Déclaration de Mme Valérie Létard, secrétaire d'Etat à la solidarité, sur le plan en faveur des métiers au service des personnes handicapées et des personnes âgées dépendantes, Strasbourg le 9 juillet 2008.

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Circonstance : Signature avec le conseil régional d'Alsace du protocole d'accord sur le plan des métiers au service des personnes handicapées et des personnes âgées dépendantes, à Strasbourg le 9 juillet

Texte intégral


Je suis heureuse d'être ici au Conseil régional d'Alsace pour signer avec vous Monsieur le Président du Conseil régional, Cher Adrien Zeller, la convention d'objectifs et de moyens sur le Plan des métiers au service des personnes handicapées et des personnes âgées dépendantes. Je vous remercie de m'accueillir pour cette signature et depuis le 12 février, date à laquelle j'ai annoncé ce plan, je constate avec plaisir que les choses ont bien avancé. C'est pourquoi, je tiens d'emblée à vous remercier pour votre engagement, pour la mobilisation et l'implication de vos services aux cotés de mon cabinet, des services de l'Etat et de la CNSA.
Cette coopération étroite a abouti à l'élaboration de cette convention, qui permettra de définir de façon opérationnelle et concrète les actions menées dans le cadre de l'expérimentation. Nous en donnerons quelques exemples tout à l'heure. Avant d'en venir à la présentation de ce document, je voudrais d'abord préciser qu'au niveau national, un comité de pilotage a été mis en place le 24 juin dernier. La région Alsace y est représentée. Ce comité permet de mettre autour de la table l'ensemble des acteurs nationaux de la formation professionnelle ainsi que les ministères concernés. Ce comité suivra non seulement les expérimentations régionales mais aussi coordonnera les actions, mutualisera les moyens et les connaissances et enfin lèvera les freins éventuels tout en valorisant les leviers existants.
Je tiens aussi à souligner l'implication essentielle de la Caisse nationale de la solidarité pour l'autonomie (CNSA) qui va appuyer les expérimentations en y consacrant un budget spécifique de 8 millions d'euros la première année, soit près de 2,5 millions d'euros pour chacune des 3 régions.
Au niveau régional, les conventions sont en cours d'élaboration ou de signature. Dans ces conditions, les expérimentations pourront commencer dès septembre prochain.
Pour l'Alsace, cette convention en définit le périmètre, les objectifs et les moyens.
C'est pour moi l'occasion de vous rappeler mes priorités et mes objectifs pour ce sujet très important à mes yeux au titre de la Solidarité mais aussi pour le Gouvernement.
La nécessité de réaliser un plan des métiers au service des personnes handicapées et des personnes âgées dépendantes résulte d'une part de l'obligation faite par la loi du 11 février 2005 de réaliser un plan des métiers du handicap.
Comme je l'ai évoqué précédemment, coordonner les actions des différents acteurs publics au sein desquels les régions ont un rôle pilote revêt à mes yeux un intérêt majeur et ce, dans le cadre de la loi du 13 août 2004 qui a confié aux régions toutes compétences en matière de formation professionnelle. J'entends respecter pleinement ces compétences. Cette nécessité résulte d'autre part, du facteur démographique, puisque la France compte 1 million de personnes âgées de plus de 85 ans en 2005. Ce nombre aura doublé d'ici 2015.
Ce sera aussi le cas en Alsace, puisque la proportion de personnes âgées aura elle aussi doublé.
De plus, les attentes des personnes qu'elles soient handicapées ou âgées, de leur famille sont de plus en plus fortes en termes d'exigence et de proximité. Or, aujourd'hui, les personnels qui les accompagnent ont de plus en plus de difficultés à répondre à ces besoins. En effet, les tâches se sont extrêmement diversifiées. Une adaptation des compétences des personnels aux besoins des personnes dépendantes s'avère nécessaire pour le bien être des personnes les plus vulnérables et pour soulager leurs accompagnants. Le renforcement de leurs compétences leur permettra également d'être mieux valorisés en leur proposant des perspectives d'évolution de carrière et de lutter contre leur épuisement professionnel.
Pour concilier ces différentes attentes et y répondre, les besoins de recrutement au niveau national sont estimés à 400 000 emplois à l'horizon 2015. En Alsace, certains secteurs et métiers sont déjà en tension. De plus, les difficultés de recrutement peuvent être plus importantes et ont été identifiés sur certains territoires comme les fonds de vallée.
C'est pourquoi la priorité N°1 de ce plan concerne l'identification des besoins. Il est en effet essentiel que chaque région identifie très finement ses besoins propres dans le cadre des observatoires régionaux mis en place et je sais qu'une des actions de notre convention permettra d'avancer sur ce point. Car il est important que ces informations puissent remonter au niveau national afin que les services de l'Etat puissent intervenir de façon coordonnée, qu'ils puissent appuyer la région dans sa démarche d'identification des besoins grâce aux PRIAC et dans sa démarche de recrutement.
