Texte intégral
J.-M. Aphatie Un journal canadien a évoqué, samedi, un rapport secret de l'OTAN qui pointerait un manque de munitions et de moyens de communication des soldats français tombés dans une embuscade le 18 août dernier, à l'est de Kaboul, en Afghanistan. Ce rapport de l'OTAN existe-t-il pour vous ?
L'OTAN, elle-même, a démenti l'existence de ce rapport. Qu'existe-t-il exactement ? Le compte rendu d'un officier du JOC -le JOC, c'est le Centre opérationnel - qui est un compte rendu parcellaire effectué à chaud, le lendemain ou dans les 48 heures après l'opération, à partir des éléments dont disposait cet officier du centre opérationnel. Ce n'est absolument pas un rapport au sens où un rapport, c'est un document où l'on mène une enquête, où on fait une analyse contradictoire des éléments, etc. Ce que nous avons fait.
Mais vous connaissiez ce document - excusez-moi - avant ce weekend ? Vous l'avez découvert en même temps que le journal canadien qui le révélait ?
Et j'allais vous dire, ce qui est absolument extraordinaire, c'est que ce document, nous le découvrons la veille du débat parlementaire qui a lieu en France.
Donc, vous l'avez découvert vous aussi, ce week-end ?
Et donc, ce n'est pas un rapport. C'est un compte rendu.
Un document... D'accord !
C'est un mail avec un certain nombre d'éléments qui sont faux quand il dit, par exemple, que les forces françaises manquaient de munitions, c'est archi-faux. Les forces françaises avaient leur dotation, elles avaient même plus que leur dotation. Elles avaient la dotation de troupes marchant à pied dans la montagne afghane avec plus de 25 kilos sur le dos. Et donc, tous ces éléments, nous les avons déjà démentis dix fois. Mais je voudrais simplement vous faire observer une chose. Derrière tout cela, se joue quoi ? Se joue la faiblesse de l'opinion publique occidentale dans le cadre de l'opération que nous sommes en train de mener. Les talibans comprennent bien qu'ils ne peuvent pas gagner militairement. Ils peuvent nous porter des coups durs mais ils ne peuvent pas gagner militairement. Mais ce qu'ils savent, en revanche, c'est que l'opinion publique occidentale est fragile et ce qu'ils cherchent c'est à gagner cette bataille de la communication pour qu'à un moment ou à un autre, un certain nombre de pays flanchent et de par la démission d'un certain nombre de pays, c'est toute la communauté internationale qui se retrouve en situation de faiblesse.
Mais l'officier de l'OTAN est-il manipulé par les talibans, celui qui a écrit cette note ?
Non, écoutez, tout ce que je sais, c'est que je découvre que ce document arrive un dimanche, la veille d'un débat parlementaire au Parlement, c'est tout.
Et donc vous pensez qu'il y a une manipulation ?
J'en sais rien. Mais je me pose simplement cette question comme vous.
Le débat donc aura lieu tout à l'heure au Parlement français. Députés et sénateurs devront voter sur le maintien ou non des forces françaises en Afghanistan. On sait déjà que l'UMP, bien sûr, vous soutiendra, alors que la gauche, elle, devrait émettre un vote négatif ? Vous, quelle est votre position ? Comment défendez-vous le maintien de l'armée française en Afghanistan ?
Moi, je dis une seule chose : en 2001, lorsque la France a décidé d'aller en Afghanistan, L. Jospin était Premier ministre et J. Chirac, président de la République ; l'union nationale s'était faite. Et je dis que nous avons besoin de l'union nationale, nous avons besoin d'unité dans ce pays qui a tellement l'habitude de se quereller. Nous avons besoin d'unité, au moins pour deux raisons...
Mais vous savez que vous ne l'aurez pas...
