Texte intégral
Une réforme du ministère des Affaires étrangères et européennes a été proposée. Je crois qu'elle est copieuse et qu'elle a été plutôt bien acceptée. Beaucoup de monde a participé à l'élaboration de cette réforme - en tout cas, les intéressés - pendant l'année qui s'est écoulée. Il n'était pas simple de mettre ensemble les services du Quai d'Orsay, la commission du Livre Blanc et la RGPP, qui n'étaient pas animées des même intentions bien que, sur le fond, tout le monde se soit mis d'accord.
Les propositions qui vous ont été communiquées recueillent, avec plus ou moins d'enthousiasme, l'assentiment des personnels du Quai d'Orsay, ce qui était notre but, en dehors du but suprême qui était l'adaptation de notre appareil diplomatique à une réalité extrêmement mouvante.
Avec les ambassadeurs, j'ai décidé, puisque c'est la dernière fois que nous nous retrouvons ici - l'établissement étant vendu, comme vous le savez -, que nous allions en profiter pour changer le format de nos rencontres - nous avions essayé l'an dernier -, afin d'écouter les ambassadeurs plutôt qu'ils n'écoutent les autres. Il faut bien sûr qu'ils écoutent les discours du président de la République et du Premier ministre, mais il faut aussi que nous profitions beaucoup plus de l'expérience des ambassadeurs qui représentent la France dans des pays et dans des réalités différentes. Je ne sais pas encore où nous nous réunirons - peut-être à l'OSCE ou dans d'autres endroits - mais nous avons travaillé pour que ce changement de locaux puisse s'accompagner d'une écoute plus intéressante.
J'ai constaté, à chaque fois que je peux réunir les ambassadeurs de France d'une région particulière et que la discussion s'engage, que c'est formidablement enrichissant. L'addition des expériences régionales sur un sujet précis ou sur le monde en général est tout à fait enrichissante.
A midi, nous avons eu l'occasion d'écouter, hélas pendant moins de deux heures - il aurait fallu un peu plus -, les ambassadeurs de toutes les régions. Notamment ceux qui oeuvrent dans le domaine multilatéral, c'est-à-dire de l'OSCE, de l'ONU, etc..., sur le problème de la Géorgie : voilà ce qu'il fallait faire. Nous allons essayer de transformer la Conférence des ambassadeurs en un lieu d'écoute des ambassadeurs et de leur expérience.
Nous allons également, je l'espère, créer les Cahiers du Quai d'Orsay. Il y a beaucoup de publications du Quai d'Orsay. Nous en garderons et nous en modifierons quelques-unes. Nous allons essayer d'entretenir des rapports un peu moins hiérarchiques, un peu plus éditoriaux, avec la grande majorité des ambassadeurs et des équipes qui les entourent. Ils ont toujours envie de s'exprimer en dehors des télégrammes diplomatiques. Je ne dis pas qu'il faut supprimer les télégrammes diplomatiques - ils sont essentiels - mais il y a un autre exercice qui serait de donner de la vie aux années passées dans un pays. Voilà, nous allons essayer de modifier un peu notre géométrie de la sorte.
Je suis à votre disposition pour répondre à vos questions.
Q - Je voudrais revenir sur le sommet prévu à propos de la Géorgie. Hier, vous avez parlé de possibles sanctions...
R - Mais non, j'ai dit le contraire. Devant vous, j'ai dit que la France ne proposait pas de sanctions. J'ai parlé de pays - que je n'ai pas cités - qui pourraient peut-être le faire. J'ai retrouvé dans les médias que la France proposait des sanctions : c'est archi faux.
Nous aurons un sommet, lundi après-midi, consacré en particulier à la situation née du conflit en Géorgie. Il y a un document, déjà assez satisfaisant, émanant du COREPER. Ce document sera encore amélioré, lundi, avec des conclusions qui témoigneront d'une unité certaine ; c'est ce que nous souhaitions.
