Texte intégral
Je suis très heureux d'être ici aujourd'hui avec Alexandr Vondra et Cécilia Malmström. Nous avons commencé très en amont ce trio des présidences et nous travaillons ensemble depuis le début de l'année. Comme vous le savez, ce trio est l'élément essentiel, tant que le Traité de Lisbonne n'est pas entré en vigueur, pour permettre une réelle continuité des orientations de la politique européenne. Nous avons eu une consultation de qualité avec Sacha et Cécilia. Cela nous a permis de mieux nous connaître et de resserrer nos liens. La cohésion de ce trio est d'autant plus nécessaire que le "non" irlandais a repoussé pour un temps les améliorations prévues dans le Traité de Lisbonne. L'entrée en vigueur de ce Traité est un objectif du trio, même si nous espérons que la présidence suédoise pourra plutôt s'occuper de la mise en oeuvre de ce traité.
Ce programme commun est le fruit de neuf mois de travail où nous avons également consulté les futures présidences espagnole, hongroise et belge. Comme vous le savez, les sensibilités et les préoccupations de nos pays ne sont pas identiques. Il y a des différences d'appréciation et de formulation. Elles sont naturelles. L'Union n'est pas uniforme, c'est ce qui fait sa richesse sans entraver son efficacité. Mais je crois que nous avons réussi dans notre travail commun à surmonter les nuances les plus importantes. Nous devons tous fournir des efforts importants pour que les principaux textes législatifs aboutissent avant le renouvellement du Parlement et de la Commission. Vous connaissez les priorités de la présidence française, je ne vais pas y revenir. Je souhaiterais plutôt insister sur nos convergences et sur les priorités communes avant que Sacha puis Cécilia développent leur propre vision.
Nous voulons adopter le paquet climat et l'utiliser comme levier dans les futures conférences internationales qui se tiendront à Poznan et à Copenhague en 2009 afin d'assurer un nouveau mode de développement de l'économie européenne, qui en a besoin aujourd'hui, et confirmer le rôle de leader de l'Union européenne dans le domaine de la lutte contre le réchauffement climatique. Nous avons évoqué ce sujet hier au Conseil européen de la façon la plus explicite.
Nous travaillerons également ensemble sur la sécurité énergétique, enjeu que la crise entre la Russie et la Géorgie a mis davantage encore en lumière.
Nous travaillerons également pendant nos trois présidences sur le renouvellement des politiques communes. Ce renouvellement est nécessaire pour que l'Union s'adapte à un nouvel environnement, pour préparer son avenir et maîtriser son destin dans un monde plus compétitif : redéfinition des politiques de cohésion et de fonds structurels, renouvellement de la stratégie de Lisbonne après 2010, dynamisation du marché intérieur, amélioration de la compétitivité, meilleure régulation, politique de l'innovation et de la recherche, politique agricole après le bilan de santé que nous devons faire sous Présidence française. La redéfinition de ces politiques communes, compte tenu des échéances qui existent en 2012, doit être partagée entre nos présidences.
Enfin, nous poursuivrons les négociations d'adhésion avec les pays candidats. Comme vous le savez, en ce qui concerne la Turquie, la Présidence française agira comme elle l'a fait ces dernières semaines, de manière neutre et impartiale. Nous espérons, sous notre Présidence, ouvrir deux chapitres supplémentaires. Quant à la Croatie, la fixation d'une date pour la fin des négociations dépendra de la feuille de route de la Commission à l'automne. Nous aurons également avec les présidences tchèque et suédoise à développer nos politiques de voisinage avec les pays les plus dynamiques, c'est le cas de l'Ukraine - il y a un sommet le 9 septembre prochain - ou de la Moldavie. Le Conseil européen a également évoqué le renforcement des relations entre l'Union européenne et la Géorgie, sans oublier Israël et le Maroc.
Voilà très brièvement dans quel esprit nous avons travaillé et nous continuerons à travailler. Je n'ai pas mentionné, mais c'est également important, le fait que nous devrons travailler ensemble sur le programme quinquennal relatif à l'espace de sécurité, de liberté et de justice. Je vais maintenant laisser, dans l'ordre chronologique des présidences, Sacha puis Cécilia présenter leurs priorités.
(...)
Q - Aujourd'hui, la politique extérieure de l'Union européenne est le plus souvent une politique de reconstruction, comme au Proche-Orient ou, nous l'avons encore vu hier, en Géorgie. Que pouvez-vous faire pour que la politique extérieure de l'Union européenne devienne une véritable politique étrangère ?