...La première c'est que le combat que nous menons en Afghanistan, c'est un combat pour notre propre sécurité. C'est un combat qui vise à nous éviter au maximum de refaire de l'Afghanistan la base arrière du terrorisme international. Et c'est un combat qui nous impose l'unité derrière nos forces armées et derrière nos soldats. Nos soldats mènent une opération militaire et j'en appelle au moins une fois à un sentiment de raison qui est de dire : est-ce que la France ne doit pas être unie derrière ses troupes, derrière son armée, et est-ce que la France ne doit pas être unie face au combat que nous menons contre le terrorisme ? Ce combat, nous ne le menons pas seuls, nous le menons à 25 pays de l'Union européenne, sauf Chypre et Malte ; nous le menons à 39 pays de la communauté internationale. Et donc, ce n'est pas un combat de la France contre je ne sais quelle menace hypothétique, c'est une menace réelle. C'est même la menace principale des démocraties aujourd'hui, c'est celle du terrorisme.
La gauche vous reproche de mal fixer les objectifs : lutte contre les talibans, d'accord, mais rien sur la reconstruction et une stratégie de départ, à terme, des troupes occidentales de l'Afghanistan.
D'une part, vous ne pouvez pas reconstruire un pays si vous n'avez pas de stabilité et de sécurité. Donc il y a besoin d'une présence militaire. Qu'en effet, la victoire ne serait être que militaire, la gauche a raison, c'est ce que nous disons et ce que nous avons dit à l'OTAN et c'est ce qu'a dit le président de la République lors du sommet de Bucarest. Il l'a tellement dit que nous avons eu la conférence de Paris, où il y a eu 20 milliards de dollars de dons promis par la communauté internationale pour le développement de l'Afghanistan et il l'a tellement dit que depuis le 28 août dernier, nous avons transféré à Kaboul, à l'armée nationale afghane, la sécurité de la zone. Pourquoi ? Parce que nous disons que progressivement, l'Afghanistan doit prendre en main sa sécurité. Et c'est la volonté de la France qui a été mise en oeuvre à partir du 28 août pour Kaboul et on va le faire progressivement.
Ceux qui disent que la situation se dégrade en Afghanistan, ont-ils raison ou ont-ils tort, selon vous ?
Elle s'est dégradée par rapport à 2004 ; nous sommes aujourd'hui au milieu du gué. Soit la communauté internationale a la persévérance nécessaire pour donner une chance à ce que l'Afghanistan redevienne une zone de stabilité et de paix ; soit la communauté internationale a la faiblesse de penser que c'est en six ans qu'on reconstruit un pays. C'est ça la question.
Depuis quelques semaines, l'armée américaine mène des opérations depuis l'Afghanistan contre les talibans sur le territoire pakistanais. C'est le Président G. Bush qui a donné son feu vert en juillet pour de telles opérations. Les autorités françaises approuvent-elles ou désapprouvent-elles ces actions de l'armée américaine sur le sol pakistanais ?
Ce qu'il faut, c'est que le Pakistan prenne ses responsabilités et que les Pakistanais participent à la lutte contre le terrorisme. Ils ont encore payé cher ce week-end. Il est évident que le Pakistan, aujourd'hui, doit participer à la lutte qui est la nôtre.
Ceci vaut-il accord ou acquiescement de l'attitude de l'armée américaine ?
Je dis que le Pakistan doit prendre ses responsabilités...
Je vous interroge sur l'armée américaine...
...et ne doit pas servir de base arrière aux talibans pour mener leurs opérations en Afghanistan. Qu'ensuite, le Pakistan et les Etats-Unis aient des discussions, c'est leur affaire.
Tant que le Pakistan ne prend pas ses responsabilités, vous comprenez que l'armée américaine mène des opérations sur le territoire pakistanais ? C'est ce que vous dites ?
Non. Ce que je comprends bien, c'est que le Pakistan doit jouer un autre rôle que celui qu'il a joué depuis des mois dans la lutte contre le terrorisme, notamment...
Vous ne voulez pas répondre directement à ma question ?
