Interview de M. Jean-Louis Borloo, ministre de l'écologie, de l'énergie, du développement durable et de l'aménagement du territoire, à France 2 le 21 septembre 2008, sur la fiscalité écologique, la rénovation thermique de l'habitat et la mise en place du Grenelle de l'environnement.

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Média : France 2

Texte intégral

LAURENT DELAHOUSSE
« 13 heures 15 le dimanche », bienvenue à ceux qui nous rejoignent. Chaque semaine en direct, toute l'actualité de la semaine vue par une personnalité.
Au sommaire aujourd'hui à suivre notre enquête sur le Front national, un électorat en berne, un parti sans argent et un chef en préretraite. Est-ce la fin du mouvement ?
Un regard décalé à suivre également celui de Clovis Cornillac. Qu'a-t-il vu et retenu de l'actualité de ces derniers jours. Mais aussi la semaine un peu folle d'un Ministre de l'Ecologie qui doit manier le bonus et le malus avec précaution. Lui, il voit tout vert alors qu'au Ministère du Budget ou de l'Economie, on voit souvent tout rouge. A suivre, un pique-nique sans plastique et peut-être finalement anecdotique mais aussi un crac financier et une question pour l'avenir : le capitalisme peut-il sauver, être sauvé par l'écologie ? Qu'en pense le numéro 2 du Gouvernement ? On le dit indépendant, atypique, trop parfois en tout cas. Il est l'un des hommes de la semaine, bonjour Jean-Louis Borloo, merci d'être avec nous aujourd'hui, vous allez bien?
JEAN-LOUIS BORLOO
En pleine forme.
LAURENT DELAHOUSSE
Elle n'était pas mal cette semaine ?
JEAN-LOUIS BORLOO
Oui j'aurais préféré que Valenciennes gagne hier soir au football mais enfin bon, c'est comme ça.
LAURENT DELAHOUSSE
C'est ce que vous retenez de l'actualité de la semaine, c'est le score de Valenciennes hier, sinon il ne s'est rien passé ?
JEAN-LOUIS BORLOO
Pas exactement mais je pense qu'on aura l'occasion d'en parler.
LAURENT DELAHOUSSE
Alors est-ce que, effectivement en politique, on vit une semaine comme ça un peu agitée, qu'on défend des idées, des valeurs nouvelles pour vous puisque c'est vrai que vous avez découvert un peu l'écologie depuis quelques temps effectivement, c'est devenu votre étendard, est-ce qu'à un moment donné, on n'a pas envie de jeter l'éponge, de dire « ouf » quand on prend des coups comme ça ?
JEAN-LOUIS BORLOO
Non parce qu'il s'agit d'une cause juste. Moi je me suis toujours battu pour des causes justes. Valenciennes, 12 ans de ma vie, c'était une cause juste, trois fois plus de chômage qu'ailleurs. La rénovation urbaine, l'état des quartiers, c'était une cause juste. La cohésion sociale est une cause juste, et l'environnement est une cause juste. Alors, penser que le Grenelle de l'environnement qui va modifier les normes de bâtiment pour qu'on fasse des économies d'énergie, les énergies renouvelables, sauver la biodiversité, nos fleuves et nos rivières, un certain nombre d'éléments de consommation, préparer l'avenir de nos enfants, c'est respecter les Français, eux, tout de suite, et respecter l'avenir. Faire croire, autrement dit, qu'il n'y a pas de problème d'hydrocarbure, qu'il n'y a pas de problème d'énergie, qu'il n'y a pas de problème de déchets partout et de suremballages, que le monde peut absolument continuer comme ça et que nos économies seront performantes, ça c'est une blague donc c'est difficile. Le Président a voulu un Grenelle, tous les candidats à la présidentielle avaient signé le pacte écologique. Le Grenelle de l'Environnement qui a été un énorme chantier se met en place, on va avoir une loi, j'espère que ça sera voté à l'unanimité alors, après..
LAURENT DELAHOUSSE
On va revenir sur tous ces points. Cette semaine c'est quoi ? C'est une semaine de malentendus, d'un manque de communication, qu'est-ce qui s'est passé?
JEAN-LOUIS BORLOO
Ce qui s'est passé, c'est qu'on a eu le bonus écologique, qui est le bonus c'est une incitation. « Achetons malin, achetons avec moins de dépenses d'essence par exemple pour la voiture » et plein de secteurs d'activités ont dit : « Mais moi aussi je veux mon bonus » : l'électricité... Et alors c'est devenu : « On va faire du bonus partout » et donc bonus-malus, en plus il y a l'histoire de la taxe sur les produits jetables qui vient télescoper tout ça... On avait l'impression qu'on allait bonuser, maluser toute la société française, ce qui est évidemment un peu inquiétant.
LAURENT DELAHOUSSE
La société, la population ne comprend plus rien. On va écouter un petit mot doux de la semaine, c'est celui de Bernard Accoyer, c'est le Président de l'Assemblée nationale, on l'écoute et après vous réagissez.
BERNARD ACCOYER
Je trouve qu'il y a un petit côté Concours Lépine, je taxe ceci, je détaxe cela. Je pense qu'il faut avoir un petit peu de recul...