R - Il est clair que nous n'avons pas vocation à nous spécialiser dans la reconstruction et que notre politique extérieure ne doit pas être réduite à la reconstruction. C'est pour cela que nous proposons qu'il y ait une réflexion sur la politique extérieure et la politique de défense d'ici la fin de l'année. Nous souhaitons que cette politique soit renforcée, notamment avec une actualisation de la stratégie de défense. Nous souhaitons aussi que l'Europe se dote des moyens de planification et de conduite des opérations sur les plans civil et militaire. Je dis bien sur les plans civil et militaire et pas uniquement civil. Nous devrons avoir cette discussion avant la fin de l'année.
Ensuite, c'est le Traité de Lisbonne qui permet d'avoir une meilleure rationalisation de la politique. Chacun a salué les efforts qui ont été faits par la Présidence française durant l'été dans la crise entre la Russie et la Géorgie. Néanmoins, si nous avions des outils qui soient plus appropriés, comme c'est prévu dans le cadre du Traité de Lisbonne, nous gagnerions encore en efficacité. Et c'est pour cela que nous souhaitons, en ce qui nous concerne, et là je parle plus en tant que France et pas en tant que présidence, que les élargissements futurs soient liés à la mis en oeuvre du Traité de Lisbonne.
Q - Travaillez-vous à coordonner la position de l'Union européenne sur la Russie dans les 18 prochains mois, pour que la Russie reçoive un message unique, aussi bien des Etats membres les plus anciens que des plus récents ? Quel pourrait-être ce message ?
R - Nous l'avons fait hier. Je crois que l'unité de l'Europe à 27 sur ce problème est extrêmement important pour la crédibilité de l'Union européenne. Que l'on ait réaffirmé à 27 que la reconnaissance de l'indépendance de l'Abkhazie et de l'Ossétie était inacceptable, que l'on ait réaffirmé les principes d'intégrité territoriale, de souveraineté et d'indépendance, le droit de mener politique étrangère et alliance de son choix, que l'on ait souhaité la mise en place rapide d'un mécanisme international d'observation, que l'on organise une conférence internationale sur les aspects de stabilité et de sécurité ou encore que nous renforcions notre présence sur le terrain, tout cela montre très clairement qu'il y a une volonté de l'Union. Votre question est très pertinente parce qu'il est vrai qu'en fonction des progrès qui seront faits ou non par les Russes sur la mise en oeuvre du plan en 6 points, nous aurons à considérer quelles doivent être la nature et la portée du partenariat avec la Russie. Il y a une très grande unité entre nous, cela a été dit par chacun des trois intervenants, sur les leçons à tirer de ce qui vient de se passer en ce qui concerne la sécurité énergétique. Sécurité et solidarité énergétique vont être également des priorités des trois présidences et notamment de la présidence tchèque.
Q - Nous avons bien compris qu'une intention assez ferme exprimée hier et qui fait donc son apparition sur l'agenda, est de renforcer les relations de l'Union européenne avec la région de la Mer noire. Je voudrais savoir comment vous comptez-vous y prendre pour développer une forme d'influence économique dans cette région ?
Et comment l'Union européenne, si elle arrive à résoudre ce conflit, va faire comprendre aux Etats-Unis qu'il faut aussi qu'ils changent d'attitude dans la région et qu'ils abandonnent leur stratégie dont on a vu les limites avec la décision de M. Saakachvili ?
R - En ce qui concerne le premier point, je crois que c'est justement parce qu'il y a une présence économique européenne assez forte dans la région et, au-delà, en Asie Centrale qu'il y a ce type de problèmes et ces réactions russes. Je ne pense pas que l'on puisse dire qu'il y a une absence économique européenne. Il n'est pas question qu'il n'y ait pas de présence économique européenne aussi bien autour de la Mer noire qu'en Asie centrale. Il n'est pas non plus question que nous n'assurions pas, d'une manière ou d'une autre, la sécurité énergétique des Etats membres. Nous resterons influents dans cette région et comme l'a dit Cécilia Malmström, il est très important que nous continuions à développer cette politique de voisinage : donner des perspectives de partenariat et mettre en place des politiques de voisinage très actives est le seul moyen de répondre à la dépendance qui existe par rapport à la Russie. J'ajoute que si nous avions tenu le même raisonnement, nous n'aurions rien fait, par exemple, à l'égard des pays Baltes et jamais ils n'auraient été intégrés. Il y avait bien cette situation de dépendance et c'est bien l'intégration dans l'Union européenne qui a permis à ces pays de retrouver des marges par rapport à la Russie.