Hier, j'ai dit et je le répète que la France n'envisage pas de sanctions et veut maintenir le dialogue. La solution, s'il y en a une - en tout cas l'exigence d'une solution - c'est qu'elle soit politique et non pas militaire. Nous continuerons, nous nous acharnerons, cela prendra certainement un certain temps. Tout cela s'articulera probablement autour du seul document demeurant efficace et des six points qui ont été négociés par le président Sarkozy et moi-même, et acceptés par le président Medvedev et le président Saakachvili.
Q - Si un pays propose des sanctions, est-ce que le Conseil européen peut les voter ? Vous attendez-vous à une déclaration d'intentions ou à des résultats concrets ?
R - Nous nous attendons, nous espérons, nous ferons tout pour maintenir l'unité des vingt-sept pays de l'Union européenne. Quelles que soient vos impatiences, il est très difficile de maintenir l'unité de vingt-sept pays qui ne pensent pas la même chose. C'est assez commun dans l'Union européenne et sur un sujet comme celui-là, ce sera certainement délicat. Nous sommes tous impliqués. Nous sommes tous proches de ce qui s'est passé en Géorgie et de la manière dont cela s'est déroulé. Par conséquent, si nous parvenons à une position commune, ce sera un joli succès.
Je vous rappelle que cette réunion n'était pas prévue, qu'elle intervient le premier jour du mois de septembre et qu'il s'agit là d'une initiative exceptionnelle. Cela dit, cette situation nécessitait une initiative exceptionnelle. Nous essaierons, comme je viens de le dire - avec les résolutions des Nations unies sur l'intégrité territoriale - de travailler autour du seul document existant sur cette affaire - et qui est en possession des responsables du monde entier - c'est-à-dire les six points qui ont été négociés par la France et acceptés par M. Medvedev et M. Saakachvili.
Q - Monsieur le Ministre, pouvez-vous juste nous dire à propos de ce texte dont vous parlez s'il est déjà au beau fixe ou, plus exactement, ce document est-il déjà arrêté ou y a-t-il toujours du travail à faire ?
R - Il n'est pas complètement arrêté, parce que nous n'avons pas encore les conclusions d'une réunion qui n'a pas eu lieu. Attendez que la réunion ait lieu. Certes, comme vous le savez, avant ces réunions et autres sommets, il y a toute une phase de préparation avec nos spécialistes, nos représentants permanents, nos directeurs politiques. Néanmoins, ce texte ne sera définitif qu'après la réunion du lundi 1er septembre qui est destinée à entendre tout le monde et éventuellement, ce qui est très fréquent, à amender ce texte.
Q - Le président géorgien, M. Saakachvili, va-t-il assister au sommet de lundi ?
R - Non, c'est un sommet de l'Union européenne, la Géorgie n'est pas membre de l'Union européenne.
Q - Quel serait pour vous le texte à obtenir lundi ? S'agit-il de se mettre d'accord sur un rappel des six points du protocole d'accord ?
R - Ce serait vraiment le minimum étant donné que les six points ont été acceptés par les deux protagonistes et ont été portés à la connaissance de la communauté internationale. Il s'agirait donc d'un minimum, j'espère que nous irons plus loin. Le document préparatoire qui existe déjà va plus loin, mais attendez lundi.
C'est, je crois, l'occasion de rappeler que l'Union européenne dans une période assez précise - changement d'administration américaine et en même temps situation de crises, de difficultés dans une zone voisine -, joue un rôle central, considérable, avec le soutien d'un certain nombre de nos amis. C'est l'Union européenne, sa responsabilité qui est aussi la responsabilité de la Présidence française - nous avons encore quatre mois de présidence - qui tentera d'avoir une action positive dans le règlement de cette crise. C'est notre devoir. Il faut que tout le monde le sente ainsi en tout cas les vingt-sept pays de l'Union européenne avec lesquels nous sommes en contact pour la préparation de cette réunion et qui ont déjà approuvé les conclusions du sommet des ministres des Affaires étrangères du 13 août. Les vingt-sept pays, qui seront représentés lundi par les chefs d'Etat et de gouvernement, ont déjà témoigné d'un élan commun.