LAURENT DELAHOUSSE
Est-ce qu'en France aujourd'hui l'écologie, il y a encore on va dire des réticences, des ennemis on va dire au sein même de la majorité et dans tous les camps à la limite ? Est-ce qu'il y a des gens qui, on va dire, ne sont pas très encouragés à l'idée d'avancer très vite sur ces dossiers-là ?
JEAN-LOUIS BORLOO
Non mais si on explique qu'on va faire de la coercition et taxer, faire du malus-malus, on vous taxe, on vous taxe, vous avez qu'à faire autrement.
LAURENT DELAHOUSSE
C'est ce qu'ils ont compris les Français en gros, enfin en tout cas ce qu'ils ont perçu sur la taxe « pique-nique », c'est un peu ce qu'ils ont perçu.
JEAN-LOUIS BORLOO
Non mais attendez, je ne vous dis pas qu'il n'y a pas eu d'erreurs d'explications, mais si on prend ça évidemment... or vous ne faites pas cette mutation-là sans l'accord...
LAURENT DELAHOUSSE
Surtout dans un contexte comme aujourd'hui !
JEAN-LOUIS BORLOO
... quel que soit le contexte, sans l'accord des Français. Le Grenelle c'est « Tous ensemble, on bouge », « Tous ensemble, on bouge ». J'observe qu'il y a des résultats assez spectaculaires parce que le bonus... On est victime du succès du bonus-malus automobile, c'est quand même ça...
LAURENT DELAHOUSSE
.. qui a coûté quand même beaucoup d'argent à l'Etat, c'est ce qu'ils argumentent en tout cas du côté du budget.
JEAN-LOUIS BORLOO
Oui mais le Président, le Gouvernement... De toute façon, il n'y a qu'une politique gouvernementale. Il est normal que le Budget dise « Attention, ça coûte 140 millions d'euros », la politique est de savoir si 140 millions d'euros au regard de 10 % de moins de consommation d'essence, 9 % de moins de... et surtout d'un message adressé aux constructeurs, en disant : « Faites-nous des voitures aussi confortables, y compris pour les familles mais avec beaucoup moins d'essence, beaucoup moins de diesel et allez vers la voiture électrique », ce message fort-là, il est crucial...
LAURENT DELAHOUSSE
Et il est passé auprès des Français puisqu'il y a des vrais changements de comportement.
JEAN-LOUIS BORLOO
Il est passé, il est passé.
LAURENT DELAHOUSSE
On va revenir juste sur quelque chose, ça intéresse quand même les gens et les Français en l'occurrence parce que même politiquement, on n'a pas tout à fait compris. François Fillon est intervenu en disant : « Stop on arrête tout » et puis vous avez été voir le Président de la République à l'Elysée, qu'est-ce qu'il vous a dit ? Il vous a dit : « Stop on arrête tout » ou pas ? J'ai lu ça.
JEAN-LOUIS BORLOO
Ecoutez le Président... Non mais il a fait une dépêche, un communiqué de l'Elysée. Dans notre pays, c'est quand même quelque chose d'important, ce n'est pas les commentaires des commentaires des commentaires.
LAURENT DELAHOUSSE
Alors racontez-nous.
JEAN-LOUIS BORLOO
Eh bien non, lisez le... Que dit le communiqué ? De mémoire, il dit : « Le Président réaffirme son soutien au principe du bonus-malus. Il se félicite du succès du bonus-malus automobile. Troisièmement, pour les familles complémentaires, il souhaite que cela soit fait au cas par cas... »
LAURENT DELAHOUSSE
Au cas par cas et avec un petit peu de temps.
JEAN-LOUIS BORLOO
... et il a raison. Absolument au cas par cas, conviction mais sans précipitation avec une réunion technique d'ailleurs, je vais la mettre en place dès la semaine prochaine. Pour le reste il a dit, comme il y avait une confusion « Il n'y aura pas de taxe sur la consommation », c'était les assiettes et les gobelets, pour ça il a clairement clarifié et pour le reste il a réaffirmé son soutien au Grenelle, à la politique du Grenelle. Donc ça veut dire finalement qu'on a...
Ça n'a pas du tout été raconté comme ça.
LAURENT DELAHOUSSE
On a donc un Président de la République effectivement qui est derrière vous...
JEAN-LOUIS BORLOO
Il n'est pas derrière moi le Président, c'est moi qui suis plutôt derrière lui. Le Président, il a signé le pacte écologique, il s'est engagé à ce qu'on fasse cette mutation qui est indispensable pour notre économie et pour le pouvoir d'achat des Français. Ce n'est pas normal qu'on foute de l'argent par les fenêtres parce que les maisons ne sont pas hermétiques ou parce qu'on construit des logements qui sont des passoires thermiques. Les écarts pour le budget d'un ménage, c'est ce qui a le plus augmenté dans le budget des ménages. Alors on impose avec des aides aux logements sociaux, aux propriétaires en l'occurrence, qu'il y ait le chantier thermique. On donne des aides massives aux Français pour qu'ils puissent faire de la rénovation thermique. On augmente, eh bien pour se déplacer les moyens pour les tramways, pour les trains, les canaux. Enfin c'est une énorme évolution de la société.
