Texte intégral
Messieurs,
Chers Amis,
Je suis très heureuse de vous accueillir pour vous présenter le programme du 25e anniversaire des Journées du patrimoine. En 25 éditions, la Journée portes ouvertes dans les monuments historiques s'est imposée comme un rendez-vous éminemment populaire, toujours très attendu par nos concitoyens qui ont été plus de douze millions l'année dernière à pousser les portes de nos monuments. Cette manifestation a inspiré non moins de 49 pays, qui organisent aujourd'hui une manifestation similaire.
Pour ce 25e anniversaire, j'ai choisi de célébrer la rencontre entre le patrimoine et la création. D'où notre présence aujourd'hui dans ce haut lieu de notre patrimoine, qui abrita, sous la Révolution et l'Empire, le Musée des monuments français et accueille aujourd'hui nos créateurs les plus prometteurs, à l'Ecole nationale supérieure des Beaux-arts et à l'Ecole nationale supérieure d'Architecture de Paris-Malaquais.
Je veux saisir cette occasion pour remercier chaleureusement la Compagnie de Phalsbourg ainsi que son président Philippe Journo, qui a eu un véritable coup de coeur pour ce site et a décidé de financer la restauration de ses façades. La première phase de ces travaux vient de se terminer. Ce généreux mécénat a également permis de faire appel à des artistes pour réaliser les bâches qui couvrent les échafaudages. C'est Jean-Marc Bustamante qui réalisera la bâche qui protège les travaux de la deuxième phase.
L' « irruption » de la création artistique et culturelle au coeur de sites et monuments historiques est quelque chose qui nous est relativement familier aujourd'hui, qu'il s'agisse de monuments de notre patrimoine conçus pour accueillir des artistes et des créateurs, comme les théâtres, les opéras, les cinémas, les musées ; ou qu'il s'agisse de monuments dont la vocation était tout autre mais qui ont fait l'objet d'une réhabilitation - les exemples ne manquent pas, comme les Subsistances à Lyon, ou la Belle de Mai à Marseille.
La rencontre du patrimoine et de la création, c'est aussi la présentation d'oeuvres contemporaines au sein de sites historiques - on pense au Palais des papes d'Avignon, ou encore au collège des Bernardins restauré tout récemment, qui va accueillir des expositions d'art contemporain. Il peut s'agir de créations in situ permanentes, comme les vitraux de Pierre Soulages à l'abbatiale Sainte-Foy-de-Conques, le plafond de l'Opéra Garnier par Chagall.
Pensons également à la création architecturale dans un site chargé d'histoire, qui doit répondre à des exigences esthétiques très particulières : je pense bien sûr à la Pyramide de Ieoh Ming Pei au coeur du Palais du Louvre ou encore, toujours au Louvre, au projet en cours des architectes Rudy Ricciotti et Mario Bellini pour le futur département des arts islamiques, cour Visconti.
Cette rencontre entre patrimoine et création nous est plutôt familière, quotidienne, parce qu'elle se lit dans les rues de nos villes, elle se donne à voir dans nos musées. Elle a souvent suscité des débats assez vifs mais toujours passionnants et qui débordent souvent le cadre des initiés. Je ne vais pas rappeler le tollé provoqué par l'installation de la pyramide de Pei dans le Palais du Louvre, ni l'émotion soulevée par l'installation des colonnes de Buren sous ces fenêtres. Vingt ans plus, tard, l'émotion était presque aussi forte pour s'inquiéter de l'avancement des travaux de restauration de ces colonnes. Je saisis d'ailleurs cette occasion pour vous annoncer que le chantier de restauration démarrera lors des Journées européennes du patrimoine. Danien Buren a lui-même dessiné les palissades, que les visiteurs du Palais-Royal, ouvert comme chaque année au public, pourront découvrir en avant-première. De nouvelles émotions en perspective ?
Je suis heureuse que le public puisse découvrir ou redécouvrir ces rencontres parfois surprenantes mais toujours stimulantes entre le patrimoine et la création les 20 et 21 septembre prochains.
Les acteurs du patrimoine, qu'ils soient publics ou privés, se sont cette année encore mobilisés en nombre pour ouvrir les portes des monuments : plus de 15 000 sites seront ainsi ouverts et plus de 21 000 animations seront proposées sur l'ensemble du territoire.