De plus, et je souhaite le souligner, l'Alsace mutualisera les informations de l'ensemble des expérimentations. Ce qui favorisera là aussi la coordination et l'échange de bonnes pratiques avant la généralisation.
La priorité 2 est de recruter pour répondre aux besoins actuels et futurs. Pour répondre à cette priorité, 300 demandeurs d'emploi, titulaires ou non d'une première qualification du secteur sanitaire et social seront sélectionnées en Alsace et pourront bénéficier d'une formation spécifique. Sur ces 300 personnes, 60 personnes accèderont à des formations pour obtenir le diplôme d'auxiliaire de vie sociale et intégrer ainsi le secteur de l'aide à domicile et 240 personnes accèderont aux formations pour obtenir un diplôme d'Aide médico-psychologique ou d'Aide-soignantes en établissement.
Un chargé de recrutement sera créé à la région et sera spécialement dédié à la mise en place de formations adaptées aux besoins de ces candidats, il mettra les employeurs en relation avec eux et suivra leur contrat pendant 6 mois au moins après leur embauche.
Enfin, des tuteurs seront formés, des actions de sensibilisation au tutorat engagées dans les établissements, des terrains de stage identifiés afin de permettre l'accueil de stagiaires dans les structures. De plus, pour valoriser les personnes qui s'engageront dans cette démarche de tutorat, une rémunération complémentaire leur sera versée, et son salaire de remplacement pris en charge par la CNSA.
Ces actions sont de vrais tremplins pour l'emploi !
La priorité 3 sera de former pour mieux accompagner les personnes et pour mieux reconnaître les compétences des professionnels.
Il s'agira de faciliter le parcours des personnes ayant démarré un accès à la qualification. Les employeurs devront financer les parcours qualifiants de leurs salariés tout en finançant les salaires de remplacement. Ils bénéficieront en contre-partie de moyens supplémentaires pour remplacer les salariés en formation et seront incités à rejoindre une démarche « d'entreprise formatrice ».
50 salariés du secteur de l'aide à domicile prioritairement issus de petits établissements implantés en milieu rural pourront bénéficier prioritairement de ce dispositif.
Afin de prévenir les situations d'usure pour les salariés intervenant auprès des personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer, auprès des autistes ou dans les unités de soins palliatifs, des formations adaptées leur seront destinées. Pour les aidants familiaux afin de rompre l'isolement des familles, pour leur apporter les connaissances nécessaires et pour leur faire connaître les possibilités d'aides existantes, le plan prévoit de multiplier des actions de formation proches des familles. Ces formations seront dispensées en fonction des territoires. L'objectif est de former 50 familles dans chaque département.
La priorité 4 portera sur la valorisation des métiers au service des personnes handicapées et des personnes âgées dépendantes.
Afin de répondre à cette priorité, un répertoire des métiers et des formations sera créé. Ce sera un document pragmatique apte à répondre aux questions légitimes que tout demandeur d'emploi se pose. Il aura également une dimension prospective. Enfin, et je trouve cette initiative formidable, l'Alsace organisera en fin d'année 2009 le colloque de fin d'expérimentation : « Modéliser et développer des bonnes pratiques ».
Toutes les régions seront invitées. Les 3 régions expérimentatrices leur présenteront leurs travaux afin de permettre l'échange des bonnes pratiques et définir les axes de généralisation.
Vous le voyez, c'est une démarche ambitieuse destinée à répondre à un enjeu d'avenir et à un enjeu de société pour toutes les personnes handicapées, les personnes âgées dépendantes mais aussi leurs familles et les professionnels qui les accompagnent. C'est aussi un enjeu économique en termes de créations d'emplois et de développement de nos territoires puisque ce sont des emplois non délocalisables.
Nous aurons besoin de la contribution et de l'engagement de chacun afin de répondre à ces enjeux et surtout aux attentes des personnes handicapées et des personnes âgées en perte d'autonomie tout en permettant aux professionnels qui les accompagnent au quotidien de se sentir reconnus, valorisés et soutenus.
Je remercie par avance les services de l'Etat de s'engager dès aujourd'hui dans ce processus aux côtés de la Région, pilote de cette démarche et de répondre à cet enjeu d'avenir et de solidarité pour notre pays et pour votre région.
Je vous remercie.
Source http://www.travail-solidarite.gouv.fr, le 10 juillet 2008