LAURENT DELAHOUSSE
Alors on va bien sûr parler de tout cela mais également de toute l'actualité de la semaine, sérieuse bien sûr mais également parfois un peu plus légère. Mais avant cela, premier rendez-vous, votre portrait signé Marie-Pierre Farkas. On regarde ça.
JOURNALISTE
En 1987, des journalistes d'Antenne 2 vous demandent de placer de l'argent, normal vous êtes l'un des 5 avocats d'affaires les mieux payés du monde. C'est votre période « bling-bling ». Vous êtes le spécialiste du droit des faillites et le roi de la fête à Saint-Tropez.
Avant, vous vous êtes cherché. Né au début des années 50, vous êtes coeur vaillant chez les Scouts, près du radiateur à Jeanson-de-Sailly, sur la route de Kerouac aux States, au Mexique puis avec des copains d'HEC dans l'empire de Mao.
Brillant retour à Nanterre : 4 licences.
C'est un appel de détresse qui va vous sauver. Il vient de Valenciennes. Vous aviez fait du rugby, vous vous lancez dans le football.
JEAN-LOUIS BORLOO
Le Valenciennois a des atouts formidables...
JOURNALISTE
Et vous appréciez tant la région que vous visez la Mairie.
OLIVIER MARLIÈRE
Effectivement, il y a un avocat d'affaires en provenance de Paris qui veut se parachuter dans notre ville et qui emploie des méthodes de campagne qui sont inhabituelles à Valenciennes.
JOURNALISTE
Il est sympa et attirant, pas du tout l'allure d'un homme politique...
En 1989, c'est très nouveau et ça rapporte : 76 % au second tour. Il a quand même fallu sacrément s'accrocher. Après 10 ans de bagarres, Toyota s'implante, Valenciennes sort du gouffre, on commence à parler de votre méthode.
JEAN-LOUIS BORLOO
Ou vous vous remuez le cul pour les gens et puis ils vous aiment bien, en plus si vous ne la ramenez pas.. ou ils ont le sentiment que vous vous foutez de leur gueule et ils ne vous aiment pas. C'est assez simple, non ?
JOURNALISTE
Adolescent, vous courriez le 100 mètres en 1 minute 12 et même à deux paquets par jour, vous restez difficile à suivre. Vous entrez en fanfare au Ministère de la Ville, séquence émotion.
JEAN-LOUIS BORLOO
Ça me fait un drôle de truc. D'abord je pense à mon père qui est mort, il y a 20 ans, qui avait son certificat d'études. Je pense que s'il est là-haut, il doit être quand même plutôt content.
JOURNALISTE
Ça c'est pour la théorique, politiquement la route est plus sinueuse. D'abord le CDS avec Simone Veil puis Génération Ecologie. Ensuite l'UDF, vous devenez Président du parti radical mais en bon marin vous sentez le vent qui vous pousse vers Sarkozy juste avant l'élection.
NICOLAS SARKOZY
C'était une histoire secrète et honnêtement on ne voulait pas vous le dire mais c'était très profond.
JOURNALISTE
Comme tous les Jean-Louis vous êtes optimiste et c'est ce qu'il aime en vous.
JEAN-LOUIS BORLOO
Parce qu'en plus, il y a tout, il y a tout dans ce pays pour que ce soit bien.
JOURNALISTE
Il apprécie le franc parler du natif du bélier.
JEAN-LOUIS BORLOO
Les séances nocturnes c'est chez qui ?
JOURNALISTE
Du coup il vous envoie dans tous les grands ministères : 32 jours à Bercy puis à la tête d'un grand machin de l'Environnement.
JEAN-LOUIS BORLOO
C'est pas plus cher de bouffer des fraises en août qu'en décembre !
JOURNALISTE
Seulement, il y a un hic. On vous a donné 400 francs en 1987, vous nous devez donc les intérêts et ces temps-ci on est un peu justes.
LAURENT DELAHOUSSE
Alors on va revenir sur différents éléments de votre portrait. Juste, tout ça en tout cas, ça ne vous empêche pas d'être populaire. Vous savez où vous êtes placé en ce moment un petit peu ? Vous regardez ces baromètres? Vous jetez un petit coup d'oeil, non ?
JEAN-LOUIS BORLOO
Oui de temps en temps mais...
LAURENT DELAHOUSSE
En ce moment, vous êtes placé entre Jacques Chirac et Olivier Besancenot. Vous êtes l'un des hommes politiques de droite, sinon le plus populaire.
JEAN-LOUIS BORLOO
Oui mais enfin, ce n'est pas... Il faut mieux être un peu soutenu par les gens parce que le regard des autres, quand il faut faire des arbitrages, ça aide. Mais pour le reste, le vrai problème c'est...
LAURENT DELAHOUSSE
C'est votre popularité qui vous a un petit peu protégé en ce moment ?
JEAN-LOUIS BORLOO
Ou l'inverse, je ne sais pas.
LAURENT DELAHOUSSE
Ou l'inverse.
JEAN-LOUIS BORLOO
Mais bon, tout ça n'est pas grave, ce que je veux vous dire c'est, puisque vous me donnez vraiment l'occasion, c'est de dire aux Français : « On fait vraiment ça, on fait vraiment toute cette révolution du Grenelle pour vous, pour votre avenir et pour vos enfants. On ne fera rien qui puisse être incompris. Si un jour, il y a tel ou tel problème, l'essentiel n'est pas là, il y aura un avant et un après-Grenelle et je demande à tous ceux qui ont porté, les syndicats, les entreprises, les collectivités, l'opposition également...
