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C'est une grande émotion, pour nous tous, de voir renaître le collège des Bernardins. Ce joyau du gothique cistercien retrouve sa beauté originelle et s'apprête à entrer dans la vie des idées et de la culture du XXIe siècle, après cinq années de travaux mais surtout des siècles de destin chaotique - comme vous l'avez rappelé.
Bon nombre de monuments historiques ont connu un tel sort au fil de l'Histoire. Et c'est bien souvent grâce à la ténacité d'un petit nombre de personnes que ces monuments retrouvent un usage digne de leur qualité architecturale et de leur sens historique ou religieux.
Je veux donc rendre hommage à mon tour à Mgr Lustiger. Il s'est engagé en 2001 à redonner vie au collège des Bernardins, à lui rendre sa vocation de lieu de formation, de culture et d'ouverture sur le monde. Le résultat, nous pouvons le constater, est à la hauteur de sa détermination.
La qualité du programme de restauration et du projet culturel justifiait pleinement l'aide financière que le ministère de la Culture et de la Communication a apportée, à hauteur de 40 %. Ils justifiaient également la mobilisation de la Région Ile-de-France et la Ville de Paris. Je tiens à saluer Messieurs Jean-Paul Huchon et Bertrand Delanoë pour leur investissement dans ce projet qui vient compléter le remarquable ensemble patrimonial médiéval qu'abrite le quartier, à deux pas de Notre-Dame, de l'Hôtel de Cluny, de l'enceinte de Philippe Auguste, ou encore de la tour de l'ancienne Eglise Sainte-Geneviève, pour ne citer qu'eux. Le collège des Bernardins représente l'un des établissements les plus importants de la rive gauche à l'époque médiévale. Son étude a représenté, pour les archéologues, une fenêtre ouverte sur l'histoire de Paris autant que sur celle de l'ordre religieux cistercien. Paris nous réserve encore des surprises !
Je veux souligner la grande qualité des travaux de restauration qui ont complètement respecté cet héritage tout en offrant des espaces lumineux et modernes adaptés à sa nouvelle vocation. C'était un vrai défi, et M. Hervé Baptiste, maître d'oeuvre, architecte en chef des monuments historiques (ACMH) et Jean-Michel Wilmotte l'ont relevé avec beaucoup de soin et d'inventivité. Le premier a su retrouver l'usage du cellier autrefois comblé par les moines et a redonné une toiture conforme à ses dimensions médiévales, dégageant ainsi plusieurs centaines de mètres carrés utilisables. Et l'aménagement intérieur conçu par M. Jean-Michel Wilmotte, s'adapte de façon remarquable au sens profond et à la vocation du lieu et contribuera, j'en suis certaine, à son succès.
Vous le savez, la 25e édition des journées européennes du patrimoine se tiendra les 20 et 21 septembre prochains, et je suis particulièrement heureuse que cette inauguration vienne illustrer l'action patiente que nous menons avec les collectivités territoriales et les personnes privées propriétaires de monuments depuis plusieurs décennies pour favoriser la réhabilitation des monuments dans des conditions dignes de leur passé.
Le collège des Bernardins organise dès demain ses propres « Journées du patrimoine » ! Il ouvre en effet ses portes au public pendant trois jours à l'occasion de cette inauguration. Je note d'ailleurs avec plaisir que vous avez respecté le thème de l'édition 2008 à la lettre, puisque cette année les journées du patrimoine proposent de mettre en avant la rencontre du patrimoine et de la création, et notamment la réhabilitation de monuments historiques en lieux d'accueil pour des artistes ou des expositions d'oeuvres contemporaines. Je crois que nous en avons sous les yeux une magnifique illustration.
L'ouverture à la société, à l'art, au débat, au dialogue était à l'origine même de la création du collège des Bernardins et le projet culturel que vous allez développer, Monsieur le directeur, [Mgr Beau, Directeur du collège des Bernardins] lui fait écho. Bientôt, dans ce lieu d'enseignement fondé il y a sept siècles et demi, le public, les étudiants et les chercheurs en théologie reviendront pour assister à des concerts, des séances de cinéma, pour voir des expositions d'art contemporain, pour participer à des conférences et des débats. Ce chef-d'oeuvre gothique est en train de vivre une nouvelle Renaissance !
La programmation des premiers mois semble très prometteuse et attirera, j'en suis sûre, de nombreux visiteurs. Je souhaite au Collège, qui s'honorera, dans quelques jours, de la présence de Sa Sainteté le Pape Benoît XVI, de connaître un rayonnement européen aussi important que celui qu'il connut au 13ème siècle. Je lui souhaite de redevenir un lieu de vie, un lieu d'intense réflexion et je veux remercier encore une fois chaleureusement tous ceux qui ont permis la réalisation de ce très beau projet.
Source http://www.culture.gouv.fr, le 5 septembre 2008