Q - (Concernant la présence d'une force de maintien de la paix, et un éventuel déploiement de casques bleus)
R - Non, les casques bleus dépendent de l'Organisation des Nations unies, il n'y a pas de casques bleus européens. Cette participation devrait se faire par le biais d'observateurs dans le cadre notamment de l'OSCE, - il y a d'ailleurs un certain nombre de Français et d'Européens qui y travaillent déjà et l'envoi de vingt observateurs supplémentaires a été décidé par l'OSCE, nombre qui pourra augmenter si ces observateurs sont acceptés. Nous y travaillons, nous préparerons ensuite une opération de la PESC, c'est-à-dire de la Politique européenne de sécurité et de défense. Pour le moment, il s'agit de propositions et nous verrons bien ce qui sera accepté.
Q - A propos des implications régionales plus larges de cette crise dans le Caucase, vous avez vous-même évoqué, il y a quelques jours, la question de la Crimée, de l'Ukraine, de la Moldavie. La France est-elle favorable à la formulation d'une offre, d'une perspective d'adhésion à l'Union européenne pour l'Ukraine à l'approche du sommet du 9 septembre ?
R - Le problème ne se pose pas ainsi. C'est un thème qui est posé depuis longtemps et qu'un certain nombre de pays de l'Union européenne soutiennent mais le moment n'est pas à l'élargissement. Non seulement, la question ne se pose pas mais, par ailleurs, quand bien même nous accepterions un élargissement, nous serions bien en peine sans le Traité de Lisbonne dont le processus de ratification a été ralenti à la suite du vote irlandais. Pour le moment, il n'y a pas de politique possible sans ce Traité et le Traité de Nice interdit très clairement l'élargissement. De plus, il n'y a pas de demande précise.
Q - Donc, pas de perspective d'adhésion pour l'Ukraine le 9 septembre ?
R - Je n'ai jamais dit cela. J'ai seulement dit que pour le moment la question ne se posait pas et si elle se posait, nous serions en but à l'institution elle-même.
Q - Quelle est la position de la France sur cette question, la France y est-elle favorable ?
R - Je viens de vous répondre. Il n'y a pas de demande, comment la France serait-elle favorable ? Par ailleurs, il y a eu d'autres demandes, nous en sommes pour le moment arrêtés à la Croatie et il existe une liste un peu plus importante. Nous sommes quasi dans l'impossibilité d'envisager cela puisque le Traité de Lisbonne qui devait le permettre ne peut être mis en oeuvre actuellement.
Q - Juste une question en rapport, d'ailleurs, avec votre histoire personnelle puisque vous avez défendu les Kurdes pendant très longtemps et leurs aspirations d'autonomie ainsi que les Kosovars, deux peuples qui ne voulaient pas vivre dans un certain cadre juridique. Dans le cadre du Caucase, apparemment les Abkhazes et les Ossètes du Sud ne désirent pas vivre au sein de la Géorgie. Vous avez parlé lors de votre visite de la densité de l'incompréhension et de haine entre les habitants d'Ossétie et vous avez dit qu'il faudra bien se poser la question. Qu'entendez-vous par là et comment faire pour que ces personnes, dont l'aspiration n'est de pas vivre dans ce cadre, puissent être satisfaits ?
R - L'ennui de votre explication est qu'elle est un peu parcellaire, il y a des personnes qui ne voulaient pas vivre dans ce cadre et d'autres qui voulaient vivre dans ce cadre, c'est toujours le même problème avec les missions de la paix. Evoquer les Kurdes est vraiment bien loin du sujet. Ce n'est pas le seul endroit du monde, il n'y a pas de prédétermination particulière à la haine dans le Caucase. Il y en a dans le monde entier mais j'ai constaté, hélas, qu'en effet les personnes que j'ai rencontrées, soit en Géorgie qui étaient donc des Ossètes du Sud en faveur de la Géorgie, soit en Ossétie du Nord où j'ai rendu visite à des réfugiés qui venaient d'Ossétie du Sud, étaient, eux, en faveur de la position russe. J'ai constaté cet antagonisme difficile à surmonter. Il y a des endroits du monde où les oppositions communautaires, religieuses - dans le Caucase, ce n'est pas vraiment le cas -, nationales si l'on peut appeler cela ainsi, sont difficiles à surmonter. C'est très pénible de le constater, cela fait partie des problèmes. Bien entendu, il faut se poser la question même si hélas, je ne sais pas si cela fera partie des solutions. Néanmoins la densité des haines s'est manifestée non seulement par personnes interposées mais aussi, très clairement, dans les affrontements survenus récemment.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 2 septembre 2008
Les propositions qui vous ont été communiquées recueillent, avec plus ou moins d'enthousiasme, l'assentiment des personnels du Quai d'Orsay, ce qui était notre but, en dehors du but suprême qui était l'adaptation de notre appareil diplomatique à une réalité extrêmement mouvante.