LAURENT DELAHOUSSE
D'y croire, toujours !
JEAN-LOUIS BORLOO
D'y croire évidemment, j'appelle vraiment à l'union...
LAURENT DELAHOUSSE
Parce qu'on a vu effectivement, Nicolas Hulot encore hier qui s'exprimait.
JEAN-LOUIS BORLOO
Oui mais Nicolas il a raison, il a l'impression que pour une incompréhension où on a fait croire que le bonus... D'abord on fait croire que le bonus-malus c'est le Grenelle, c'est une des 280 mesures, on est vraiment loin de... Vous savez, c'est un homme qui a fait le pacte, qui croit profondément au besoin de rupture, de rupture positive. Il pense que sinon on va vers une crise sociale et voire une crise de l'humanité, donc c'est un engagement gratuit de sa part et je crois qu'il y tient.
LAURENT DELAHOUSSE
On revient sur deux-trois éléments de portrait. Vous n'avez pas aimé le système scolaire, vous avez quitté Jeanson-de-Sailly à Paris pour aller passer votre bac, enfin en tout cas le préparer avec un copain, c'est vrai ?
JEAN-LOUIS BORLOO
Oui c'est vrai, oui, en candidat libre. Oui je n'étais probablement pas assez doué pour me sentir très à l'aise à l'école donc je me suis débrouillé tout seul.
LAURENT DELAHOUSSE
En tout cas, vous vous êtes rattrapé par la suite.
JEAN-LOUIS BORLOO
Oui encore que... Oui enfin, ça n'a pas été mon moment de gloire particulier l'école.
LAURENT DELAHOUSSE
Qu'est-ce qui vous fait courir ? Vous avez été effectivement avocat, Président d'un club de foot, aujourd'hui Ministre, qu'est-ce qui fait courir un homme comme ça après différentes étapes?
JEAN-LOUIS BORLOO
Moi franchement, c'est les causes.
LAURENT DELAHOUSSE
Et aujourd'hui c'est l'écologie bien sûr.
JEAN-LOUIS BORLOO
Et je sais qu'une idée neuve... parce que le bonus-malus, au fond c'est pas une mesure, c'est un principe. Est-ce qu'on peut inventer un nouveau prix entre nous ? Est-ce qu'on peut inventer un prix légèrement orienté en laissant la liberté, le prix écologique ? Je sais très bien que ça sera difficile, qu'il faut de la ténacité, mais moi je suis un combattant de longue durée. Le Valenciennois, j'ai mis 12 ans, on était à trois fois plus de chômage que l'ensemble du territoire national. On avait vécu le plus grand désastre, aujourd'hui on est réintégré dans l'économie nationale. Je sais qu'il faudra du temps, qu'il y aura des incompréhensions, c'est une bataille formidable. Quelle est la bataille du siècle devant nous ? Comment, tous ensemble, on change nos habitudes de manière joyeuse, de manière socialement positive ? Comment on change nos habitudes pour être moins dépendants de ce pétrole qui va de toute façon se raréfier, qui de toute façon pollue ? Comment on change nos habitudes ? Regardez les fleuves et les rivières, regardez la biodiversité, regardez la dépollution en Méditerranée, tout ça c'est pour notre planète, c'est pour les hommes, c'est pour nos enfants.
LAURENT DELAHOUSSE
Alors on va continuer cette émission, on va revenir un petit peu en arrière. Vous vous souvenez du 21 avril 2002, j'imagine, écoutez et après regardez.
JEAN-LOUIS BORLOO
21 avril 2002 ? Ah le Gouvernement.
LAURENT DELAHOUSSE
Alors le 21 avril 2002, effectivement, Jean-Marie Le Pen arrivait au deuxième tour de l'élection présidentielle. Vous étiez où ce jour-là ? Vous vous souvenez de la sensation, de l'impression que vous avez eue ?
JEAN-LOUIS BORLOO
Je ne me souviens pas de ce jour, enfin je ne me souviens pas d'où j'étais, probablement devant un poste de télévision, je ne sais où.
LAURENT DELAHOUSSE
C'est un sentiment partagé ce jour-là, c'est quelque chose de dur?
JEAN-LOUIS BORLOO
Vous savez, je suis, je crois...
LAURENT DELAHOUSSE
Enfin à Valenciennes, il y a beaucoup d'ouvriers on sait très bien que c'est un milieu populaire.
JEAN-LOUIS BORLOO
Il y avait beaucoup de Front national et on a... Mais vous savez moi j'ai vécu une nuit incroyable dans ma vie, une nuit politique de notre pays, c'était en 1993 : les élections régionales du Nord Pas-de-calais. Il y a le dépouillement et j'entends : « Jean-Louis Borloo élu Président de la région Nord-Pas-de-Calais » et je me dis « Mais comment c'est possible ? » On avait certes été largement en tête mais enfin, cela ne suffisait pas. Le Front, sans que je leur... avait voté pour moi et j'ai demandé qu'il y ait un nouveau vote, j'ai refusé d'être Président... et c'est d'ailleurs comme ça que Madame Blandin a été la première verte Présidente de région en France.