Quant à la Russie, elle doit changer d'attitude et respecter les fondements du droit international. La Russie a aussi besoin de l'Europe. La Russie a besoin de l'Europe dans ses échanges. Elle a besoin d'équipements européens. Elle a besoin de l'Europe pour sa croissance. Elle a besoin d'institutions financières qui se trouvent en Europe. Elle a besoin de l'Europe en ce qui concerne la libre circulation et les accords sur les visas. Personne ne doit l'oublier.
En ce qui concerne les relations avec les Etats-Unis, elles sont au coeur des priorités des présidences française, tchèque et suédoise. Les présidences tchèque et suédoise auront lieu après les élections américaines. Les relations transatlantiques seront à l'ordre du jour du Gymnich, présidé par Bernard Kouchner, qui a lieu en fin de semaine à Avignon.
Q - Sur le dossier des Balkans, la Serbie a l'ambition d'obtenir le statut de candidat même si l'ASA n'est pas encore en vigueur. L'Albanie et le Monténégro ont signé cet accord, qui est en train d'être ratifié, et vont peut-être demander le statut de pays candidat. La Macédoine, depuis un an ou deux, veut l'ouverture des négociations d'adhésion. Il y a aussi le Kosovo... Qu'est ce qui sera fait dans ce domaine par la Présidence française, repris par la Présidence tchèque et conclu par la Présidence suédoise ?
R - Il faut d'abord spécifier que la situation n'est pas la même entre les différents pays que vous avez mentionnés. En tant que Présidence française, pour répondre très clairement à vos questions, nous avons indiqué que les Balkans avaient une vocation européenne. Nous ferons le maximum pour pousser les relations avec la Serbie, et il y a d'autres pays avec lesquels nous devons travailler. Il y en a un que vous n'avez pas mentionné et qui est important, c'est la Bosnie, avec qui nous devons également travailler et renforcer nos relations. Nous nous en remettons aux avis de la Commission, aux progrès qui sont faits dans le cadre des différents accords et de leur application..
Q - Comme le Conseil hier, vous êtes très vague dans vos formules concernant la Russie. Pouvez-vous être plus concret? Par exemple, si la Russie stoppait l'approvisionnement énergétique de la Georgie, puis ensuite de l'Ukraine, que feriez-vous ?
R - Est-ce que vous connaissez d'autres puissances qui ont des réponses plus précises que l'Union européenne à l'égard de la Russie aujourd'hui ? Est-ce que vous pourriez citer un seul exemple ?
Il n'y a pas aujourd'hui de réponse plus précise, plus active que celle qui a été faite par l'Union européenne parmi les différentes puissances mondiales. Alors je veux bien après que l'on considère que c'est vague, mais il y a tout de même dix points qui ont été adoptés hier au Conseil européen. Je vais vous les énumérer : le caractère inacceptable de la reconnaissance de l'Abkhazie et de l'Ossétie, le respect des principes d'intégrité territoriale, il y a la mise en place d'un mécanisme international, notre proposition de renforcer la présence européenne sur le terrain, la nomination d'un Haut Représentant, un renforcement de la mission de l'OSCE, la préparation d'une opération de politique européenne de sécurité et de défense, des mesures qui visent à assurer la reconstruction de la Géorgie, des possibilités de faciliter les visas, c'est concret et c'est précis. Vous avez également et nous l'avons dit, des perspectives de partenariat à l'égard de l'Ukraine et de la Géorgie.
Enfin, le dernier point c'est que dans le domaine énergétique, ce qui est tout à fait frappant c'est que nous sommes d'accord pour faire en sorte qu'il y ait une politique de diversification plus grande en matière d'énergie, c'est-à-dire que nous tenons à faire en sorte que les sources d'approvisionnement et les routes d'approvisionnement ne se limitent pas à ce qui est Nord Stream et South Stream. Nous sommes également attachés à d'autres projets et notamment au projet Nabucco.