Avec les ambassadeurs, j'ai décidé, puisque c'est la dernière fois que nous nous retrouvons ici - l'établissement étant vendu, comme vous le savez -, que nous allions en profiter pour changer le format de nos rencontres - nous avions essayé l'an dernier -, afin d'écouter les ambassadeurs plutôt qu'ils n'écoutent les autres. Il faut bien sûr qu'ils écoutent les discours du président de la République et du Premier ministre, mais il faut aussi que nous profitions beaucoup plus de l'expérience des ambassadeurs qui représentent la France dans des pays et dans des réalités différentes. Je ne sais pas encore où nous nous réunirons - peut-être à l'OSCE ou dans d'autres endroits - mais nous avons travaillé pour que ce changement de locaux puisse s'accompagner d'une écoute plus intéressante.
J'ai constaté, à chaque fois que je peux réunir les ambassadeurs de France d'une région particulière et que la discussion s'engage, que c'est formidablement enrichissant. L'addition des expériences régionales sur un sujet précis ou sur le monde en général est tout à fait enrichissante.
A midi, nous avons eu l'occasion d'écouter, hélas pendant moins de deux heures - il aurait fallu un peu plus -, les ambassadeurs de toutes les régions. Notamment ceux qui oeuvrent dans le domaine multilatéral, c'est-à-dire de l'OSCE, de l'ONU, etc..., sur le problème de la Géorgie : voilà ce qu'il fallait faire. Nous allons essayer de transformer la Conférence des ambassadeurs en un lieu d'écoute des ambassadeurs et de leur expérience.
Nous allons également, je l'espère, créer les Cahiers du Quai d'Orsay. Il y a beaucoup de publications du Quai d'Orsay. Nous en garderons et nous en modifierons quelques-unes. Nous allons essayer d'entretenir des rapports un peu moins hiérarchiques, un peu plus éditoriaux, avec la grande majorité des ambassadeurs et des équipes qui les entourent. Ils ont toujours envie de s'exprimer en dehors des télégrammes diplomatiques. Je ne dis pas qu'il faut supprimer les télégrammes diplomatiques - ils sont essentiels - mais il y a un autre exercice qui serait de donner de la vie aux années passées dans un pays. Voilà, nous allons essayer de modifier un peu notre géométrie de la sorte.
Je suis à votre disposition pour répondre à vos questions.
Q - Je voudrais revenir sur le sommet prévu à propos de la Géorgie. Hier, vous avez parlé de possibles sanctions...
R - Mais non, j'ai dit le contraire. Devant vous, j'ai dit que la France ne proposait pas de sanctions. J'ai parlé de pays - que je n'ai pas cités - qui pourraient peut-être le faire. J'ai retrouvé dans les médias que la France proposait des sanctions : c'est archi faux.
Nous aurons un sommet, lundi après-midi, consacré en particulier à la situation née du conflit en Géorgie. Il y a un document, déjà assez satisfaisant, émanant du COREPER. Ce document sera encore amélioré, lundi, avec des conclusions qui témoigneront d'une unité certaine ; c'est ce que nous souhaitions.
Hier, j'ai dit et je le répète que la France n'envisage pas de sanctions et veut maintenir le dialogue. La solution, s'il y en a une - en tout cas l'exigence d'une solution - c'est qu'elle soit politique et non pas militaire. Nous continuerons, nous nous acharnerons, cela prendra certainement un certain temps. Tout cela s'articulera probablement autour du seul document demeurant efficace et des six points qui ont été négociés par le président Sarkozy et moi-même, et acceptés par le président Medvedev et le président Saakachvili.