LAURENT DELAHOUSSE
Comme quoi, c'est un symbole, tout se rejoint. Alors on est loin désormais du 21 avril 2002, l'une des questions politiques du moment est de savoir si le Front national peut ou non rebondir politiquement ? En manque d'argent, en manque d'électeurs et bientôt en manque de leader, c'est l'enquête de « 13 heures 15 le dimanche » Alice Govin.
JOURNALISTE
Le paquebot prend l'eau. Ici on s'est arrêté en 2007, le début de la fin. 30 ans de progression du Front national. 2002, l'apothéose et puis le déclin. Le Pen, 4ème à la Présidentielle, moins de 5 % aux législatives, les jeux sont faits, rien ne va plus, les frais électoraux ne seront pas remboursés, le Front doit 8 millions d'euros. On vend le siège à des Chinois, le succès au placard et le parti dans des cartons. Et puis le coup de grâce, le capitaine a trébuché, il partira. Un menhir à la mer, deux lieutenants à l'abordage.
Marine, 40 ans, l'héritière. Bruno, 58 ans, l'éternel second, prêt pour 2010.
UN INTERVENANT
Pour l'instant, on ne sait pas qui fait quoi et puis carpe diem et puis c'est tout. Déjà c'est penser France et puis voilà, pour le meilleur candidat et puis c'est tout, on verra.
UN INTERVENANT
Je suis Normand alors p't'être ben qu'oui, p't'être ben qu'non, j'attends. Wait and see.
JEAN-MARIE LE PEN
Avant l'heure, ce n'est pas l'heure, après l'heure ce n'est plus l'heure.
JOURNALISTE
Des années pourtant qu'ils attendent ça. Le lieutenant d'abord, celui des premiers combats, des foires expos et des manifs clandestines.
BRUNO GOLLNISH
C'est comme ça que se font les révolutions, n'est-ce pas ? Et la Marseillaise est un hymne révolutionnaire.
JOURNALISTE
La doublure, le remplaçant, l'inévitable successeur au cas où, pourquoi pas, qui d'autre ?
L'héritière, elle, n'a pas le sang bleu mais tricolore, c'est encore mieux.
MARINE LE PEN
J'ai bénéficié d'une sorte de formation professionnelle continue en étant à la proximité de mon père. Je pense que c'est plus efficace que Sciences Politiques de vivre pendant 25 ans avec Jean-Marie Le Pen à ses côtés.
JOURNALISTE
Ambitieuse, personne ne l'a vu arriver mais aujourd'hui la bataille a bel et bien commencé.
MARINE LE PEN
Je crois avoir acquis une expérience non négligeable dans toute une série de domaines qui sont des domaines essentiels lorsqu'on veut diriger un mouvement politique.
BRUNO GOLLNISH
« Il est contraire à l'esprit sobre et fier du samouraï de vanter lui-même ses mérites comme un bateleur sur une estrade ».
JEAN-MARIE LE PEN
En espérant que mes successeurs atteindront les objectifs que je n'ai pas atteints. « Seigneur, vous m'avez fait puissant et solitaire, laissez-moi m'endormir du sommeil de la terre », vous connaissez le poème de Moïse n'est-ce pas ?
UN INTERVENANT
Nous faisons confiance au ciel, si je puis dire, pour que le Saint-Esprit éclaire les électeurs, c'est-à-dire les adhérents pour qu'ils votent au mieux des intérêts du Front.
UN INTERVENANT
Je crois assez aux voyantes. Il y a une voyante qui a dit, l'année dernière, en 2007 : « En 2012, ça sera une femme mais pas celle qu'on croit ».
JOURNALISTE
En attendant, chacun compte ses supporters, Bruno a pour lui les cadres du Parti et les plus de 65 ans. Marine séduit les jeunes et les 3/4 des sympathisants du Front National. Bientôt peut-être la victoire en chantant, sûrement.
LAURENT DELAHOUSSE
Alors, Jean-Louis Borloo, ils sont rentrés dans le giron de la Droite classique, les électeurs du Front National, à quel prix selon vous ? Normal ? Pas normal ?
JEAN-LOUIS BORLOO
Je crois que chaque fois qu'il y a un débat démocratique, un débat d'idées, un débat de lignes fortes, ils quittent le Front National pour l'essentiel et ils se trouvent parfois dans leur famille d'origine, parfois dans d'autres, on ne peut pas dire qu'ils sont passés du Front à la Droite, aussi simplement que ça, en tout cas dans une région que je connais bien, c'est assez... c'est beaucoup plus subtil et complexe que ça. Ce que je...
LAURENT DELAHOUSSE
Et le Front National n'est pas mort ?
JEAN-LOUIS BORLOO
En tous les cas, ses idées ne le sont pas. Vous savez, c'est plus facile de combattre des hommes que des idées. Tant qu'on aura une démocratie vivace avec des propositions... Et ça va être de plus en plus passionnant parce qu'on rentre dans un nouveau monde là, on rentre dans un nouveau siècle, le marché, c'est pas si simple que ça.
LAURENT DELAHOUSSE
On l'a vu cette semaine.
JEAN-LOUIS BORLOO
Les crises, elles sont aussi chez les gens sérieux. Ceux qui nous traitent, nous, un petit peu avec un peu de condescendance, enfin les plus grandes crises, si on mettait ce que la crise financière oblige à mettre le Gouvernement américain sur les énergies renouvelables...