J'y réponds comme je viens de vous le dire. Voilà, il y a des non-réponses que chacun appréciera. H. Morin, ministre de la Défense, qui défendra tout à l'heure devant les députés, les sénateurs, la présence de l'armée française en Afghanistan. C'était sur RTL, bonne journée.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 22 septembre 2008
L'OTAN, elle-même, a démenti l'existence de ce rapport. Qu'existe-t-il exactement ? Le compte rendu d'un officier du JOC -le JOC, c'est le Centre opérationnel - qui est un compte rendu parcellaire effectué à chaud, le lendemain ou dans les 48 heures après l'opération, à partir des éléments dont disposait cet officier du centre opérationnel. Ce n'est absolument pas un rapport au sens où un rapport, c'est un document où l'on mène une enquête, où on fait une analyse contradictoire des éléments, etc. Ce que nous avons fait.
Mais vous connaissiez ce document - excusez-moi - avant ce weekend ? Vous l'avez découvert en même temps que le journal canadien qui le révélait ?
Et j'allais vous dire, ce qui est absolument extraordinaire, c'est que ce document, nous le découvrons la veille du débat parlementaire qui a lieu en France.
Donc, vous l'avez découvert vous aussi, ce week-end ?
Et donc, ce n'est pas un rapport. C'est un compte rendu.
Un document... D'accord !
C'est un mail avec un certain nombre d'éléments qui sont faux quand il dit, par exemple, que les forces françaises manquaient de munitions, c'est archi-faux. Les forces françaises avaient leur dotation, elles avaient même plus que leur dotation. Elles avaient la dotation de troupes marchant à pied dans la montagne afghane avec plus de 25 kilos sur le dos. Et donc, tous ces éléments, nous les avons déjà démentis dix fois. Mais je voudrais simplement vous faire observer une chose. Derrière tout cela, se joue quoi ? Se joue la faiblesse de l'opinion publique occidentale dans le cadre de l'opération que nous sommes en train de mener. Les talibans comprennent bien qu'ils ne peuvent pas gagner militairement. Ils peuvent nous porter des coups durs mais ils ne peuvent pas gagner militairement. Mais ce qu'ils savent, en revanche, c'est que l'opinion publique occidentale est fragile et ce qu'ils cherchent c'est à gagner cette bataille de la communication pour qu'à un moment ou à un autre, un certain nombre de pays flanchent et de par la démission d'un certain nombre de pays, c'est toute la communauté internationale qui se retrouve en situation de faiblesse.
Mais l'officier de l'OTAN est-il manipulé par les talibans, celui qui a écrit cette note ?
Non, écoutez, tout ce que je sais, c'est que je découvre que ce document arrive un dimanche, la veille d'un débat parlementaire au Parlement, c'est tout.
Et donc vous pensez qu'il y a une manipulation ?
J'en sais rien. Mais je me pose simplement cette question comme vous.
Le débat donc aura lieu tout à l'heure au Parlement français. Députés et sénateurs devront voter sur le maintien ou non des forces françaises en Afghanistan. On sait déjà que l'UMP, bien sûr, vous soutiendra, alors que la gauche, elle, devrait émettre un vote négatif ? Vous, quelle est votre position ? Comment défendez-vous le maintien de l'armée française en Afghanistan ?
Moi, je dis une seule chose : en 2001, lorsque la France a décidé d'aller en Afghanistan, L. Jospin était Premier ministre et J. Chirac, président de la République ; l'union nationale s'était faite. Et je dis que nous avons besoin de l'union nationale, nous avons besoin d'unité dans ce pays qui a tellement l'habitude de se quereller. Nous avons besoin d'unité, au moins pour deux raisons...
Mais vous savez que vous ne l'aurez pas...