Sur la diversification des sources d'énergie, il y a des propositions de la Commission, qui sont discutées dans le cadre de l'Union européenne, qui concernent notamment la promotion des énergies renouvelables par rapport aux énergies fossiles. Le choix des Etats en matière de politique énergétique est également important. Nous souhaitons une politique de transparence de gestion des stocks en matière pétrolière et gazière, ainsi qu'une politique de mise en commun d'un certain nombre de stocks pour assurer plus de solidarité sur le plan européen. Nous voulons également renforcer l'interconnexion entre les différents réseaux qui existent au niveau européen. J'estime que par rapport aux réponses qui ont été apportées par d'autres, cela reste suffisamment concret mais enfin je suis à votre disposition pour discuter plus en détail de la politique énergétique européenne.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 9 septembre 2008
Ce programme commun est le fruit de neuf mois de travail où nous avons également consulté les futures présidences espagnole, hongroise et belge. Comme vous le savez, les sensibilités et les préoccupations de nos pays ne sont pas identiques. Il y a des différences d'appréciation et de formulation. Elles sont naturelles. L'Union n'est pas uniforme, c'est ce qui fait sa richesse sans entraver son efficacité. Mais je crois que nous avons réussi dans notre travail commun à surmonter les nuances les plus importantes. Nous devons tous fournir des efforts importants pour que les principaux textes législatifs aboutissent avant le renouvellement du Parlement et de la Commission. Vous connaissez les priorités de la présidence française, je ne vais pas y revenir. Je souhaiterais plutôt insister sur nos convergences et sur les priorités communes avant que Sacha puis Cécilia développent leur propre vision.
Nous voulons adopter le paquet climat et l'utiliser comme levier dans les futures conférences internationales qui se tiendront à Poznan et à Copenhague en 2009 afin d'assurer un nouveau mode de développement de l'économie européenne, qui en a besoin aujourd'hui, et confirmer le rôle de leader de l'Union européenne dans le domaine de la lutte contre le réchauffement climatique. Nous avons évoqué ce sujet hier au Conseil européen de la façon la plus explicite.
Nous travaillerons également ensemble sur la sécurité énergétique, enjeu que la crise entre la Russie et la Géorgie a mis davantage encore en lumière.
Nous travaillerons également pendant nos trois présidences sur le renouvellement des politiques communes. Ce renouvellement est nécessaire pour que l'Union s'adapte à un nouvel environnement, pour préparer son avenir et maîtriser son destin dans un monde plus compétitif : redéfinition des politiques de cohésion et de fonds structurels, renouvellement de la stratégie de Lisbonne après 2010, dynamisation du marché intérieur, amélioration de la compétitivité, meilleure régulation, politique de l'innovation et de la recherche, politique agricole après le bilan de santé que nous devons faire sous Présidence française. La redéfinition de ces politiques communes, compte tenu des échéances qui existent en 2012, doit être partagée entre nos présidences.
Enfin, nous poursuivrons les négociations d'adhésion avec les pays candidats. Comme vous le savez, en ce qui concerne la Turquie, la Présidence française agira comme elle l'a fait ces dernières semaines, de manière neutre et impartiale. Nous espérons, sous notre Présidence, ouvrir deux chapitres supplémentaires. Quant à la Croatie, la fixation d'une date pour la fin des négociations dépendra de la feuille de route de la Commission à l'automne. Nous aurons également avec les présidences tchèque et suédoise à développer nos politiques de voisinage avec les pays les plus dynamiques, c'est le cas de l'Ukraine - il y a un sommet le 9 septembre prochain - ou de la Moldavie. Le Conseil européen a également évoqué le renforcement des relations entre l'Union européenne et la Géorgie, sans oublier Israël et le Maroc.
Voilà très brièvement dans quel esprit nous avons travaillé et nous continuerons à travailler. Je n'ai pas mentionné, mais c'est également important, le fait que nous devrons travailler ensemble sur le programme quinquennal relatif à l'espace de sécurité, de liberté et de justice. Je vais maintenant laisser, dans l'ordre chronologique des présidences, Sacha puis Cécilia présenter leurs priorités.
(...)
Q - Aujourd'hui, la politique extérieure de l'Union européenne est le plus souvent une politique de reconstruction, comme au Proche-Orient ou, nous l'avons encore vu hier, en Géorgie. Que pouvez-vous faire pour que la politique extérieure de l'Union européenne devienne une véritable politique étrangère ?
R - Il est clair que nous n'avons pas vocation à nous spécialiser dans la reconstruction et que notre politique extérieure ne doit pas être réduite à la reconstruction. C'est pour cela que nous proposons qu'il y ait une réflexion sur la politique extérieure et la politique de défense d'ici la fin de l'année. Nous souhaitons que cette politique soit renforcée, notamment avec une actualisation de la stratégie de défense. Nous souhaitons aussi que l'Europe se dote des moyens de planification et de conduite des opérations sur les plans civil et militaire. Je dis bien sur les plans civil et militaire et pas uniquement civil. Nous devrons avoir cette discussion avant la fin de l'année.