Q - Si un pays propose des sanctions, est-ce que le Conseil européen peut les voter ? Vous attendez-vous à une déclaration d'intentions ou à des résultats concrets ?
R - Nous nous attendons, nous espérons, nous ferons tout pour maintenir l'unité des vingt-sept pays de l'Union européenne. Quelles que soient vos impatiences, il est très difficile de maintenir l'unité de vingt-sept pays qui ne pensent pas la même chose. C'est assez commun dans l'Union européenne et sur un sujet comme celui-là, ce sera certainement délicat. Nous sommes tous impliqués. Nous sommes tous proches de ce qui s'est passé en Géorgie et de la manière dont cela s'est déroulé. Par conséquent, si nous parvenons à une position commune, ce sera un joli succès.
Je vous rappelle que cette réunion n'était pas prévue, qu'elle intervient le premier jour du mois de septembre et qu'il s'agit là d'une initiative exceptionnelle. Cela dit, cette situation nécessitait une initiative exceptionnelle. Nous essaierons, comme je viens de le dire - avec les résolutions des Nations unies sur l'intégrité territoriale - de travailler autour du seul document existant sur cette affaire - et qui est en possession des responsables du monde entier - c'est-à-dire les six points qui ont été négociés par la France et acceptés par M. Medvedev et M. Saakachvili.
Q - Monsieur le Ministre, pouvez-vous juste nous dire à propos de ce texte dont vous parlez s'il est déjà au beau fixe ou, plus exactement, ce document est-il déjà arrêté ou y a-t-il toujours du travail à faire ?
R - Il n'est pas complètement arrêté, parce que nous n'avons pas encore les conclusions d'une réunion qui n'a pas eu lieu. Attendez que la réunion ait lieu. Certes, comme vous le savez, avant ces réunions et autres sommets, il y a toute une phase de préparation avec nos spécialistes, nos représentants permanents, nos directeurs politiques. Néanmoins, ce texte ne sera définitif qu'après la réunion du lundi 1er septembre qui est destinée à entendre tout le monde et éventuellement, ce qui est très fréquent, à amender ce texte.
Q - Le président géorgien, M. Saakachvili, va-t-il assister au sommet de lundi ?
R - Non, c'est un sommet de l'Union européenne, la Géorgie n'est pas membre de l'Union européenne.
Q - Quel serait pour vous le texte à obtenir lundi ? S'agit-il de se mettre d'accord sur un rappel des six points du protocole d'accord ?
R - Ce serait vraiment le minimum étant donné que les six points ont été acceptés par les deux protagonistes et ont été portés à la connaissance de la communauté internationale. Il s'agirait donc d'un minimum, j'espère que nous irons plus loin. Le document préparatoire qui existe déjà va plus loin, mais attendez lundi.
C'est, je crois, l'occasion de rappeler que l'Union européenne dans une période assez précise - changement d'administration américaine et en même temps situation de crises, de difficultés dans une zone voisine -, joue un rôle central, considérable, avec le soutien d'un certain nombre de nos amis. C'est l'Union européenne, sa responsabilité qui est aussi la responsabilité de la Présidence française - nous avons encore quatre mois de présidence - qui tentera d'avoir une action positive dans le règlement de cette crise. C'est notre devoir. Il faut que tout le monde le sente ainsi en tout cas les vingt-sept pays de l'Union européenne avec lesquels nous sommes en contact pour la préparation de cette réunion et qui ont déjà approuvé les conclusions du sommet des ministres des Affaires étrangères du 13 août. Les vingt-sept pays, qui seront représentés lundi par les chefs d'Etat et de gouvernement, ont déjà témoigné d'un élan commun.
Q - (Concernant la présence d'une force de maintien de la paix, et un éventuel déploiement de casques bleus)
R - Non, les casques bleus dépendent de l'Organisation des Nations unies, il n'y a pas de casques bleus européens. Cette participation devrait se faire par le biais d'observateurs dans le cadre notamment de l'OSCE, - il y a d'ailleurs un certain nombre de Français et d'Européens qui y travaillent déjà et l'envoi de vingt observateurs supplémentaires a été décidé par l'OSCE, nombre qui pourra augmenter si ces observateurs sont acceptés. Nous y travaillons, nous préparerons ensuite une opération de la PESC, c'est-à-dire de la Politique européenne de sécurité et de défense. Pour le moment, il s'agit de propositions et nous verrons bien ce qui sera accepté.
