Texte intégral
Je suis heureuse d'être ici au Conseil régional du Centre pour signer avec vous Monsieur le Président du Conseil régional, Cher François Bonneau, le Protocole d'accord sur le Plan des métiers au service des personnes handicapées et des personnes âgées dépendantes.
Je vous remercie de m'accueillir pour cette signature et depuis le 12 février dernier, date à laquelle j'ai annoncé ce plan, je constate avec plaisir que les choses ont bien avancé.
C'est pourquoi , je tiens d'emblée à vous remercier pour votre engagement, pour la mobilisation de vos services aux cotés de mon cabinet, des services de l'Etat et de la CNSA. Cette collaboration étroite a abouti à l'élaboration de ce protocole et surtout de la convention d'objectifs et de moyens qui va en découler. Cette convention permettra en effet de définir de façon opérationnelle et concrète les actions menées dans le cadre de l'expérimentation. Nous en donnerons quelques exemples tout à l'heure.
Avant d'en venir à la présentation de ce document, je voudrais d'abord préciser qu'au niveau national, un comité de pilotage a été mis en place le 24 juin dernier. La région Centre y est représentée. Ce comité permet de mettre autour de la table l'ensemble des acteurs nationaux de la formation professionnelle ainsi que les ministères concernés. Ce comité suivra non seulement les expérimentations régionales mais aussi coordonnera les actions, mutualisera les moyens et les connaissances et enfin lèvera les freins éventuels tout en valorisant les leviers déjà existants. Je tiens aussi à souligner l'implication essentielle de la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA) qui va appuyer les expérimentations en y consacrant un budget spécifique de 8 millions d'euros la première année, soit près de 2,5 millions d'euros pour chacune des 3 régions.
Au niveau régional, les conventions sont en cours d'élaboration ou de signature. Dans ces conditions, les expérimentations pourront commencer dès septembre prochain.
Le protocole d'accord que nous signons aujourd'hui et la convention qui sera présentée dans les tout prochains jours à votre assemblée régionale en sont des exemples concrets.
Et c'est pour moi l'occasion de vous rappeler mes priorités et mes objectifs pour ce sujet très important à mes yeux au titre de la Solidarité mais aussi pour le Gouvernement.
La nécessité de réaliser un plan des métiers au service des personnes handicapées et des personnes âgées dépendantes résulte d'une part de l'obligation faite par la loi du 11 février 2005 de réaliser un plan des métiers du handicap.
Comme je l'ai évoqué précédemment, coordonner les actions des différents acteurs publics au sein desquels les régions ont un rôle pilote revêt à mes yeux un intérêt majeur et ce dans le cadre de la loi du 13 août 2004 qui a confié toutes compétences en matière de formation professionnelle aux régions. J'entends respecter pleinement ces compétences.
Cette nécessité résulte d'autre part du facteur démographique, puisque la France compte 1 million de personnes âgées de plus de 85 ans en 2005. Ce nombre aura doublé d'ici 2015.
Dans la région Centre, la proportion de personnes âgées est, elle aussi, en pleine croissance puisque 11 % de sa population sera âgée de plus de 75 ans en 2020 contre 8,8 % en 1999, soit 286 000 personnes en 2020 contre 215 000 en 1999. De plus, les attentes des personnes qu'elles soient handicapées ou âgées, de leur famille sont de plus en plus fortes en termes d'exigence et de proximité.
Or, aujourd'hui, les personnels qui les accompagnent ont de plus en plus de difficultés à répondre à ces besoins. En effet, les tâches se sont extrêmement diversifiées. Une adaptation des compétences des personnels aux besoins des personnes dépendantes s'avère nécessaire pour le bien être des personnes les plus vulnérables et pour soulager leurs accompagnants. Le renforcement de leurs compétences leur permettra également d'être mieux valorisés en leur proposant des perspectives d'évolution de carrière et de lutter contre leur épuisement professionnel.
Pour concilier ces différentes attentes et y répondre, les besoins de recrutement au niveau national sont estimés à 400 000 emplois à l'horizon 2015.