Ensuite, c'est le Traité de Lisbonne qui permet d'avoir une meilleure rationalisation de la politique. Chacun a salué les efforts qui ont été faits par la Présidence française durant l'été dans la crise entre la Russie et la Géorgie. Néanmoins, si nous avions des outils qui soient plus appropriés, comme c'est prévu dans le cadre du Traité de Lisbonne, nous gagnerions encore en efficacité. Et c'est pour cela que nous souhaitons, en ce qui nous concerne, et là je parle plus en tant que France et pas en tant que présidence, que les élargissements futurs soient liés à la mis en oeuvre du Traité de Lisbonne.
Q - Travaillez-vous à coordonner la position de l'Union européenne sur la Russie dans les 18 prochains mois, pour que la Russie reçoive un message unique, aussi bien des Etats membres les plus anciens que des plus récents ? Quel pourrait-être ce message ?
R - Nous l'avons fait hier. Je crois que l'unité de l'Europe à 27 sur ce problème est extrêmement important pour la crédibilité de l'Union européenne. Que l'on ait réaffirmé à 27 que la reconnaissance de l'indépendance de l'Abkhazie et de l'Ossétie était inacceptable, que l'on ait réaffirmé les principes d'intégrité territoriale, de souveraineté et d'indépendance, le droit de mener politique étrangère et alliance de son choix, que l'on ait souhaité la mise en place rapide d'un mécanisme international d'observation, que l'on organise une conférence internationale sur les aspects de stabilité et de sécurité ou encore que nous renforcions notre présence sur le terrain, tout cela montre très clairement qu'il y a une volonté de l'Union. Votre question est très pertinente parce qu'il est vrai qu'en fonction des progrès qui seront faits ou non par les Russes sur la mise en oeuvre du plan en 6 points, nous aurons à considérer quelles doivent être la nature et la portée du partenariat avec la Russie. Il y a une très grande unité entre nous, cela a été dit par chacun des trois intervenants, sur les leçons à tirer de ce qui vient de se passer en ce qui concerne la sécurité énergétique. Sécurité et solidarité énergétique vont être également des priorités des trois présidences et notamment de la présidence tchèque.
Q - Nous avons bien compris qu'une intention assez ferme exprimée hier et qui fait donc son apparition sur l'agenda, est de renforcer les relations de l'Union européenne avec la région de la Mer noire. Je voudrais savoir comment vous comptez-vous y prendre pour développer une forme d'influence économique dans cette région ?
Et comment l'Union européenne, si elle arrive à résoudre ce conflit, va faire comprendre aux Etats-Unis qu'il faut aussi qu'ils changent d'attitude dans la région et qu'ils abandonnent leur stratégie dont on a vu les limites avec la décision de M. Saakachvili ?
R - En ce qui concerne le premier point, je crois que c'est justement parce qu'il y a une présence économique européenne assez forte dans la région et, au-delà, en Asie Centrale qu'il y a ce type de problèmes et ces réactions russes. Je ne pense pas que l'on puisse dire qu'il y a une absence économique européenne. Il n'est pas question qu'il n'y ait pas de présence économique européenne aussi bien autour de la Mer noire qu'en Asie centrale. Il n'est pas non plus question que nous n'assurions pas, d'une manière ou d'une autre, la sécurité énergétique des Etats membres. Nous resterons influents dans cette région et comme l'a dit Cécilia Malmström, il est très important que nous continuions à développer cette politique de voisinage : donner des perspectives de partenariat et mettre en place des politiques de voisinage très actives est le seul moyen de répondre à la dépendance qui existe par rapport à la Russie. J'ajoute que si nous avions tenu le même raisonnement, nous n'aurions rien fait, par exemple, à l'égard des pays Baltes et jamais ils n'auraient été intégrés. Il y avait bien cette situation de dépendance et c'est bien l'intégration dans l'Union européenne qui a permis à ces pays de retrouver des marges par rapport à la Russie.
Quant à la Russie, elle doit changer d'attitude et respecter les fondements du droit international. La Russie a aussi besoin de l'Europe. La Russie a besoin de l'Europe dans ses échanges. Elle a besoin d'équipements européens. Elle a besoin de l'Europe pour sa croissance. Elle a besoin d'institutions financières qui se trouvent en Europe. Elle a besoin de l'Europe en ce qui concerne la libre circulation et les accords sur les visas. Personne ne doit l'oublier.