LAURENT DELAHOUSSE
800 milliards de dollars environ.
JEAN-LOUIS BORLOO
Je pense qu'on ferait beaucoup d'économies renouvelables et beaucoup moins de dépendances au pétrole avec toutes les modifications financières extrêmement graves que cela enclenche. Le Front National a des idées, ses idées ne nous paraissent pas compatibles, par ailleurs les êtres humains sont respectables et leurs électeurs encore plus.
LAURENT DELAHOUSSE
Allez, les indiscrétions de la semaine avec vous Alix Bouilhaguet, bonjour !
ALIX BOUILHAGUET
Bonjour !
LAURENT DELAHOUSSE
Alors, on va commencer par une info ou une intox : le poste de Secrétaire d'Etat aux Droits de l'Homme, celui de Rama Yade, serait devenu précaire en cas de remaniement ?
ALIX BOUILHAGUET
Oui, c'est vrai qu'il y a une vraie réflexion à l'Elysée pour une éventuelle suppression de ce Secrétariat aux Droits de l'Homme.Nicolas Sarkozy dit que ça ne fonctionne pas et que finalement les Droits de l'Homme, eh bien, c'est lui. Donc, Rama Yade, cet été, a écrit un livre qui va être publié début octobre au Seuil, qui s'appelle « Les Droits de l'Homme racontés à un enfant ». Alors, que faire pour sortir par le haut, Rama Yade ? Nicolas Sarkozy a sa petite idée, il voudrait qu'elle soit tête de liste aux Européennes au printemps 2009. Elle, pour l'instant, elle n'est pas franchement d'accord mais aujourd'hui à l'Elysée, on dit : « De toute façon, elle n'aura pas le choix ».
LAURENT DELAHOUSSE
Elle n'aura pas le choix. Bon, l'info du jour c'est le renouvellement partiel du Sénat, les primaires à l'UMP avec qui alors comme Président de groupe ?
ALIX BOUILHAGUET
Alors, c'est vrai que pour l'instant, on se focalise beaucoup sur Jean-Pierre Raffarin et Gérard Larcher. Ils vont disputer la primaire, mercredi prochain, mais il pourrait y avoir un troisième homme. Ce troisième homme c'est un ancien Ministre, actuel Sénateur UMP, il s'appelle Alain Lambert et si par hasard Jean-Pierre Raffarin gagnait la primaire, eh bien, il pourrait être tout simplement candidat et ce serait un nouveau duel.
LAURENT DELAHOUSSE
Bon alors Alix Bouilhaguet, une confirmation c'est bel et bien apparemment les couches-culottes qui l'ont vraiment mis en colère, le Président de la République ?
ALIX BOUILHAGUET
Oui, ça, Nicolas Sarkozy, ça l'a rendu franchement hystérique. Alors peut-être qu'il n'a pas été très coléreux avec vous mais à la petite réunion du G7 qui avait lieu juste avant, avec ses Ministres chouchous...
JEAN-LOUIS BORLOO
Il a raison.
ALIX BOUILHAGUET
Il a laissé éclater sa colère.
JEAN-LOUIS BORLOO
Il n'y a jamais eu de projets avec les couches-culottes.
LAURENT DELAHOUSSE
Et comment c'est arrivé, comme ça ? Comment effectivement et à un moment donné...
JEAN-LOUIS BORLOO
Attendez, moi j'ai... J'ouvre un grand quotidien, on voit « Facture d'électricité, vous allez avoir... », j'appelle.. Je suis le Ministre de l'Energie, j'appelle Gadonneix, le Président d'EDF, il tombe des nues, il me dit « Attends, on s'est vu il y a trois jours, on n'a même pas évoqué le sujet » Il y a eu entre ceux qui voulaient, qui poussaient parce qu'il faut bien comprendre que les constructeurs automobiles, par exemple, sont venus il y a 15 jours, me supplier qu'on maintienne bien le bonus-malus. Il y a une grande partie de l'industrie qui souhaite le bonus, ceux qui sont les plus performants évidemment.
LAURENT DELAHOUSSE
Alors ils sont où ceux qui ne veulent pas le bonus-malus, effectivement ?
JEAN-LOUIS BORLOO
Non, en fait, en fait...
LAURENT DELAHOUSSE
On parle de ces costumes gris, du Ministère des Finances, qui ne veulent pas. Les industriels tous, ils sont tous favorables à vos réformes, à cette fiscalité verte ? Ils y croient à la croissance verte ?
JEAN-LOUIS BORLOO
Si vous leur faites croire que la fiscalité verte, c'est de frapper, c'est de taper, ça ils ne sont pas franchement favorables. Mais l'idée que...où va se passer la croissance en France ? Franchement, sur les technologies nouvelles ? Sur les technologies de l'énergie ? On a le leader mondial du ferroviaire, on a deux Français parmi les trois premiers énergéticiens du monde. On est les meilleurs au monde en traitement de l'eau, les meilleurs au monde en traitement des déchets donc notre compétitivité, elle est là. L'emploi demain, il y a moins de mises en chantier, on va licencier dans le bâtiment. « Non - dit le Président de la Fédération - grâce au Grenelle, au chantier thermique des bâtiments, qui est un chantier de 400 milliards », et ça fera des économies d'énergie...