...La première c'est que le combat que nous menons en Afghanistan, c'est un combat pour notre propre sécurité. C'est un combat qui vise à nous éviter au maximum de refaire de l'Afghanistan la base arrière du terrorisme international. Et c'est un combat qui nous impose l'unité derrière nos forces armées et derrière nos soldats. Nos soldats mènent une opération militaire et j'en appelle au moins une fois à un sentiment de raison qui est de dire : est-ce que la France ne doit pas être unie derrière ses troupes, derrière son armée, et est-ce que la France ne doit pas être unie face au combat que nous menons contre le terrorisme ? Ce combat, nous ne le menons pas seuls, nous le menons à 25 pays de l'Union européenne, sauf Chypre et Malte ; nous le menons à 39 pays de la communauté internationale. Et donc, ce n'est pas un combat de la France contre je ne sais quelle menace hypothétique, c'est une menace réelle. C'est même la menace principale des démocraties aujourd'hui, c'est celle du terrorisme.
La gauche vous reproche de mal fixer les objectifs : lutte contre les talibans, d'accord, mais rien sur la reconstruction et une stratégie de départ, à terme, des troupes occidentales de l'Afghanistan.
D'une part, vous ne pouvez pas reconstruire un pays si vous n'avez pas de stabilité et de sécurité. Donc il y a besoin d'une présence militaire. Qu'en effet, la victoire ne serait être que militaire, la gauche a raison, c'est ce que nous disons et ce que nous avons dit à l'OTAN et c'est ce qu'a dit le président de la République lors du sommet de Bucarest. Il l'a tellement dit que nous avons eu la conférence de Paris, où il y a eu 20 milliards de dollars de dons promis par la communauté internationale pour le développement de l'Afghanistan et il l'a tellement dit que depuis le 28 août dernier, nous avons transféré à Kaboul, à l'armée nationale afghane, la sécurité de la zone. Pourquoi ? Parce que nous disons que progressivement, l'Afghanistan doit prendre en main sa sécurité. Et c'est la volonté de la France qui a été mise en oeuvre à partir du 28 août pour Kaboul et on va le faire progressivement.
Ceux qui disent que la situation se dégrade en Afghanistan, ont-ils raison ou ont-ils tort, selon vous ?
Elle s'est dégradée par rapport à 2004 ; nous sommes aujourd'hui au milieu du gué. Soit la communauté internationale a la persévérance nécessaire pour donner une chance à ce que l'Afghanistan redevienne une zone de stabilité et de paix ; soit la communauté internationale a la faiblesse de penser que c'est en six ans qu'on reconstruit un pays. C'est ça la question.
Depuis quelques semaines, l'armée américaine mène des opérations depuis l'Afghanistan contre les talibans sur le territoire pakistanais. C'est le Président G. Bush qui a donné son feu vert en juillet pour de telles opérations. Les autorités françaises approuvent-elles ou désapprouvent-elles ces actions de l'armée américaine sur le sol pakistanais ?
Ce qu'il faut, c'est que le Pakistan prenne ses responsabilités et que les Pakistanais participent à la lutte contre le terrorisme. Ils ont encore payé cher ce week-end. Il est évident que le Pakistan, aujourd'hui, doit participer à la lutte qui est la nôtre.
Ceci vaut-il accord ou acquiescement de l'attitude de l'armée américaine ?
Je dis que le Pakistan doit prendre ses responsabilités...
Je vous interroge sur l'armée américaine...
...et ne doit pas servir de base arrière aux talibans pour mener leurs opérations en Afghanistan. Qu'ensuite, le Pakistan et les Etats-Unis aient des discussions, c'est leur affaire.
Tant que le Pakistan ne prend pas ses responsabilités, vous comprenez que l'armée américaine mène des opérations sur le territoire pakistanais ? C'est ce que vous dites ?
Non. Ce que je comprends bien, c'est que le Pakistan doit jouer un autre rôle que celui qu'il a joué depuis des mois dans la lutte contre le terrorisme, notamment...
Vous ne voulez pas répondre directement à ma question ?
J'y réponds comme je viens de vous le dire. Voilà, il y a des non-réponses que chacun appréciera. H. Morin, ministre de la Défense, qui défendra tout à l'heure devant les députés, les sénateurs, la présence de l'armée française en Afghanistan. C'était sur RTL, bonne journée.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 22 septembre 2008