Q - A propos des implications régionales plus larges de cette crise dans le Caucase, vous avez vous-même évoqué, il y a quelques jours, la question de la Crimée, de l'Ukraine, de la Moldavie. La France est-elle favorable à la formulation d'une offre, d'une perspective d'adhésion à l'Union européenne pour l'Ukraine à l'approche du sommet du 9 septembre ?
R - Le problème ne se pose pas ainsi. C'est un thème qui est posé depuis longtemps et qu'un certain nombre de pays de l'Union européenne soutiennent mais le moment n'est pas à l'élargissement. Non seulement, la question ne se pose pas mais, par ailleurs, quand bien même nous accepterions un élargissement, nous serions bien en peine sans le Traité de Lisbonne dont le processus de ratification a été ralenti à la suite du vote irlandais. Pour le moment, il n'y a pas de politique possible sans ce Traité et le Traité de Nice interdit très clairement l'élargissement. De plus, il n'y a pas de demande précise.
Q - Donc, pas de perspective d'adhésion pour l'Ukraine le 9 septembre ?
R - Je n'ai jamais dit cela. J'ai seulement dit que pour le moment la question ne se posait pas et si elle se posait, nous serions en but à l'institution elle-même.
Q - Quelle est la position de la France sur cette question, la France y est-elle favorable ?
R - Je viens de vous répondre. Il n'y a pas de demande, comment la France serait-elle favorable ? Par ailleurs, il y a eu d'autres demandes, nous en sommes pour le moment arrêtés à la Croatie et il existe une liste un peu plus importante. Nous sommes quasi dans l'impossibilité d'envisager cela puisque le Traité de Lisbonne qui devait le permettre ne peut être mis en oeuvre actuellement.
Q - Juste une question en rapport, d'ailleurs, avec votre histoire personnelle puisque vous avez défendu les Kurdes pendant très longtemps et leurs aspirations d'autonomie ainsi que les Kosovars, deux peuples qui ne voulaient pas vivre dans un certain cadre juridique. Dans le cadre du Caucase, apparemment les Abkhazes et les Ossètes du Sud ne désirent pas vivre au sein de la Géorgie. Vous avez parlé lors de votre visite de la densité de l'incompréhension et de haine entre les habitants d'Ossétie et vous avez dit qu'il faudra bien se poser la question. Qu'entendez-vous par là et comment faire pour que ces personnes, dont l'aspiration n'est de pas vivre dans ce cadre, puissent être satisfaits ?
R - L'ennui de votre explication est qu'elle est un peu parcellaire, il y a des personnes qui ne voulaient pas vivre dans ce cadre et d'autres qui voulaient vivre dans ce cadre, c'est toujours le même problème avec les missions de la paix. Evoquer les Kurdes est vraiment bien loin du sujet. Ce n'est pas le seul endroit du monde, il n'y a pas de prédétermination particulière à la haine dans le Caucase. Il y en a dans le monde entier mais j'ai constaté, hélas, qu'en effet les personnes que j'ai rencontrées, soit en Géorgie qui étaient donc des Ossètes du Sud en faveur de la Géorgie, soit en Ossétie du Nord où j'ai rendu visite à des réfugiés qui venaient d'Ossétie du Sud, étaient, eux, en faveur de la position russe. J'ai constaté cet antagonisme difficile à surmonter. Il y a des endroits du monde où les oppositions communautaires, religieuses - dans le Caucase, ce n'est pas vraiment le cas -, nationales si l'on peut appeler cela ainsi, sont difficiles à surmonter. C'est très pénible de le constater, cela fait partie des problèmes. Bien entendu, il faut se poser la question même si hélas, je ne sais pas si cela fera partie des solutions. Néanmoins la densité des haines s'est manifestée non seulement par personnes interposées mais aussi, très clairement, dans les affrontements survenus récemment.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 2 septembre 2008