LAURENT DELAHOUSSE
Cette liste, on l'aura quand, Jean-Louis Borloo ?
JEAN-LOUIS BORLOO
Il n'y a pas de liste.
LAURENT DELAHOUSSE
Les nouveaux produits, les futurs produits. Il y a un échéancier aujourd'hui ?
JEAN-LOUIS BORLOO
Non, voilà. On évalue bonus voiture. On regardera un prochain produit. La règle c'est qu'il faut que ça aide les Français, qu'ils l'aiment, que ça soit bon pour le pouvoir d'achat, que ça soit bon pour l'Ecologie. Donc, voilà, il faut faire ça, alors....
LAURENT DELAHOUSSE
Alors on va attendre début 2009, on va dire ?
JEAN-LOUIS BORLOO
Oui, absolument, enfin 2008, début 2009.
LAURENT DELAHOUSSE
Voilà !
JEAN-LOUIS BORLOO
Mais c'est vrai que c'est une évolution extrêmement importante mais penser que par l'incitation, on ne va pas un tout petit peu aider, je rappelle quand même que l'incitation fiscale sert à ça.
LAURENT DELAHOUSSE
Merci Alix Bouilhaguet en tout cas pour toutes ces précisions. On va passer à une interview bonus-malus mais un peu appliquée à autre chose. Le rapprochement Hollande-Delanoë, bonus ou malus selon vous pour le Parti Socialiste à vos yeux ?
JEAN-LOUIS BORLOO
Franchement, aucune espèce d'idée, j'ai l'impression d'assister deux ans après à la désignation de quelqu'un. Le Parti Socialiste est extrêmement bien organisé pour les désignations, j'espère en tous les cas que sur le sujet de la Planète, là...
LAURENT DELAHOUSSE
Ils vont réfléchir aussi eux ?
JEAN-LOUIS BORLOO
Oui mais ils l'avaient signé le Pacte Ecologique. Alors on pourra dire, certains vont dire « Il n'y a pas assez », d'autres « Il y a trop », évidemment mais j'espère vraiment avoir leur soutien là-dessus.
LAURENT DELAHOUSSE
La « mise au frigidaire », c'est un... effectivement de la candidature de Ségolène Royal idem, pas de réaction ?
JEAN-LOUIS BORLOO
Non, franchement, c'est le sujet du Parti Socialiste.
LAURENT DELAHOUSSE
C'est bien d'avoir effectivement une opposition réelle, présente aussi, c'est important ?
JEAN-LOUIS BORLOO
C'est très bien, d'ailleurs une opposition, qu'elle s'oppose de temps en temps, qu'elle ne soit pas que... Je trouve ça assez logique, il y a quelques sujets qui me paraissent absolument essentiels, l'Environnement en est un.
LAURENT DELAHOUSSE
Autre idée de la semaine, la médaille, la remise d'une médaille aux bacheliers. Vous trouvez que c'est plutôt un bonus ou un malus ?
JEAN-LOUIS BORLOO
L'idée de mettre en valeur, enfin de donner le sentiment que c'est très important, un espèce de signal d'attention, ne peut pas être une très bonne idée mais évidemment...
LAURENT DELAHOUSSE
La société Sollac Dunkerque soupçonnée d'avoir revendu des millions de tonnes de déchets toxiques en Belgique sous forme de carburant, c'est une région que vous connaissez bien et un dossier qui vous concerne.
JEAN-LOUIS BORLOO
Oui. Deux choses : un, nous avions nous fait une enquête de la DRIRE en 2007 qui révélait que les procédures étaient respectées donc s'il y a un problème, la Justice le dira si c'est une fraude. J'en profite pour vous dire qu'il y a 200 inspecteurs industriels, sur les risques industriels de plus en deux ans, c'est aussi un événement du Grenelle de l'Environnement.
LAURENT DELAHOUSSE
Un jour, un Premier Ministre, ancien Ministre de l'Environnement, c'est un bonus ou un malus, selon vous, qui s'appellerait Jean-Louis Borloo, c'est inimaginable, inenvisageable ou au contraire, c'est quelque chose qui irait dans la suite des choses ?
JEAN-LOUIS BORLOO
Non, je pense que ça... tout dépend de la stratégie du Président, je ne pense sincèrement pas...
LAURENT DELAHOUSSE
Il y réfléchit ?
JEAN-LOUIS BORLOO
Non, je crois non, je pense que... Pourquoi voulez-vous dire qu'on change de Premier Ministre ? Il y a un Gouvernement...
LAURENT DELAHOUSSE
Parce que de temps en temps, il n'est pas d'accord avec le Ministre de l'Environnement ?
JEAN-LOUIS BORLOO
Cinq ans, c'est assez court. Mais, vous savez, il y a eu une énorme mise en scène, en réalité, il y a un seul Gouvernement, le Budget nous a aidé à mort sur l'aide au chantier thermique, il y a plein de dispositions budgétaires et fiscales dans le budget qui ont été arbitrées par le Premier Ministre, portées par le Premier Ministre, soutenues par le Premier Ministre. Il n'y a pas d'un côté nous et puis le reste du monde. J'en profite, si vous le voulez bien...
