la priorité de notre présidence de l'Union européenne, afin de donner davantage corps à cette déclaration et de renforcer substantiellement l'action de l'UE dans ce domaine. Au-delà, nous poursuivrons avec détermination notre lutte en faveur des femmes, que ce soit à l'assemblée générale des Nations unies, où nous avons réussi à faire adopter par consensus en 2006 une résolution historique condamnant les violences à l'encontre des femmes ou au Conseil de sécurité afin que la résolution 1325 « femmes, paix et sécurité » ne reste pas un texte creux, dénué de toute portée pratique.
La célébration du 60ème anniversaire de la déclaration universelle des droits de l'homme et notre présidence de l'UE doivent nous conduire à réaffirmer haut et fort que les droits de l'Homme sont aussi ceux de l'autre moitié de l'humanité, à savoir ceux des femmes. Ces deux évènements seront l'occasion de rappeler que nous ne saurions accepter que des femmes soient lapidées ou soumises à la torture et autres traitements dégradants, des jeunes filles atrocement mutilées sexuellement au nom d'une prétendue tradition culturelle ou des femmes condamnées à mort au XXe siècle pour sorcellerie. Les droits de l'Homme ne sauraient être à géométrie variable. Les droits de l'Homme avec un grand « H », valent pour tous, hommes et femmes confondus, où que ceux-ci se trouvent de par le monde.
En guise de conclusion, permettez-moi de rappeler que cette année sera également celle du centième anniversaire de la naissance de Simone de Beauvoir. Figure marquante de la pensée intellectuelle du XXe siècle et égérie de l'émancipation des femmes, celle-ci affirmait - nous avons tous en tête sa phrase - que « l'on ne naît pas femme, on le devient » mais également que « la femme n'est victime d'aucune mystérieuse fatalité : il ne faut pas conclure que ses ovaires la condamnent à vivre éternellement à genoux ». C'est dans ses pas que nous devons inscrire notre action. Nous devons nous dresser contre l'obscurantisme et le relativisme culturel dans lequel d'aucuns voudraient nous reléguer. La dignité des femmes et, au-delà, celle de l'espèce humaine l'exigent. Je serai de ce combat et je ne doute que vous aurez à coeur d'y prendre part également. Je vous remercie.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 5 août 2008