Parce qu'une journée n'est réellement « portes ouvertes » que si les portes sont ouvertes à tous, j'ai souhaité cette année consacrer une journée aux personnes handicapées, un public qui a trop souvent du mal à franchir les portes de nos monuments. Ce sera le vendredi 19 septembre. Les sept sites du Centre des monuments nationaux qui ont reçu le label Tourisme et handicap proposeront des visites et animations adaptées. Le château de Versailles, mais aussi de nombreux sites en région s'associeront aussi à cette journée.
Pour prolonger et pérenniser cette initiative, je réfléchis à la possibilité de placer en 2009 les Journées européennes du patrimoine sous le signe de l'accessibilité. Ce sera l'occasion de valoriser et de poursuivre l'action du ministère en faveur des publics spécifiques, en sensibilisant le grand public et les professionnels à la nécessité de faciliter l'accès à la culture pour tous.
Les Français aiment leur patrimoine, leur culture, nous le constatons à chaque édition de ces Journées et aux chiffres de fréquentation annuelle de nos musées et de nos monuments.
Entretenir, restaurer, valoriser ces sites est un travail de titan, je dirais même de Sisyphe, qui mobilise énormément de métiers, de compétences et de talents, auxquels j'avais souhaité rendre hommage à la dernière édition des Journées. Je tiens à remercier les nombreuses entreprises et leurs compagnons qui oeuvrent chaque jour pour la réalisation de travaux de restauration. Je suis heureuse de pouvoir leur annoncer l'ouverture de deux classes à AUCH et à MIRAMAS de la section du bac professionnel dont nos efforts conjugués ont permis la création cette année. Je souhaite que cette nouvelle formation permette de maintenir et de renforcer l'excellence de nos entreprises hautement qualifiées.
L'avenir de notre patrimoine, nous le savons, passe avant tout par des moyens financiers adaptés. Et les besoins sont immenses. Le rapport sur l'état sanitaire du patrimoine que j'ai remis au Parlement en décembre 2007 a montré l'importance et surtout la permanence de ces besoins.
J'ai toujours affirmé qu'il est nécessaire et urgent d'abonder les dotations budgétaires, jamais suffisantes, par des financements complémentaires. La loi sur la modernisation de l'économie permet maintenant de créer des fonds de dotation accueillant des capitaux dont le placement assurera des ressources permettant de financer des actions d'intérêt général. J'ai beaucoup oeuvré, avec Christine Lagarde, pour que ce dispositif voit le jour. Il permettra notamment au Louvre de placer les fonds d'Abou Dabi et de disposer d'un instrument de financement de long terme.
Il y a d'autres pistes de financement pour le patrimoine. Nous sommes en train de les étudier et j'aurai l'occasion d'évoquer ces nouvelles perspectives très prochainement.
Nous ne laisserons pas notre patrimoine se dégrader faute de moyens. C'est aussi pour cela que j'ai défendu l'absence de plafonnement du régime fiscal des monuments historiques, comme il a pu en être question à un moment. Ce régime n'a rien d'une niche fiscale, il est une contrepartie légitime d'une charge particulièrement lourde d'entretien, de restauration et de conservation.
Je me réjouis donc que le Premier ministre ait arbitré en ce sens.
Par ailleurs, l'année 2008 devrait voir s'achever la refonte de la législation et des textes réglementaires relatifs aux monuments historiques et aux espaces protégés. Les derniers décrets d'application, qui concernent notamment l'assistance à maîtrise d'ouvrage, la maîtrise d'oeuvre et le contrôle scientifique et technique, paraîtront avant la fin de l'année.
Mieux protéger notre patrimoine, c'est aussi faire en sorte de préserver et les sites historiques et leurs abords. J'ai signé ce matin même une circulaire pour sensibiliser les préfets à la nécessité de lutter contre l'installation d'éoliennes qui ne respecteraient pas de tels sites.
Mieux protéger notre patrimoine, c'est enfin lutter plus efficacement contre le fléau des vols et dégradations de biens culturels, qui sont en recrudescence.
L'adoption de la loi « Archives » le 1er juillet dernier permet maintenant de réprimer plus sévèrement les atteintes portées à ces oeuvres : en portant les peines d'emprisonnement encourues en cas de vol ou de dégradation de 3 ans à 7 ans et en prévoyant des amendes qui pourront représenter la moitié de la valeur des biens volés, détruits ou détériorés.