LAURENT DELAHOUSSE
On va dire que ça n'a pas fait 6 - 0 quand même, ça n'a pas fait 6 - 0 ?
JEAN-LOUIS BORLOO
Mais non, mais ça aussi ça fait partie des ragots. Je voudrais... un mot quand même pour Nathalie...
LAURENT DELAHOUSSE
Kosciusko-Morizet.
JEAN-LOUIS BORLOO
Oui, qui est formidable, qui est une combattante...
LAURENT DELAHOUSSE
Donc ça va mieux entre vous quoi, ça se passe bien ?
JEAN-LOUIS BORLOO
Ça va très bien, tout ça encore, mais enfin, bref, il y a des moments dans la vie qui sont... Je peux vous dire en tous les cas que c'est un appui absolument décisif.
LAURENT DELAHOUSSE
Décisif. On va terminer sur un autre regard sur l'actualité de la semaine, c'est celui de Clovis Cornillac, regardez ! Et après on en parle.
CLOVIC CORNILLAC
Obama. Pour l'image des Etats-Unis dans le monde, je pense que ça peut changer beaucoup de choses, donc je le souhaite très fort. Si je pouvais truquer les votes, au cas où, j'aimerais bien qu'il passe.
Mc Cain. Bon évidemment je pense aux frites d'abord, mais ensuite, je pense aussi à... voilà, à la suite logique des Bush quoi.
Crise financière. On peut faire aujourd'hui de l'argent absolument sur tout, je pense qu'il y a même des gens qui vont.. Le cynisme pousse le raisonnement à faire même de l'argent quand il y a des crises économiques, c'est-à-dire qu'il y a des gens qui vont gagner beaucoup d'argent parce qu'il y a une crise économique.
Affrontements XIXème arrondissement. Moi, j'ai vécu très, toute mon enfance, dans le XIXème, donc, il y a toujours eu voilà, d'une cité à l'autre, d'une rue à l'autre, tout ça, des sortes, on va dire des querelles. Ça me fait beaucoup de peines parce que c'est des gens qui s'ils étaient nés dans la même cité seraient potes quoi et bon évidemment arrêtons, essayons d'arrêter qu'ils se tirent dessus, c'est évident qu'ils se mettent des coups de batte de base-ball dans la gueule parce qu'on mérite autre chose dans la vie que de se prendre des coupes de batte ou d'en donner. Mais au-delà de ça, je crois que c'est un vrai problème alors là pour le coup, politique quoi. Qu'est-ce qu'on fait des gens ? Qu'est-ce que c'est que d'avoir des citoyens ? Qu'est-ce que c'est de se dire qu'il y a des gens entassés à des endroits et on se dit : « Ah ben non, t'as une vie de merde mais attention tu ne dois pas faire ça ».
Borloo J'aime bien cet homme là quoi, enfin je veux dire j'ai pas... On n'est pas forcément de la même famille mais j'aime bien cet homme là. Je trouve qu'il a, c'est un mec qui m'est plutôt sympathique. Mais il y a quelque chose là-dedans que je trouve un tout petit peu faux cul, en disant : « Eh bien, si t'as du blé tu peux t'acheter des trucs qui polluent et si t'en as pas, eh bien, il faut que tu fasses très attention, mon ami parce que ça va te coûter 600 euros, 700 euros de plus et c'est énorme ».
Voiture écolo. Si demain, on me dit : « Tu ne peux plus rouler avec cette voiture là mais il n'y a que celle-là », eh bien je ne prends que celle-là. Et franchement, c'est pas super grave quoi, ça ne va pas changer radicalement ma vie et tout ça. Le problème c'est qu'on nous dit : « Achète cette belle grosse voiture ». Et puis une fois que tu l'achètes on dit : « Oh, dis donc, tu pollues, t'es pas très gentil ». Tu vois mais en même temps, on te dit « Consomme, prends du truc », alors je sais plus.
LAURENT DELAHOUSSE
Voilà Clovis Cornillac est mercredi à l'affiche de « Faubourg 36 », le nouveau film de Christophe Barratier, le réalisateur des « Choristes ». Jean-Louis Borloo, cet après-midi c'est repos ? Cinéma de temps en temps ou pas vous n'avez pas le temps ?
JEAN-LOUIS BORLOO
Non, non c'est.. Mais je voudrais juste un mot...
LAURENT DELAHOUSSE
Juste une réaction parce qu'il nous reste 30 secondes.
JEAN-LOUIS BORLOO
Mais il a raison simplement on n'a pas le droit, le droit mondial, européen, OMC, d'interdire une voiture qui pollue voilà. Donc on essaye d'orienter vers celle qui est la moins cher qui pollue moins. C'est tout.
LAURENT DELAHOUSSE
C'est tout.
JEAN-LOUIS BORLOO
Il faut que je travaille parce qu'il y a le Grenelle qui continue.
LAURENT DELAHOUSSE
Il y a du travail, beaucoup de travail, merci Jean-Louis Borloo. En tout cas on a fait le point sur beaucoup de choses de l'actualité de la semaine. C'est la fin de « 13 heures 15, le dimanche » dans un instant Michel Drucker reçoit Tony Parker.
Source http://www.partiradical.net, le 24 septembre 2008