En ce qui concerne les relations avec les Etats-Unis, elles sont au coeur des priorités des présidences française, tchèque et suédoise. Les présidences tchèque et suédoise auront lieu après les élections américaines. Les relations transatlantiques seront à l'ordre du jour du Gymnich, présidé par Bernard Kouchner, qui a lieu en fin de semaine à Avignon.
Q - Sur le dossier des Balkans, la Serbie a l'ambition d'obtenir le statut de candidat même si l'ASA n'est pas encore en vigueur. L'Albanie et le Monténégro ont signé cet accord, qui est en train d'être ratifié, et vont peut-être demander le statut de pays candidat. La Macédoine, depuis un an ou deux, veut l'ouverture des négociations d'adhésion. Il y a aussi le Kosovo... Qu'est ce qui sera fait dans ce domaine par la Présidence française, repris par la Présidence tchèque et conclu par la Présidence suédoise ?
R - Il faut d'abord spécifier que la situation n'est pas la même entre les différents pays que vous avez mentionnés. En tant que Présidence française, pour répondre très clairement à vos questions, nous avons indiqué que les Balkans avaient une vocation européenne. Nous ferons le maximum pour pousser les relations avec la Serbie, et il y a d'autres pays avec lesquels nous devons travailler. Il y en a un que vous n'avez pas mentionné et qui est important, c'est la Bosnie, avec qui nous devons également travailler et renforcer nos relations. Nous nous en remettons aux avis de la Commission, aux progrès qui sont faits dans le cadre des différents accords et de leur application..
Q - Comme le Conseil hier, vous êtes très vague dans vos formules concernant la Russie. Pouvez-vous être plus concret? Par exemple, si la Russie stoppait l'approvisionnement énergétique de la Georgie, puis ensuite de l'Ukraine, que feriez-vous ?
R - Est-ce que vous connaissez d'autres puissances qui ont des réponses plus précises que l'Union européenne à l'égard de la Russie aujourd'hui ? Est-ce que vous pourriez citer un seul exemple ?
Il n'y a pas aujourd'hui de réponse plus précise, plus active que celle qui a été faite par l'Union européenne parmi les différentes puissances mondiales. Alors je veux bien après que l'on considère que c'est vague, mais il y a tout de même dix points qui ont été adoptés hier au Conseil européen. Je vais vous les énumérer : le caractère inacceptable de la reconnaissance de l'Abkhazie et de l'Ossétie, le respect des principes d'intégrité territoriale, il y a la mise en place d'un mécanisme international, notre proposition de renforcer la présence européenne sur le terrain, la nomination d'un Haut Représentant, un renforcement de la mission de l'OSCE, la préparation d'une opération de politique européenne de sécurité et de défense, des mesures qui visent à assurer la reconstruction de la Géorgie, des possibilités de faciliter les visas, c'est concret et c'est précis. Vous avez également et nous l'avons dit, des perspectives de partenariat à l'égard de l'Ukraine et de la Géorgie.
Enfin, le dernier point c'est que dans le domaine énergétique, ce qui est tout à fait frappant c'est que nous sommes d'accord pour faire en sorte qu'il y ait une politique de diversification plus grande en matière d'énergie, c'est-à-dire que nous tenons à faire en sorte que les sources d'approvisionnement et les routes d'approvisionnement ne se limitent pas à ce qui est Nord Stream et South Stream. Nous sommes également attachés à d'autres projets et notamment au projet Nabucco.
Sur la diversification des sources d'énergie, il y a des propositions de la Commission, qui sont discutées dans le cadre de l'Union européenne, qui concernent notamment la promotion des énergies renouvelables par rapport aux énergies fossiles. Le choix des Etats en matière de politique énergétique est également important. Nous souhaitons une politique de transparence de gestion des stocks en matière pétrolière et gazière, ainsi qu'une politique de mise en commun d'un certain nombre de stocks pour assurer plus de solidarité sur le plan européen. Nous voulons également renforcer l'interconnexion entre les différents réseaux qui existent au niveau européen. J'estime que par rapport aux réponses qui ont été apportées par d'autres, cela reste suffisamment concret mais enfin je suis à votre disposition pour discuter plus en détail de la politique énergétique européenne.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 9 septembre 2008