Par ailleurs, lors du Conseil informel des ministres de la culture de l'Union européenne qui s'est tenu les 21 et 22 juillet derniers à Versailles, j'ai fait approuver le principe d'une action résolue de l'Europe dans deux directions : l'harmonisation des législations nationales en matière de prévention, de lutte et de répression contre ces trafics, et d'autre part le renforcement de la coopération entre les instances nationales mais aussi communautaires chargées de cette lutte. La mise en commun des bases de données d'objets volés a également été approuvée. Bien entendu, c'est principalement aux ministres en charge de la Justice et de la Police qu'il reviendra de concrétiser ces priorités mais l'appel qui leur a été lancé en juillet dernier, avec beaucoup de force par les ministres de la Culture constitue, je pense, un geste politique significatif.
Dans le cadre des Journées européennes du patrimoine, plusieurs de ces objets, volés puis restitués, seront présentés au public et notamment la statue du XIVème siècle de Notre-Dame des Neiges à Gimont (Gers), volée en 1980 et la crosse de Saint-Loup du XIIIe siècle, volée à Chalon-sur-Saône en 1993.
Je voudrais remercier chaleureusement tous les organisateurs et les partenaires des Journées européennes du patrimoine qui, depuis plusieurs années accompagnent fidèlement le ministère de la Culture et de la Communication. La réussite de ces Journées leur revient.
Permettez moi tout d'abord de remercier les services de l'Etat, les services de la direction de l'architecture et du patrimoine, mais aussi les directions régionales des affaires culturelles, les services départementaux de l'architecture et du patrimoine, le Centre des monuments nationaux et l'Institut national de recherches archéologiques préventives.
Je pense aussi tout particulièrement à nos partenaires institutionnels, propriétaires privés et publics, qui ont permis le développement des journées du patrimoine et qui, pour certains, nous accompagnent depuis l'origine : La Demeure historique, les Vieilles maisons françaises et la Fondation du patrimoine.
Je veux aussi saluer l'engagement des milliers de bénévoles qui mettent chaque année leur passion au service des publics.
Enfin, je veux remercier tous les partenaires privés qui s'investissent aussi avec beaucoup d'enthousiasme et d'imagination à nos côtés.
Je pense tout particulièrement à la Confédération de l'Artisanat et des petites entreprises du Bâtiment, la CAPEB et je tiens à remercier chaleureusement son Président, Jean Lardin, qui nous fait l'honneur d'être aujourd'hui parmi nous.
La participation active de la CAPEB et de son réseau sur tout le territoire permet d'offrir au public un grand nombre d'animations présentant les savoir-faire des métiers de l'artisanat du bâtiment, présentées dans le programme que l'on vous a remis.
Je voudrais saluer un partenaire récent, Karcher France, venu l'année dernière rejoindre le premier rang de nos entreprises mécènes et qui renouvelle son appui pour cette nouvelle édition. Karcher proposera cette année une animation spectaculaire au Palais de Chaillot, à Paris. Je remercie le groupe pour son engagement à nos côtés et j'espère pouvoir annoncer très prochainement le démarrage de leur opération de mécénat de compétence sur ce grand monument parisien.
Enfin je veux remercier la RATP, partenaire depuis 2005, qui propose un programme d'animations toujours très appréciées par les Parisiens et qui, par ailleurs, nous apporte un soutien précieux à travers son réseau d'affichage.
Je n'oublie pas les partenaires médias des Journées Européennes du Patrimoine, dont l'appui est essentiel à la réussite de la manifestation. France Télévision s'associe une nouvelle fois à cet événement en mobilisant les chaînes du groupe et, pour la troisième année consécutive, ouvre les portes de son siège au grand public ainsi que celles des directions régionales de France 3.
Je remercie également Europe 1 qui promeut l'événement sur ses ondes.
Merci à vous tous de participer à cette grande fête de notre patrimoine. Je souhaite à tous les visiteurs de découvrir, cette année encore, nos sites et nos monuments historiques et de se laisser surprendre par le dynamisme de nos créateurs ! Très bonnes Journées du patrimoine à toutes et à tous.
Source http://www.culture.gouv.fr, le 11 septembre 2008