Dans la région Centre, le besoin est d'ores et déjà estimé à 7525 professionnels supplémentaires nécessaires. C'est pourquoi la priorité N°1 de ce plan concerne l'identification des besoins. Il est en effet essentiel que chaque région identifie très finement ses besoins propres dans le cadre des observatoires régionaux mis en place et je sais qu'une des actions de notre convention permettra d'avancer sur ce point. Car il est important que ces informations puissent remonter au niveau national afin que les services de l'Etat puissent intervenir de façon coordonnée, qu'ils puissent appuyer la région dans sa démarche d'identification des besoins grâce aux PRIAC et dans sa démarche de recrutement.
La priorité 2 est de recruter pour répondre aux besoins actuels et futurs. Pour répondre à cette priorité dans le Centre, des actions de formation qualifiantes et adaptées seront spécifiquement mises en place pour les bénéficiaires du RMI. Il s'agira de former des personnels soignants pour le secteur de l'aide à domicile ou les établissements médico-sociaux en partenariat avec les Conseils Généraux et les services de l'emploi. 100 personnes pourront ainsi bénéficier de 250 heures de formation en 2009 et leurs frais annexes seront pris en charge (déplacements, restauration).
Par ailleurs, pour renforcer l'encadrement et le management, des actions de formation seront destinées aux directeurs et aux cadres intermédiaires. En effet, 50 % des directeurs partiront en retraite d'ici 2011 dans les établissements et services pour personnes handicapées et 20 % dans les établissements et services pour personnes âgées d'ici 2013. Pour anticiper et répondre à ce besoin, 55 parcours de formation seront proposés entre septembre 2008 et 2009 à des salariés en partenariat avec le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT) et l'école des hautes études de santé publique. Leurs salaires de remplacement seront pris en charge par la CNSA.
La priorité 3 sera de former pour mieux accompagner les personnes et pour mieux reconnaître les compétences des professionnels. Des actions de professionnalisation seront proposées aux salariés en poste actuellement sur les thèmes suivants et sur les modalités de prise en charge de l'autisme, de la maladie d'Alzheimer, du handicap psychique, des soins palliatifs, de prévention de la maltraitance.
Il s'agira d'identifier et d'adapter l'offre de formation existante, de dresser une cartographie des réseaux mais aussi d'organiser des journées thématiques et de créer des modules de formation continue.
Nous souhaitons de plus développer et professionnaliser le tutorat dans les 3 régions et cela fait partie de l'expérimentation du Centre.
Il s'agit d'orienter davantage d'élèves infirmiers vers le secteur médico-social en les accompagnant grâce à du tutorat lorsqu'ils souhaitent choisir ce secteur. L'objectif de la région Centre est ambitieux puisqu'elle souhaite atteindre l'objectif de 100 infirmiers de plus par an, soit passer de 900 à 1000 diplômés en limitant le taux de sortie et de décrochage des étudiants engagés dans cette formation.
Pour atteindre cet objectif, des tuteurs seront formés, des actions de sensibilisation au tutorat engagées dans les Ehpad, des terrains de stage identifiés. De plus afin de valoriser les personnes qui s'engageront dans cette démarche, une rémunération complémentaire sera versée au tuteur, et son salaire de remplacement pris en charge par la CNSA.
La priorité 4 portera sur la valorisation des métiers au service des personnes handicapées et des personnes âgées dépendantes.
Une plaquette et une campagne d'information grand public seront élaborées permettant notamment de faire connaître ces métiers auprès du public masculin. Il s'agira aussi de toucher les jeunes lors des salons d'orientation pour les lycéens et les étudiants et en renforçant la collaboration entre les collèges, les lycées et les instituts de formation.
Vous le voyez, c'est une démarche ambitieuse pour répondre à un enjeu d'avenir et à un enjeu de société pour toutes les personnes handicapées, les personnes âgées dépendantes mais aussi leurs familles et les professionnels qui les accompagnent.
C'est aussi un enjeu économique en termes de créations d'emplois et de développement de nos territoires puisque ce sont des emplois non délocalisables.
Nous aurons besoin de la contribution et de l'engagement de chacun afin de répondre à ces enjeux et surtout aux attentes des personnes handicapées et des personnes âgées en perte d'autonomie tout en permettant aux professionnels qui les accompagnent au quotidien de se sentir reconnus, valorisés et soutenus.
Je remercie par avance les services de l'Etat de s'engager dès aujourd'hui dans ce processus aux côtés de la Région, pilote de cette démarche et de répondre à cet enjeu d'avenir et de solidarité pour notre pays et pour votre région.
Je vous remercie.
Source http://www.travail-solidarite.gouv.fr, le 10 juillet 2008